Le dilemme du prisonnier montre de façon assez surprenante que les stratégies humaines (et plus largement naturelles) de coopération l'emportent sur le moyen/long terme sur les stratégies de trahison.
Que donne un monde où la trahison est la règle ?
Les relations sont opportunistes et éphémères. Les engagements (contrats, promesses, alliances) sont systématiquement rompus dès qu’un avantage individuel apparaît et la rivalité est omniprésente, mais sans cadre éthique ou coopératif, elle dégénère en conflits, sabotage ou exploitation.
La culture valorise l’individualisme extrême, la ruse et la victoire à tout prix. Les héros sont ceux qui “gagnent” en manipulant ou en écrasant les autres.
Les institutions (gouvernements, écoles, associations) sont faibles, car personne ne respecte les règles communes. La corruption est endémique.
En économie, les marchés sont chaotiques, car les entreprises trichent (fraudes, non-respect des contrats, dumping). Les coûts de transaction explosent à cause des garanties nécessaires pour limiter les trahisons (avocats, assurances, surveillance). L’innovation stagne : partager des idées ou collaborer sur des projets est risqué, car les partenaires volent ou sabotent. Les progrès technologiques sont lents. Les ressources sont gaspillées dans des luttes pour le pouvoir ou des conflits (guerres commerciales, litiges).
Concernant la politique et les relations internationales : les nations s’engagent dans des guerres ou des courses aux armements sans fin, car aucune alliance ne tient. Les traités sont violés dès qu’un avantage unilatéral apparaît. Les problèmes globaux (changement climatique, pandémies) sont ignorés, car aucun pays ne veut investir dans des solutions collectives sans garantie de réciprocité. Les organisations internationales sont inefficaces, minées par des veto et des agendas cachés.
Les conséquences à long terme sont catastrophiques !
Ce monde est instable et autodestructeur. Les ressources s’épuisent, les conflits s’intensifient, et la qualité de vie décline. Le dilemme du prisonnier, où la trahison mutuelle donne le pire résultat collectif, se répète à l’infini.La société pourrait s’effondrer ou évoluer vers un système autoritaire extrême, où une force centrale impose l’ordre par la peur, limitant les trahisons mais au prix de la liberté...
On peut toujours rêver à un monde où la coopération domine !
Les individus et groupes supposent que les autres agiront pour le bien commun. La coopération est la norme, renforcée par des mécanismes de réciprocité et de réputation.
Les relations sont durables, basées sur des engagements mutuels. Les conflits sont résolus par le dialogue et la négociation.La rivalité existe (par exemple, dans le sport ou l’innovation), mais elle est encadrée par des règles et des valeurs partagées, évitant les comportements destructeurs.
Les relations humaines sont profondes et solidaires. Les communautés prospèrent grâce à l’entraide, que ce soit dans les familles, les quartiers ou les organisations. La culture célèbre la collaboration, l’empathie et les réussites collectives. Les héros sont ceux qui unissent, innovent ensemble ou résolvent des problèmes communs. Les institutions sont robustes, car les citoyens respectent les lois et participent activement à leur amélioration. L’éducation met l’accent sur la coopération et la résolution de conflits.
En économie, les marchés sont efficaces et stables, car les entreprises collaborent sur des standards, partagent des innovations et respectent les contrats. Les coûts de transaction sont faibles grâce à la confiance. L’innovation explose : les chercheurs, entreprises et gouvernements partagent leurs découvertes, accélérant les progrès technologiques (par exemple, des percées en énergie renouvelable ou en médecine). Les inégalités sont réduites, car la coopération favorise des politiques de redistribution et des opportunités équitables. Les ressources sont gérées de manière durable.
Politique et relations internationales : les nations forment des alliances solides pour résoudre les problèmes globaux. Des accords climatiques, des campagnes de santé publique ou des traités de paix sont respectés et renforcés. Les organisations internationales (comme une ONU renforcée) coordonnent les efforts mondiaux avec succès, car les pays privilégient le bien commun sur les intérêts nationaux à court terme. Les conflits sont rares et résolus par la médiation. Les budgets militaires diminuent, libérant des ressources pour l’éducation, la santé ou l’infrastructure.
Les conséquences à long terme sont bénéfiques !!
Ce monde est stable et prospère. Les problèmes globaux sont gérés efficacement, la qualité de vie augmente, et les sociétés s’adaptent aux défis grâce à la collaboration.Le dilemme du prisonnier est résolu par des stratégies coopératives (comme “donnant-donnant” dans les jeux itérés), où les acteurs maximisent les gains collectifs tout en protégeant leurs intérêts.
Cependant, ce monde pourrait être vulnérable à l’exploitation par des acteurs opportunistes si des mécanismes de sanction ou de vigilance ne sont pas en place.
En conclusion, le monde de la trahison est un cercle vicieux menant à l’épuisement des ressources et à l’instabilité. Le monde de la coopération est un cercle vertueux favorisant la durabilité et la résilience.
La trahison freine l’innovation par peur du vol ou du sabotage ; la coopération l’accélère par le partage et la synergie.Aucun de ces mondes n’existe sous forme pure. Le monde réel oscille entre les deux, avec des contextes où la trahison domine (Vous ne trouvez pas qu'il commence à faire un peu chaud ?) et d’autres où la coopération prévaut (par exemple, les alliances scientifiques).