Sinon quoi ?
On ne pourrait plus régler les conflits ?
La plupart de nos concitoyens ont compris que fouetter son enfant n'était plus acceptable. C'était pourtant bien pratique, rapide et simple ; pour lui "apprendre à vivre", une fois pour toutes. Il fallait le faire pour être un "bon" parent.
"Bats ta femme tous les matins : si tu ne sais pas pourquoi, elle elle le sait". Simple, rapide, efficace ? Dans le doute, autant frapper (si on est en position de force évidemment) ; Dieu reconnaîtra les siens. Il faut bien en passer par là pour se faire obéir... et plaisir.
Car les neurosciences ont révélé que le système de récompense du
cerveau joue un rôle crucial dans le plaisir ressenti lors de la punition... des autres, principalement. Ce
système est associé à la libération de dopamine, un
neurotransmetteur lié au plaisir et à la satisfaction. Lorsque nous punissons, notre cerveau active les mêmes circuits de récompense que ceux impliqués
dans d’autres activités plaisantes, comme manger ou écouter de la musique. Une étude a montré que les participants ressentaient une activation accrue du striatum,
une région du cerveau associée à la récompense, lorsqu’ils infligeaient une
punition à quelqu’un qui avait enfreint une règle. Cette activation était
corrélée à un sentiment de satisfaction et de justice.
Donc, la sélection naturelle "culturelle" nous encourage à punir, avec plaisir... sans pour autant être considéré comme sadique. Plus généralement, le plaisir est souvent associé à des comportements qui - sans le plaisir associé - risquerait de nous faire disparaître (orgasme pour activer la reproduction, plaisir de se nourrir d'aliments sains, plaisir d'offrir dans le cadre dans le cadre de la consolidation des relations humaines indispensables à la survie etc.).
Mais pour que la punition-plaisir soit justifiable, il faut bien que le sujet à punir ait la possibilité de faire mieux que ce qu'il a fait, qu'il ne soit pas entièrement déterminé et possède un libre choix dans ses actions, bonnes ou mauvaises pour la société, la famille, l'école...
Mais les progrès philosophiques et scientifiques ont permis de douter à la fois de l'efficacité et du bien fondé moral concernant les maltraitances punitives destinées, par exemple, à guérir les malades mentaux. Les animaux et les enfants n'ayant "notoirement" pas de libre arbitre même pour les plus zélés des croyants dans cette chimère, il devenait difficile de les punir, physiquement en tout cas. Le déterminisme (même mâtiné d'indéterminisme quantique) étant le seul paradigme permettant la connaissance, le libre arbitre n'a plus d'existence possible et ne permet plus la punition, sauf à être sadique ou profane sur ces sujets (voir Libre Arbitre).
Certes, la croyance en une "fée des
dents" pourrait conduire à se laver les dents tous les jours, de sorte que cette
croyance constituerait finalement un avantage adaptatif non négligeable... sans
en conclure pour autant que la fée des dents existe réellement, ontologiquement. Et si cette fée a rédigé quelque grimoire nous engageant à tuer ceux qui ne se lavent pas les dents 3 fois par jour, doit-on lui obéir ?
De manière similaire,
la liberté de la volonté (libre arbitre « réel ») ne peut être qu’une
illusion faisant partie d'une « carte mentale » utile du point de vue adaptatif à une époque mais qui ne tient pas
compte du « territoire » tel que décrit par la science et la
raison, car un libre arbitre « réel » ontologique surplombant nos
décisions est tout à fait incompatible avec les lois naturelles. Dès lors,
chacun ne peut faire que ce qu’il fait ; et n’aurait pas pu faire
autrement (à moins de modifier les déterminants en cause).
La volonté et les choix existent bien, mais ils sont tenus
totalement par nos déterminants ancestraux personnels à la fois génétiques et
environnementaux dans un processus stochastique (probabiliste) chaotique ne permettant pas des prévisions certaines... à moins de faire appel évidemment aux voyants, médiums, astrologues, cartomanciennes et autres haruspices etc.
Pour agir afin de "remettre en ligne" les contrevenants aux normes sociales du moment, il faut donc faire émerger de nouveaux déterminants en respectant le fait que chacun fait au mieux et ne peut faire autrement sans ces nouveaux déterminants. Il n'est pas question de "faire du mal", de couper un doigt à son enfant chaque fois qu'il ne se lave pas les mains avant de passer à table, ou encore de couper la main gauche du voleur comme le font certains islamistes (avant de passer à la main droite en cas de récidive ; mais tiennent-ils compte du fait que le voleur peut être gaucher ???). Efficace ? Peut-être mais terriblement inhumain - quand on a bien compris ce qu'implique l'absence de libre arbitre - et propice à rendre les "punis" encore plus féroces => voir Mais alors, sans culpabilité ni punition possible... que faire ?
Cultivons le plaisir de coopérer pour un monde sans punitions, haines, vengeances, humiliations, dominations, violences physiques et psychiques, jalousies et autres passions tristes.
Bannissons de notre vie commune les croyances métaphysiques surnaturelles. Ce qui implique, ce n'est pas le plus facile, de "Penser contre son cerveau". __________________________________________
Et pour aller plus loin, le livre "La dernière
blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en
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