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Chaos, entropie, origine de la vie... et Dieu

Tout est bon pour mitonner un bouillon de mauvaise foi en y ajoutant une pincée d'inculture scientifique.

Ainsi, les spiritualistes croient déstabiliser les matérialistes en leur objectant - sur leur propre terrain, scientifique (!) - que l'entropie et le second théorème de la thermodynamique interdisent toute organisation spontanée de la matière, et donc l'apparition du vivant. Il faudrait donc nécessairement Dieu pour expliquer l'apparition du vivant.

Fichtre. Ce qui nécessite quelques explications.

Tout d'abord, du point de vue matérialiste, le chaos déterministe (et indéterministe) passe son temps à organiser / désorganiser la matière avec des particularités comme la sensibilité aux conditions initiales, la formation d'attracteurs étranges etc. (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/fatalisme-fatal-error.html). Même des systèmes gouvernés par des équations simples (comme une suite récurrente du second degré, au programme du lycée général) peuvent suivre des dynamiques complexes, c’est-à-dire qui ne se reproduisent jamais exactement égales à elle-même.

Pour ne prendre que ce point, la sensibilité du chaos déterministe aux conditions initiales est bien connue et parfaitement décrite - à l'atome près ! - par cette vidéo du physicien quantique Julien Bobroff :


Où l'on voit que le fameux effet papillon peut ne résider que dans un seul atome "différent" !!! Étonnant, non ?

De son côté, l'entropie est une idée importante en physique (et en informatique). On peut la voir comme une façon de mesurer le désordre. Plus il y a de désordre, plus l’entropie est grande. Par exemple, imaginez une boîte remplie de pièces de puzzle en vrac. L’entropie est grande parce que tout est mélangé. Mais si vous assemblez le puzzle en y mettant votre énergie, l’entropie diminue parce que vous avez mis de l’ordre. En gros, quand l’entropie augmente, cela signifie que les choses deviennent plus désordonnées nous conduisant directement - mais pas demain - à la mort thermique de l'univers. C’est comme quand les ados augmentent l'entropie de l'univers laissant "un peu" de désordre dans leur chambre... car l'énergie individuelle n'est pas infinie et il y a bien d'autres possibilités (prioritaires) d'user de son énergie à cet âge, bien que cela puisse dépendre du sexe (voir https://www.youtube.com/shorts/vGRhb55RhUA).

Le second théorème de la thermodynamique est une autre idée importante. Il énonce notamment que certaines choses ne peuvent pas se produire à l’envers. Par exemple, un verre cassé ne peut pas se réparer tout seul (je ne parle pas des magiciens qui sont en fait des extraterrestres comme chacun sait).

La question "vitale" devient : si l'entropie augmente (désordre croissant) depuis le début des temps, comment des "ordres" locaux  - telle la vie - peuvent-ils se constituer ?

Pour le physicien américain Jeremy England, il n'y a pas de contradiction : la vie sur Terre utilise l’énergie solaire pour maintenir des structures complexes et ordonnées, comme les cellules vivantes. Elles réduisent temporairement l’entropie du système en créant de l’ordre. Cependant, cette réduction d’entropie est temporaire et nécessite un apport constant d’énergie pour être maintenue. Cette perspective offre un nouvel éclairage sur l’origine et la nature de la vie, suggérant que cette dernière pourrait être une conséquence inévitable des lois fondamentales de la physique.

Ainsi, plutôt que de violer la seconde loi de la thermodynamique, la vie  s’inscrirait dans le cadre de cette loi en utilisant l’énergie disponible dans son environnement pour contrer temporairement l’entropie et créer de l’ordre. Mais le bébé qui grandit, mange, boit etc. désorganise son environnement (et celui des parents) en augmentant l'entropie de l'ensemble et en obéissant toujours à la seconde loi de la thermodynamique, voire même celle des parents, enfin parfois. 
Paradoxalement, le vivant est "fabriqué" pour survivre et se reproduire à tout prix en produisant de l'ordre qui brûle de l'énergie (soleil, pétrole, gaz...), ce qui augmente drastiquement l'entropie et le désordre (CO2, pollution, atteinte à la biodiversité...) tout en détruisant le milieu (dérèglement climatique, mise en danger des ressources en air, eau, nourriture...). 
Du coup l'injonction biblique destinée à Noé après le génocide aquatique est quelque peu problématique :

 "Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre" 

Fort heureusement, dans son encyclique « Laudato si’ » concernant notamment la sauvegarde de la maison commune, le pape François a déploré le saccage de la Nature imprudemment encouragé par le texte divin :

« Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter. »

Le Pape ne va tout de même pas jusqu'à prôner la régulation des naissances par des moyens "artificiels", seules méthodes réellement efficaces (pilule, stérilet...). Il ne faudrait pas que les catholiques se fassent "grand remplacer" par des religions concurrentes !

Finalement, contrairement à ce que certains persistent à affirmer, la thermodynamique n'exclut en rien l'évolution du désordre vers l'ordre en certaines régions d'un système... comme un bébé, mais pas que. Ce qui ruine l’objection des spiritualistes qui auraient bien aimé pouvoir s’appuyer sur la science pour démontrer Dieu. 

Raté.

Concernant l'origine de la vie, le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine nous éclaire, un peu :

« C'est par une succession d'instabilités que la vie est apparue. C'est la nécessité, c'est-à-dire la constitution physicochimique du système et les contraintes que le milieu lui impose, qui détermine le seuil d'instabilité du système. Et c'est le hasard qui décide quelle fluctuation sera amplifiée après que le système a atteint ce seuil et vers quelle structure, quel type de fonctionnement il se dirige parmi tous ceux que rendent possibles les contraintes imposées par le milieu. »[1]

Cette vidéo « Entropie et origine de la vie » (chaîne youtube "Livres et science") va vous en dire beaucoup plus !

On peut compléter avec cette vidéo vertigineuse : "L'origine de la vie, que sait-on en 2020 ? (abiogenèse) - Passe-science #36" (https://www.youtube.com/watch?v=jxEtFZr21k8 ou encore "Quelle est l'origine de la vie ?" https://www.youtube.com/watch?v=Sj_xW6ZxPq8). N.B : certains raccourcis dans le cadre de la vulgarisation de phénomènes complexes comme "la cellule cherche à se fabriquer une membrane" ne sont pas corrects. La cellule n'a évidemment pas "conscience" de devoir chercher quoi que ce soit. Il s'agit en fait d'un processus chaotique avec sélection parmi des milliers de tentatives infructueuses de certains rares résultats adaptés aux conditions de l'environnement.

Au passage et pour en revenir au fond : appliquées à notre sujet du Libre Arbitre (LA) dans le cadre du naturalisme scientifique, les lois naturelles à travers les lois thermodynamiques s’opposent frontalement au concept de LAL'énergie peut être transformée d'une forme en une autre, mais elle ne peut jamais être créée ni détruite. Supposons qu'un acte librement choisi nécessite le déclenchement d'une série d'événements neuronaux qui commencent par le mouvement d'une molécule stationnaire. Selon la loi de la conservation de l'énergie, cette molécule ne sera déplacée que par la collision d'une autre molécule avec elle ou par l'influence d'une autre force physique. Si la molécule devait se déplacer d'une manière librement choisie par la force de la volonté, cela signifie qu'une nouvelle énergie serait introduite dans l'univers, violant ainsi la conservation de l'énergie. En conséquence, si tous les échanges et conversions d'énergie dans un organisme vivant sont conservés (principe de la thermodynamique), alors choisir "librement" une action est impossible. C’est l’un des arguments scientifiques les plus forts contre un Libre Arbitre « réel », ontologique. 

« Un acte de libre arbitre nécessite d'influencer la matière d'une manière ou d'une autre, par exemple en faisant aller une molécule vers la droite alors qu'elle serait naturellement allée vers la gauche. Si je faisais en sorte que cette molécule aille droit par moi-même, je violerais la conservation de l'énergie en introduisant une nouvelle force dans l'équilibre des forces existant. J'aurais créé quelque chose à partir de rien. Peut-être pourrions-nous dire que la force est conservée si la force que j'applique provient de la libération d'énergie chimique stockée dans mon cerveau. Le problème est que le déclenchement de cette libération nécessite toujours un apport d'énergie venu de nulle part. Ainsi, il semblerait que toute force exercée par ma volonté, si une telle force existe, ne peut être libre. »*

Ce qui a le mérite d'être clair. 
Il faudrait un jour que des philosophes ou scientifiques se disant matérialistes nous expliquent comment tout est affaire de détermination (et d'indéterminisme quantique) dans l'univers sauf... la volonté humaine qui posséderait sa propre énergie qui viendrait... de rien.

Mais tout ceci est bien évidemment insuffisant pour convaincre un spiritualiste qui n'a que faire de la science ou qui, conscient du risque rationnel, va s'évertuer à "prouver" dieu en tordant cette pauvre science qui ne "mérite" pas d'être ainsi traitée (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_07_26_archive.html).

[1] « Hasard & nécessité » - https://www.universalis.fr/encyclopedie/hasard-et-necessite/

« Joseph Delboeuf on time as the mechanism of free will » - https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/09593543211023143 - Notons que Delboeuf a affirmé (1880) l’existence du LA  du fait de « retards moléculaires » qui permettrait la liberté de la volonté. Personne n’a jamais pu mettre en évidence une telle hypothèse.
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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Histoire : ni fierté, ni honte !

Dans le cadre du naturalisme scientifique (matérialiste), en quoi l'étude de l'Histoire présenterait-elle un intérêt puisque tout semble déterminé sans aucun "degré" de liberté pour la matière inerte comme pour le vivant, et qui plus est, sans libre arbitre ontologique humain ? L'empire des lois naturelles nous condamne-t-il à un fatalisme, voire au nihilisme ? Fatal error ! (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/fatalisme-fatal-error.html). 

Et si l'Histoire "ne repasse pas les plats", en tout cas pas exactement du fait que de nouveaux ingrédients et innovations dans les recettes peuvent survenir (lance pierre, fusil, canon, bombe atomique...), certains composants des "plats du malheur" sont par ailleurs assez constants : un nationalisme exacerbé est l'un de ces ingrédients mortifères bien connu. Le racisme, le fanatisme religieux, les difficultés économiques... sont autant de poisons possibles. On peut espérer que le travail des historiens permette d'identifier schémas, tendances et lois régissant le développement humain, ce qui permettrait d'utiliser ces connaissances pour anticiper et modeler un avenir le moins pire possible. Mais si le passé ne pouvait pas advenir autrement, le chaos déterministe sans cesse actualisé, permanent, est tel que les prévisions restent aléatoires.

Dans ce contexte idéologique matérialiste, que voudrait signifier la "fierté" d'être ceci plutôt que cela, ici plutôt que là-bas ? La fierté se fonde sur un mérite personnel ou communautaire, mérite qui ne peut exister dans un monde matérialiste. Plutôt que la fierté d'être français (droits de l'humain, laïcité, démocratie etc.), il serait plus pertinent d'être heureux d'avoir cette chance en comparaison de l'afghanistan. De là à être "fier"... Qu'a-t-on réellement fait pour capter cette chance d'être en France et d'y être plutôt mieux (moins malheureux) que dans nombre de pays ? 

A l'inverse, la "honte" (commerce triangulaire, colonisation, collaboration, crimes contre l'humanité...) n'est pas non plus fondée et la notion de repentance, avec ses relents religieux de flagellation, est toute aussi déplacée.  

Reste impérativement le travail historique sans concessions, s'appuyant sur les archives, soumis aux discussions et critiques des experts : pas de repentance mais une reconnaissance de la réalité historique autant qu'on puisse la trouver.

Ce qui implique des réparations dans nombre de cas comme la restitution des œuvres volées au cours des campagnes militaires, le remboursement des sommes indûment versées par Haïti, la reconnaissance et l'indemnisation des Harkis... mais aussi la construction de musées, de monuments ou de mémoriaux pour honorer les victimes et sensibiliser le public aux horreurs du passé, un soutien financier et institutionnel aux communautés et aux groupes qui ont été touchés par les injustices du passé... 

Soit autant d'actions visant à compenser et à prévenir de nouvelles injustices. 

Et il n'est pas question de ne s'acquitter que d'une dette "morale" comme c'est malheureusement le cas pour Haïti malgré la reconnaissance d'une "faute" de la France par le chef de l'état François Hollande. La révolution française causa la chute du système colonial esclavagiste avec la reconnaissance en 1825 de l’indépendance de Haïti... au prix fort pour cette île puisque Charles X reconnaît ce nouvel état moyennant le remboursement des terres confisquées par le nouveau pouvoir Haïtien, soit la somme de 150 millions de Francs Or ramenée à 90 millions par la suite du fait des défauts de paiement de la jeune nation. 

Il était considéré comme « normal » à l’époque d’indemniser les propriétaires colons pour la perte de « leurs » terres et de « leurs » esclaves*. Cette dette - préjudiciable au développement économique du pays et responsable pour partie de la dramatique faillite actuelle d'Haïti - sera payée jusqu’en 1888. Les agios de l’emprunt ne seront réglés qu'au milieu du XXème siècle ! Selon le New York Times, en l’espace de 64 ans, le pays a dû verser l’équivalent de 560 millions de dollars actuels. 

Haïti est le seul pays au monde où les descendants d’esclaves ont été forcés de payer des réparations aux descendants de leurs maîtres pendant des générations. 

Donc ni fierté, ni honte, mais payer ses dettes mémorielles et financières. 

Ce ne sera déjà pas si mal !


 * https://fr.wikipedia.org/wiki/Indemnisation_de_la_France_par_la_r%C3%A9publique_d%27Ha%C3%AFti

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous