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Histoire : ni fierté, ni honte !

Dans le cadre du naturalisme scientifique (matérialiste), en quoi l'étude de l'Histoire présenterait-elle un intérêt puisque tout semble déterminé sans aucun "degré" de liberté pour la matière inerte comme pour le vivant, et qui plus est, sans libre arbitre ontologique humain ? L'empire des lois naturelles nous condamne-t-il à un fatalisme, voire au nihilisme ? Fatal error ! (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/fatalisme-fatal-error.html). 

Et si l'Histoire "ne repasse pas les plats", en tout cas pas exactement du fait que de nouveaux ingrédients et innovations dans les recettes peuvent survenir (lance pierre, fusil, canon, bombe atomique...), certains composants des "plats du malheur" sont par ailleurs assez constants : un nationalisme exacerbé est l'un de ces ingrédients mortifères bien connu. Le racisme, le fanatisme religieux, les difficultés économiques... sont autant de poisons possibles. On peut espérer que le travail des historiens permette d'identifier schémas, tendances et lois régissant le développement humain, ce qui permettrait d'utiliser ces connaissances pour anticiper et modeler un avenir le moins pire possible. Mais si le passé ne pouvait pas advenir autrement, le chaos déterministe sans cesse actualisé, permanent, est tel que les prévisions restent aléatoires.

Dans ce contexte idéologique matérialiste, que voudrait signifier la "fierté" d'être ceci plutôt que cela, ici plutôt que là-bas ? La fierté se fonde sur un mérite personnel ou communautaire, mérite qui ne peut exister dans un monde matérialiste. Plutôt que la fierté d'être français (droits de l'humain, laïcité, démocratie etc.), il serait plus pertinent d'être heureux d'avoir cette chance en comparaison de l'afghanistan. De là à être "fier"... Qu'a-t-on réellement fait pour capter cette chance d'être en France et d'y être plutôt mieux (moins malheureux) que dans nombre de pays ? 

A l'inverse, la "honte" (commerce triangulaire, colonisation, collaboration, crimes contre l'humanité...) n'est pas non plus fondée et la notion de repentance, avec ses relents religieux de flagellation, est toute aussi déplacée.  

Reste impérativement le travail historique sans concessions, s'appuyant sur les archives, soumis aux discussions et critiques des experts : pas de repentance mais une reconnaissance de la réalité historique autant qu'on puisse la trouver.

Ce qui implique des réparations dans nombre de cas comme la restitution des œuvres volées au cours des campagnes militaires, le remboursement des sommes indûment versées par Haïti, la reconnaissance et l'indemnisation des Harkis... mais aussi la construction de musées, de monuments ou de mémoriaux pour honorer les victimes et sensibiliser le public aux horreurs du passé, un soutien financier et institutionnel aux communautés et aux groupes qui ont été touchés par les injustices du passé... 

Soit autant d'actions visant à compenser et à prévenir de nouvelles injustices. 

Et il n'est pas question de ne s'acquitter que d'une dette "morale" comme c'est malheureusement le cas pour Haïti malgré la reconnaissance d'une "faute" de la France par le chef de l'état François Hollande. La révolution française causa la chute du système colonial esclavagiste avec la reconnaissance en 1825 de l’indépendance de Haïti... au prix fort pour cette île puisque Charles X reconnaît ce nouvel état moyennant le remboursement des terres confisquées par le nouveau pouvoir Haïtien, soit la somme de 150 millions de Francs Or ramenée à 90 millions par la suite du fait des défauts de paiement de la jeune nation. 

Il était considéré comme « normal » à l’époque d’indemniser les propriétaires colons pour la perte de « leurs » terres et de « leurs » esclaves*. Cette dette - préjudiciable au développement économique du pays et responsable pour partie de la dramatique faillite actuelle d'Haïti - sera payée jusqu’en 1888. Les agios de l’emprunt ne seront réglés qu'au milieu du XXème siècle ! Selon le New York Times, en l’espace de 64 ans, le pays a dû verser l’équivalent de 560 millions de dollars actuels. 

Haïti est le seul pays au monde où les descendants d’esclaves ont été forcés de payer des réparations aux descendants de leurs maîtres pendant des générations. 

Donc ni fierté, ni honte, mais payer ses dettes mémorielles et financières. 

Ce ne sera déjà pas si mal !


 * https://fr.wikipedia.org/wiki/Indemnisation_de_la_France_par_la_r%C3%A9publique_d%27Ha%C3%AFti

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