Wikipedia

Résultats de recherche

Traduction

Autain contre Fourest : me too

Caroline Fourest, féministe convaincue et convaincante jusqu'à récemment, sort un livre qui (d)effraie la chronique : "Le Vertige Me Too" (Grasset - 2024).

Pour elle, ce mouvement va trop loin et risque de provoquer des drames dans certains cas où les accusations d'agression/viol ne sont pas suffisamment étayées, prouvées, suscitant - sans autre forme de procès - lynchage médiatique et difficultés relationnelles (famille / travail). 

Ouvrage et arguments qui ne font pas l'unanimité :

"Ce brûlot réactionnaire, porté par une promotion conséquente, sème dans les esprits les graines d’un backlash anti-féministe auquel Caroline Fourest pourra se targuer d’avoir, aussi adroitement que malhonnêtement, contribué. " (Lesinrocks.com) 

L'ouvrage contient effectivement nombre d'inexactitudes que je ne vais pas préciser ici (internet est là pour ça). 
Fourest pense probablement qu'elle en a suffisamment fait côté "Révolution" féministe pour se consacrer d'urgence à la "Terreur" qui suit généralement toute révolution. Ses critères moraux semblent être par ailleurs franchement démonétisés depuis qu'elle soutient qu'un bébé palestinien mort ne vaut pas un bébé israélien mort...

« Un enfant qui meurt, d’un côté ou de l’autre, c’est toujours grave», selon l’essayiste, mais  une « distinction intellectuelle et morale doit se faire car ce n’est pas la même démarche, ce n’est pas la même intention, et c’est normal que ça n’entraîne pas exactement les mêmes réactions, les mêmes commentaires. » 

Il semble que les dommages collatéraux - enfant mort à Gaza versus homme accusé d'agression sexuelle à tort - nécessite un ouvrage de plus de 300 pages... concernant l'homme. 
Pour en revenir aux propos du livre, la réponse cinglante de Clémentine Autain me semble remettre sainement quelques idées en place : 


Le balancier de "balancetonporc" va trop loin ? Certaines plaignantes en profiteraient-elles pour abuser à leur tour par effet d'aubaine pécuniaire ou pour se venger de ne pas avoir obtenu tel ou tel rôle dans un film ? Ici ou là, peut-être. Mais c'est aux juges d'en décider ; juges d'ailleurs bien démunis dans nombre de cas (parole contre parole). Et l'exception statistique d'un homme accusé à tort ne fait pas la règle, règle qui peut se résumer par le constat de 80.000 accusations viols par an en France pour seulement 1.300 condamnations. La « culture du viol », sorte d’oxymore, ne va pas de soi : le viol est pénalisé en France depuis plus de 2 siècles et fait l’objet d’une très forte réprobation sociale.

Mais tout cela vient de très loin si l'on tient compte des préceptes écrits par des hommes... pour eux-mêmes :

Genèse 3:16

"Il dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi."

Corinthiens 14:34

"Que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d'y parler; mais qu'elles soient soumises, selon ce que dit aussi la loi."

 Pierre 3:1-6

"Femmes, soyez de même soumises à vos maris, afin que, si quelques-uns n'obéissent point à la parole, ils soient gagnés sans parole par la conduite de leurs femmes"

Coran  4/34

« Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs que Dieu accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs bien ...  quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. »

Coran 2/223

« Vos épouses sont pour vous un champ de labour ; allez à votre champ comme [et quand] vous le voulez »

Sans compter que la parole des femmes au commissariat est sujette à caution :

Le Prophète a dit : "Le témoignage d'une femme n'est-il pas égal à la moitié de celui d'un homme ? » Les femmes ont dit : "oui." Il a dit : "C'est en raison de la déficience de l'esprit de la femme."

L'épouse mécréante de Dominique Pélicot ("viols de Mazan") n'a-t-elle pas lu ces perles de morale obligeant son pauvre mari à devoir user - sans autre issue possible - de la soumission chimique ? 

Les violeurs de Mazan sont décrits selon leurs avocats comme des hommes ordinaires, piégés par le mari. Venir s'accoupler avec une femme aussi inconsciente qu'inconnue sous le regard du mari : c'est d'un banal ! Tant que ça reste - plus ou moins - en famille, ma foi... Entre «Familles, je vous hais! Foyers clos, portes refermées... » selon Gide et « Familles, je vous ai» pour Hervé Bazin, les nuances de gris sont nombreuses.

A propos de famille : une enquête Ipsos (2020) révélait qu’un Français sur 10 affirmait avoir été victime d'inceste. Dans 8 cas sur 10, les victimes étaient des femmes. D’autres enquêtes ont confirmé l’ampleur des violences sexuelles commises dans la famille, lors de la période cruciale de l’enfance, et souligné leur caractère globalement genré : les agresseurs, dans une écrasante proportion, sont des hommes, plus âgés ; il s’agit essentiellement de pères ou de beaux-pères et des oncles quand les victimes sont des filles, de frères et de pères ou de beaux-pères quand les victimes sont des garçons. 

De là à considérer que l'homme, c'est le mal... 

Pas franchis par la plateforme TikTok "Tanaland" :


Enfin un monde merveilleux sans hommes ! 

Mais - c'est assez curieux - les femmes en question se maquillent "outrageusement" (selon certains jugements, hommes et femmes confondus), portent des talons les plus hauts possibles défiant la gravité et rappelant les bandages mutilants les anciennes aristocrates chinoises, des jambes nues, des décolletés en supports de prothèses... très préoccupées qu'elles sont par une esthétique revendiquée reprenant les poncifs et codes des prestations tarifées (voir Esthétique...). D'où le nom de "Tana" synonyme de fille de mauvaise vie. 

Il n'y a aucun jugement de valeur ici ; juste une incohérence de fond. Car si la prémisse est de bannir les hommes tout en adoptant les attributs de séduction à leur égard les plus primaires, on ne voit pas très bien à quoi tout ceci mène, sauf à considérer que c'est une forme de coup de gueule contre les prédateurs. D'ailleurs, nombre de ces derniers ont manifesté sur internet leur souhait de partir en vacances à Tanaland. Ben voyons...

Mais les hommes ne sont pas tous des prédateurs à mettre dans le même sac poubelle (#notallmen) et l'essentialisation de ce point de vue n'est pas acceptable.

Il est malheureusement probable que la honte (qui devrait changer de camp) et les poursuites judiciaires ne soient pas suffisantes pour corriger cette masculinité toxique (hégémonique) qui vient de très loin. Croit-on réellement que l'on va purger des millénaires de prédation sexuelle et autres viols en une dizaine d'années ? Que les pulsions de pouvoir et de sexe vont disparaître - par miracle - de la masculinité ordinaire ? 

La notion de consentement est de plus en plus fragile dès lors qu'on tente de la clarifier. "Non, c'est non !" Mais un "non" peut se transformer en "oui" parfois ; et l'inverse existe également. 

"Souvent femme varie, bien fol qui s'y fie"

Voyez, un peu d'inattention, et hop c'est reparti !! D'où l'intérêt de relire parfois  la "feuille de route" permettant - peut-être pour certains - la sortie d'un certain masculinisme délétère afin d'éviter justement les "sorties de route" (voir la Feuille de route). 

Mais les abus sexuels ne sont malheureusement qu'une partie de la domination masculine ancestrale prescrite par tous les textes sacrés du monde...

Ne serait-il pas temps de comprendre ce qui se passe à travers les quelques travaux scientifiques qui existent déjà et qu'il faudrait consolider pour proposer des pistes autres que de donner (à l'insu de leur plein gré) des anti-androgènes à tous les hommes dès l'adolescence. Et quelle serait la part d'un "mauvais" libre arbitre dans ces comportements abjects ? Pourrait-on enfin reconnaître que le libre arbitre ne peut pas s'améliorer puisque c'est une chimère, et qu'il convient plutôt de travailler les déterminants qui sont à l'origine de ces abus divers qu'une justice débordée ne peut traiter correctement ? 

La psychologie évolutionniste propose l'hypothèse que certains comportements masculins, comme l’agression et la domination, peuvent avoir des racines dans des stratégies de reproduction ancestrales. Ces comportements auraient pu augmenter les chances de survie et de reproduction dans des environnements compétitifs. Ce n'est pas pour autant une légitimation de comportements datant du Pléistocène : notre morale a fortement évolué et n'autorise plus cette domination masculine hégémonique (voir Sciences et moralité).

Par ailleurs, la socialisation joue un rôle crucial dans la perpétuation de la masculinité toxique. Les normes culturelles et les attentes sociales encouragent souvent les hommes à adopter des comportements agressifs et à réprimer leurs émotions, ce qui peut conduire à des problèmes de santé mentale et à des comportements violents. La domination et la violence peuvent être analysées en termes de rapports de pouvoir entre groupes sociaux. Les normes sociales et les structures institutionnelles peuvent encourager certains types de comportements et décourager d'autres, créant ainsi des inégalités systémiques entre groupes. Par exemple, la société peut valoriser la force physique et la dominance globale des hommes, ce qui n'est plus accepté.

Voir sur le sujet des déterminants sociaux cette vidéo intéressante d'un jeune... non encore bodybuildé (+ voir avec LUZ "Testosterror, ou comment être un homme à l'heure du féminisme" => Testosterror)

Concernant la santé mentale, la masculinité toxique est liée à des taux plus élevés de dépression, d’anxiété, et de suicide chez les hommes. Les comportements sociaux qui découragent l’expression des émotions et la recherche d’aide peuvent exacerber ces problèmes.

Il est probablement possible de réduire les effets négatifs de la masculinité toxique en promouvant des modèles de masculinité plus diversifiés et inclusifs. Encourager les hommes à exprimer leurs émotions, à rechercher de l’aide et à adopter des comportements non violents peut améliorer leur bien-être et leurs relations interpersonnelles. Les programmes éducatifs et les campagnes de sensibilisation peuvent jouer un rôle clé dans la transformation des normes de genre. 

Soyons fous : en remettant en question les stéréotypes de genre et en offrant des alternatives positives, il est possible de créer une culture qui valorise l’égalité et le respect mutuel. 

Plus facile à dire qu'à faire... mais a-t-on le choix ?

Un chantier à ouvrir d'urgence, en commençant par l'école.

https://www.lefigaro.fr/politique/conflit-israel-hamas-choques-par-des-propos-de-caroline-fourest-les-deputes-insoumis-saisissent-l-arcom-20231030

_________________________________

Pour aller plus loin : le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous