Le dilemme ou syndrome du hérisson est une métaphore des relations humaines.
Et il y a quelques bonnes raisons de s'y intéresser quand on constate les difficultés rencontrées par les couples et les familles qui éclatent... Selon les données nationales, près d’1 famille sur 4 est monoparentale en France, dont 82 % de mères seules (Insee, Observatoire des territoires). 40 % de ces familles monoparentales vivent sous le seuil de pauvreté, avec des difficultés accrues d’accès au logement, à la garde d’enfants et aux loisirs. Syndrome du hérisson ?
Formulé par Arthur Schopenhauer en 1851 dans Parerga et Paralipomena, puis repris par Sigmund Freud, le dilemme du hérisson illustre la tension entre besoin de proximité et risque de blessure mutuelle. L'hivers, les hérissons, transis de froid, cherchent à se rapprocher pour se réchauffer, mais leurs piquants les blessent. Ils oscillent entre rapprochement et prise de distance, ce qui est inconfortable et générateur de conflits.
Cette métaphore traduit la difficulté humaine à trouver une
juste distance relationnelle : trop loin = solitude / trop près = souffrance.
Schopenhauer lui-même niait la pertinence du libre arbitre : il affirmait que l’humain est déterminé par ses conditions d'existence au sens large.
Mais quelle peut être l’articulation entre scepticisme concernant
le libre arbitre et dilemme du hérisson ?
Si nos comportements et notre conscience sont déterminés, les blessures
relationnelles ne sont pas entièrement imputables à une « mauvaise volonté » librement choisie. Cela
favorise une tolérance accrue dans les relations. Le scepticisme dans le libre
arbitre aide à comprendre que la souffrance relationnelle est inévitable et non
le fruit d’un choix libre.
On ajuste alors la distance avec réalisme, plutôt que de
chercher une fusion impossible.
Puisque la liberté absolue n’existe pas dans ce paradigme matérialiste, il faut des normes
et médiations (règles, institutions, rituels) pour réguler la proximité. Ces
cadres compensent l’absence de libre arbitre et permettent une cohabitation
harmonieuse.
Ce scepticisme invite également à la modestie : nos attentes
envers autrui doivent être limitées. Ce qui réduit les frictions et encourage une
compassion pragmatique.
Le scepticisme sur le libre arbitre ne supprime évidemment pas
le dilemme du hérisson, mais il le rend gérable. Il transforme la tension
entre distance et proximité en une négociation consciente. En acceptant que
nos choix soient conditionnés, nous développons une attitude compatissante et
réaliste qui amortit les piquants du hérisson.
Ainsi, la philosophie du déterminisme devient un outil pour
penser la coexistence humaine : moins de culpabilité, plus de régulation, et
une recherche d’équilibre entre solitude glaciale et fusion étouffante.


