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Conception actuelle de la Justice : incohérence à tous les étages !

Les neurosciences - qui n’arrivent pas à trouver de libre arbitre dans le cerveau mais seulement un circuit (connectome) de la sensation de liberté de choix (voir Searle, arc en ciel et... libre arbitre- n’en finissent pas d’inquiéter les juristes qui tiennent à sauver à tout prix cette chimère de libre arbitre. 

Une lutte de pouvoir entre médecine et droit ? Le bon temps des punitions (peines rétributives) pourrait devenir has been ? Quelle horreur !

Il suffit de lire des articles de spécialistes du droit pour voir l’ampleur des dégâts intellectuels sous forme de concours d'incohérences scientifiques et philosophiques. 

Prenons cet exemple : "Neurosciences et évaluation de la dangerosité. Entre néo-déterminisme et libre-arbitre" par Peggy Larrieu.

Voyons quelques perles de cette spécialiste du droit :

« … si l’existence de déterminants neurobiologiques est indéniable, ils cohabitent et/ou rentrent en conflit avec d’autres déterminants de nature sociale et, c’est justement parce qu’il existe une compétition entre ces différents facteurs biologiques et culturels, que l’idée de liberté reste plausible. »

Si l’on comprend bien l'autrice, des déterminants « neurobiologiques » + des déterminants « sociaux » en interaction permanente permettraient de s’affranchir d’une détermination chaotique laissant la place à une liberté ontologique ? Matérialisme + matérialisme = spiritualisme ?

« Par ailleurs, les découvertes sur la plasticité du cerveau, et sa capacité à se façonner en fonction de l’expérience vécue et des apprentissages à tous les âges de la vie, sont inconciliables avec un déterminisme strict et ouvrent l’horizon des possibles. »

L’expérience vécue, les apprentissages chez l’humain - comme chez l’animal - permettent de s’adapter au mieux possible (survie) dans un univers bien souvent hostile. A quel moment et par quel(s) mécanisme(s) de « plasticité cérébrale » les déterminants de l’enfance feraient émerger quelque chose - le libre arbitre - qui n’aurait plus rien à voir avec les déterminations préalables ?

« Enfin, il faut tenir compte de l’irréductible fantaisie de l’être humain, qui est capable de se comporter de manière tout à fait irrationnelle. En conséquence de quoi, il nous semble que le comportement humain restera toujours imprévisible.»

Certes. Mais cette fantaisie, cette imprévisibilité irrationnelle humaine (comme animale) n’est pas l’œuvre d’un processus magique mais de l’indétermination / imprévisibilité issue du chaos déterministe (voir Fatalisme ? Fatal error !). Il est vrai que les propos des diverses citations ci-dessus montrent toute l'ampleur de l'irrationalité humaine.

Plus loin :

« Quoi qu’il en soit et, en définitive, il apparaît que le dualisme cartésien ne peut plus sérieusement être soutenu. Comme Spinoza l’avait soutenu en son temps, le mental n’est pas fondamentalement séparé du biologique. Nos pensées affectent notre corps et notre cerveau. Et inversement, tout changement dans le cerveau ou le corps affecte le fonctionnement mental. Il existe donc une interaction bidimensionnelle entre le fonctionnement mental et le fonctionnement cérébral. Toutefois, ceci ne remet nullement en cause l’existence et la possibilité du libre-arbitre. »

Et bien si, justement. Un argument d’autorité sans fondement, sans justification quelconque, sinon le sentiment que l'on ressent d'une liberté de choix (connectome déjà cité). Quant à la référence concernant Spinoza que l'autrice semble apprécier : ce grand philosophe combattait pied à pied la chimère du libre arbitre. Comprenne qui pourra.

Plus loin :

« Ainsi donc, alors que la psychanalyse enseigne depuis déjà plus d’un siècle que nous ne sommes pas seuls maîtres en notre demeure... ».

Je ne suis pas seul maître en ma demeure ? Ce type de formulation est terriblement inepte. Qui est ce « je » sinon l’amalgame complexe d’un corps biologique doté d’un inconscient, d’une mémoire vive et d'une autre enfouie, d’une conscience qui ne peut pas tenir compte en permanence de tous les biais cognitifs etc. L’autrice renoue ici avec la dualité cartésienne dont elle a dit tout le mal qu’elle en pensait - à juste titre - dans son paragraphe précédent.

Plus loin :

« Autrement dit, dans cette perspective, nous ne serions rien de plus que les cellules qui nous composent.

Ben oui ; jusqu'à preuve du contraire. Preuve que nul n'apporte.

« (Mais) qui dit déterminisme biologique, dit absence de responsabilité… »

Faux. Personne ne dit qu’il n’existe qu’un déterminisme biologique. Le déterminisme social joue son rôle (Bourdieu), et la survie tient compte des déterminants sociaux + biologiques dans un chaos imprévisible (effet « papillon ») qui nécessite l’outil statistique… Ce qui est valable pour la météo (soleil avec 70 % de chance demain) est aussi valable pour la dangerosité du délinquant. Aucune certitude absolue ; et c’est tout le problème.

« Le naturalisme ne conduit pas nécessairement au réductionnisme. S’il est vrai qu’il existe de nombreux déterminants au niveau biologique, il se pourrait qu’à un niveau supérieur, la conscience libre conserve un rôle causal. » 

Il se pourrait ? Dans la même veine, il se pourrait que n’importe quoi existe (enfer / paradis / sainte trinité / vie éternelle / complot mondial de tel groupe ou tel autre…). Et qui a montré que la conscience est libre ? Et qu’elle pourrait avoir un rôle causal ?

« Si le processus de décision est initié au niveau cérébral, la conscience du sujet et sa volonté ne sont pas tout à fait impuissantes. »

Ce n’est pas que conscience et volonté sont « impuissantes » ; c’est qu’elles sont déterminées - si ce ne sont pas simplement des épiphénomènes - par les lois naturelles comme tout ce qui existe.

« A propos du choix « libre » : « Il est vrai que nous ne sommes pas en mesure de déterminer si ce choix est véritablement libre ou s’il est déterminé à un autre niveau… ».

Il faudrait savoir ! Un peu de lucidité ne fait pas de mal.

Arrêtons cette liste d’incohérences à la Prévert. Si l'on se fie à ce que l'on sait (lois naturelles) et non à ce que l'on ne sait pas, personne ne peut être coupable de ce qu’il est ; donc pas de « punition » possible, mais une responsabilité qui reste entière du fait qu’on n'est pas seul au monde.

Convenons que le libre arbitre "ontologique" serait un phénomène "extraordinaire" dans le cadre des lois naturelles. Et pour accepter des phénomènes extraordinaires, il faudrait des preuves tout aussi extraordinaires !! Sans aucun acharnement à son égard du fait de la bouillie philosophico-scientifique qui règne dans notre culture, on est encore très loin du compte avec cet article de P. Larrieu.

Ainsi, dans un cadre matérialiste, le concept de liberté n'est que la capacité d’un système déterminé à agir selon ses propres mécanismes internes, sans contrainte externe ou interne (type maladie / accident...) qui entraverait sa volonté causalement déterminée.