Tout est bon pour mitonner un bouillon de mauvaise foi en y ajoutant une pincée d'inculture scientifique.
Ainsi, les spiritualistes croient déstabiliser les matérialistes en leur objectant - sur leur propre terrain, scientifique (!) - que l'entropie et le second théorème de la thermodynamique interdisent toute organisation spontanée de la matière, et donc l'apparition du vivant. Il faudrait donc nécessairement Dieu pour expliquer l'apparition du vivant.
Fichtre. Ce qui nécessite quelques explications.
Tout d'abord, du point de vue matérialiste, le chaos déterministe (et indéterministe) passe son temps à organiser / désorganiser la matière avec des particularités comme la sensibilité aux conditions initiales, la formation d'attracteurs étranges etc. (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/fatalisme-fatal-error.html). Même des systèmes gouvernés par des équations simples (comme une suite récurrente du second degré, au programme du lycée général) peuvent suivre des dynamiques complexes, c’est-à-dire qui ne se reproduisent jamais exactement égales à elle-même.
Pour ne prendre que ce point, la sensibilité du chaos déterministe aux conditions initiales est bien connue et parfaitement décrite - à l'atome près ! - par cette vidéo du physicien quantique Julien Bobroff :
Le second théorème de la thermodynamique est une autre idée importante. Il énonce notamment que certaines choses ne peuvent pas se produire à l’envers. Par exemple, un verre cassé ne peut pas se réparer tout seul (je ne parle pas des magiciens qui sont en fait des extraterrestres comme chacun sait).
La question "vitale" devient : si l'entropie augmente (désordre croissant) depuis le début des temps, comment des "ordres" locaux - telle la vie - peuvent-ils se constituer ?
Pour le physicien américain Jeremy England, il n'y a pas de contradiction : la vie sur Terre utilise l’énergie solaire pour maintenir des structures complexes et ordonnées, comme les cellules vivantes. Elles réduisent temporairement l’entropie du système en créant de l’ordre. Cependant, cette réduction d’entropie est temporaire et nécessite un apport constant d’énergie pour être maintenue. Cette perspective offre un nouvel éclairage sur l’origine et la nature de la vie, suggérant que cette dernière pourrait être une conséquence inévitable des lois fondamentales de la physique.
"Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre"
« Nous
avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs,
autorisés à l’exploiter. »
Raté.
« C'est par une succession d'instabilités que la vie est apparue. C'est la nécessité, c'est-à-dire la constitution physicochimique du système et les contraintes que le milieu lui impose, qui détermine le seuil d'instabilité du système. Et c'est le hasard qui décide quelle fluctuation sera amplifiée après que le système a atteint ce seuil et vers quelle structure, quel type de fonctionnement il se dirige parmi tous ceux que rendent possibles les contraintes imposées par le milieu. »[1]
On peut compléter avec cette vidéo vertigineuse : "L'origine de la vie, que sait-on en 2020 ? (abiogenèse) - Passe-science #36" (https://www.youtube.com/watch?v=jxEtFZr21k8 ou encore "Quelle est l'origine de la vie ?" https://www.youtube.com/watch?v=Sj_xW6ZxPq8). N.B : certains raccourcis dans le cadre de la vulgarisation de phénomènes complexes comme "la cellule cherche à se fabriquer une membrane" ne sont pas corrects. La cellule n'a évidemment pas "conscience" de devoir chercher quoi que ce soit. Il s'agit en fait d'un processus chaotique avec sélection parmi des milliers de tentatives infructueuses de certains rares résultats adaptés aux conditions de l'environnement.
Au passage et pour en revenir au fond : appliquées à notre sujet du Libre Arbitre (LA) dans le cadre du naturalisme scientifique, les lois naturelles à travers les lois thermodynamiques s’opposent frontalement au concept de LA. L'énergie peut être transformée d'une forme en une autre, mais elle ne peut jamais être créée ni détruite. Supposons qu'un acte librement choisi nécessite le déclenchement d'une série d'événements neuronaux qui commencent par le mouvement d'une molécule stationnaire. Selon la loi de la conservation de l'énergie, cette molécule ne sera déplacée que par la collision d'une autre molécule avec elle ou par l'influence d'une autre force physique. Si la molécule devait se déplacer d'une manière librement choisie par la force de la volonté, cela signifie qu'une nouvelle énergie serait introduite dans l'univers, violant ainsi la conservation de l'énergie. En conséquence, si tous les échanges et conversions d'énergie dans un organisme vivant sont conservés (principe de la thermodynamique), alors choisir "librement" une action est impossible. C’est l’un des arguments scientifiques les plus forts contre un Libre Arbitre « réel », ontologique.
« Un acte de libre arbitre nécessite d'influencer la matière d'une manière ou d'une autre, par exemple en faisant aller une molécule vers la droite alors qu'elle serait naturellement allée vers la gauche. Si je faisais en sorte que cette molécule aille droit par moi-même, je violerais la conservation de l'énergie en introduisant une nouvelle force dans l'équilibre des forces existant. J'aurais créé quelque chose à partir de rien. Peut-être pourrions-nous dire que la force est conservée si la force que j'applique provient de la libération d'énergie chimique stockée dans mon cerveau. Le problème est que le déclenchement de cette libération nécessite toujours un apport d'énergie venu de nulle part. Ainsi, il semblerait que toute force exercée par ma volonté, si une telle force existe, ne peut être libre. »*
[1] « Hasard & nécessité » - https://www.universalis.fr/encyclopedie/hasard-et-necessite/