Sinon quoi ? On ne pourrait plus régler les conflits ?
La plupart de nos concitoyens ont compris que fouetter son enfant n'était plus acceptable. C'était pourtant bien pratique, rapide et simple ; pour lui "apprendre à vivre", une fois pour toutes. Il fallait le faire pour être un "bon" parent.
"Bats ta femme tous les matins : si tu ne sais pas pourquoi, elle elle le sait". Simple, rapide, efficace ? Dans le doute, autant frapper (si on est en position de force évidemment) ; Dieu reconnaîtra les siens. Il faut bien en passer par là pour se faire obéir... et plaisir.
Car les neurosciences ont révélé que le système de récompense du
cerveau joue un rôle crucial dans le plaisir ressenti lors de la punition... des autres, principalement. Ce
système est associé à la libération de dopamine, un
neurotransmetteur lié au plaisir et à la satisfaction. Lorsque nous punissons, notre cerveau active les mêmes circuits de récompense que ceux impliqués
dans d’autres activités plaisantes, comme manger ou écouter de la musique. Une étude a montré que les participants ressentaient une activation accrue du striatum,
une région du cerveau associée à la récompense, lorsqu’ils infligeaient une
punition à quelqu’un qui avait enfreint une règle. Cette activation était
corrélée à un sentiment de satisfaction et de justice.
Donc, la sélection naturelle "culturelle" nous encourage à punir, avec plaisir... sans pour autant être considéré comme sadique. Plus généralement, le plaisir est souvent associé à des comportements qui - sans le plaisir associé - risquerait de nous faire disparaître (orgasme pour activer la reproduction, plaisir de se nourrir d'aliments sains, plaisir d'offrir dans le cadre dans le cadre de la consolidation des relations humaines indispensables à la survie etc.).
Mais pour que la punition-plaisir soit justifiable, il faut bien que le sujet à punir ait la possibilité de faire mieux que ce qu'il a fait, qu'il ne soit pas entièrement déterminé et possède un libre choix dans ses actions, bonnes ou mauvaises pour la société, la famille, l'école...
Mais les progrès philosophiques et scientifiques ont permis de douter à la fois de l'efficacité et du bien fondé moral concernant les maltraitances punitives destinées, par exemple, à guérir les malades mentaux. Les animaux et les enfants n'ayant "notoirement" pas de libre arbitre même pour les plus zélés des croyants dans cette chimère, il devenait difficile de les punir, physiquement en tout cas. Le déterminisme (même mâtiné d'indéterminisme quantique) étant le seul paradigme permettant la connaissance, le libre arbitre n'a plus d'existence possible et ne permet plus la punition, sauf à être sadique ou profane sur ces sujets (voir Libre Arbitre).
Certes, la croyance en une "fée des
dents" pourrait conduire à se laver les dents tous les jours, de sorte que cette
croyance constituerait finalement un avantage adaptatif non négligeable... sans
en conclure pour autant que la fée des dents existe réellement, ontologiquement. Et si cette fée a rédigé quelque grimoire nous engageant à tuer ceux qui ne se lavent pas les dents 3 fois par jour, doit-on lui obéir ?
De manière similaire,
la liberté de la volonté (libre arbitre « réel ») ne peut être qu’une
illusion faisant partie d'une « carte mentale » utile du point de vue adaptatif à une époque mais qui ne tient pas
compte du « territoire » tel que décrit par la science et la
raison, car un libre arbitre « réel » ontologique surplombant nos
décisions est tout à fait incompatible avec les lois naturelles. Dès lors,
chacun ne peut faire que ce qu’il fait ; et n’aurait pas pu faire
autrement (à moins de modifier les déterminants en cause).
La volonté et les choix existent bien, mais ils sont tenus
totalement par nos déterminants ancestraux personnels à la fois génétiques et
environnementaux dans un processus stochastique (probabiliste) chaotique ne permettant pas des prévisions certaines... à moins de faire appel évidemment aux voyants, médiums, astrologues, cartomanciennes et autres haruspices etc.
Pour agir afin de "remettre en ligne" les contrevenants aux normes sociales du moment, il faut donc faire émerger de nouveaux déterminants en respectant le fait que chacun fait au mieux et ne peut faire autrement sans ces nouveaux déterminants. Il n'est pas question de "faire du mal", de couper un doigt à son enfant chaque fois qu'il ne se lave pas les mains avant de passer à table, ou encore de couper la main gauche du voleur comme le font certains islamistes (avant de passer à la main droite en cas de récidive ; mais tiennent-ils compte du fait que le voleur peut être gaucher ???). Efficace ? Peut-être mais terriblement inhumain - quand on a bien compris ce qu'implique l'absence de libre arbitre - et propice à rendre les "punis" encore plus féroces => voir Mais alors, sans culpabilité ni punition possible... que faire ?
Cultivons le plaisir de coopérer pour un monde sans punitions, haines, vengeances, humiliations, dominations, violences physiques et psychiques, jalousies et autres passions tristes.
Bannissons de notre vie commune les croyances métaphysiques surnaturelles. Ce qui implique, ce n'est pas le plus facile, de "Penser contre son cerveau".
__________________________________________
Et pour aller plus loin, le livre "La dernière
blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en
cliquant sur l'image ci-dessous
Les discussions de première importance concernant le sexe des anges constituent un bel exemple des querelles proprement « byzantines ». Celles concernant la légitimité
d’utiliser les Indiens comme esclaves, les
rapports des hypostases de la Trinité*, la
double nature du Christ etc. ne sont pas mal non plus. Si l’on collectait toutes
les querelles et propos exégétiques de toutes les religions, nous aurions des millions de pages
et d’heures de discussions sur du vide : «
La grande confrérie de l'érudition inutile » pour reprendre Michel
Foucault. Les débats sur l'âme (comme ceux sur le libre arbitre) sont de cet ordre.
L’anthropologue Pascal Boyer cite dans son livre - qui mérite d'être lu (« Et l’Homme créa les Dieux »**) - une
anecdote savoureuse : alors qu’il venait de décrire au cours d’un dîner
certaines croyances des Fang d’Afrique centrale qui croient que les sorciers
s’envolent la nuit sous forme animale pour jeter des sorts, un théologien
catholique de renom eut cette formule d’une profondeur abyssale :
« C’est
cela qui rend si passionnante et si difficile votre spécialité (anthropologie). Vous devez expliquer comment les gens peuvent croire pareilles
inepties. »
Un pur génie, ce théologien...
... comme (St) Augustin considérant que "la perte d'une seule âme non munie du baptême est un mal bien plus grave que la mort d’innombrables innocents." Le salut d'une seule l'âme est donc bien supérieur à la vie physique de milliers d'innocents, ce qui permettra de justifier un certain nombre de saloperies ici et là.
Dans la conception spiritualiste, l’âme est considérée comme l’essence immatérielle et
éternelle d’un être vivant. Elle est au cœur de nombreuses croyances
spirituelles et philosophiques.
Pour la Kabbale juive, il
existerait cinq niveaux de l’âme, chacun représentant un degré différent de
conscience divine.
Pour le christianisme, l’âme - fabriquée lors de la conception charnelle -, est immortelle et
distincte du corps. Elle est jugée après la mort et peut accéder au paradis ou
à l’enfer. Pour l’Islam, l’âme (ou “nafs”) existe avant la naissance (soit des centaines de milliards d'âmes en "attente" ?), est également immortelle et
sera jugée par Allah après la mort. Les actions de la vie terrestre déterminent
le sort de l’âme dans l’au-delà. Hindouisme et Bouddhisme croient en la
réincarnation, où l’âme passerait par plusieurs vies jusqu’à atteindre la
libération (moksha ou nirvana). Du point de vue philosophique, Platon voyait l’âme comme
immortelle et divisée en trois parties : la raison, l’esprit et les désirs.
De son côté, René Descartes considérait
l’âme comme la source de la pensée et de la conscience, distincte du corps
physique, une dualité qui a toujours la peau dure de nos jours.
Bref : si tout le monde croit en l'existence de l'âme, c'est qu'elle doit exister, non ?
Mais qu'en est-il des Indiens découverts par Christophe Colomb (1492) ? Espagnols et Portugais entreprennent la colonisation du Nouveau Monde. La
population indigène se voit décimée par la variole, la rougeole et les
massacres. Les « Indiens » sont également dépossédés de leurs terres et enrôlés
de force, en esclavage.
Mais au fait, les Indiens sont-ils humains ? Grave question à
laquelle la « controverse de
Valladolid »*** va tenter de répondre en
1551 avec le secours d’une quinzaine de théologiens. La question est de savoir
qui sont ces Indiens : des êtres inférieurs... ou des hommes comme nous, les
Européens, fils de Dieu ?
Pour l’un des
intervenants, la réponse va de soi dans la lignée des arguments traditionnels.
Celui de la révélation primitive d’abord : comment se
fait-il que ces peuples lointains n’aient pas été instruits du christianisme,
puisqu’il est dit, dans les Évangiles, que les apôtres s’en sont allés
convertir toutes les nations ?
Ensuite, comment ne pas voir la main de Dieu
dans l’extermination des Indiens ? Si c’étaient vraiment ses enfants,
permettrait-il ces massacres ? En réalité la colonisation s’inscrit dans le
dessein divin. Dieu punit les Indiens de leur idolâtrie et les Espagnols ne
sont que son bras armé. Dieu est avec nous ! Comme disent toutes les religions pourtant différentes et concurrentes.
Bref, un raisonnement qui tient diablement la route... tout comme les reproches qui sont faits aux autochtones concernant les pratiques barbares de sacrifices humains pour faire plaisir au dieu, à ne pas confondre avec Abraham qui allait tuer son fils sur ordre divin, voire le sacrifice du Christ sur la croix par dessein (destin) divin. Ça n'a rien à voir, évidemment !
Finalement, on ne sait trop par quel miracle, les Indiens seront déclarés humains comme les autres (ouf !), contrairement aux noirs que l'on peut continuer de réduire en esclavage car il ne faudrait pas que le business souffre de cette extravagante lubie de la papauté.
Fort heureusement pour les porteurs de la "bonne" civilisation, la suite montrera que le statut d'humain "avec âme" ne préserve nullement des massacres.
Comme le rapporte le canadien Éric Plamondon dans son livre “Taqawan”:
"Ici, on a tous du sang indien. Ou dans les veines, ou sur les mains".
D'un point de vue "scientifique", si l'âme existe et
s’envole après de la mort, on peut envisager qu’elle ait un certain poids (une
masse en fait) que l’on pourrait mettre en évidence en mesurant le poids d’un
cadavre avant, puis après le décès. Hypothèse intéressante testée par le
médecin américain Duncan Mac Dougall en 1907.
Résultat : l’âme existe, si, si !
Elle pèse même 21 grammes. CQDF.
Las, les conditions de l’expérience et le résultat
sont immédiatement contestés par ses pairs. Qui plus est, cette éventuelle
perte de poids peut s’expliquer par des modifications physiologiques simples,
et ceci sans avoir besoin de recourir au surnaturel. Plus personne ne porte
crédit à cette pseudo étude scientifique, à part quelques spiritualistes
hermétiques à toute nécessité de preuve.
De nos jours, toute cette quincaillerie bigote est balayée par la science moderne en l'absence de preuve empirique sur l’existence de l’âme. Les neurosciences étudient la conscience et
les fonctions cérébrales sans recourir à des concepts spirituels. L'âme, pas plus que le libre arbitre, n'est retrouvée dans le cerveau ; ni même ailleurs.
Les concepts d'âme et de libre arbitre sont en fait les deux faces d'une même pièce surnaturelle, une dualité qui persiste dans les esprits spiritualistes. Le libre arbitre est devenue une sorte de "sécularisation" de l'âme, un avatar persistant de la dualité esprit/corps chère à l'humain (qui répugne à penser qu'il est d'origine animale), sans aucun support rationnel, mais avec des conséquences délétères bien visibles dans tous les compartiments de notre société (voir "Présentation 2").
Si vous avez quelques minutes (11), regardez ci-dessous cet
extrait passionnant de la controverse de Valladolid et la joute oratoire qui oppose Sepúlveda à Las Casas montrant, sans l'ombre d'un doute, en quoi "les indiens ne sont pas des créature reconnues par Dieu
!" Pour tout dire, la totalité de cette docufiction mérite d'être vue, réfléchie, montrée aux élèves, discutée en classe, tant ces questions sont à la base de notre concept d'humanité.
On en vient à espérer une "controverse" du même ordre, mais laïque cette fois, sur le concept de libre arbitre, entre philosophie et sciences... en direct sur Public Sénat.
Chiche !
____________________________________
* « Hypostases de la Trinité » : dans le christianisme, la Sainte Trinité est le Dieu unique en trois personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, égaux, participant d'une même essence divine et pourtant fondamentalement distincts. Une évidence...
Selon les responsables de la droite et
de l'extrême droite, le « wokisme » était au centre de la cérémonie d’ouverture
des Jeux olympiques en France...
Et c'est pas bien !
Le terme “wokisme” dérive
de l’anglais “woke” qui signifie littéralement “éveillé”. Il désigne un
mouvement social et politique visant à sensibiliser et à lutter contre les
injustices et les discriminations systémiques basées sur la race, le genre, la
classe sociale, et autres axes de marginalisation.
Sans libre arbitre « réel » (ontologique), il est évident que toute
discrimination de minorités est foncièrement injuste. Et il n'est pas besoin d'être d'extrême gauche pour constater que les "hommes blancs hétérosexuels" subissent globalement moins de discriminations que
les autres groupes humains.
Et lesdiscriminations se cumulent comme l’indique la juriste
féministe américaine Kimberlé Crenshaw[1] :
dans notre société, il est plus difficile d’être homosexuel qu’hétérosexuel, et
encore plus difficile d’être homosexuel noir que blanc. Ce n’est qu’en
combattant pied à pied par la législation, l’éducation - dont sa composante
philosophique -, les débats dans les médias, les manifestations éventuelles...
que nous changerons les mentalités : c’est la marche de l’évolution
culturelle humaine, tout simplement.
Par exemple, il est compréhensible que
les discussions actuelles sur le genre suscitent des inquiétudes. Il y avait les femmes, les hommes, et rien entre les deux ; c'était plus simple, surtout du côté de ceux pour qui le genre de naissance ne posent pas problème, soit la majorité des humains. Ce n'est pas une "mode" de changer de sexe comme on l'entend parfois ; c'est un sujet particulièrement douloureux qui peut amener au suicide. Imaginez-vous dans un corps d'homme alors que vous vous "sentez" femme (ou l'inverse) depuis presque toujours. Ce n'est pas non plus un sujet nouveau, mais on n'en parlait pas ouvertement. Tabou cette "incongruence de genre". Le genre est une construction biologique (XX, XY, XXY, XO etc.), neurobiologique* et sociale qui n'est pas "choisie librement", au même titre que l'orientation sexuelle d'ailleurs.
Dans une vision matérialiste, chaque individu a le droit de vivre selon son identité de genre et il est irrationnel de culpabiliser ceux qui ne seraient pas dans la norme statistique, quelque part dans le spectre entre femme et homme. Les religieux et les partisans de droite (pléonasme ?) sont généralement incapables d'accepter cette réalité scientifique : Dieu n'a pas pu se tromper si lourdement. Femme et homme, Yin et Yang, noir et blanc, OK ; mais gris clair ou gris foncé... Pas assez binaire sans doute. Pourtant, permettre
aux gens de changer de prénom ou de genre est une question de respect des
droits humains fondamentaux. Le fait de pouvoir vivre selon son identité de genre peut
considérablement améliorer la santé mentale et émotionnelle des personnes
transgenres, permettant de réduire les taux de dépression, d’anxiété et de
suicide, tout en respectant une justice sociale.
Mais pas n'importe comment quand il s'agit de changer "définitivement" de genre avec l'aide de la médecine. La prescription de "bloqueurs de puberté" (accord parental nécessaire avant 18 ans) doit être évaluée - voire peut-être interdite si l'on considère que la croissance physique et psychique est loin d'être terminée à ces âges (entre 8 et 14 ans)**. Par ailleurs, avant de procéder à une chirurgie de réassignation sexuelle, il
est essentiel que la personne soit évaluée par des professionnels de la santé,
y compris des psychiatres et des endocrinologues. Cela garantit que la personne
est bien informée et prête pour les changements physiques. Les
personnes qui souhaitent changer de sexe doivent suivre un traitement hormonal
sous la supervision d’un endocrinologue. Ce traitement aide à développer les
caractéristiques physiques du sexe souhaité, mais il comporte aussi des risques
et des effets secondaires devant être surveillés. Après une chirurgie de réassignation sexuelle, un suivi médical régulier est
crucial pour surveiller la santé physique et mentale de la personne.
Pour en revenir au wokisme, il n’y a à mon sens aucun conflit entre cette démarche de justice sociale et l'universalisme républicain qui est bien plus mis à mal par les discriminations
que par le wokisme. Les "anti-wokistes" rassemblent des
conservateurs de droite et d'extrême droite aussi recommandables que le républicain américain
Ron DeSantis, le russe Poutine, le brésilien Bolsonaro, le RN[2], Éric Zemmour, le sociologue Mathieu Bock-Côté ou Alain Finkielkraut, ce dernier nous expliquant que le wokisme...
"est l'idéal égalitaire. On pourchasse les discriminations et ça montre bien que le wokisme... est un véritable vandalisme."
Bizarrement, cet aréopage ne peut que me donner "foi" dans le wokisme... à la
condition essentielle de ne pas aboutir à une polarisation excessive de la
société - une sorte de wokisme intégriste - avec éclatement du « vivre
ensemble » et des valeurs fragiles d’un universalisme cher à la
France.
Par exemple, il n’est pas question de remplacer la médecine scientifique
par des remèdes indigènes sous prétexte de reconnaissance des minorités ; ni de faire
du wokisme une nouvelle secte / religion comme semble s’en inquiéter le philosophe J.F.
Braunstein[3]... Les outrances verbales et humiliations grotesques des étudiants envers l'administration et les professeurs que l'on peut voir dans la vidéo ci-dessous - tournée à la faculté Evergreen et commentée par un partisan de droite (extrême ?) - sont condamnables, sinon débiles... Mais cette haine qui explose est à la hauteur des ressentiments accumulés dans l'Histoire (colonisation / esclavage / Ku Klux Klan / humiliations / ségrégation / massacres...) et trop souvent réactualisés (George Floyd tué par des policiers le 25 Mai 2020...). Si le wokisme partage
les humains entre dominants et dominés, on peut difficilement ne pas être
d'accord sur ce point dès lors qu'on regarde le monde passé et actuel, bien
qu'il s'agisse d'une grille de lecture forte mais nécessairement incomplète.
Notons que les partisans de gauche ne sont pas en accord - pour la plupart d'entre-eux - avec les outrances de la vidéo ci-dessous.
Le wokisme est censé être - pour la droite (extrême) - l'idéologie à abattre, notamment sur le campus de Sciences PO de Grenoble depuis les propos suivants du professeur Klaus Kinzler : "l'islamophobie est une propagande extrémiste, à ne pas mettre dans le même sac que le racisme et l’antisémitisme. Propos considérés comme islamophobes et fascisants par certains étudiants mais revendiqués par le professeur dans la presse nationale comme simple exercice de la liberté d'expression, en y ajoutant quelques coups de griffe à l'institution dont il fait partie. Institution qui a réagi à ce qu'elle considère constituer une diffamation... et suspend le professeur Klaus Kinzler.
Laurent Wauquiez (et la droite dans son ensemble) s'indigne de cette décision de l'institution et lui retire les subventions de la région !***
Cependant, confondre dans le terme "islamophobie" à la fois le rejet légitime de l'islamisme mortifère avec celui des musulmans paisibles dans leur grande majorité revient à confondre l'antisémitisme avec les massacres de Netanyahu. Sans oublier que les palestiniens musulmans et les juifs sont des sémites ; c'est dire s'il faudrait nuancer tous ces idiomes !
Dans une vision matérialiste, il n'est pas question de
se flageller en permanence mais de prendre nos responsabilités historiques,
sans fierté ni honte (voirhttps://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/07/histoire-ni-fierte-ni-honte.html). Nos règles
républicaines et démocratiques devraient chapeauter l’ensemble des mouvements sociétaux, le combat
contre toute discrimination, qu'on soit "woke" ou pas ; mais la place du curseur,
ici comme ailleurs, doit faire l’objet d’une délibération commune qui ne sera toujours
que provisoire.
Autre aspect controversé, la « cancel culture » - ou culture de l’effacement - est
souvent associée au wokisme.
Il peut sembler légitime de ne plus "honorer" actuellement certaines figures historiques comme dans cet exemple concernant le général Louis Juchault de Lamoricière qui se serait très mal conduit durant la colonisation de l'Algérie :
Mais je suis contre les violences de toutes sortes qui
se réclameraient de cetteculture de l’effacement. Il me semble totalement idiot de
déboulonner des statues et plaques de nom de rue, à la condition de préciser en quoi les propos ou actes de telle figure historique sont devenus insupportables de nos jours. Avec quelques
garde-fous cependant : pour ne prendre qu’un exemple limite de reductio ad Hitlerum, baptiser
actuellement en France une rue au nom d’Adolf Hitler ou de Staline serait
évidemment une provocation insupportable, comme le serait de créer une chaîne de magasins à la gloire de Vladimir Poutine...
... à moins qu'il ne s'agisse que d'un plat emblématique du Canada particulièrement populaire au Québec.
Pouvoir faire autrement (possibilités alternatives) semble être une compétence/condition nécessaire pour parler de libre arbitre ontologique permettant ainsi de punir.... car le délinquant aurait pu (dû) faire autrement !
C’est ce que pensent nombre de philosophes dont Christian List qui concède que le libre arbitre et ses conditions préalables – l’action intentionnelle,
les possibilités alternatives et le contrôle causal de nos actions – ne peuvent
pas être trouvés parmi les caractéristiques physiques fondamentales du monde
naturel. Dont acte.
Il semble donc a priori se positionner en faveur d'un paradigme naturaliste.
Mais,
selon lui, ce n’est pas là que nous devrions chercher !
"Le libre arbitre est un
phénomène de « niveau supérieur » qui se situe au niveau de la psychologie. Il
ressemble à d’autres phénomènes qui émergent de processus physiques mais sont autonomes et ne sont pas mieux compris en termes physiques fondamentaux,
comme un écosystème ou l’économie. Lorsque nous le découvrons dans son contexte
approprié, reconnaître que le libre arbitre est réel n’est pas seulement
scientifiquement respectable ; c’est indispensable pour expliquer notre monde !"*
Comment peut-on se déclarer naturaliste (matérialiste) et parler d'émergence qui serait autre chose que la "simple" complexité des phénomènes régis par les lois naturelles dans le cadre d'un chaos déterministe ?
L'exemple de Lenia (voir Emergence de LENIA) devrait pourtant être suffisant pour se convaincre de la possibilité matérialiste de création de structures particulièrement élaborées. En quoi - et comment - la psychologie humaine échapperait-elle à ce processus ?
Par ailleurs, les exemples de l'auteur - écosystème et économie - ne sont effectivement pas cernées totalement par l'analyse à partir des lois fondamentales, non du fait de l'existence d'un fantôme surnaturel dans la machine mais de la complexité des causes, des conséquences et du chaos qui en découle. Les prévisions climatiques sont de cet ordre et je ne comprendrais pas que Christian List nous invite, s'il est réellement matérialiste, à penser autrement.
Puis vient l'argument que le libre arbitre "réel" est scientifiquement respectable : pourquoi pas ! Mais il faudrait autre chose, une preuve quelconque, pour commencer à adhérer à ce concept incompréhensible dans un paradigme naturaliste scientifique justement. Enfin, List nous affirme que le libre arbitre est indispensable pour expliquer notre monde... Mais avant l'Humain, le monde existait sans libre arbitre (LA) et l'animal n'en a toujours pas selon les zélés zélotes du LA alors que les animaux non-humains possèdent bien des éléments primitifs de morale régissant les groupes, des embryons de culture, voire de techniques... ; le tout sans besoin de LA. C'est autant de merveilles montrant l'émergence de structures complexes notamment du point de vue psychologique.
En bon "compatibiliste", List pense que pour définir le libre arbitre, il suffirait que je soutienne mes choix/actions
d'une manière ou d'une autre : si je les soutiens, les défends, les trouve
raisonnables, mes raisons justifient/prouvent la réalité du LA.
Entourloupe ! Car un LA qui serait "réel" nécessiterait un choix, une volonté libre indépendamment des "raisons", "causes" et "contraintes" externes etinternes. Si List a "choisi" ce matin de se faire un thé plutôt qu'un café comme la veille, c'est qu'il pense n'avoir pas bien dormi à cause du café (cause interne pour simplifier), mais comme il se doit d'être en forme pour le séminaire cet après-midi (cause externe)... Mais il aurait tout aussi bien pu choisir le café plutôt que le thé pour justement se rebooster du fait le manque de sommeil.
Bref, tout semble possible dans un sens et l'autre. Comment se fait-il qu'on parte d'un côté ou d'un autre ? Finalement, List a pris un café en se rappelant que la fois précédente, dans des conditions similaires, ce choix du café l'avait bien requinqué, soit une "raison interne", biologique, sur laquelle il n'a eu aucune prise. Mais il aurait pris plutôt un thé si le café lui avait déclenché une crise de tachycardie en plein séminaire la fois précédente, une autre "raison interne" indépendante de sa "volonté"..
Animaux humains et non-humains sont les produits de la génétique et de l'environnement. Ils font en permanence des choix de survie, chacun avec ses "raisons", plus sophistiquées chez l'humain que chez l'animal, mais fondamentalement reposant sur les mêmes processus mentaux. Rien ne permet scientifiquement d'affirmer le contraire et tous ne font pas les mêmes choix pour des raisons tenant non pas à une liberté de la volonté fictive, mais à des déterminants différents, conscients ou non.
Par exemple, que domine-t-on vraiment lors d'un "coup de foudre" qui relève en grande partie d’un phénomène
chimique et hormonal. En l’occurrence, le cerveau produit de la
phényléthylamine responsable de la transmission de la sensation de plaisir
entre les neurones (effet euphorisant puissant).Puis l’organisme
produit de la dopamine qui joue un rôle essentiel dans le mouvement, la
motivation, le plaisir et la récompense selon l’institut du Cerveau. Elle rend
euphorique dans le cas d’un coup de foudre et la sensation d’hébétude
s’intensifie. L’ocytocine, molécule de l’attachement, est également produite,
ainsi que l’adrénaline : le cœur bat la chamade, on rougit, on a chaud. Mais
la science n’explique pas ce qui fait que l’on tombe fou d’amour pour l’un(e)...
et pas pour l’autre.
Qui du Libre Arbitre dans cette cascade biologique et psychologique bien souvent impossible à contenir ? Désir de premier ordre... que le désir de second ordre (libre arbitre ?) pourrait annuler comme nous l'affirme le philosophe Harry Frankfurt ? (voir "Saucisse" de Frankfurt et courant alternatif).
Appliquée à l'Histoire, on parle d'une uchronie (Charles Renouvier) lorsqu'on prend une situation historique existante et que l'on modifie un événement "déterminant" pour ensuite imaginer les différentes
conséquences possibles. Ce qui rappelle la phrase de Blaise Pascal :
« Le
nez de Cléopâtre : s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait
changé »
Si les dinosaures n’avaient pas disparu, si l’Empire romain
ne s'était pas effondré, si, si, si...
Et alors ? Sans doute des fictions sympathiques qui peuvent partir dans toutes les directions, à la mesure de l'imagination humaine... mais sans aucun intérêt ni philosophique, ni scientifique, ni même historique.
Convenons plutôt que les faits sont plutôt du genre têtus et que le réel ne prend qu'un chemin déterminé, trop souvent imprévisible à notre goût.
En conclusion, le naturaliste List est un spiritualiste qui s'ignore, comme beaucoup, malheureusement, et personne ne peut faire autrement que ce qu'il fait** ; ce qui n'est pas du fatalisme pour autant, car rien n'est écrit dans un grand livre du futur... ou alors la charge de la preuve est de ce côté (voir Fatalisme ? Fatal error !).
*List C. "Why
free will is real" - Harvard University
Press - 2019
Cette expression idiomatique provient du poète latin Juvenal qui critiquait un peuple romain se satisfaisant uniquement de
pain gratuit et de spectacles somptueux offerts par les dirigeants, ignorant
ainsi les affaires politiques cruciales et les valeurs morales fondamentales.
En sommes-nous toujours là ? Pas tout à fait, heureusement, même s’il persiste
quelques stigmates délétères.
Ainsi, la concurrence et la compétition sont toujours des éléments centraux de la survie au sens large, de l’économie capitaliste au sport de "haut niveau".
Concernant le pain
Chaque individu, chaque groupe passe son temps - de tous temps - à s'accaparer des ressources limitées au détriment du voisin éventuellement. Dans ce concours de prédation, le plus "fort" de la tribu - généralement un homme - s'est accaparé ainsi en priorité la nourriture, les femmes, les droits... ce qui s'est poursuivi avec des régimes politiques plus sophistiqués, la population augmentant ayant nécessité une organisation complexe (seigneurs, rois de "droit divin", états...), jusqu'au capitalisme dont la naissance est diversement analysée*.
Côté face : la concurrence est un pilier fondamental de l’économie capitaliste. Cette concurrence est généralement vue comme un moyen positif d’encourager l’innovation, d’améliorer la qualité des produits, réduire les prix pour les consommateurs... Quelques garde-fous ont été légitimement instaurés : lois antitrust, protection sociale et droits des travailleurs, politiques fiscales redistributives etc.
Côté pile : ce même capitalisme favorise l'exploitation des travailleurs en minimisant les
coûts de production et en maximisant les profits. Les salariés sont trop souvent
soumis à des pressions excessives et ne bénéficient pas suffisamment des fruits
de leur labeur malgré des gains de productivité très conséquents. Il engendre par ailleurs des crises cycliques, récessions, dépressions provoquant parfois un chômage massif, une pauvreté accrue et une instabilité politique. Il nous conduit, comme on peut le voir depuis quelques dizaines d'années, à une concentration de richesses extrême et à une
augmentation de la pauvreté relative.Privilégiant les gains
immédiats, les industries polluent
massivement les sols, l'eau et l'air, fragilisant ainsi gravement l'équilibre
écologique global. Enfin, la concurrence économique impitoyable et permanente alimente les
antagonismes nationaux et internationaux, pouvant conduire à des conflits
armés. Des nations cherchent à imposer leur domination par tous les moyens
possibles, dont l'espionnage industriel, les embargos commerciaux, voire les
invasions militaires...
Certains ont cru voir dans la concurrence entre tous et la compétition économique mondialisée la simple continuité de ce que l'on croit constater chez le vivant en étudiant l'évolution darwinienne : le capitalisme validé par la science du vivant en quelque sorte... Il en est même qui, refusant le paradigme capitaliste, en viennent à remettre en cause Darwin en amont afin de réfuter l'inférence. Mais on peut être anticapitaliste - comme l'est le philosophe Daniel Milo - sans aller chercher des arguments scientifiquement "foireux" comme il les collectionne dans son livre « La survie des médiocres. Critique du darwinisme et du capitalisme » - 2024 - Gallimard), publication qui a déclenché à raison une levée de boucliers du côté des spécialistes de l'évolution**. Car la logique du philosophe du genre "le capitalisme est délétère", donc "la compétition dans l'évolution" est une erreur d'analyse de Darwin, présente une fragrance sophistique de l'ordre de l'argument de la conséquence (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/quelles-consequences-de-largument-de-la.html). Et ce n'est pas parce que l'idée est reprise par toute une presse anticapitaliste séduite par cette pseudo contre-analyse de l'évolution qu'elle devient vraie pour autant. En revanche, considérer que l'évolution culturelle - toute aussi Darwinienne - a mis en place des concepts de solidarité, d'égalité, de remise en cause de la compétition à tout va chez l'animal comme l'animal-humain est source d'analyses et de réflexions comme on peut le voir par exemple dans le jeu du dilemme du prisonnier (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/un-sacre-dilemme-pour-la-morale.html). Il n'est pas nécessaire de tuer Darwin pour critiquer le capitalisme ; ou alors, il faudrait des arguments scientifiques d'une autre portée.
Concernant les jeux
Les jeux olympiques 2024 ont montré, comme toute rencontre sportive "au sommet", la quintessence même de la compétition acharnée, préparée par des sportifs qui s'entraînent tous les jours, des heures durant, depuis des dizaines d'années parfois, pour une médaille, une reconnaissance mondiale de leur supériorité qui se joue souvent à quelques secondes, voire millièmes de secondes (0,005 seconde entre l'or et l'argent au 100 m pendant les JO 2024) ? La belle affaire ! De toute façon, les records à battre sont appelés nécessairement à disparaître.
On peut trouver ces efforts admirables ou pathétiques. Admirables pour ce qui concerne la ferveur d'une communauté rassemblée
autour des héros, des gagnants de son camp, du drapeau et des émotions fortes que tout cela suscite. Une reconnaissance, une distinction
internationale qui fait du bien à l'ego personnel et collectif de la nation. Ce qui rassure un peu : les efforts et le courage payent !
Et puis toute une religiosité qui rassemble autour des idoles du moment, de l'autel des podiums.Les Jeux Olympiques de la Grèce
antique étaient dédiés à Zeus, les jeux isthmiques à Poséidon. Les athlètes
croyaient que les dieux octroyaient la victoire. De nos jours, les athlètes continuent
de pratiquer des rituels tels que se signer, prier, ou embrasser la pelouse
après un but. L’apôtre Paul utilisait des métaphores
sportives pour illustrer la vie chrétienne, comparant le chrétien à un athlète
qui court pour Dieu. Sport
et religion se rejoignent dans leur capacité à unir les individus, à
inspirer la dévotion, à promouvoir un sentiment de communauté, d'identité, d'appartenance. C'est aussi un terrain commun pour le fanatisme sous toutes ses formes, des conflits entre groupes de supporters aux guerres opposant les confessions religieuses.
D'ailleurs, les termes employés par les divers commentateurs sportifs sont bien ceux d'une guerre - certes "pacifique" - qui ne dit pas son nom : "on a gagné, les doigts dans l'nez ; ils son perdus, les doigts dans l'c..." / "il a rendu coup sur coup" / "c'est une vraie machine de guerre" / le tennisman Rafael Nadal décrit comme le "roi déchu" face à Novak Djokovic / untel a "pulvérisé" son adversaire quand il ne l'a pas "humilié" / attention, là c'est un "tueur" / "demain je vais le taper" / phase de "mort subite" en escrime / "qu'un sang impur abreuve nos sillons"etc. A tout le moins, un environnement hostile source de stress chez les participants, à l'instar
de conditions assez proches durant les périodes de guerre.
Pour George Orwell, "le sport, c'est la guerre, les fusils en moins". Cette formulation illustre bien la perception du sport de "haut niveau" comme une activité
conflictuelle et compétitive, très proche de la guerre avec ses "victoires", ses "défaites", ses fiertés, ses blessures, ses vengeances...
Et ce n'est pas le cri de guerre Haka - une danse chantée rituelle pratiquée par les Maoris lors de conflits, de manifestation, de cérémonies ou de compétitions amicales "viriles" - qui pourrait contredire cette impression générale ! Impressionner l'adversaire pour mieux le battre.
Dans le cadre de l'égalité des sexes, les femmes s'y mettent aussi en ayant soin de prendre ce qu'il y a de mieux chez l'homme, sous les acclamations des spectateurs. Scrutez les visages pleins de compassion pour les adversaires que l'on va écraser ; le sport comme source de paix entre les peuples.
Le Haka, juste un folklore anodin ?
Tout ceci vient de loin. On en connaît même le modèle.
Et je ne parle même pas du MMA (Arts Martiaux Mixtes) et de son octogone en plein essor, ou même du "noble art" qu'est la boxe consistant à abrutir l'adversaire à coups de poing (Traumatismes
crâniens et commotions cérébrales / Perte de vision partielle ou totale / Surdité / Syndrome de chronicité cognitive postcommotionelle / Encéphalopathie chronique
traumatique / Maladie de Parkinson...).
Après s'être bien frappés, il est convenu que les adversaires rejouent "Embrassons-nous, Folleville" en fin de match pour que tout un chacun comprenne bien que c'était pour du beurre et qu'il est temps de revenir à la vie "civile".
Plusieurs sportifs de haut niveau ont
exprimé des regrets, voire des plaintes, concernant le fait d’avoir commencé leur
carrière sportive très (trop) tôt en raison des désirs ardents de leurs parents. Et pas seulement des sportifs puisque l'on retrouve ces mêmes regrets chez d'autres "joueurs" comme pour le jeu d'échec, l'apprentissage forcé du solfège et d'un instrument etc. :
André Agassi, célèbre joueur de tennis, a souvent parlé de la pression intense qu’il
a subie de la part de son père pour devenir un champion de tennis dès son plus
jeune âge, ce qui a conduit à un sentiment de ressentiment envers le sport.
Jennifer Capriati, est devenue
professionnelle à l’âge de 13 ans et a ressenti une pression immense pour
réussir, ce qui a finalement conduit à des problèmes personnels ; de même que Mary
Pierce - joueuse de tennis franco-américaine - qui a décrit des entraînements
intenses et un environnement familial difficile, avec un impact sur sa
santé mentale et émotionnelle.
En fait, la liste est longue des champions
qui ont souffert des projections parentales : Tiger Woods (Golf) - Michael
Phelps (Natation) - Nadia Comăneci (Gymnastique) - Lionel Messi (Football)... Nos célèbres frères et champions de
tennis de table ont commencé ce sport dès l’âge de... 3 ans ! Kasparov (champion du monde des échecs) regrette de n'avoir pas profité d'une enfance insouciante et libre... mais il fallait que Moscou montre sa "supériorité" intellectuelle sur les USA (B. Fischer) en pleine guerre froide.
Bref, des parents qui pensent faire le bonheur de leurs enfants en les matraquant dès que possible avec leurs névroses personnelles . L'éducation religieuse est également concernée par ces dérives de domination parentale (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_05_09_archive.html)
Ces exemples montrent que la pression
parentale pour réussir dans le sport peut avoir des conséquences négatives sur
les athlètes, même s’ils atteignent le succès, ce qui n’est même pas la norme
pour ces enfants « programmés » qui n'atteignent pas tous, loin s'en faut, les sommets. L'excellence à tout prix... a un prix souvent exorbitant. Le bien-être et le bonheur des enfants devraient toujours être la priorité, quitte à ce que les parents trop ambitieux pour leur progéniture aillent consulter...
Finalement, les analogies sont légions entre la guerre économique capitaliste et la guerre à fleurets mouchetés du sport de haut niveau. Les ressorts guerriers sont identiques et l'interpénétration évidente : le sport business a commencé à envahir les clubs amateurs (recherche de sponsors, mise en place de partenariats...), avec les joies du spectacle et les dégâts collatéraux. Les héros du stade interviennent d'ailleurs - il faut bien vivre - pour "entraîner" les équipes marketing et commerciales des grandes entreprises : la "gagne" et la "niaque" sont à l'honneur. Les droits média, les maillots de joueurs à des prix prohibitifs... tout est bon. Et je ne dirai pas un mot sur les revenus indécents de certaines idoles que je ne citerai pas, comme Kylian Mbappé, ayant émargé selon Forbes à 30 millions d'euros entre mai 2021 et mai 2022. Quand on a compris que - sans libre arbitre ontologique possible - mérite et talents sont des leurres... (voir https://librearbitre.eu/accueil/sociologie/).
La performance serait le but ultime de l'humanité comme l'affirme la docteure en psychologue et chercheuse Fanny Nussbaum qui en
vient à critiquer violemment ce qu’elle appelle la « dictature des
humanistes » empêchant les individus de chercher l’excellence et
la perfection... qu’elle-même a manifestement trouvées dans sa conception
toute personnelle d’un existentialisme narcissique "embelliste" :
« La
performance est le plus beau joyau de l’intelligence humaine. Elle est le
fruit d’une quête incessante de dépassement de soi, d’une volonté
farouche de se différencier, d’une ambition démesurée de créer et d’innover
(...) Nous avons forgé un monde qui interdit tout comportement conquérant
(...) (j’ai) un dédain pour l’humanisme et sa
philosophie de l’essence (...) mon objectif est de faire de ma vie une œuvre
d’art. » ("L’Art de l’excellence - En finir avec la
dictature des humanistes - 40 commandements pour agir avec grandeur" - 2023
-Alisio + vidéo https://www.youtube.com/watch?v=GHagPY0XGqw)
Sacrifier la communication non violente et l'humanisme des "Lumières"- pas assez "conquérants" - sur l'hôtel d'un ego boursouflé : joli programme.
Et elle n'est pas seule. Dans la même veine, le psychologue canadien Jordan Peterson fustige le laisser-aller des gros, des transgenres, des adeptes du wokisme etc. et publie des livres sur
de développement personnel centré autour de l’idée qu’il faut commencer par se surpasser soi-même (???) avant de vouloir changer
l’ordre des choses dans la vie politique. Se dépasser ou se taire. Ce qui soulève des questions sur la manière dont nous percevons la réussite et
la compétition avec soi-même et les autres dans une société universelle mondialisée et, si possible un jour, paisible.
Paraphrasant Clausewitz, le sport de haut niveau est la continuation de la politique selon d'autres moyens (JO de Berlin en 1936, Moscou en 1980 avec le boycott de 65 pays pour protester contre l'invasion soviétique en Afghanistan, délégation officielle russe absente des JO 2024 du fait de la guerre en Ukraine...). On a même pu décréter une trêve olympique - très politique - en repoussant aux calendes grecques la nomination d'un premier ministre qui ne plaît pas.
Finalement, le sport est une excellente activité pour la santé (jeux) sans nécessité de se transformer en stakhanovistes de la performance ; et l'innovation scientifique et technique permet de mieux vivre (pain). Les différents avis portent sur la place du curseur, ici entre une saine émulation pour améliorer notre santé et nos conditions de vie, et là un burn-out parfois suicidaire. Entre des travailleurs qui gagnent des points de productivité et les retours qu'ils en ont (revenus / reconnaissance sociale etc.). La méritocratie capitaliste n'est pas l'organisation "naturelle" indépassable issue d'une évolution biologique de compétition qu'il faudrait appliquer stricto sangsue, mais un aspect culturel que l'on peut mettre en cause au même titre que l'on a remédié à la fatalité "biologique" des naissances (IVG / pilule...), renoncé à la raison du plus fort (Droits de l'Humain et des citoyens), à l'exploitation sans limite des ressources qu'on commence - péniblement - à mieux réguler etc.
Et le sport ne nécessite pas la glorification de quelques-uns (individus ou nations) et l'humiliation de tous les autres, pas plus que la nécessité de se droguer pour améliorer sans cesse les chronos, les sauts en longueur ou en hauteur. Les injonctions du toujours plus, "plus fort, plus vite, plus loin", sont nécessairement limitées par la biologie et le "mental" de chacun... qui fait au mieux de ce qu'il peut, en permanence. Et que deviennent tous ces athlètes - la plupart - qui échouent à percer et se retrouvent souvent sans débouchés réels après leur carrière sportive malheureuse...
Encourager l'autonomie et la croissance personnelles plutôt que l’obsession de la victoire favoriserait probablement des valeurs plus positives au sein de la société.
Quant à se dépasser soi-même : c'est une belle illusion, un vestige de la dualité qui ne peut pas exister dans un monde matérialiste. Un conseil en cas de dépassement : pensez à mettre le clignotant pour éviter tout claquage, chute, overdose d'amphétamines, de stéroïdes, d'EPO, de diurétiques ou d'hormones de croissance.
Regardant la cérémonie de clôture des JO au stade de France, je voyais cette immense foule de spectateurs et d'athlètes confondus, heureux, célébrant la paix des peuples dans leur diversité... alors que le nombre estimé des morts en Ukraine (auquel il faut ajouter 3 fois plus de blessés, d'handicapés à vie) est d'environ deux fois plus important (180.000) que ce que les images du stade nous ont montré.
Les JO sont peut-être nécessaires pour réduire la bêtise des rapports de forces entre humains et nations, mais ils restent bien insuffisants.
Pour terminer sur une note optimiste, il existe au moins trois points très positifs concernant ces JO :
l'impact significatif sur les vocations sportives en France : la ministre des Sports a ainsi mentionné qu’on pourrait s’attendre à l'inscription de 2 à 3 millions de licenciés supplémentaires ;
la diversité des origines et couleurs de peau des athlètes montrant l'universalité de l'humanité et la profonde bêtise meurtrière qu'est la guerre, la "vraie" (et ce n'est pas Miss France qui dira le contraire).
la visibilité des "personnes en situation de handicap" lors des jeux paralympiques. Habituellement cachés, oubliés, subissant une forme d'apartheid insidieux, on a pu voir toute leur humanité et leur force. A ne pas oublier après les jeux !
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* Ainsi la thèse de l'éthique protestante proposée par le sociologue Max Weber, affirmant que l'ascension du capitalisme moderne trouve ses racines dans la mentalité calviniste axée sur le travail, l'épargne et la discipline personnelle. Parallèlement, Werner Sombart relie l'émergence du capitalisme moderne au monde juif ashkénaze, tandis que d'autres théories mettent en lumière des facteurs tels que la Révolution industrielle, les changements agraires, le commerce extérieur et la colonisation. Certains analystes soulignent aussi l'importance des mutations démographiques, techniques et idéologiques ayant contribué à façonner le capitalisme. De plus, Fernand Braudel distingue différentes phases dans l'expansion du capitalisme, telles que le capitalisme commercial basé sur les échanges à longue distance, le capitalisme marchand associé aux activités urbaines et le capitalisme industriel reposant sur la production de biens manufacturés.