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Dieu est mort... mais le cadavre convulse

Nietzsche, philosophe allemand du XIXe siècle, est associé à la phrase "Dieu est mort". Pour lui, cette affirmation signifiait la fin de la croyance en un dieu transcendant, omnipotent et créateur du monde. Nietzsche voyait cela comme une conséquence de la rationalisation et de la scientifisation croissantes du monde, qui rendaient les explications religieuses de la réalité de moins en moins crédibles. Dans "Ainsi parlait Zarathoustra", Nietzsche utilise le personnage de Zarathoustra pour annoncer la mort de Dieu et introduire le concept du "Surhomme" (Übermensch), qui incarne les valeurs de la vie terrestre et de la créativité humaine face à l'absence de transcendance divine.

Pour Albert Einstein, 

"le mot Dieu n'est pour moi rien d'autre que l'expression et le produit des faiblesses humaines, et la Bible un recueil de légendes vénérables mais malgré tout assez primitives."  (Extrait de la lettre d'Albert Einstein à Eric Gutkind -1954)                 

La mort de Dieu a eu des implications profondes sur la culture et la société. Elle a contribué à la sécularisation de la vie publique avec des institutions et les valeurs religieuses ayant perdu de leur influence directe sur les décisions politiques et sociales. Ce qui a ouvert la voie à la laïcité et à la séparation de l'Église et de l'État dans nombre de pays occidentaux. 

Cependant, cette sécularisation a également été associée à un sentiment de perte de sens et de valeurs partagées, menant à des questions sur la nature de la morale et de la signification de la vie humaine sans une autorité divine. Il est vrai que les interdictions et autres obligations draconiennes contenus dans les textes sacrés des religions, monothéistes en tête, sont de nature à régler le quotidien angoissant de l'humain, même si ces impératifs (sous peine d'enfer et de mort) nous semblent d'un autre temps. 

Quelques exemples que l'on peut trouver dans un certain Islam mais que l'on peut reconnaître - sous une forme ou l'autre - dans toutes les religions (cliquer sur l'image) :

Il n'empêche qu'un nombre croissant d'Humains n'aurait plus de PAPA-DIEU. Enfin, presque... Car loin d'avoir un encéphalogramme plat, le cadavre divin convulse encore un peu partout dans le monde (Palestine, Nigeria, Myanmar, Sri Lanka, Somalie, Indonésie...), sans compter son lot de vrais cadavres par le passé (des centaines de millions de morts toutes religions confondues). 

Car si tu n'es pas de mon groupe religieux, tu es mon ennemi.

Mais avons-nous encore besoin de Dieu ?

 
Les idées et structures religieuses continuent d'influencer profondément les sociétés contemporaines les plus "avancées" : il suffit de voir ce qui se passe aux USA avec les évangélistes pour constater l'ampleur du phénomène. 
Et il faut embrigader le plus tôt possible (voir également Religion et enfants) :

Bousculées dans leurs certitudes depuis les "Lumières" et les avancées scientifiques, les religions traditionnelles ont évolué, s'adaptant aux défis de la modernité tout en essayant de conserver leur capacité à offrir un sens et une communauté rassurante à leurs adeptes. Il en est même qui croient pouvoir démontrer l'existence de Dieu par la science (voir Bon Dieu, mais c'est bien sûr !). Et puis il y a le raisonnement "logique" amenant à Dieu comme celui du célèbre logicien Kurt Gödel, pourtant mis à mal par nombre de critiques*).

De nouvelles formes de spiritualité et de croyance ont émergé, allant des mouvements New Age aux communautés en ligne basées sur des intérêts partagés. Ces phénomènes suggèrent que, même si la notion traditionnelle de Dieu peut être "morte", les besoins et les désirs humains qu'elle satisfaisait – le sens, la communauté, la transcendance – sont toujours vivants et cherchent de nouvelles expressions.

Reste que les croyances conscientes ou non dans une transcendance, un surnaturel quelconque persistent à travers des rituels religieux tels que les mariages, les funérailles et les fêtes (Noël, Pâques, Toussaint, Ascension, Pentecôte, Épiphanie, Carême, Assomption)... même pour ceux qui ne se considèrent pas religieux. Rituels dont notre psychisme a probablement besoin (cohésion du groupe...) et qui ne prêtent pas trop à conséquence. On peut être athée, assister à l'enterrement d'un proche et subir l'homélie cléricale par simple respect du défunt et de sa famille croyante.

Bien plus grave : les valeurs morales et éthiques de nombreuses sociétés sont profondément enracinées dans les enseignements religieux. Ainsi, les concepts de bien et de mal, de justice et d'injustice, sont influencés par des traditions religieuses qui empoisonnent la sécularisation de nos sociétés. 

L'exemple le plus flagrant et le plus conséquent est la croyance en un Libre Arbitre délétère (voir Le côté obscur du libre arbitre). Incidemment, certains croyants confrontés à la question "Mais pourquoi Dieu ne se montre pas, tout simplement ?" mettent en avant la question du libre arbitre. Si Dieu se montrait, il annulerait notre libre arbitre puisqu'on serait "obligé" de croire en lui... Argument des plus étranges, d'autant que Dieu (fils) est censé s'être montré si l'on en croit les évangiles et autres apparitions (père) dans l'Ancien Testament. Pour y voir plus clair sur cette affaire : vidéo.

Espérons que l'humanité puisse accéder à la maturité sans besoin de PAPA et décider des affaires communes à partir de ce que l'on sait - et non à partir de ce que l'on ne sait pas (transcendance / surnaturel) - dans le cadre d'une laïcité étendue ou chacun peut croire en ce qu'il veut (peut) sans l'imposer aux autres

Dans cette vidéo, les arguments du biologiste athée Richard Dawkins sur la question religieuse semblent bien difficiles à réfuter. 

Chacun jugera en fonction de son besoin personnel de transcendance. 

*La preuve ontologique de Gödel (qui croyait en Dieu et dans la télépathie) concernant l'existence de Dieu qui formalise l'argument d'Anselme de Cantorbéry à l'aide de la logique modale, a suscité de nombreuses critiques depuis sa formulation. 

Un problème fondamental concernant cette "preuve" réside dans la notion de « propriétés positives ». Gödel définir Dieu comme un être possédant toutes les propriétés positives, mais qu'est-ce qui rend une propriété "positive" ? Cette idée semble subjective et dépendante de perspectives individuelles. Par exemple, l'omnipotence ou l'omniscience sont-elles universellement positives ? Certaines critiques soulignent que ces propriétés peuvent engendrer des paradoxes (comme le paradoxe du rocher : "Dieu peut-il créer une pierre qu'il ne peut pas soulever ?"), ce qui remet en question leur caractère positif et fragilise les bases de la preuve.

La "preuve" de Gödel repose sur la logique modale qui traite des concepts de nécessité et de possibilité. Cependant, certains estiment que son application aux questions théologiques dépasse son domaine de pertinence. Traditionnellement utilisée pour des concepts mathématiques ou logiques abstraits, la logique modale pourrait ne pas être adaptée pour démontrer l'existence d'un être divin, ce que les critiques considèrent comme une extension abusive.

Une objection classique, formulée notamment par Kant, concerne le statut de l'existence. Dans la preuve de Gödel, l'existence est traitée comme une propriété nécessaire d'un être parfait. Mais les critiques soutiennent que l'existence n'est pas une propriété au même titre que la couleur ou la forme. Cette remise en question sape l'idée qu'exister soit une caractéristique définissant Dieu.

Gödel s'appuie sur des axiomes spécifiques, comme celui stipulant que si une propriété est positive, sa négation ne l'est pas. Bien que cela paraisse intuitif, cet axiome n'est pas universellement accepté, surtout dans le cadre des attributs divins. Les critiques demandent si cette règle s'applique systématiquement, mettant en doute la solidité des fondements logiques de la "preuve".

Certains logiciens avancés que la preuve pourraient entraîner un "effondrement modal", où tout ce qui est possible devient nécessaire. 

Une critique récurrente est que la "preuve" pourrait être circulaire. En définissant Dieu comme un être ayant toutes les propriétés positives et en prouvant ensuite que cet être doit exister, Gödel semble présupposer ce qu'il cherche à démontrer. Cela soulève la question de savoir si la preuve établit réellement l'existence de Dieu ou se contente de réaffirmer sa définition initiale.

La "preuve" suppose une conception platonicienne des propriétés, selon laquelle elles existent d'abord et déterminent seulement ensuite les objets qui les possèdent. Cette position philosophique est loin d'être consensuelle et est rejetée par la plupart des spécialistes, ce qui affaiblit les bases métaphysiques de l'argument.

Enfin, même si la preuve était logiquement valide (notamment du point de vue "informatique"), elle ne démontrerait pas nécessairement l'existence du Dieu des religions traditionnelles (christianisme, l'islam ou le judaïsme). L'être "parfait" abstrait décrit par Gödel pourrait ne pas correspondre aux attributs spécifiques attribués à Dieu dans ces traditions, limitant ainsi la portée théologique de la démonstration.

Ces critiques montrent que, bien que la preuve de Gödel soit une prouesse logique impressionnante, elle repose sur des hypothèses contestées et des concepts philosophiques débattus. Sa dépendance à des définitions subjectives, des axiomes discutables et une application métaphysique de la logique modale la rend très vulnérable à un examen approfondi.

Comme le précise ce site :

"Les non-spécialistes se perdront sans doute dans une telle démonstration qui bien qu’utilisant des mots du langage courant et non des chiffres et des opérateurs, est loin d’être à la portée de tout un chacun. Le point important de la preuve de Gödel est de dire que si quelque chose est possible, alors il existe nécessairement au moins un exemplaire de cette chose. Ce qui nous intéressera dans cette démonstration, c’est qu’elle repose sur des axiomes qui, si on les considèrent comme vrais, accréditent aussi la théorie de l’existence du père-noël, ce dont tous les enfants du monde seront heureux. De fait, ces axiomes et ces théorèmes rendent nécessairement d’autres éléments du folklore fantastique humain, tels que les fantômes, les démons, les divinités diverses et variées. Ainsi donc, toute personne qui veut croire en son dieu au nom du théorème de Gödel doit aussi croire aux dieux des autres, aux elfes, aux trolls et aux fées."

Références :

  • Nietzsche, F. (1883-1885). Ainsi parlait Zarathoustra. Traduit par M. de Gandillac, Paris : Gallimard, 1971. https://www.gutenberg.org/ebooks/5258
  • Nietzsche, Friedrich. "Le Gai Savoir" - 1882
  • Taylor, Charles. "A Secular Age" - 2007
  • Berger, Peter L. "The Sacred Canopy: Elements of a Sociological Theory of Religion" - 1967

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous