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Présentation générale (1)

L'idéologie - terme bien trop souvent considéré négativement - est à nouveau l'éléphant au milieu de la pièce, notamment dans le contexte géopolitique actuel. 


De fait, entre spiritualisme (idéalisme) et naturalisme (matérialisme), il faut nécessairement "choisir" !
Que ce choix soit pleinement conscient ou non... (voir "MATÉRIALISME ou IDÉALISME" ?)

C'est ce que nous dit d'ailleurs Blaise Pascal, à raison : 

« Le juste est de ne point parier. Mais il faut parier. 
Cela n’est pas volontaire, vous êtes embarqué. »

Le naturalisme scientifique, également appelé physicalisme ou matérialisme scientifique, est une démarche philosophique - que l'on doit notamment au philosophe David Hume ("Traité de la nature humaine" - 1739*) - qui postule que tous les phénomènes observables dans l'univers, incluant les objets physiques, les propriétés mentales, les processus cognitifs et les expériences subjectives, les interactions sociales etc. peuvent être en principe expliqués exclusivement par des lois naturelles et des processus physico-chimiques (voir l'ouvrage de Daniel Martin).
N.B : le matérialisme du point de vue philosophique n'a rien à voir avec le matérialisme en tant que consumérisme !

Pour le philosophe Miguel Espinoza : 

« Concernant le naturalisme réaliste universel, la nature est un réseau compact de causes multiples et variées »

Autrement dit, rien n'existe hors du cadre de la nature et de la physique (déterministe et indéterminisme quantique), soit une position opposée au spiritualisme ou à l'idéalisme. 
Ce qui n'implique pas pour autant une "sacralisation" de la science qui se voudrait la nouvelle religion "positiviste" : la recherche des lois naturelles est laborieuse, exigeante, évolutive... à l'inverse des textes "sacrés" "révélés", datés, contradictoires et figés pour l'éternité... mais riches d'exégèses diverses destinées à atténuer  - à l'aune de notre morale actuelle - les horreurs "divines" des textes fondateurs.

Donc dans la conception philosophique naturaliste, toute action, pensée, intention, sensation etc. est le fruit des déterminations et indéterminations diverses (internes et externes à l'individu), en interactions permanente dans le cadre de la survie (théorie de l'évolution). Ce qui exclut toute possibilité de libre arbitre humain "réel" (ontologique), l'un des sujets les plus prégnants de l'humanité (voir "Libre arbitre : QUEZACO ?"

Et l'on ne peut pas faire l'économie de cette question de fond. Dans la vie quotidienne, il est indispensable de prendre des décisions et d'adopter des positions, même face à des questions complexes. L'hypothèse - de loin la plus crédible - est celle où la sensation de libre arbitre est une émergence de processus déterministes du cerveau, façonnée par l'évolution pour améliorer notre survie et notre capacité à naviguer dans des environnements sociaux complexes. Cette conception philosophique et scientifique permet d'expliquer comment nous percevons notre capacité à faire des choix tout en reconnaissant que ces choix sont déterminés par des facteurs génétiques et environnementaux. Cela suggère que, bien que nous ressentions une forme de liberté, celle-ci est en fait encadrée par des déterminismes sous-jacents, connus ou inconnus.

Le "cogito ergo sum" cartésien s'inverse et devient "sum ergo cogito" dans une vision naturaliste scientifique où l'existence est "première" et la pensée une "produit" - une propriété émergente - de l'existence ; non l'inverse. Descartes a séparé l'esprit du corps dans une dualité que scientifiquement plus personne ne reconnaît mais qui reste au cœur du concept de libre arbitre ontologique, alors que pour le Naturalisme Scientifique, tout provient du corps - esprit compris - en interaction avec l'environnement. 

Quelle réponse avez-vous à cette question cruciale : comment se fait-il que des spécialistes de tous domaines (philosophie, justice, économie, politique, sciences sociales...), bardés pourtant des mêmes diplômes, en viennent à prononcer des avis contraires, des convictions différentes si un libre arbitre survolait les déterminants de toutes sortes et avait le dernier mot d'un spécialiste à l'autre, indépendamment des diverses déterminations non choisies librement ? Tout le monde devrait être d'accord sur tout si ce libre arbitre était équitablement partagé et tout puissant chez les humains (à l'exceptions des malades mentaux qui n'en auraient plus ?). Et comme personne (ou presque) n'est d'accord avec son voisin, cela reviendrait à penser qu'il existerait autant de "libres arbitres" (LA) que d'individus ? Certains en auraient "beaucoup", d'autres moins... Ce qui, de fait, ressemble fort à un... déterminant ; soit l'inverse du LA ! 
Un peu comme " l'Esprit SAINT" - censé guider les cardinaux pour le meilleur choix de Pape - et qui leur souffle à l'oreille des noms différents. D'où des fumées noires pendant quelque temps... Joueur cet Esprit SAINT ! A moins que ce ne soient les déterminations cardinales différentes qui s'affrontent ? En fait, pas plus que les malades mentaux, les humains "normaux" et les cardinaux n'ont une faculté proprement surnaturelle, Libre Arbitre ou Esprit SAINT, en contradiction frontale avec les lois naturelles qui gouvernent toute matière ; cerveau compris

Cette perspective n'élimine pas pour autant l'importance de la responsabilité et de l'éthique dans nos actions. Au contraire, elle nous pousse à être plus compassionnels et compréhensifs envers les circonstances déterminantes des autres (humains comme animaux), tout en cherchant des moyens d'améliorer l'équité et la justice dans la société.

Au moment historique où se développent des concepts aussi aberrants que celui des vérités alternatives, des post-vérités où chacun s'enferme dans sa bulle de convictions irrationnelles ("grâce" aux réseaux sociaux notamment), la recherche d'un socle commun semble une nécessité urgente et absolue dans le cadre d'une laïcité étendue et d'un contrat social acceptable par tous. 

Soit un universalisme inclusif - qui ne nie pas les identités - mais qui abandonne les énoncés métaphysiques (transcendance / ontologie / qu'est-ce que l'être ? / quelle est la nature de la réalité ? / dieu existe-t-il ? / l'âme est-elle immortelle ? etc.) dépourvus de sens et non vérifiables empiriquement. 

Pourrait-on enfin focaliser notre réflexion sur ce que l'on sait plutôt que sur ce que l'on ne sait pas ? Car le choix entre spiritualisme et matérialisme est tout sauf une discussion de salon en fin de soirée. Les conséquences sont "déterminantes" pour l'humanité et son écosystème à l'heure de la bombe nucléaire, des massacres en tous genres, du "moi d'abord" contre tous les autres...

Ci-dessous un vidéo de Présentation générale (1) suivie  d'une seconde partie (Présentation générale 2) concernant les conséquences sociales, économiques, politiques, judiciaires etc. de cette approche philosophique et scientifique permise par le naturalisme scientifique.

Autre possibilité : voir la chaîne Youtube présentant 9 vidéos.

Bonne lecture !

Cliquer sur le carré en bas à droite de l'écran vidéo 
pour la voir en plein écran



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"Présentation générale 2"
Dans cette vidéo, il sera question des conséquences du Naturalisme Scientifique. 


Terminons sur une petite note d'humour avec cette vidéo du trop méconnu Didier Bénureau et ses 400.000 francs : une ode à la survie au sens large
Survie qui passe ici par l'accumulation de pâtes en vue de pénuries possibles (guerre etc.) ; rivalités et "distinction" afin de s'extraire de la "masse" en montrant sa supériorité... 
Au delà du sketch, cette survie à tout prix est omniprésente dans les concepts humains de moralité, de justice, de droit, de solidarité, des sciences (biologie et psychologie évolutionnaires, médecine...), des religions (vie éternelle) etc. 
Toute vie humaine (et animale) est peu ou prou centrée sur cette recherche permanente de la survie. 
C'est globalement ce que ce blog tente humblement d'explorer 😇

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" 
centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... 
en cliquant sur l'image ci-dessous


En avoir ou pas... des enfants

La natalité connaît une baisse significative dans de nombreux pays, y compris en France, où le taux de fécondité est passé de 2,03 enfants par femme en 2010 à 1,68 en 2023, selon l’Insee.

Ce phénomène, souvent qualifié de « baby crash », reflète un écart grandissant entre le désir de parentalité et sa réalisation. En effet, bien que 70 % des Français de moins de 35 ans expriment le souhait de devenir parents, la fécondité observée reste inférieure aux aspirations (2,27 enfants souhaités contre 1,7 réalisés en moyenne). 

Pablo Picasso « Être ou ne pas être » - 1912

L’un des principaux freins à la parentalité est le coût élevé lié à l’éducation des enfants. Une enquête de l’ONU menée en 2025 dans 14 pays révèle que 39 % des personnes interrogées renoncent à avoir des enfants pour des raisons économiques, citant le coût du logement, de l’éducation et des dépenses quotidiennes. En France, 28 % des parents ayant renoncé à avoir un enfant supplémentaire mentionnent le coût financier comme un obstacle majeur. L’inflation, la précarité de l’emploi et les difficultés d’accès à un logement adapté (54 % des Français estiment qu’un logement adéquat est une condition préalable à la parentalité) accentuent cette insécurité économique.

Les contraintes temporelles, liées à des rythmes de travail exigeants et à des temps de transport accrus, limitent la capacité des couples à envisager un enfant supplémentaire. En France, 57 % des personnes considèrent qu’être en couple stable est une priorité avant d’avoir un enfant, mais la difficulté à concilier vie professionnelle et familiale est un obstacle majeur, particulièrement pour les femmes. Les pays où les femmes peuvent concilier travail et parentalité affichent des taux de natalité plus élevés que ceux où ce soutien est moindre.

Les préférences individuelles et les évolutions sociétales jouent un rôle clé. La parentalité n’est plus perçue comme une obligation sociale, et l’épanouissement personnel est souvent privilégié. En France, 30 % des femmes en âge de procréer déclarent ne pas vouloir d’enfants, un chiffre en forte hausse (de 2 % en 2006 à 13 % en 2022, selon l’Ifop). Les raisons incluent le désir de liberté (14 % citent l’entrave à l’épanouissement personnel) et la peur de perdre son indépendance

Les inégalités dans la répartition des tâches domestiques et parentales découragent certaines femmes. Une étude de 2022 (Ifop/Elle) montre que 18,6 % des femmes de moins de 36 ans citent le travail excessif à la maison et 20,9 % la difficulté à concilier travail et famille comme raisons de repousser ou d’abandonner la maternité. Le burn-out maternel, ressenti par 51 % des mères interrogées, renforce cette réticence.

La crise climatique influence de plus en plus les décisions de procréation. Une étude suédoise de 2017 (Environmental Research Letters) indique qu’un enfant dans un pays occidental génère environ 58 tonnes de CO2 par an, incitant certains à adopter une démarche « childfree » pour réduire leur empreinte carbone. En France, 11 % des personnes sans enfants citent l’environnement comme raison, et 39 % des femmes de moins de 36 ans mentionnent la crise climatique comme un facteur dissuasif. Le mouvement « Ginks » (Green Inclination, No Kids) gagne en visibilité, bien que son impact reste minoritaire, représentant moins de 5 % des décisions de ne pas avoir d’enfants, selon l’Ined.

Les incertitudes géopolitiques, les crises sanitaires et les tensions sociales alimentent une vision pessimiste de l’avenir. En France, 30 % des parents ayant renoncé à un enfant supplémentaire invoquent leur inquiétude face à l’évolution du monde. Comme l’explique Didier Breton, démographe, « la décision d’avoir un enfant est liée à une vision optimiste de l’avenir à long terme », une perspective compromise par les crises récentes (Covid-19, inflation, guerre en Ukraine).

L’augmentation de l’âge moyen des mères (31 ans en 2022 contre 29,4 il y a 20 ans, selon l’Insee) réduit la période de fertilité. En France, 22 % des parents citent des problèmes de fertilité comme raison de ne pas avoir plus d’enfants. De plus, le recours croissant à des contraceptions définitives, comme la vasectomie ou la ligature des trompes (plus de 50 000 cas en 2022), reflète une volonté de certains de fermer définitivement la porte à la parentalité.

La baisse de la natalité pose des défis économiques, notamment pour le financement des retraites et des systèmes de santé, dans un contexte de vieillissement démographique (en 2018, le nombre de personnes de plus de 65 ans a dépassé celui des moins de 5 ans, selon l’ONU). Les politiques publiques, comme les congés parentaux bien indemnisés, les crèches accessibles ou les aides financières, peuvent réduire les contraintes économiques et temporelles. Cependant, leur impact reste limité face aux préférences individuelles et aux normes sociales. En France, malgré un système de soutien familial relativement robuste, la fécondité continue de baisser, suggérant que les solutions doivent également adresser les préoccupations culturelles et environnementales.

En dehors de ces conditions conjoncturelles, il existe une question plus profonde, d'ordre philosophique : de quel "droit" peut-on, doit-on faire des enfants ? Car les avancées scientifiques (contraception, pilule du lendemain, IVG etc.) permettent d'éviter - dans les pays qui peuvent en "profiter" économiquement et culturellement - ce qui a longtemps été considéré comme une fatalité : l'enfant non désiré. 

 Dans son ouvrage "De l’inconvénient d’être né" (1973), le philosophe Emil Cioran pose une question radicale : pourquoi être né si la vie est une succession de souffrances, d’absurde et de désillusions ? Pour lui, naître est une « catastrophe originelle », un événement imposé sans consentement, qui plonge l’individu dans des conditions où la conscience de sa propre finitude devient une source d’angoisse. « Tout est douleur, le reste est évasion », écrit-il, soulignant que les plaisirs de la vie ne sont que des distractions temporaires face à l’inéluctabilité de la mort et de la souffrance. Pour lui, « naître, c’est s’inscrire dans une loterie dans laquelle on ne peut pas gagner ». Dans ce cadre, choisir de ne pas procréer peut être vu comme un acte de résistance face à l’absurde.

La pensée de Cioran s’inscrit dans une tradition pessimiste, influencée par Schopenhauer, pour qui la vie est dominée par le « vouloir-vivre », une pulsion aveugle hormonale et culturelle qui enchaîne l’individu à un cycle de désirs insatisfaits. Schopenhauer ne prône pas explicitement l’arrêt de la procréation, mais son pessimisme métaphysique pose la question de la justification éthique de donner la vie. Si la souffrance est inévitable, pourquoi imposer l’existence à un autre être ? Faire naître une conscience est un acte grave car, même si l'on est soi-même satisfait de vivre, qu'en sera-t-il de cette vie à venir d'un autre qui peut tout aussi bien souffrir (maladie / mal être "existentiel"...) que d'être globalement heureux d'être en vie ? Un adolescent qui rechigne aux injonctions parentales peut très bien rétorquer qu'il n'a pas demandé à vivre et qu'on lui foute la paix. Un philosophe en herbe !

Le philosophe David Benatar présente l'argument contemporain le plus connu dans ce sens dans son livre inspiré de Sophocle "Better Never to have Been" (2006) :

"Il est curieux de constater que, même si les bonnes personnes font tout leur possible pour épargner à leurs enfants la souffrance, peu d’entre elles semblent remarquer que le seul (et unique) moyen garanti d’empêcher toutes les souffrances de leurs enfants est de ne pas les faire naître en premier lieu."

Nos propres gènes sont-ils à ce point bons qu'il est essentiel de les reproduire ? Le scientifique (biologiste) Richard Dawkins...

...dans son ouvrage "Le gène égoïste" nous incite à penser - mais ce n'est bien évidemment qu'une image - que ce sont sont nos gènes qui se servent de nous comme "enveloppe" pour se reproduire à tout prix. Ils peuvent ainsi prétendre - eux - à l'éternité, alors que concernant l'enveloppe, on sait bien ce qu'elle devient en quelques années.

Mais la plupart des jeunes gens ne se posent pas trop ces questions philosophiques, motivés qu'ils sont par le taux des hormones, les injonctions sociétales / familiales ("Alors, toujours pas d'enfants ? C'est tellement gentil les enfants !"). Ce qui contraste avec les quelques discussions qu'on peut avoir ici ou là avec des parents qui "regrettent" leur décision de parentalité dans leur jeunesse... 

Petite parenthèse : où est le libre arbitre dans toutes ces décisions décisives, si variable - s'il existait - d'un individu à l'autre ?

Et puis, il n'existe pas seulement la transmission génétique dans le cadre de l'évolution. La composante culturelle est particulièrement importante s'agissant de l'humain. De grands hommes comme Newton, Tesla, Kant, Leibniz, Pascal, Spinoza, Hume, Kierkegaard, Nietzsche, Hobbes… n'ont jamais eu d'autres enfants que des idées et des travaux qui ont fait avancer la philosophie et les sciences dont nous avons bien besoin.

Finalement, l'antinatalisme contemporain, alimenté par des crises globales, prolonge ces réflexions en posant des questions éthiques sur la procréation. Cet antinatalisme est parfois accusé d’ignorer les contextes culturels et sociaux : dans certaines sociétés, avoir des enfants est une nécessité économique ou un pilier identitaire, rendant l’idée de « ne pas faire naître » difficile à appliquer universellement. Qui va donc s'occuper de nous, âgés, sans couverture sociale ?

Mais si naître peut être un fardeau, c’est peut-être aussi une opportunité de créer du sens dans un univers indifférent (sauf pour les croyants de n'importe quelle religion), mais cela ne répond que bien peu à la question de fond. 

Ultimement, la réponse dépend de chacun, à une certaine époque, dans un environnement donné : accepter ou non le défi de l’existence pour soi-même, et accepter ou refuser de transmettre la vie.

Lecture connexe : "Dois-je avoir des enfants ? Voici ce que disent les philosophes."

Réf :

  • Cioran, E. (1973). De l’inconvénient d’être né.
  • Schopenhauer, A. (1819). Le Monde comme volonté et comme représentation.
  • Nietzsche, F. (1883-1885). Ainsi parlait Zarathoustra.
  • Benatar, D. (2006). Better Never to Have Been.
  • Insee, Bilan démographique 2023.
  • The Lancet, Étude sur l’éco-anxiété, 2021.

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous