A la jonction entre biologie, psychologie évolutionnaire, neurosciences et informatique, certains spécialistes décrivent une partie du fonctionnement cérébral et des comportements correspondants comme la confrontation entre une programmation ancestrale du cerveau issue de la sélection naturelle confronté à un environnement qui évolue en permanence. Le tout dans le cadre de la survie "à tout prix" qui fait partie de cette programmation ancestrale sans laquelle nous ne serions pas là pour en parler...
Tout ceci chagrine profondément la plupart de nos contemporains agitant le spectre d'une abolition de la "dignité" humaine si nous n'étions que des "robots" biologiques ou des "animaux-humains", supprimant en cela la séparation ontologique entre l'Humain et le reste de la Nature.
Le Professeur en psychologie cognitive Thierry Ripoll écrit ("Pourquoi croit-on" (2020) et "De l'esprit au cerveau" (2018) - Editions Sciences Humaines) :
"On oublie souvent que l’humain se distingue des autres espèces animales par sa propension à croire en l’existence d’un monde surnaturel. C’est ainsi que derrière la banalité d’un réel immédiatement accessible, il y aurait un monde proprement spirituel doté de forces qui nous échappent et qui pourtant infléchissent puissamment nos vies… Nous sommes là dans l’univers de la croyance (...) Lorsqu’on présente à des étudiants ou à un auditoire de non spécialistes la thèse physicaliste selon laquelle il n’y a pas plus d’âme ou d’entité immatérielle en chacun de nous qu’il n’y a de réelle magie dans les tours que font les prestidigitateurs, apparaît tôt ou tard l’objection ou l’inquiétude suivantes : mais alors cela signifie-t-il que nous ne sommes que des machines et que, dans ce cas, le libre arbitre, la possibilité de faire des choix et de prendre des décisions en conscience, n’existe pas ? À cela, je réponds généralement que nous ne sommes effectivement que de surprenantes et extraordinaires machines, issues d’une évolution qui s’est déroulée sur quelques milliards d’années. À titre individuel, nous sommes des machines biologiques que nos parents ont conçues dans de délicieux moments d’extase amoureuse sans disposer de réelle maîtrise sur les processus physico-chimiques qui allaient conduire au premier stade de l’embryon que nous fûmes. Il n’y a aucune différence entre une machine et un humain à l’exception près de leur complexité et du fait que l’humain est biologique et non la machine."
En dehors du fait que la "dignité humaine" n'est nullement menacée par ce retour de l'Humain dans la Nature (voir Dignité humaine), chercher à comprendre de quelle façon nous avons été conçus satisfait une curiosité légitime qui permet peut-être - et c'est le plus important - d'améliorer nos vies individuelles et collectives, toujours dans le cadre immuable et prégnant de la survie.
Cette magnifique vidéo - fond comme forme - de la chaîne "Homo fabulus" rend compte de toute cette problématique complexe. A voir absolument, comme d'ailleurs toute la chaîne Youtube Homo fabulus.
Une seule remarque sur le fond : un passage semble mettre en cause la notion de "hasard". Ce hasard, qu'il soit le résultat du chaos déterministe (ne permettant pas de prévisions) ou de la mécanique quantique (mauvais argument parfois avancé) est présent en toute circonstance. Les mutations au hasard (ou en partie conditionnées par l'environnement) des bactéries seront - ou non - sélectionnées comme l'ont été les "modules" cérébraux.
Pour en revenir à notre sujet, il faut bien constater que certains hommes utilisent la poupée gonflable comme le robot se sert de la pompe à incendie...
Les exemples de cet ordre sont en nombre infinis, certains avec des conséquences dérisoires, supportables quant d'autres ont des répercussions potentiellement mortelles :
- Consommation de sucre : À l'origine, notre attirance pour le sucre nous aidait à rechercher des fruits riches en énergie. Aujourd'hui, cette préférence est exploitée par l'industrie alimentaire, menant à une consommation excessive de sucreries et de boissons sucrées, souvent sans bénéfice nutritionnel.
- Jeux vidéo : Les instincts de chasse et de survie, essentiels pour nos ancêtres, sont aujourd'hui canalisés dans les jeux vidéo. Ces jeux exploitent notre besoin de compétition et de réussite, initialement destinés à la survie et à la reproduction.
- Réseaux sociaux : Notre besoin inné de socialisation et de reconnaissance sociale, crucial pour la survie en groupe, est aujourd'hui détourné par les réseaux sociaux. Ces plateformes exploitent notre désir de validation et d'appartenance, souvent au détriment de nos interactions réelles.
- Publicité et marketing : Les techniques de persuasion utilisées dans la publicité exploitent nos instincts de survie et de reproduction. Par exemple, les publicités pour des produits de luxe jouent sur notre désir de statut social élevé, un trait qui aurait pu aider à attirer des partenaires potentiels.
- Appétit pour les graisses : Comme pour le sucre, notre penchant pour les aliments riches en graisses nous aidait à stocker de l'énergie pour les périodes de famine. Aujourd'hui, cela conduit à une surconsommation de fast-foods et de snacks gras, contribuant à l'obésité et aux maladies cardiovasculaires.
- Sports et compétitions : Notre instinct de compétition et de dominance, utile pour la survie et la reproduction, se manifeste aujourd'hui dans les sports et autres compétitions. Les succès dans ces domaines peuvent remplacer la satisfaction obtenue par la réussite dans les chasses ou les batailles pour le territoire. Malheureusement, des individus comme Poutine sont bloqués au premier stade.
- Shopping et consommation : Le désir de collectionner et de posséder des objets, qui pouvait servir à accumuler des ressources pour la survie, est aujourd'hui détourné par la société de consommation. Le shopping compulsif et l'accumulation de biens matériels sont devenus des moyens de rechercher du plaisir et de la satisfaction. Super pour la planète !
- Pornographie : Tout comme les poupées gonflables, la pornographie détourne notre instinct sexuel programmé pour la procréation. Bien que cela puisse satisfaire des besoins sexuels, cela ne contribue pas à la reproduction mais cela ne justifie aucunement les interdits religieux correspondants, car la culture évolue également.
- Sélection sexuelle : La sélection sexuelle a favorisé certains traits chez les hommes, comme l'agressivité et la compétitivité, qui pouvaient être perçus comme des signes de force et de capacité à protéger et à fournir des ressources. Ces traits sont trop souvent détournés en comportements de domination.
Au fait, le robot "Court-circuit", possède-t-il un libre arbitre ?