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Bon Dieu, mais c'est bien sûr !

Il semble toujours étonnant de voir à quel point on peut discuter à perte de vue sur l'existence - ou non - des dieux a, b, c... x, y, z...

Pour ceux que ces discussions intéressent, sachant qu'elles ne mènent bien souvent à rien, voici une belle démonstration de la chaîne youtube zététique - fort intéressante au demeurant - de Thomas Durand ("La Tronche en biais" / 1 h 41 min) sur les "Miracles" dans le catholicisme :


Il est toujours déroutant d'entendre un croyant affirmer les yeux dans les yeux que le soleil dansait à Fatima quand le reste du monde - soit quelques milliards d'individus - n'a rien vu de cet ordre. Une danse traditionnelle locale ? Il est vrai qu'on avait omis de signaler à l'Umma musulmane qu'un miracle devait se produire chez les catholiques. Manque de communication planétaire qu'heureusement les réseaux sociaux ne permettront plus. A moins qu'il existât deux soleils pendant quelques minutes, ce qui rend tout ceci nettement plus "lumineux", à défaut d'être plus convaincant.

Plus globalement, les arguments foisonnent, tirant à hue et à dia, faisant intervenir - avec quelques théologiens au vernis scientifique plus ou moins sec -, ici le Big Bang, là l'évolution darwinienne un peu revisitée, ou encore la précision extraordinaire du "réglage" fin des constantes physiques, les miracles etc. 

Pour certains d'entre nous - trop curieux sans doute -, les questions affluent dès l'âge de 10-12 ans : d'où vient ce dieu / qu'a-t-il fait de toute éternité et pourquoi attendre moins 13,8 milliards d'année pour penser au Big Bang et au mur de Planck / 6 jours c'est court pour une telle entreprise : face à l'éternité, pourquoi ne pas prendre une semaine de plus pour réaliser un monde plus "présentable" / pourquoi faire mourir des innocents / quelle certitude pour un dieu plutôt que pour les milliers d'autres / pourquoi se cache-t-il si bien : aurait-il honte du résultat ?
Et que faire des mystères comme celui de l’apparition des grandes religions (bouddhisme, hindouisme, judaïsme, christianisme, islam...), apparues à peu près à la même époque dans plusieurs régions du monde (Chine, Indes, Perse, Palestine, Grèce). Cette convergence culturelle appelée « période axiale » (dans le sens de pivot) présente une énigme : comment ont émergé dans différentes civilisations des religions moralisatrices distinctes mais avec des caractéristiques très similaires ? Le « Dieu » du monothéisme aurait attendu patiemment que l’Humain invente l’écriture (pour éviter de parler dans le désert), aurait dû s’y reprendre à trois fois (Judaïsme, Christianisme, Islam) avec quelques variantes (car il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis), pour se taire définitivement depuis l’apparition d’un matérialisme scientifique et du siècle des Lumières parfois qualifié de « seconde période axiale ». 
Plutôt que descendue directement du ciel avec armes et bagages renfermant des textes « sacrés », l'apparition de ces grandes religions pourrait plutôt s’expliquer par une hausse du niveau de vie avec une nourriture autour de 2.000 calories par jour et par individu[a]. Comme quoi, les nourritures terrestres et célestes pourraient être bien plus intriquées qu’on ne le pense généralement et le concept d’évolution culturelle s’applique ici comme ailleurs : « l’invention » du monothéisme revient probablement plus au pharaon Akhenaton qu’à Moïse, un hébreu né en Egypte environ deux siècle après le pharaon selon la chronologie biblique.

Voici un guide simple pour interpréter la Bible telle que pratiquée par tous les chrétiens (guide tout terrain valable pour tout texte "sacré", voire au-delà) :
1. Tout verset acceptable dans le contexte culturel du moment doit être pris au pied de la lettre : il prouve à quel point la Bible est formidable.
2. Tout verset blessant, ridicule et/ou anachronique... n'est qu'une métaphore poétique et doit être réinterprété à l'aune de la morale actuelle.

Par exemple : certaines parties du Deutéronome enjoignent les Israélites à combattre et à vaincre les peuples environnants afin de prendre possession de la terre promise. Cela vous rappelle quelque chose ? Parmi les interprétations avancées pour expliquer ces textes appelant à la guerre sainte figurent l'idée que les auteurs utilisaient un langage hyperbolique pour exprimer leur ferveur nationale et religieuse, ou encore que ces descriptions étaient destinées à illustrer les risques inhérents à toute forme de syncrétisme religieux. Mais certains actuellement prennent ces textes pour argent comptant à la lettre près.

Maintenant que vous avez les clés, voici un petit exercice pratique de réinterprétation (vous avez 1 h... et bien du mérite) :
"Une femme ne portera pas un costume d’homme, et un homme ne revêtira pas un vêtement de femme : quiconque fait cela est une abomination pour le Seigneur ton Dieu."
"Lorsqu’un homme a pris une femme, s’est uni à elle, puis se met à la détester, s’il l’accuse d’actions scandaleuses et lui fait une mauvaise réputation en disant : « Cette femme, je l’ai prise, je me suis approché d’elle, mais je ne l’ai pas trouvée vierge", alors le père et la mère de la jeune femme produiront les signes de sa virginité et les présenteront aux anciens à la porte de la ville. Mais si la chose se révèle exacte, si on ne peut montrer la preuve de la virginité de la jeune femme, on l’amènera à la porte de la maison de son père. Les hommes de la ville la lapideront jusqu’à ce que mort s’ensuive, car elle a commis une infamie en Israël."
"Lorsqu’on trouvera un homme couché avec une femme mariée, ils mourront tous deux, l’homme qui a couché avec la femme, et la femme également." -Dt/22
"Un bâtard n’entrera pas dans l’assemblée du Seigneur ; même à la dixième génération, il n’y entrera pas."Dt/23
"Lorsqu’un homme prend une femme et l’épouse, et qu’elle cesse de trouver grâce à ses yeux, parce qu’il découvre en elle une tare, il lui écrira une lettre de répudiation et la lui remettra en la renvoyant de sa maison."Dt/24

Nul serviteur de Dieu ne fait jamais état de ces injonctions en prêche du dimanche. Mais pourquoi donc ?
Aurait-il lu cet aphorisme : 

"Ce ne sont pas les parties de la Bible que je ne comprends pas qui me dérangent, mais celles que je comprends" (Mark Twain).

On sent bien que la foi - sans raison et sans preuve - a du mal à convaincre. 
Un exemple assez typique dans cette vidéo/discussion "Veritas" entre la théologienne Lydia Jeager et le philosophe scientifique Etienne Klein... que je plains sincèrement ici. Les Forums Veritas sont censés discuter de tout... mais toujours à partir de la vision chrétienne du monde qui doit assurément détenir la vérité, vu le nom du forum. Un Forum "Doutas", ça claquerait moins.

Cette même théologienne - sanctifiée par quelques diplômes scientifiques mais surtout très au fait des interprétations littéraires - nous éclaire ainsi :

« Une fois que l'on accepte l'interprétation littéraire, plusieurs aspects mystérieux du récit biblique s'éclairent. Les trois premiers jours - avec soir et matin, mais sans soleil - se comprennent aisément comme une attaque contre le culte des astres chez les peuples voisins : non seulement ils ne sont que des créatures, mais ils ne sont même pas créés en premier ! Des traits pittoresques du deuxième récit - les animaux qui défilent devant Adam pour qu'il trouve parmi eux une compagne (Gn 2.19), le sommeil qui tombe sur Adam pour que le divin chirurgien puisse lui enlever une côte (v. 21), le fruit de l'arbre de vie dont Dieu lui-même redoute l'efficacité quasi-magique (Gn 3.22) - ne choquent pas plus que la simplicité de la peinture « naïve » amène à douter du talent de l'artiste. Une difficulté se trouve aussi résolue qui avait déjà retenu mon attention quand j'étais adolescente : où est passé le paradis, une fois que les premiers humains en ont été chassés ? Je m'étais dit jadis que le paradis avait été immergé et perdu pour toujours lors du déluge. Mais cette solution ne tenait pas compte de la promesse de l'Apocalypse selon laquelle le vainqueur pourra toujours manger de l'arbre de vie (2.7 ; cf. 22.2). »*

Je la crois quand elle parle de naïveté. Elle semble connaître parfaitement le sujet.

Le must étant : « plusieurs aspects mystérieux du récit biblique s'éclairent » comme « l'arbre de vie dont Dieu lui-même redoute l'efficacité quasi-magique »

N’est-il pas si puissant et omniscient que cela ? Le couplet sur le paradis n’est pas mal non plus. De l’aisance littéraire et de la licence poétique, il en faut pour expliquer comment le couple originel a pu, par exemple, concevoir des enfants sans en passer par l’inceste. Je plaisante.

D'autres écrits comme "Les PREUVES scientifiques de Dieu" par Olivier Bonnassies font pleurer la plupart des scientifiques

De preuves scientifiques, il n'y a point ; or la charge de la preuve est du côté des croyants dans un surnaturel quelconque... Et que dire de cette partie d'anthologie présente dans l'ouvrage page 505 :

« L’erreur de raisonnement est de penser que Dieu ne pourrait créer que des choses parfaites. D’ailleurs, si cela était vrai, il ne serait pas tout-puissant. Dieu peut fort bien créer des choses imparfaites si c’est pour les amener avec le temps à leur perfection (...) Ainsi, le monde et l’homme sont imparfaits pour ces deux raisons : d’une part, pour que l’homme puisse évoluer dans le temps et, d’autre part, pour que cette évolution puisse être le résultat de sa liberté d’agir (...) Dieu tolère le mal, à titre provisoire (...) La souffrance des innocents est certes intolérable, mais on doit aussi reconnaître qu’il est impossible de juger d’ici-bas les actions de Dieu (...) Dieu a fait les hommes pour qu’ils le cherchent et, si possible, l’atteignent et le trouvent ». 

Dieu serait donc tout-puissant, alors que dans ce même livre, quelques pages plus loin, à propos de la physique quantique qui serait une autre preuve de l’existence de Dieu : 

« Grâce au hasard délibérément voulu, Dieu limite non seulement l’exercice de sa toute-puissance mais aussi la visibilité de cette dernière. » 

Une toute-puissance... limitée donc. Un dieu qui jouerait à cache-cache, et ce serait à chacun de le trouver... Comment ? Est-on "coupable" de ne pas le trouver ? Une quintessence de charabia : Dieu est tout-puissant, et  la preuve en serait qu’il est même capable de faire des choses moches ? Un Dieu tellement humain ! Comprenne qui pourra.

Trêve de plaisanterie. Il est bien établi - et depuis longtemps - que rien n'est prouvable dans un sens comme dans l'autre, même si les textes sacrés ne sont pas vraiment en accord avec les découvertes scientifiques les plus affirmées.

Bref, on a la foi ; ou on ne l'a pas. C'est la "grâce" diront certains. La crédulité diront les autres. Discussions stériles au même titre que de savoir qui a le plus raison dans sa couleur de peau alors que cette couleur est généralement déterminée - pour faire simple - par son origine géographique... 

Au même titre que la foi... comme le montre cette carte


Autant se demander si les poissons ont de bons arguments pour nager (les conversions religieuses sont comme les poissons volants : des exceptions confirmant la règle). 
Point final ?

Non pas ; car le sujet n'est pas là.
Si la question est effectivement indécidable concernant l'existence d'un surnaturel quelconque, pourquoi devrait-on tenir compte de ce surnaturel déterminé géographiquement pour définir notre vie commune composée de divers croyants, mais aussi d'agnostiques et d'athées de plus en plus nombreux ? 
Vous me direz que la laïcité est justement la réponse à cette grave question, chacun pouvant exercer en théorie sa croyance personnelle sans l'imposer aux autres. 

Sauf que non : même en France, dans un pays "laïcard" comme disent les religieux, le surnaturel est partout, accepté comme une évidence qu'on ne remet pas en cause. 
Des exemples ?

1) Le soutien financier des cultes par l’état français en Alsace-Moselle (environ 60 millions d’euros par an), est un reliquat fâcheux d’un Concordat anachronique, d’autant que l’idée d’un financement public des cultes est massivement rejetée par les français[1]. Nos impôts seront mieux utilisés pour servir d’autres causes, plus urgentes, plus fondamentales, plus rationnelles et plus laïques. Chacun devrait pouvoir refuser de payer la part - même minime - d’un impôt destinée à entretenir le surnaturel, en attendant de supprimer totalement cette subvention spirituelle indue.

2) Ce qui devrait s’appliquer également aux écoles privées confessionnelles. De quel droit, du point de vue de la laïcité, peut-on accepter le financement public d’écoles proposant un enseignement religieux nécessairement partial et qui est, peu ou prou, contraire aux valeurs républicaines et aux programmes officiels alors que ces établissements sont « sous contrat » avec l’Etat. Ces écoles confessionnelles sont des privilèges accordés à certaines catégories sociales qui bénéficient d’une double prise en charge financière (par l’État et par les familles). 
Prenons la métaphore du philosophe John Rawls qui imagine deux types de salons dans le Far-Ouest : dans le premier salon, les clients doivent déposer leurs colts à l’entrée et ils sont assurés de ne pas être menacés par d’autres clients armés. Dans le second salon, les clients peuvent garder leurs colts, mais ils doivent accepter le risque d’être attaqués par d’autres clients eux-mêmes armés, et probablement alcoolisés. Le premier salon me semble être le bon espace que devrait viser l’école, sans armes, sans idéologie religieuse, neutre, avec le développement d’un esprit critique exigeant permettant l’émancipation de chacun ; un bagage fort utile lorsqu’on retrouvera, à la sortie de l’école, sa maison et ses parents. Esprit critique à mettre en œuvre évidemment bien avant l’âge de 16 ans, âge limite de l’obligation scolaire, en rappelant que le cerveau des gamins n’est mature qu’après l’âge de... 25 ans en moyenne ! 
Dans un milieu social et parental fortement « déterminé » par certaines croyances du lieu et du temps, l’école publique laïque pour tous me semble nécessaire pour forger un esprit critique minimal, à la condition de s’en donner les moyens financiers, matériels, humains. La polémique concernant le choix de la ministre de l’Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castéra, de scolariser ses trois enfants dans le lycée Stanislas - un établissement privé catholique sous contrat -, en dit long sur l’embrigadement misérable des consciences dès la petite enfance avec des cours religieux obligatoires. Un rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR), datant de juillet 2023 pointe des « dérives » au sein de ce collège-lycée privé sous contrat qui aurait fait preuve d’homophobie, de sexisme, de prosélytisme religieux et de non-respect de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. 
Un livret destiné aux élèves de seconde est malheureusement assez explicite : 

« Jeune fille, sois exigeante. Fais-toi respecter et mériter. Mets la barre haut[2] et dis au garçon : « si tu m’aimes et si tu veux m’épouser, tu patienteras »[3].  
 
On ne sait pas si la jeune fille aime le jeune homme mais ce n'est pas le sujet ! Elle est consentante a priori et à disposition sous conditions. Le directeur de l'établissement, Frédéric Gautier, assume les intentions de l’institution "dont le projet éducatif, référé à l’Évangile du Christ et à l’enseignement de l’Église, est de développer tous les talents de nos élèves pour les accompagner sur leur chemin d’excellence »[4]. 
C’est clair. Et ce devrait être inadmissible dans notre république laïque (voir également Religions et enfants).

3) Exemple bien plus fondamental : le concept de libre arbitre ontologique est tout sauf rationnel. Il est contraire à toute compréhension logique, à moins de convoquer "substances" et autres fantômes surnaturels opérant dans la biologie humaine... mais attention, pas dans la biologie animale non-humaine (?). Ubris sapiens sapiens quand tu nous tiens !
Personne ne s'en émeut alors que les dégâts causés par cette chimère sont dramatiques (mépris, domination, haine, injustices, vengeance, guerre etc.), soit toute la panoplie des passions tristes selon Spinoza (voir le Côté obscur du libre arbitre). 

Nombre de philosophes et certains scientifiques sont complices de cette cécité ancestrale réactualisée en permanence alors que les preuves rationnelles se sont accumulées montrant l'impossibilité d'un libre arbitre ontologique compatible avec les lois naturelles. C'est bien aux croyants dans le libre arbitre (liberté de la volonté) de prouver son existence (charge de la preuve), comme ce serait aux croyants dans le dieu Y ou Z de nous convaincre. Ce qu'ils ne peuvent faire évidemment.

Après tout, même les croyants devraient souscrire à cette vision laïque étendue puisqu'elle ne remet pas en cause leur dieu du moment et du lieu tout en respectant les autres, qu'ils soient croyants, agnostiques ou athées. En cas de refus, cela indiquerait ouvertement leur volonté de dominer la société avec leurs affects et idéologie personnels au détriment de leurs compatriotes. Bien difficile de faire société dans ce cas.

Quant à ceux - religieux - qui fustigent l'arrogance des athées et agnostiques qui ne pourraient pas pas comprendre les desseins des dieux :


En résumé, comme dirait Raymond Souplex dans les "5 dernières minutes" d'une affaire des plus complexes : naturalisme scientifique et surnaturalisme hypothétique sont dans un bateau ; le second tombe à l'eau... que reste-t-il ? 
Bon Dieu, mais c'est bien sûr !

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Chaos, entropie, origine de la vie... et Dieu

Tout est bon pour mitonner un bouillon de mauvaise foi en y ajoutant une pincée d'inculture scientifique.

Ainsi, les spiritualistes croient déstabiliser les matérialistes en leur objectant - sur leur propre terrain, scientifique (!) - que l'entropie et le second théorème de la thermodynamique interdisent toute organisation spontanée de la matière, et donc l'apparition du vivant. Il faudrait donc nécessairement Dieu pour expliquer l'apparition du vivant.

Fichtre. Ce qui nécessite quelques explications.

Tout d'abord, du point de vue matérialiste, le chaos déterministe (et indéterministe) passe son temps à organiser / désorganiser la matière avec des particularités comme la sensibilité aux conditions initiales, la formation d'attracteurs étranges etc. (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/fatalisme-fatal-error.html). Même des systèmes gouvernés par des équations simples (comme une suite récurrente du second degré, au programme du lycée général) peuvent suivre des dynamiques complexes, c’est-à-dire qui ne se reproduisent jamais exactement égales à elle-même.

Pour ne prendre que ce point, la sensibilité du chaos déterministe aux conditions initiales est bien connue et parfaitement décrite - à l'atome près ! - par cette vidéo du physicien quantique Julien Bobroff :


Où l'on voit que le fameux effet papillon peut ne résider que dans un seul atome "différent" !!! Étonnant, non ?

De son côté, l'entropie est une idée importante en physique (et en informatique). On peut la voir comme une façon de mesurer le désordre. Plus il y a de désordre, plus l’entropie est grande. Par exemple, imaginez une boîte remplie de pièces de puzzle en vrac. L’entropie est grande parce que tout est mélangé. Mais si vous assemblez le puzzle en y mettant votre énergie, l’entropie diminue parce que vous avez mis de l’ordre. En gros, quand l’entropie augmente, cela signifie que les choses deviennent plus désordonnées nous conduisant directement - mais pas demain - à la mort thermique de l'univers. C’est comme quand les ados augmentent l'entropie de l'univers laissant "un peu" de désordre dans leur chambre... car l'énergie individuelle n'est pas infinie et il y a bien d'autres possibilités (prioritaires) d'user de son énergie à cet âge, bien que cela puisse dépendre du sexe (voir https://www.youtube.com/shorts/vGRhb55RhUA).

Le second théorème de la thermodynamique est une autre idée importante. Il énonce notamment que certaines choses ne peuvent pas se produire à l’envers. Par exemple, un verre cassé ne peut pas se réparer tout seul (je ne parle pas des magiciens qui sont en fait des extraterrestres comme chacun sait).

La question "vitale" devient : si l'entropie augmente (désordre croissant) depuis le début des temps, comment des "ordres" locaux  - telle la vie - peuvent-ils se constituer ?

Pour le physicien américain Jeremy England, il n'y a pas de contradiction : la vie sur Terre utilise l’énergie solaire pour maintenir des structures complexes et ordonnées, comme les cellules vivantes. Elles réduisent temporairement l’entropie du système en créant de l’ordre. Cependant, cette réduction d’entropie est temporaire et nécessite un apport constant d’énergie pour être maintenue. Cette perspective offre un nouvel éclairage sur l’origine et la nature de la vie, suggérant que cette dernière pourrait être une conséquence inévitable des lois fondamentales de la physique.

Ainsi, plutôt que de violer la seconde loi de la thermodynamique, la vie  s’inscrirait dans le cadre de cette loi en utilisant l’énergie disponible dans son environnement pour contrer temporairement l’entropie et créer de l’ordre. Mais le bébé qui grandit, mange, boit etc. désorganise son environnement (et celui des parents) en augmentant l'entropie de l'ensemble et en obéissant toujours à la seconde loi de la thermodynamique, voire même celle des parents, enfin parfois. 
Paradoxalement, le vivant est "fabriqué" pour survivre et se reproduire à tout prix en produisant de l'ordre qui brûle de l'énergie (soleil, pétrole, gaz...), ce qui augmente drastiquement l'entropie et le désordre (CO2, pollution, atteinte à la biodiversité...) tout en détruisant le milieu (dérèglement climatique, mise en danger des ressources en air, eau, nourriture...). 
Du coup l'injonction biblique destinée à Noé après le génocide aquatique est quelque peu problématique :

 "Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre" 

Fort heureusement, dans son encyclique « Laudato si’ » concernant notamment la sauvegarde de la maison commune, le pape François a déploré le saccage de la Nature imprudemment encouragé par le texte divin :

« Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter. »

Le Pape ne va tout de même pas jusqu'à prôner la régulation des naissances par des moyens "artificiels", seules méthodes réellement efficaces (pilule, stérilet...). Il ne faudrait pas que les catholiques se fassent "grand remplacer" par des religions concurrentes !

Finalement, contrairement à ce que certains persistent à affirmer, la thermodynamique n'exclut en rien l'évolution du désordre vers l'ordre en certaines régions d'un système... comme un bébé, mais pas que. Ce qui ruine l’objection des spiritualistes qui auraient bien aimé pouvoir s’appuyer sur la science pour démontrer Dieu. 

Raté.

Concernant l'origine de la vie, le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine nous éclaire, un peu :

« C'est par une succession d'instabilités que la vie est apparue. C'est la nécessité, c'est-à-dire la constitution physicochimique du système et les contraintes que le milieu lui impose, qui détermine le seuil d'instabilité du système. Et c'est le hasard qui décide quelle fluctuation sera amplifiée après que le système a atteint ce seuil et vers quelle structure, quel type de fonctionnement il se dirige parmi tous ceux que rendent possibles les contraintes imposées par le milieu. »[1]

Cette vidéo « Entropie et origine de la vie » (chaîne youtube "Livres et science") va vous en dire beaucoup plus !

On peut compléter avec cette vidéo vertigineuse : "L'origine de la vie, que sait-on en 2020 ? (abiogenèse) - Passe-science #36" (https://www.youtube.com/watch?v=jxEtFZr21k8 ou encore "Quelle est l'origine de la vie ?" https://www.youtube.com/watch?v=Sj_xW6ZxPq8). N.B : certains raccourcis dans le cadre de la vulgarisation de phénomènes complexes comme "la cellule cherche à se fabriquer une membrane" ne sont pas corrects. La cellule n'a évidemment pas "conscience" de devoir chercher quoi que ce soit. Il s'agit en fait d'un processus chaotique avec sélection parmi des milliers de tentatives infructueuses de certains rares résultats adaptés aux conditions de l'environnement.

Au passage et pour en revenir au fond : appliquées à notre sujet du Libre Arbitre (LA) dans le cadre du naturalisme scientifique, les lois naturelles à travers les lois thermodynamiques s’opposent frontalement au concept de LAL'énergie peut être transformée d'une forme en une autre, mais elle ne peut jamais être créée ni détruite. Supposons qu'un acte librement choisi nécessite le déclenchement d'une série d'événements neuronaux qui commencent par le mouvement d'une molécule stationnaire. Selon la loi de la conservation de l'énergie, cette molécule ne sera déplacée que par la collision d'une autre molécule avec elle ou par l'influence d'une autre force physique. Si la molécule devait se déplacer d'une manière librement choisie par la force de la volonté, cela signifie qu'une nouvelle énergie serait introduite dans l'univers, violant ainsi la conservation de l'énergie. En conséquence, si tous les échanges et conversions d'énergie dans un organisme vivant sont conservés (principe de la thermodynamique), alors choisir "librement" une action est impossible. C’est l’un des arguments scientifiques les plus forts contre un Libre Arbitre « réel », ontologique. 

« Un acte de libre arbitre nécessite d'influencer la matière d'une manière ou d'une autre, par exemple en faisant aller une molécule vers la droite alors qu'elle serait naturellement allée vers la gauche. Si je faisais en sorte que cette molécule aille droit par moi-même, je violerais la conservation de l'énergie en introduisant une nouvelle force dans l'équilibre des forces existant. J'aurais créé quelque chose à partir de rien. Peut-être pourrions-nous dire que la force est conservée si la force que j'applique provient de la libération d'énergie chimique stockée dans mon cerveau. Le problème est que le déclenchement de cette libération nécessite toujours un apport d'énergie venu de nulle part. Ainsi, il semblerait que toute force exercée par ma volonté, si une telle force existe, ne peut être libre. »*

Ce qui a le mérite d'être clair. 
Il faudrait un jour que des philosophes ou scientifiques se disant matérialistes nous expliquent comment tout est affaire de détermination (et d'indéterminisme quantique) dans l'univers sauf... la volonté humaine qui posséderait sa propre énergie qui viendrait... de rien.

Mais tout ceci est bien évidemment insuffisant pour convaincre un spiritualiste qui n'a que faire de la science ou qui, conscient du risque rationnel, va s'évertuer à "prouver" dieu en tordant cette pauvre science qui ne "mérite" pas d'être ainsi traitée (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_07_26_archive.html).

[1] « Hasard & nécessité » - https://www.universalis.fr/encyclopedie/hasard-et-necessite/

« Joseph Delboeuf on time as the mechanism of free will » - https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/09593543211023143 - Notons que Delboeuf a affirmé (1880) l’existence du LA  du fait de « retards moléculaires » qui permettrait la liberté de la volonté. Personne n’a jamais pu mettre en évidence une telle hypothèse.
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Histoire : ni fierté, ni honte !

Dans le cadre du naturalisme scientifique (matérialiste), en quoi l'étude de l'Histoire présenterait-elle un intérêt puisque tout semble déterminé sans aucun "degré" de liberté pour la matière inerte comme pour le vivant, et qui plus est, sans libre arbitre ontologique humain ? L'empire des lois naturelles nous condamne-t-il à un fatalisme, voire au nihilisme ? Fatal error ! (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/fatalisme-fatal-error.html). 

Et si l'Histoire "ne repasse pas les plats", en tout cas pas exactement du fait que de nouveaux ingrédients et innovations dans les recettes peuvent survenir (lance pierre, fusil, canon, bombe atomique...), certains composants des "plats du malheur" sont par ailleurs assez constants : un nationalisme exacerbé est l'un de ces ingrédients mortifères bien connu. Le racisme, le fanatisme religieux, les difficultés économiques... sont autant de poisons possibles. On peut espérer que le travail des historiens permette d'identifier schémas, tendances et lois régissant le développement humain, ce qui permettrait d'utiliser ces connaissances pour anticiper et modeler un avenir le moins pire possible. Mais si le passé ne pouvait pas advenir autrement, le chaos déterministe sans cesse actualisé, permanent, est tel que les prévisions restent aléatoires.

Dans ce contexte idéologique matérialiste, que voudrait signifier la "fierté" d'être ceci plutôt que cela, ici plutôt que là-bas ? La fierté se fonde sur un mérite personnel ou communautaire, mérite qui ne peut exister dans un monde matérialiste. Plutôt que la fierté d'être français (droits de l'humain, laïcité, démocratie etc.), il serait plus pertinent d'être heureux d'avoir cette chance en comparaison de l'afghanistan. De là à être "fier"... Qu'a-t-on réellement fait pour capter cette chance d'être en France et d'y être plutôt mieux (moins malheureux) que dans nombre de pays ? 

A l'inverse, la "honte" (commerce triangulaire, colonisation, collaboration, crimes contre l'humanité...) n'est pas non plus fondée et la notion de repentance, avec ses relents religieux de flagellation, est toute aussi déplacée.  

Reste impérativement le travail historique sans concessions, s'appuyant sur les archives, soumis aux discussions et critiques des experts : pas de repentance mais une reconnaissance de la réalité historique autant qu'on puisse la trouver.

Ce qui implique des réparations dans nombre de cas comme la restitution des œuvres volées au cours des campagnes militaires, le remboursement des sommes indûment versées par Haïti, la reconnaissance et l'indemnisation des Harkis... mais aussi la construction de musées, de monuments ou de mémoriaux pour honorer les victimes et sensibiliser le public aux horreurs du passé, un soutien financier et institutionnel aux communautés et aux groupes qui ont été touchés par les injustices du passé... 

Soit autant d'actions visant à compenser et à prévenir de nouvelles injustices. 

Et il n'est pas question de ne s'acquitter que d'une dette "morale" comme c'est malheureusement le cas pour Haïti malgré la reconnaissance d'une "faute" de la France par le chef de l'état François Hollande. La révolution française causa la chute du système colonial esclavagiste avec la reconnaissance en 1825 de l’indépendance de Haïti... au prix fort pour cette île puisque Charles X reconnaît ce nouvel état moyennant le remboursement des terres confisquées par le nouveau pouvoir Haïtien, soit la somme de 150 millions de Francs Or ramenée à 90 millions par la suite du fait des défauts de paiement de la jeune nation. 

Il était considéré comme « normal » à l’époque d’indemniser les propriétaires colons pour la perte de « leurs » terres et de « leurs » esclaves*. Cette dette - préjudiciable au développement économique du pays et responsable pour partie de la dramatique faillite actuelle d'Haïti - sera payée jusqu’en 1888. Les agios de l’emprunt ne seront réglés qu'au milieu du XXème siècle ! Selon le New York Times, en l’espace de 64 ans, le pays a dû verser l’équivalent de 560 millions de dollars actuels. 

Haïti est le seul pays au monde où les descendants d’esclaves ont été forcés de payer des réparations aux descendants de leurs maîtres pendant des générations. 

Donc ni fierté, ni honte, mais payer ses dettes mémorielles et financières. 

Ce ne sera déjà pas si mal !


 * https://fr.wikipedia.org/wiki/Indemnisation_de_la_France_par_la_r%C3%A9publique_d%27Ha%C3%AFti

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Banalité du mal

 Manger du porc, c'est pas bien pour le cochon, mais bien pour le ténia, mais mal pour l'humain infesté, mais bien pour le médecin qui gagne une consultation, mais mal pour la sécurité sociale qui rembourse consultation et médicaments, mais bien pour le laboratoire qui vend le traitement idoine...

Le mal pour l'un est le bien pour un autre. Un truisme. Mais il ne faudrait pas confondre "banalité du mal" et "banalisation du mal". 

Le concept de "banalité du mal" a été développé par Hannah Arendt dans son ouvrage "Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal" en 1963. Adolf Eichmann, haut fonctionnaire nazi responsable de la logistique de la Solution finale, n'était pas motivé selon la philosophe par la méchanceté ou la cruauté, mais plutôt par son obéissance aux ordres et son manque de réflexion sur les conséquences morales de ses actions. Une victime produisant des victimes ?

Pour Arendt, la "banalité du mal" n'est pas un concept théorique, mais une constatation issue de son expérience personnelle et de son observation du procès Eichmann : les personnes ordinaires peuvent commettre des actes horribles lorsqu'elles sont immergées dans un système totalitaire qui normalise et légitime de telles actions. Arendt n'a jamais eu l'intention de minimiser la gravité des crimes nazis ou de décharger les coupables de leur responsabilité. Elle a plutôt cherché à mettre en lumière les dangers des systèmes totalitaires transformant des personnes ordinaires en instruments de destruction massive. On retrouve par exemple cette idée dans le film de Louis Malle "Lacombe Lucien"* qui montre la facilité avec laquelle un individu "ordinaire" peut basculer dans l'ignominie, un peu par hasard, sans vraiment prendre conscience de ce qu'il fait.

Les expériences de Milgram et de Standford ont exploré cette face sombre de l'humain concernant plus particulièrement la soumission à l'autorité.

L'expérience de Milgram, menée à l'université Yale en 1961, visait à étudier le degré d'obéissance d'individus lambda lorsqu'ils étaient amenés à infliger des décharges électriques à une tierce personne, sur instruction d'une autorité perçue comme légitime. Les participants étaient invités à administrer des chocs croissants à un autre participant (en réalité un comédien) s'il donnait une mauvaise réponse à une question posée. L'objectif était d'évaluer jusqu'à quel niveau de douleur les participants étaient disposés à aller, uniquement parce qu'on leur demandait. Les résultats ont montré que beaucoup de participants allaient jusqu'à causer des blessures sérieuses, simplement parce qu'ils avaient été fortement priés de le faire.

Quant à l'expérience de Stanford, elle a été dirigée par Philip Zimbardo en 1971. Cette étude visait à observer le comportement des gens placés dans des rôles de geôlier et de prisonnier, dans le cadre d'une simulation de prison. Les participants ont été divisés en deux groupes aléatoires, assignés respectivement aux fonctions de geôlier et de prisonnier. Zimbardo a observé que les simulations de hiérarchie, de pouvoir et d'obéissance à l'autorité instituée avaient un effet profond sur les participants qui endossaient rapidement leurs rôles et adoptaient des comportements violents et sadiques envers les détenus. Face à la tournure dramatique des événements, Zimbardo a finalement été obligé d'arrêter l'expérience prématurément.

Ces études semblent donc montrer qu'une part importante des individus lambda d'une population en régime démocratique lambda sont capables du pire. Résultats fort intéressants... sachant que plusieurs des cobayes humains qui se sont prêtés volontairement à cette expérience en sont ressortis avec des séquelles  psychologiques importantes et injustifiables de nos jours du point de vue éthique.

Point final ?

Non pas, comme le montre cette vidéo de David Louapre (chaîne "ScienceEtonnante", toujours très intéressante https://www.youtube.com/watch?v=7Vy1Cg5O5Pc) qui nous propose quelques interrogations légitimes sur la méthodologie et les quelques "cachotteries" relevées.

Les critiques sont cohérentes, mais un point me paraît crucial : les tortionnaires nazis n'étaient pas des citoyens lambda d'un régime démocratique (bien qu'Hitler ait été "élu" dans le cadre d'un accord de coalition en 1933) mais subissaient - ou étaient acteurs convaincus - d'une idéologie particulière, une dictature totalitaire, où certains humains étaient considérés depuis nombre d'années comme des "sous-hommes" (untermenschen) parce que juifs, homosexuels, malades mentaux, tziganes** etc. 

Par ailleurs, les SS dépositaires des basses besognes étaient recrutés selon certaines modalités ; en fait des candidats soigneusement sélectionnés en fonction de leur origine ethnique, leur allégeance au parti Nazi, leur situation financière, leur âge, leur statut marital et leur santé physique. Les recrues devaient réussir une série de tests physiques et psychologiques et, dans la foulée, ces nouveaux membres SS étaient soumis à une intense formation avec lavage de cerveau idéologique. Ils étaient "instruits" sur les principes de la pureté raciale, de l'obéissance aveugle et de la loyauté envers Adolf Hitler et le parti Nazi. On est ici très loin du sujet américain des expériences décrites. De là à penser que certaines recrues SS étaient de véritables psychopathes ou pervers narcissiques trouvant dans ces circonstances l'occasion de montrer leur talent... (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_05_12_archive.html). 

Ce qui nous ramène également à l'altricité et à la dépendance des humains dans leur enfance avec nécessité d'obéir à l'autorité pour la survie (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_05_09_archive.html), ce qui continue adulte avec la dépendance - sans hiérarchie - au plombier, médecin, banquier, épicier, impôts, curé, place de parking, numérique et IA... Les positions d'autorité et de dépendance forment un couple infernal que l'on retrouve au cœur des affaires de mœurs dans l'Eglise, l'entreprise, au sein de la famille et du couple etc. Il n'est pas besoin de convoquer un point Godwin pour constater la banalité du mal.

Quelles que soient les critiques que l'on peut formuler, les expériences de Milgram et Standford illustrent comment des forces extérieures, telle que l'autorité perçue comme légitime, peuvent modeler nos comportements et nous amener à agir contre notre conscience, notre volonté, nos valeurs. Elles posent la question de la responsabilité personnelle et collective face aux pressions exercées par les structures de pouvoir, ainsi que l'importance de reconnaître et de résister aux schémas de manipulation et de contrainte sociale. Ce qui montre toute l'importance de la vulnérabilité humaine dans certaines conditions, dont les régimes politiques que l'on se donne (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_07_03_archive.html). 

On peut également remarquer que tout repose sur la culpabilité supposée de cet autre qu'il faudrait punir puisqu'il est juif, homosexuel... ou simplement ne répond pas correctement à des questions, une raison plus que suffisante pour obéir à l'autorité supposée et punir par une décharge électrique mortelle ! 

Mais la dépendance à une autorité n'est pas le seul déterminant d'un "mauvais comportement". L'affaire "Pélicot et les 50 violeurs" de Mazan" nous a montré qu'un mâle lambda (alpha ? bêta ?) peut violer une inconnue droguée à l'invite internet du mari. A part quelques exceptions, ce sont des bons pères de famille, le voisin au bout du couloir, le pompier bénévole... tous héritiers d'un patriarcat ancestral pour lequel la femme est objet. Le mari est décrit par les psychiatres / psychologues comme manquant d'empathie, un pervers narcissique égocentrique avec des fantasmes de nécrophilie... Bien normal tout ça ?

Non si l'on s'en réfère à l'OMS qui définit la santé comme suit :


Un état complet de bien-être physique, mental et social et pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité.

Or, les troubles de la personnalité affectent plusieurs dimensions de la santé, notamment sur le plan mental et social. Peut-on affirmer que les accusés de Mazan ne sont pas "affectés" du point de vue mental et social ? Existerait-il un zone grise entre santé et pathologie mentale, zone dans laquelle on trouverait les "troubles de personnalité" graves ? Pas plus que le reste, ces troubles ne tombent pas du ciel mais "sont le résultat d’une interaction génétique et environnementale. Ainsi, certaines personnes naissent avec une tendance génétique à souffrir d’un trouble de la personnalité et cette tendance est ensuite effacée ou renforcée par des facteurs environnementaux, tels que des expériences ou des sources de stress ou de bien-être." (https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-mentaux/troubles-de-la-personnalit%C3%A9/pr%C3%A9sentation-des-troubles-de-la-personnalit%C3%A9)

Ce qui pose ici et toujours la question de la pathologie mentale que l'on veut disqualifier pour punir sans trop d'état d'âme le mari et les 50 violeurs sur le banc des accusés : ils sont censés pouvoir faire autre chose que le mal ! (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/limite-entre-sante-mentale-et.html).

Mais il faudra autre chose que des condamnations, pourtant de plus en plus sévères, et plutôt comprendre cette trop fréquente asymétrie femme / homme qui tient à la biologie peut-être, aux rapports ancestraux de domination masculine et à une éducation déficiente, sûrement. Il semble qu'une partie de la réponse se trouve dans les traumatismes de l'enfance qu'il faudrait pouvoir prévenir ou traiter à temps. En tout cas, en quoi ces comportements ignobles et "déviants" seraient la preuve d'un libre arbitre déficient ? Bref, un sacré chantier pour notre génération et celles qui suivent, dont quelques précisions sur la notion de consentement...

Car si la punition a pu constituer à moindre frais un élément de la gestion des clans et autres groupes humains à une certaine époque, il est pitoyable d'en être encore là malgré toutes les études montrant par exemple que la punition dans l'éducation des enfants a des effets négatifs, telles que la diminution des performances cognitives et la réduction de la motivation à apprendre. Une étude britannique a ainsi révélé que l'utilisation de la punition corporelle par les parents était associée négativement aux réalisations scolaires des enfants d'âge maternel. Aux États-Unis, une étude a montré que la punition corporelle prédit des niveaux plus faibles de compréhension linguistique chez les enfants de cinq ans***. Et la "simple" humiliation ne fait pas mieux.

De plus, la recherche suggère que les techniques de discipline verbale, telles que l'explication et l'appel à la raison, sont plus susceptibles de stimuler cognitivement les enfants que les punitions corporelles. Par conséquent, les parents qui optent pour la punition physique sont moins susceptibles d'utiliser des méthodes de discipline inductives, ce qui peut entraver la croissance cognitive des enfants. Alors même que l'on sait depuis des années que ces punitions sont néfastes pour l'enfant, elles resteraient bénéfiques pour l'adulte sans aucune justification scientifique ni philosophique ?

Enfin, haine et punition sont des aberrations totales dans le cadre du naturalisme scientifique, position philosophique incompatible avec l'existence d'un libre arbitre ontologique servant de fondement inique à toute forme de punition et de haine.
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** "Mein Kampf" expose une rhétorique virulente anti-juive, accusant les Juifs de conspirer pour affaiblir et dominer la société allemande et européenne. Hitler soutient que les Juifs forment une race inférieure, parasitaire et destructrice qui représente une menace existentielle pour la pureté aryenne et l'identité nationale allemande. Le livre appelle explicitement à l'expulsion des Juifs d'Allemagne et à leur ségrégation.

Concernant les homosexuels : Hitler considère l'homosexualité comme une déviance sexuelle et une menace pour la vitalité et la force de la nation allemande. Il assimile l'homosexualité à une forme de corruption morale et dénonce les "vices" qui saperaient la cohésion sociale et la famille traditionnelle.

Par ailleurs, l'euthanasie des malades mentaux et des personnes handicapées serait une solution pour préserver la santé et la pureté de la race aryenne car ces personnes seraient un fardeau pour la société et un obstacle à la réalisation de la société idéale nazie.

Quant aux Tsiganes, ce seraient des nomades sans attaches représentant une menace pour l'ordre social et la sécurité. L'auteur affirme que les Tsiganes ne peuvent pas être assimilés et qu'ils doivent être exclus de la société allemande. Hitler justifie cette exclusion en invoquant la prétendue criminalité et la moralité inférieure de cette population.

***https://link.springer.com/article/10.1023/A:1021891529770 et https://www.apa.org/pubs/journals/releases/bul-1284539.pdf

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Changer les mots ou changer la réalité ?

On pense avec les mots ! Changeons les mots pour changer la réalité ?

Dans certains cas, ce n'est pas si mal de modifier quelques désignations. 

Parler de "personnes en situation de..." mobilité réduite, petite taille, surpoids, détresse psychologique, dépendance... vaut peut-être mieux que de parler d'handicapés, de nains, de gros, de fous, de drogués etc. avec toutes les connotations négatives associées. Mettre en exergue que ce sont des personnes à part entière - et non entièrement à part - a une importance qui n'est pas cosmétique. Désigner les vieux (pas bien) par le terme de seniors (la classe !) entre dans la même catégorie - plutôt positive - qui ne fait de mal à personne. Tout au plus pourrait-on sourire - si l'on est pas concerné - par la désignation d'une "personne en situation de tuer en série", "en situation de dire des conneries" ou de "mal comprenants", "en situation de griller les feux rouges" etc.

Et puis - moins sympathique - il y a quelque chose comme une "novlangue" (langue officielle d'Océania inventée par George Orwell pour son roman d'anticipation 1984 publié en 1949), - soit une simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à dissoudre l'expression des idées potentiellement subversives et éviter ainsi toute formulation critique vis-à-vis de l’État. A dessein éminemment politique...

Extrait démonstratif avec cette anecdote de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT (vidéo entière) :

  • Un licenciement collectif (pas bien) devient un plan social de sauvegarde de l'emploi (bien)
  •  La fragilisation des parcours professionnels (pas bien) devient de la flexisécurité (bien)
  • Une récession économique (pas bien) n'est plus qu'une croissance négative (pas si mal, il y a toujours la notion de croissance)
  • Un exploité (pas bien) est en fait un défavorisé (il n'a simplement pas de chance ; personne n'est responsable) 
  • Les massacres localisés ne sont en fait que des frappes chirurgicales (du médical en somme) et les dégâts collatéraux font partie du traitement (pas d'omelette sans casser des œufs, des vies "innocentes", des familles...)
  • Hommes et  femmes de ménage (pas bien) sont enfin reconnus comme techniciens de surface (bien), ce qui est censé compenser largement la maigre rétribution d'un travail ingrat
  • L'analphabète (pas bien) devient une "personne en situation d'illettrisme" ou "personne en difficulté de lecture et d'écriture" qui est nécessairement coupable de n'avoir pas travaillé en classe
  • Le "sans-abri" ou "clochard" (pas bien) est une "personne en situation d'itinérance" ou "personne sans résidence fixe (SDF)", un statut qu'il a bien évidemment "choisi" en toute liberté
  • Idem pour le "pauvre" ou "misérable" (pas bien) qui est plutôt une personne en difficulté" ou "en situation de pauvreté" dont il est responsable, en fait coupable
  • Le prisonnier ou détenu (pas bien) n'est en fait qu'une "personne simplement privée de liberté", un peu comme si l'on privait de dessert un enfant qui s'est mal conduit. Savoir comment on en arrive là est bien secondaire.
  • Le chômeur (pas bien car feignant) est un "demandeur d'emploi" ou une "personne en recherche d'emploi", soit la promesse d'un nouvel horizon radieux... s'il trouve...
  • Les prostitué(e)s ne sont  rien d'autre que des "travailleurs du sexe" comme on est travailleur du BTP, un choix libre de toute contrainte, évidemment

Sur cette lancée, le fascisme devient une simple option idéologique concurrente de la démocratie.

"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde. Ne pas nommer les choses, c'est nier notre humanité." (Camus)

Il faut "se dépêcher d'en rire de peur d'être obligé d'en pleurer" ( Barbier de Séville), avec le sketch de Franck Lepage :

Tout ceci sans oublier la langue de bois dont on fait les Totems à droite, à gauche... voire les deux "en même temps" (Franck Lepage à nouveau) :


Libre arbitre : une propriété émergente compatible avec la science ?

Quelques scientifiques - pourtant naturalistes dans le sens où ils soutiennent la primauté des lois naturelles chaotiques déterministes et indéterministes (matérialistes) dans l'explication du monde, excluant ainsi toute explication surnaturelle -, tiennent tout de même à conserver la notion de libre arbitre.

Sean Carroll, professeur de recherche en physique, est l'un de ceux-là. 

Si l'on était méchant, on pourrait dire que Carroll se démonétise lui-même dès le début de l'interview en affirmant que son avis ne vaut pas mieux que celui de n'importe quel passant. On pourrait donc s'arrêter là...

Mais continuons. Ce physicien, une figure d'autorité évidente, nous dit que le libre arbitre existe bel et bien, en tant qu'émergence des lois naturelles, un peu comme le statut de la température ou de la pression dans le cadre de la thermodynamique. Il ne semble pas tenir compte du fait que ces "émergences thermodynamiques" sont entièrement dépendantes des conditions initiales et des lois naturelles qui s'appliquent. Aucune transcendance n'est convoquée dans l'explication de ces phénomènes. D'autant que la complexité des phénomènes physiques émergents n'est pas un argument pour légitimer l'existence de forces et de déterminants supplémentaires inconnus comme le montre l'article sur LENIA (voir Emergence de LENIA).

Concernant le concept de libre arbitre (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/libre-arbitre-quesaco.html), il est essentiel de différencier le sentiment de libre arbitre de sa réalité "ontologique". Les neurosciences ont ainsi montré que la sensation de liberté de la volonté (libre arbitre) est dépendante d'un connectome cérébral connu depuis une étude de 2018 (voir https://librearbitre.eu/accueil/psychiatrie-neurosciences/). 

Ce sentiment d'être libre - malgré la méconnaissance partielle des déterminants à l'oeuvre dans la réussite de nos décisions et actions - est probablement un avantage en termes de survie de l'individu et du groupe, au même titre que des croyances diverses (religions, sorcellerie, astrologie, tabous, réincarnation, nécessité de hiérarchie sociale et autres castes...) afin d'organiser la cohésion des sociétés à une époque donnée. Mais ces divers éléments sont des traits culturels en évolution permanente dont nombre d'entre eux sont remis en cause ou abandonnés du fait de l'autre évolution - culturelle -, celle des apports philosophiques (Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche... par exemple) et scientifiques (neurosciences, génétique, sociologie etc.). Ce qu'on appelle l'esprit, l'amour, la rationalité, les désirs, les hallucinations, l'espoir, l'imagination, la peur, le sentiment de volonté libre etc. sont des émergences de l'évolution cérébrale humaine pour la meilleure préservation de l'individu / groupe / espèce possible. Émergences que l'on commence à mieux comprendre mais qui ne sont en aucun cas des entités extracorporelles n'obéissant plus aux lois naturelles déterministes et indéterministes : exit le libre arbitre ontologique qui autoriserait le blâme, la punition, la violence, la vengeance etc.

L'évolution semble avoir configuré notre cerveau avec l'émergence de quelques éléments de méfiance et de peur des autres, de racisme latent voire fortement exprimé : il est vrai que l'humain "autre" est potentiellement le prédateur le plus dangereux du monde. Mais la science nous dit que la notion de races différentes n'existe pas... et l'on pourrait tout de même être raciste ? Le seul qui pourrait - à tort - revendiquer une "pureté" de race ou d'espèce serait l'africain, pur Sapiens Sapiens, alors que les caucasiens (blancs) possèdent environ 2 % de gènes Néandertaliens ! Nos ancêtres ont fauté semble-t-il. Leur morale n'était pas encore aussi évoluée que la nôtre ! Les pauvres.

Bref, la croyance dans un libre arbitre ontologique (métaphysique, transcendantal) ressemble fort à un reliquat de l'âme et de la dualité corps / esprit qui n'ont pourtant plus aucune assise crédible depuis fort longtemps (voir par exemple cette étude en neurosciences : https://www.nature.com/articles/npre.2010.4633.1 et le "Théorème du libre arbitre").

Finalement, ce scientifique nous gratifie d'un : "C'est ce que nous croyons sur la nature de la réalité qui est important en fin de compte"

Non, 1000 fois non. Ce n'est pas une affaire de croyance, de goût ou de couleur qui n'engagerait en rien notre vie commune. Le contenu de ce que nous croyons sur ce sujet philo-scientifique a des conséquences permanentes, quotidiennes sur le monde, la justice, les priorités politiques, le soin des autres etc. Ces croyances dans la chimère de l'âme ou du libre arbitre ont peut-être conduit à des comportements utiles à une époque primitive mais deviennent de vrais boulets dans l'évolution culturelle de l'humanité (loi du Talion* et punitions illégitimes / hiérarchie sociale / méritocratie...). Voir Le côté obscur du Libre Arbitre).

Des boulets datant du pléistocène qui n'ont plus lieu d'être actuellement.

*Loi du Talion qui est toujours censée être appliquée dans certaines cultures, notamment aux  "Lueurs du Coran" - mais pas que - justifiant ainsi la peine de mort :

"Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le talion a un effet dissuasif certain s’il est appliqué en toute justice car il empêche la mort plutôt que l’encourage comme cela plait à dire à ceux qui luttent contre la peine de mort. Il est vrai que celle-ci doit absolument être réglementée et que ses dossiers soient bien ficelés afin d’éviter les dépassements malintentionnés auxquels on assiste régulièrement, mais de là à l’abolir purement et simplement, les droits de la victime ne seraient-ils pas bafoués ?https://www.lueursducoran.com/l-appel-celeste/lappel-aux-croyants/oeil-oeil-dent-dent/#:~:text=La%20loi%20du%20talion%20fait%20partie

Il est vrai que la mort n'a que peu d'importance : "Quand bien même le musulman serait tué dans la voie de Dieu, cela n’est guère un problème, car tout simplement il sera généreusement rétribué."   https://www.lueursducoran.com/l-appel-celeste/lappel-aux-croyants/moment-mort-arrive/

Alors, dans ce cas...

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Violences, biais de négativité et extrême droite

« Tout d’abord, permettez-moi d’affirmer ma ferme conviction que la seule chose que nous ayons à craindre est la peur elle-même – une terreur sans nom, irraisonnée et injustifiée qui paralyse les efforts nécessaires pour transformer la retraite en avancée. » – Franklin Roosevelt

Selon la théorie de l'évolution, les espèces qui survivent sont celles qui s'adaptent le mieux à leur environnement. Dans le cas du cerveau humain, cela s'est traduit par le développement de mécanismes d'alerte pour faire face aux menaces de survie. 

Ainsi, notre cerveau est programmé pour accorder une attention particulière aux dangers potentiels du fait d'un biais de négativité, également connu sous le nom d’asymétrie positive-négative, une distorsion de la pensée qui fait que les individus accordent plus d’attention et réagissent plus fortement aux stimuli négatifs qu’aux stimuli positifs. Ce biais intervient de manière implicite dans la perception de l’entourage, le traitement des émotions, le choix des préférences etc.

A que « Ce qui intéresse les gens, c'est quand ça va mal. »

Selon le dictionnaire de l’American Psychology Association, le biais de négativité désigne « la tendance des gens à accorder un poids et une considération disproportionnés aux informations et aux événements négatifs dans la prise de décision et la perception ». En général, les éléments négatifs marquent plus l’esprit que ceux qui sont positifs.

Cette focalisation sur les menaces se reflète dans notre intérêt pour les mauvaises nouvelles. Les médias, en particulier les journaux télévisés, privilégient les sujets anxiogènes, tels que les catastrophes naturelles, les accidents, les crimes et les conflits. Cette tendance s'explique par notre désir d'être informés des dangers potentiels afin d'améliorer notre survie.

"L'omniprésence des biais de négativité s'étend au fonctionnement des institutions politiques - des institutions qui ont été conçues pour donner la priorité aux informations négatives de la même manière que le cerveau humain." (Soroka, 2014).


Ce qui intervient par conséquent dans notre sentiment toujours plus important d'insécurité... qui en fait a peu évolué depuis 2010 : environ 20 % des personnes de 14 ans et plus déclarent se sentir en insécurité, ce qui n'est tout de même pas rien... Pourtant, de nombreuses études montrent que les niveaux de violence dans la société ont fortement diminué au cours des dernières décennies. Par exemple, selon les données de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, le taux d'homicides volontaires dans le monde a diminué de 16 % entre 2000 et 2017 (ONUDC, 2019).

Paradoxalement, les citoyens se sentent de moins en moins en sécurité probablement du fait du biais de négativité, des expositions quotidiennes aux violences du monde (chaînes info en continu qui doivent être alimentées) et d'un seuil abaissé d'acceptabilité. Ce sentiment d'insécurité est exploité par les partis d'extrême droite et leurs canaux d'information mettant en avant des thèmes tels que l'immigration, le grand remplacement, la mise en exergue des violences pour entretenir une peur généralisée de l'étranger et des cultures différentes (Wodak, 2015) :

"Les partis populistes de droite occupent le devant de la scène, certains atteignant le sommet de l’échelle électorale : mais savons-nous pourquoi, et pourquoi maintenant ? Ruth Wodak retrace les trajectoires de ces partis depuis les marges du paysage politique jusqu’à son centre, pour comprendre et expliquer comment ils se transforment de voix marginales en acteurs politiques persuasifs qui définissent l’ordre du jour et encadrent les débats médiatiques. En mettant à nu la normalisation de la rhétorique nationaliste, xénophobe, raciste et antisémite, elle construit un nouveau cadre pour cette « politique de la peur » qui creuse de nouvelles divisions sociales entre la nation, le genre et le corps. Le résultat révèle la micropolitique du populisme de droite : comment les discours, les genres, les images et les textes sont interprétés et manipulés dans des contextes à la fois formels et quotidiens, avec de profondes conséquences."

Le problème semble résider dans l'inadaptation de notre psychisme ancestral aux progrès de la civilisation, dont notamment la révolution numérique, l'intelligence artificielle, l'évolution des mœurs... Cette inadaptation se traduit par un conservatisme symptôme des peurs, avec des répercussions sur l'amygdale cérébrale, une région du cerveau impliquée dans la peur et l'anxiété (L'amygdale est responsable de réguler et d’analyser les émotions telles que la peur, l’anxiété ou encore la colère. Elle joue un rôle de détecteur de danger : puisque les émotions négatives sont parfois signes de danger, l’amygdale est donc encline à s’y attarder dans le but de nous protéger).

Cette inadaptation se manifeste également par la nostalgie du passé, illustrée par la formule "c'était mieux avant", une nostalgie souvent associée à un désir de sécurité et de stabilité qui contraste avec les changements rapides et parfois déstabilisants de la société moderne. Ce biais de négativité peut conduire à une détresse psychologique et limiter notre exploration du monde extérieur du fait d’une conception biaisée de la réalité. Il est donc important d’être vigilant et de réguler la manifestation de cet effet.

Au passage, un autre biais peut aider à comprendre : le biais du raisonnement motivé qui tend à prêter attention aux informations qui confirment ses croyances et à rejeter celles qui les remettent en question. Ce biais pousse à développer des rationalisations pour maintenir ses croyances, évitant ainsi la dissonance cognitive.

Que faire ?

Concernant le "sentiment" d'insécurité, il faut tout d'abord accepter l'idée que, malheureusement, le risque zéro n'existe pas, même dans un monde où chacun serait suivi par une caméra policière. Sur ce sujet, le paradigme du contrôle total des individus rejoint les pires cauchemars totalitaires ("1984" / Chine / Corée du Nord etc.). 

En revanche, l'éducation aux médias peut aider les individus à mieux comprendre le fonctionnement des médias et à développer un esprit critique (vigilance épistémique) face à l'information concernant les désastres du jour. Ce qui peut contribuer à réduire l'anxiété liée à la consommation de mauvaises nouvelles et à adopter une vision plus nuancée de la réalité (Potter, 2013).

Par ailleurs, le développement de l'intelligence émotionnelle, c'est-à-dire la capacité à reconnaître, comprendre et gérer ses émotions, peut aider les individus à mieux faire face aux défis de la modernité. En particulier, l'intelligence émotionnelle peut contribuer à réduire l'anxiété et à améliorer la résilience face aux changements (Goleman, 1995).

Enfin, la promotion du vivre-ensemble, c'est-à-dire la capacité à vivre en harmonie avec les autres malgré les différences culturelles, peut aider à réduire les peurs liées à l'étranger et aux cultures différentes. Cela pourrait passer par la mise en place de politiques publiques favorisant la mixité sociale et la lutte contre les discriminations (Putnam, 2007).

"Il n’y a pas de traversée du désert, 

il n’y a qu’une marche vers l’oasis" (Proverbe arabe)

Rédactrice : Martine Cazenabe

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