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Eliminons ?

L’éliminativisme est une position en philosophie de l’esprit qui rejette l’existence des états mentaux comme les croyances ou les désirs, les considérant comme des concepts erronés de la "psychologie populaire".

Cette théorie, défendue par des philosophes comme Paul et Patricia Churchland, s’appuie sur les neurosciences pour remplacer ces concepts par des explications neurobiologiques.

L’éliminativisme, ou matérialisme éliminativiste, soutient que les états mentaux tels que les croyances, les désirs, les émotions ou les intentions – concepts centraux de la "psychologie populaire" – n’existent pas réellement. 

La psychologie populaire est le cadre intuitif que nous utilisons pour expliquer et prédire le comportement humain (ex. : "il est parti parce qu’il était en colère"). Selon les éliminativistes, ce cadre est une théorie naïve et erronée, comparable à des concepts scientifiques obsolètes comme le phlogiston (une substance hypothétique censée expliquer la combustion au XVIIIe siècle) ou encore l’alchimie qui a été éliminée au profit de meilleures explications. Avec les neuroscience notamment, la boîte à outils scientifique s'est améliorée (ne pas se tromper : c'est celle de droite). Il serait peut-être temps d'en tenir un peu compte.

Les Churchland soutiennent que les états mentaux ne correspondent pas à des entités réelles, mais à des processus neuronaux complexes. Par exemple, une croyance comme "je pense que le soleil est chaud" serait mieux décrite comme un ensemble d’activations dans des réseaux neuronaux spécifiques, sans référence à une "croyance" comme entité distincte.

Les Churchland considèrent que la psychologie populaire est une théorie stagnante qui n’a pas évolué depuis des siècles et qui échoue à expliquer des phénomènes complexes comme les troubles mentaux ou les processus inconscients. 

Les découvertes en neurosciences, comme la cartographie des réseaux neuronaux impliqués dans la prise de décision ou les émotions, suggèrent que nous pouvons expliquer le comportement humain sans recourir aux concepts de la psychologie populaire. Une étude (Neural substrates of decision-makingmontre que des processus comme la "décision" sont le résultat d’interactions entre différentes régions cérébrales, sans qu’il soit nécessaire de postuler des "désirs" ou des "intentionsLes éliminativistes proposent donc de remplacer complètement les termes de la psychologie populaire par un langage neuroscientifique : au lieu de dire "je suis triste", on parlerait d'une activité accrue dans l’amygdale et une diminution de la sérotonine !

Plusieurs objections ont été soulevées : des philosophes comme Daniel Dennett critiquent l’éliminativisme pour son rejet des qualia (expériences subjectives, comme le ressenti de la douleur). Même si les neurosciences peuvent décrire les processus cérébraux, elles ne capturent pas l’expérience vécue, qui semble réelle et significative pour les individus. 
De son coté, le philosophe Jerry Fodor considère que la psychologie populaire, bien qu’imparfaite, est extrêmement utile pour prédire et comprendre le comportement humain dans la vie quotidienne. Par exemple, dire "il a agi par jalousie" est une explication rapide et efficace, même si elle n’est pas neuroscientifiquement précisée. 
Enfin, une critique pratique est que nous n’avons pas encore un langage neuroscientifique suffisamment développé pour remplacer la psychologie populaire. Éliminer ces concepts dès maintenant pourrait rendre la communication et la compréhension du comportement humain difficiles.

Finalement, l’éliminativisme est une proposition intéressante dans la mesure où il s’aligne avec une vision matérialiste : tout peut être réduit à des processus physiques, comme le sont les "calculs" dans l'IA. Les neurosciences soutiennent que les états mentaux sont corrélés à des processus cérébraux, comme le montrent des études sur la décision ou les émotions. 

Cependant, les qualia de la psychologie populaire pour les humains offrent un cadre simple et intuitif pour interagir socialement

L’éliminativisme pourrait être une direction future, mais il semble prématuré tant que les neurosciences n’offrent pas une alternative "pratique".

En tout cas, cette théorie soulève des questions profondes sur la nature de l’esprit et sur la manière dont nous devrions décrire le comportement humain à l’avenir.

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