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Coopération versus Trahison

Le dilemme du prisonnier montre de façon assez surprenante que les stratégies humaines (et plus largement naturelles) de coopération l'emportent sur le moyen/long terme sur les stratégies de trahison.

Que donne un monde où la trahison est la règle ?

Les individus, entreprises et nations partent du principe que tout le monde cherche à maximiser son propre intérêt au détriment des autres. La confiance serait quasi inexistante.
Les relations sont opportunistes et éphémères. Les engagements (contrats, promesses, alliances) sont systématiquement rompus dès qu’un avantage individuel apparaît et la rivalité est omniprésente, mais sans cadre éthique ou coopératif, elle dégénère en conflits, sabotage ou exploitation.
Les relations humaines sont marquées par la suspicion. Les amitiés, les partenariats amoureux ou professionnels sont fragiles, car chacun craint d’être trahi.
La culture valorise l’individualisme extrême, la ruse et la victoire à tout prix. Les héros sont ceux qui “gagnent” en manipulant ou en écrasant les autres.
Les institutions (gouvernements, écoles, associations) sont faibles, car personne ne respecte les règles communes. La corruption est endémique.

En économie, les marchés sont chaotiques, car les entreprises trichent (fraudes, non-respect des contrats, dumping). Les coûts de transaction explosent à cause des garanties nécessaires pour limiter les trahisons (avocats, assurances, surveillance). L’innovation stagne : partager des idées ou collaborer sur des projets est risqué, car les partenaires volent ou sabotent. Les progrès technologiques sont lents. Les ressources sont gaspillées dans des luttes pour le pouvoir ou des conflits (guerres commerciales, litiges).

Concernant la politique et les relations internationales : les nations s’engagent dans des guerres ou des courses aux armements sans fin, car aucune alliance ne tient. Les traités sont violés dès qu’un avantage unilatéral apparaît. Les problèmes globaux (changement climatique, pandémies) sont ignorés, car aucun pays ne veut investir dans des solutions collectives sans garantie de réciprocité. Les organisations internationales sont inefficaces, minées par des veto et des agendas cachés.

Les conséquences à long terme sont catastrophiques !

Ce monde est instable et autodestructeur. Les ressources s’épuisent, les conflits s’intensifient, et la qualité de vie décline. Le dilemme du prisonnier, où la trahison mutuelle donne le pire résultat collectif, se répète à l’infini.
La société pourrait s’effondrer ou évoluer vers un système autoritaire extrême, où une force centrale impose l’ordre par la peur, limitant les trahisons mais au prix de la liberté...

Fort heureusement, nous ne sommes pas dans ce cas-là. 
Enfin... 

On a le droit de rêver à un monde où la coopération domine !

Les individus et groupes supposent que les autres agiront pour le bien commun. La coopération est la norme, renforcée par des mécanismes de réciprocité et de réputation.

Les relations sont durables, basées sur des engagements mutuels. Les conflits sont résolus par le dialogue et la négociation.
La rivalité existe (par exemple, dans le sport ou l’innovation), mais elle est encadrée par des règles et des valeurs partagées, évitant les comportements destructeurs.

Les relations humaines sont profondes et solidaires. Les communautés prospèrent grâce à l’entraide, que ce soit dans les familles, les quartiers ou les organisations. La culture célèbre la collaboration, l’empathie et les réussites collectives. Les héros sont ceux qui unissent, innovent ensemble ou résolvent des problèmes communs. Les institutions sont robustes, car les citoyens respectent les lois et participent activement à leur amélioration. L’éducation met l’accent sur la coopération et la résolution de conflits.

En économie, les marchés sont efficaces et stables, car les entreprises collaborent sur des standards, partagent des innovations et respectent les contrats. Les coûts de transaction sont faibles grâce à la confiance. L’innovation explose : les chercheurs, entreprises et gouvernements partagent leurs découvertes, accélérant les progrès technologiques (par exemple, des percées en énergie renouvelable ou en médecine). Les inégalités sont réduites, car la coopération favorise des politiques de redistribution et des opportunités équitables. Les ressources sont gérées de manière durable.

Politique et relations internationales : les nations forment des alliances solides pour résoudre les problèmes globaux. Des accords climatiques, des campagnes de santé publique ou des traités de paix sont respectés et renforcés. Les organisations internationales (comme une ONU renforcée) coordonnent les efforts mondiaux avec succès, car les pays privilégient le bien commun sur les intérêts nationaux à court terme. Les conflits sont rares et résolus par la médiation. Les budgets militaires diminuent, libérant des ressources pour l’éducation, la santé ou l’infrastructure.

Les conséquences à long terme sont bénéfiques !!

Ce monde est stable et prospère. Les problèmes globaux sont gérés efficacement, la qualité de vie augmente, et les sociétés s’adaptent aux défis grâce à la collaboration.
Le dilemme du prisonnier est résolu par des stratégies coopératives (comme “donnant-donnant” dans les jeux itérés), où les acteurs maximisent les gains collectifs tout en protégeant leurs intérêts.
Cependant, ce monde pourrait être vulnérable à l’exploitation par des acteurs opportunistes si des mécanismes de sanction ou de vigilance ne sont pas en place.

En conclusion, le monde de la trahison est un cercle vicieux menant à l’épuisement des ressources et à l’instabilité. Le monde de la coopération est un cercle vertueux favorisant la durabilité et la résilience.

La trahison freine l’innovation par peur du vol ou du sabotage ; la coopération l’accélère par le partage et la synergie.

La trahison crée un environnement stressant, où chacun est isolé ; la coopération favorise le bien-être, la sécurité et l’épanouissement collectif.

Aucun de ces mondes n’existe sous forme pure. Le monde réel oscille entre les deux, avec des contextes où la trahison domine (Vous ne trouvez pas qu'il commence à faire un peu chaud ?) et d’autres où la coopération prévaut (par exemple, les alliances scientifiques). 
Le défi est de concevoir des systèmes qui favorisent la coopération tout en dissuadant la trahison. 

Une utopie ? 
Tout dépend de nous.

En complément, lire cet article "Eux contre nous". 
Et pour ceux qui cherchent à comprendre les origines de la paix et de la guerre - sujet très connexe - voir cette conférence particulièrement riche de Hugo Meijer, chargé de recherche CNRS au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris : "Aux origines de la guerre et de la paix dans l’espèce humaine"

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Le corbeau croasse et l'Homme croit

"Le corbeau croasse, et l'herbe croît
Le crapaud coasse, et l'Homme croit"
Claude Nougaro (à peu près)

Je "crois" que la Terre est ronde. Pourtant, je ne l'ai jamais vérifié par moi-même mais je tiens compte de tous les éléments scientifiques accumulés. 

Ce qui n'est manifestement pas une attitude (altitude ?) allant de soi :

Les croyances peuvent pourtant être utiles, fournissant à l’individu une représentation plus ou moins fiable de son environnement afin de contribuer à des prises de décision adaptées au contexte. Contrairement aux simples perceptions, le contenu informationnel des croyances permet aux individus de dépasser l’ici-et-maintenant auquel ils sont reliés par leurs organes sensibles.

La notion de croyance sert à désigner l’adhésion à des idées, des opinions, des valeurs sans qu’une démonstration rationnelle, empirique ou théorique n’ait toujours été convoquée à l’élaboration et l’adoption des croyances en question. La croyance peut être simplement une idée, une pensée qui, maintes fois répétée, devient "notre réalité". 

Les  croyances peuvent être plus ou moins "chargées", aussi bien au niveau épistémique (la qualité informationnelle des contenus entretenus), affectif (les conséquences de leur vérité pour le bien-être de l’individu), que social (le degré auquel elles sont partagées au sein de son groupe d’appartenance).

Finalement, la croyance est un sujet complexe qui fait l’objet de nombreux débats théologiques, philosophiques et scientifiques depuis fort longtemps. 

Comme nous le précise le théologien (!) Hans-Ferdinand Ange : 

"De  nouvelles  découvertes  en  neuroscience  cognitive  montrent  que  les  croyances  sont  le  produit  de  processus  cérébraux  provoqués  par  des   processus  neuronaux  en  évolution  rapide  en  dehors  de  la  conscience  consciente (...) Les preuves empiriques d'un traitement inconscient sont  accablantes. Néanmoins, les gens font confiance à leurs perceptions et les considèrent  comme  subjectivement  vraies."*

Mais on ne devrait pas croire n'importe quoi venant de n'importe qui... sous peine de mort comme l'a montré l'illusionniste, sceptique et investigateur James Randi concernant l'arnaque des chirurgiens à mains nues. 

Vidéo étonnante, et message clair de James Randi : 

« Ne soyez pas trop sûr de vous. Peu importe à quel point vous êtes intelligent ou bien éduqué, vous pouvez être trompé ». 

Mais ça, tout de même, c'est bien un OVNI, non ?


Non : c'est un "nuage lenticulaire".
Voir également cette vidéo qui aborde nos croyances étranges (possibilité de sous-titres en français).

Mais comment s'y retrouver dans cette profusion de croyances chaotiques allant dans tous les sens, contradictoires bien souvent et potentiellement néfastes pour l'individu et/ou le groupe ?

Une boussole : pas de preuves = pas de raisons de croire
Ou encore : la charge de la preuve est supportée par celui qui affirme quelque chose
Ou bien même : "ce qui est affirmé sans preuve, peut être nié sans preuve" (Pierre-Simon Laplace)
Nous sommes au quotidien très loin de cette rigueur !

Et si la science n'explique pas tout, les livres religieux n'expliquent rien du tout. En fait, foi, spiritualité et religiosité semblent se situer dans un circuit cérébral commun centré sur la substance grise périaqueducale (étude). D’autres études sur la religion et la spiritualité (R/S) ont montré plusieurs régions cérébrales potentiellement associées au développement et au comportement du R/S, notamment le cortex frontal médian, le cortex orbitofrontal, le précunéus, le cortex cingulaire postérieur, le réseau en mode par défaut et le noyau caudé (étude), soit des entités bien « matérielles »  ne pouvant pas se passer des lois naturelles.

En science - comme en justice - la charge de la preuve est cruciale pour valider les hypothèses et les théories. Les scientifiques doivent fournir des preuves expérimentales et des données pour étayer leurs hypothèses. Sans preuves solides, une hypothèse ne peut pas être acceptée comme une théorie valide. Ainsi, la médecine basée sur les preuves (ou Evidence-Based Medicine) est une approche visant à intégrer les meilleures données et pratiques scientifiques disponibles dans l'intérêt des patients.

Voici une vidéo intéressante sur la croyance en générale, et la foi en particulier. A voir, vraimentCroire ou ne pas croire... et son corollaire concernant le curseur de vraisemblance selon Henri Broch, professeur de physique et directeur du laboratoire de zététique.

Mais au fait : décide-t-on "librement" (libre arbitre) de nos croyances ? 
Le prix Nobel Daniel Kahneman a montré à quel point nos croyances sont influencées par des biais cognitifs. Le biais de confirmation, par exemple, nous pousse à chercher et à interpréter des informations qui confirment nos croyances existantes, limitant ainsi notre capacité à changer volontairement de croyances.
Autre biais bien connu : la dissonance cognitive suggère que les individus ressentent un inconfort lorsqu'ils sont confrontés à des informations contradictoires avec leurs croyances. Pour réduire cette dissonance, ils peuvent soit ajuster leurs croyances, soit ignorer ou rationaliser les nouvelles informations, montrant une résistance au changement de croyance. Continuer de jouer au loto malgré les échecs successifs et penser que plus on perd, plus on se rapproche "statistiquement" du gain mirobolant, ce n'est guère rationnel mais cela fait tellement de bien d'espérer !

La théorie du « cerveau bayésien » prédictif permet de comprendre comment le cerveau génère des inférences afin de déterminer la probabilité des informations sensorielles qu’il va recevoir au fur et à mesure de ses expériences, puis comment il modifie ses croyances en fonction des informations sensorielles perçues.

Bref, une affaire de neurones qui ne soufrent pas de l'existence d'un libre arbitre surnaturel quelconque.

La foi, les "forces de l'esprit"... ne peuvent être que des arrangements subtils du chaos déterministe ; et ce n'est rien d'autre. Ou alors on change de paradigme en glissant du matérialisme vers le spiritualisme comme dans cette séquence avec Jean d'Ormesson (spiritualiste) commentée par J.L. Mélenchon (matérialiste).


Au fait, est-ce que l'animal "croit" ? 
Sans tomber dans un anthropomorphisme débridé, des philosophes suggèrent que les animaux peuvent avoir des croyances implicites basées sur leurs interactions avec le monde. Ces croyances ne sont pas nécessairement conscientes ou réfléchies au sens humain du terme, mais elles influencent leur comportement et leurs décisions toujours dans le cadre du cerveau bayésien commun animal / animal-humain. 
Les études sur la cognition animale montrent que de nombreuses espèces ont des capacités cognitives sophistiquées. Les chimpanzés utilisent des outils, les dauphins ont une conscience de soi et les corbeaux montrent des comportements de planification : donc les corbeaux ne font pas que croasser ; il croient. Ces capacités suggèrent que certains animaux possèdent des formes de "croyance" ou de compréhension du monde. Le lion, de par son obligation de chasser pour survivre, son "éducation" et son expérience de chasse pense / croit "statistiquement" que cette petite gazelle écartée du troupeau sera une meilleure proie à moindre frais. Pour des raisons semblables, je pense / crois d'expérience que cette brioche là est le meilleur choix après avoir étudié son rapport qualité / prix.

Oui mais... quid de la spiritualité que seul l'animal-humain possède ? Notons que de nombreuses espèces animales montrent des signes d'empathie et d'émotions complexes. 

Par exemple, ce chat qui veut jouer avec "son ami" le chien. Le chat fait semblant de le mordre... et regardez l'interaction :


Une fois, deux fois... et c'est une de trop pour le chien qui le fait savoir. Le félin comprend qu'il ne faut pas aller plus loin et fait "allégeance" avec une grande douceur en prenant contact avec la patte du chien et son regard pour montrer que c'était juste pour jouer. Et en plus, il parle !
Attendrissant, non ? 
Certains pourraient avancer que cette interprétation est entachée d'anthropomorphisme. Je n'y crois pas une seconde étant donné la séquence des actions et des émotions générées dans cette vidéo qui met en scène des éléments vécus également par les humains. On peut rapprocher tout ceci du dilemme du prisonnier (voir Un sacré dilemme pour la "Morale" !montrant les tensions entre coopération et trahison. Il ne s'agit pas d'une différence de "nature" entre animal et humain mais juste une différence de "degré" dans la complexité des interactions, ce qui montre à nouveau le continuum entre animal et humain.

Autre exemple : les grands singes peuvent éprouver de la tristesse, de la joie et du deuil. Ces émotions peuvent être liées à des expériences spirituelles chez les humains. Certains animaux, comme les dauphins, les grands singes, les pies et les corbeaux, les éléphants d'Asie etc., montrent des signes de conscience de soi, ce qui est un élément central de nombreuses expériences spirituelles humaines (la capacité de se reconnaître dans un miroir est un indicateur de conscience de soi).
Certains animaux montrent des comportements qui pourraient être interprétés comme étant des rituels. Par exemple, les éléphants sont connus pour avoir des comportements complexes autour des dépouilles d'autres éléphants, ce qui pourrait suggérer une forme de respect ou de rituel.

Mais les animaux n'ont pas le langage ! 

Enfin... ce dialogue (!!) avec un primate laisse rêveur : voir conversations avec Koko, la gorille.

Pourrait-on enfin admettre le continuum évident entre animal et humain, sans l'ombre d'un libre arbitre ontologique dans les deux cas ?

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*Credition and the neurobiology of belief: the brain function in believing - Hans-Ferdinand Ange - https://doi.org/10.20935/AcadBiol7359

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Le cas Kane

Dans les quelques philosophes libertariens ayant écrit sur le Libre Arbitre (LA), Robert Kane est peut-être le plus connu.

Le courant libertarien considère que seule la liberté de la volonté (= libre arbitre) est aux commandes dans les comportements humains. Les déterminants internes et externes - que les libertariens contestent, qu'ils soient biologiques ou environnementaux - ne font pas le poids face à une liberté totale triomphante que l'on pourrait rapprocher de la conception Sartrienne. Nous aurions cette propriété extraordinaire dans l'univers d'être "cause de nous-mêmes" (causa sui), affirmation insoutenable abandonnée par les scientifiques mais encore bien vivace en philosophie et en politique (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/moi-moi-moi-ayn-rand-la-libertarienne.html).

C'est le cas de Robert Kane qui soutient (depuis 60 ans !) que les agents (humains !) dans un monde indéterminé peuvent posséder un Libre Arbitre, et ont ainsi "le pouvoir de faire des choix dont ils ont la responsabilité ultime", pouvoir qui ne peut être expliqué qu'en fonction de leur propre volonté (c'est-à-dire leur caractère, leurs motifs et leur volonté). Plus une profession de foi qu'un raisonnement rationnel, d'autant que Kane considère que ses positions ne sont pas en contradiction avec la notion de déterminisme et le corpus scientifique qui en découle.

Mais comme d'habitude avec les tenants de l'hypothèse libertarienne, Kane ne se demande à aucun moment d'où viendrait la volonté X plutôt qu'Y... L'animal n'aurait-il pas de "volonté" (chasse / reproduction / survie au sens large) sans posséder pour autant de Libre Arbitre selon Kane et l'ensemble des libertariens ?


Et comment l'indéterminisme au cœur de la doctrine libertarienne pourrait-il contribuer à la culpabilité (faute) morale ? 
  • Un lancer de dés en dehors de la conscience ? 
  • Une déviation des atomes dans leur course dépendante des lois naturelles ? 
  • Et par quelle "force" ? Le clinamen* d'Epicure ? Qui viendrait d'où si ce n'est des lois naturelles déterministes et indéterministes alors que les lois de la thermodynamiques interdisent toute déviation des atomes non causée par une force préalable ? 
  • Ou bien la "force" d'un "Monsieur Plus", super héros non détecté malgré nos études de plus en plus poussées (IRM...) ?
  • Enfin, la responsabilité morale dépendrait de la fausseté du déterminisme, alors que le déterminisme est infalsifiable (non réfutable / impossibilité de prouver sa "fausseté") et sert de base théorique (axiomatique) à toute tentative scientifique. Pour un naturaliste scientifique déterministe, l'indétermination du monde est en relation avec le chaos déterministe et non l'indéterminisme quantique qui ne peut de toute façon pas agir à l'échelle des neurones (chaleur / humidité...).
Chez ce philosophe américain comme pour beaucoup d'autres, il existe une confusion systématique entre responsabilité et culpabilité. Ainsi, un individu ivre qui écrase un enfant est responsable : c'est bien lui qui est à l'origine du drame. Mais est-il coupable, c'est-à-dire aurait-il pu faire autrement ? Si une IRM montre qu'il est porteur d'une tumeur frontale, est-ce que cette tumeur peut être la "cause" de l'infraction ? Ou est-ce le fait d'être ivre ? Car si la seule cause est la tumeur, il est responsable mais non coupable : il faut le soigner et ce chauffard n'ira pas en prison. Si l'ivresse est seule en cause, il est "théoriquement" coupable : Kane vous dira que le conducteur ne pouvait peut-être pas faire autrement sur le moment, mais qu'il est coupable d'avoir commencé à boire exagérément des années auparavant... A moins de reconnaître que, comme la tumeur frontale, l'alcoolisme est une maladie comme une autre : ce qui est effectivement le cas... Et dans le cas où l'on admettrait que l'accident est déterminé par les deux "causes mélangées", tumeur + alcool : dans quelles proportions respectives ??? 

Soit un sacré mic-mac pour les experts et les juges, comme dans le cas d'un toxicomane qui développe une bouffée délirante au point de tuer une dame âgée (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/un-psychiatre-sceptique-du-libre.html). 

Finalement, Kane pense pouvoir s'appuyer sur l'argument de la conséquence : il nous faut bien un Libre Arbitre pour légitimer la punition des contrevenants... Argument de la conséquence plus que discutable (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/quelles-consequences-de-largument-de-la.html). 

Mais Kane avance qu'une certaine science - à défaut d'une science certaine - va bien dans son sens puisque des études ont montré que les gens se comporteraient mal s'ils ne croyaient plus dans ce fameux libre arbitre, avec pour conséquence une augmentation des comportements antisociaux tels que la tricherie (Martin, Rigoni, et Vohs, 2017; Vohs et Schooler, 2008), le racisme (Zhao, 2014), et l’agressivité envers les autres (Baumeister et al, 2009), ainsi qu’une diminution des attitudes prosociales exprimées dans les comportements altruistes (Baumeister, 2009) et coopératifs (Protzko, Ouimette, et Schooler, 2015). Donc, sans croyance dans un LA "réel" (et non la simple sensation de volonté libre), point de salut nous montrerait cette avalanche de résultats scientifiques. Sans la croyance profane dans le LA, la morale s’effondrerait au profit du plus fort, du plus agressif, du plus raciste. 

Ces résultats méritent qu’on s’y attarde un peu.

Regardons par exemple la méthodologie de l’étude Baumeister : les participants lisent et intériorisent une série d'énoncés qui encouragent ou rejettent explicitement le sens du choix personnel libre (volonté libre ou Libre Arbitre « réel ») et de la responsabilité de ses actions dans le cadre d’une procédure de type Velten[1]. Autrement dit, on crée deux groupes « sous influence » dont l’un est renforcé dans la responsabilisation / culpabilisation de ses actes (croyance dans le LA « réel »), alors que l’autre groupe est « déresponsabilisé » de ses actes (du fait d’un déterminisme absolu) et donc, agir dans son propre intérêt égoïste deviendrait moralement acceptable.

Malheureusement, cette méthodologie présente plusieurs biais ; au moins 3 que j’appellerai pour simplifier, le biais d’induction, d’immunité et de population :

1) Biais d’induction concernant la procédure de type Velten employée, procédure qui est loin d’être parfaite :

« les chercheurs continuent de débattre à propos de l’origine des changements d’humeurs observés après induction : sont-ils dus aux items présentés ou à des effets de demande, c’est-à-dire la volonté des sujets de se conformer aux attentes de l’expérimentateur ? »[2]

En fait, on ne sait pas si les « cobayes » de l’étude sont persuadés des arguments des deux inductions opposées - responsabilité (culpabilité) de ses actes versus absence de responsabilité (culpabilité) -, ou s’ils répondent à l’examinateur en fonction des attentes perçues par cette « autorité » comme on l’a vu dans l’expérience de Milgram ; voire tout simplement pour faire plaisir à la blouse blanche.... Soit un biais qui fausserait considérablement les résultats.

2) Biais d’immunité impliqué dans toutes les études citées plus haut : en fait, le « match » est truqué dès le début. Car convaincre les membres d’un groupe qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent et qu’il n’y aura aucune conséquence réelle à leur conduite dans le cadre de ce « jeu », c’est leur donner pendant le temps de l’expérience une immunité qui n’a rien à voir avec « la vraie vie ». On peut rapprocher ce scénario du jeu du dilemme du prisonnier en un seul coup : on sait que trahir est alors la stratégie la plus rentable comme l’ont bien compris les restaurateurs (pas tous !) d’une station balnéaire quelconque qui proposent une fausse bouillabaisse pour le prix d’une vraie. Comme ils ne reverront pas ces clients de passage, autant en profiter ! Cependant, il n’est pas impossible que sans immunité artificielle (par ex. : amende en cas de tricherie, de comportement raciste etc. c’est-à-dire ce que l’on risque dans « la vraie vie »), les comportements auraient pu être tout autres !

3) Biais de population : toujours dans cette étude, les cobayes étaient « des adultes intelligents et dévoués, dont environ la moitié étaient actifs dans l'Église mormone »[3]. Et l’on sait que la notion de libre arbitre n'est pas sans importance pour les religieux en général, et les mormons en particulier. Les auteurs ont juste « oublié » de mentionner ce « détail » dans l’énoncé du protocole de leur étude, ce qui est pour le moins scabreux quand on entend faire de la science.

Si l’on avait plutôt montré au groupe « le LA réel n’existe pas » que tout être humain est déterminé par ses gènes, son environnement, et que, dans cet environnement justement, tout n’est pas possible pour autant car il faut compter avec les autres qui ont leur propre intérêt respectable, avec d’éventuelles sanctions de leur part en cas de manquement à une certaine morale, fruit de l’évolution... On se retrouverait alors plutôt dans un dilemme du prisonnier itéré (répété), ce qui ressemble déjà plus à la « vraie vie » (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/un-sacre-dilemme-pour-la-morale.html). On aurait alors évité ce biais qui rend les résultats des études mis en avant par Kane... terriblement discutables. 

En fait, comme le montre l’excellent article de Miles[4], philosophe et spécialiste des sciences sociales, Baumeister ne parle même pas de déterminisme mais de fatalisme, ce qui fausse totalement ses résultats au-delà des biais énoncés précédemment. 

Miles précise :

« En Grande-Bretagne, et très probablement en Amérique, 69 à 83 % de la population pourrait utiliser le mythe du libre arbitre pour excuser l’indifférence à l’égard des pauvres. Le libre arbitre n’est peut-être que l’excuse principale que beaucoup utilisent pour légitimer un mépris pour les pauvres qui existerait indépendamment de leur croyance déclarée dans le libre arbitre, mais l’affirmation du libre arbitre fournit néanmoins une feuille de vigne éthique pour un tel mépris qui serait bien plus difficile à rationaliser (et donc tolérer) sans le mythe du libre arbitre. Par conséquent, le mythe du libre arbitre n’excuse pas seulement l’indifférence à l’égard de la pauvreté, il crée et entretient en premier lieu une grande partie de cette pauvreté. »

Ne serait-il pas plus simple, et plus sûr d’un point de vue scientifique, de trouver des cobayes qui pensent déjà que le LA est une illusion versus des croyants dans le LA sans avoir à « fabriquer » de façon artificielle et discutable des convictions probablement précaires ? Les auteurs pourraient faire ainsi l’économie de bien des biais précédents. Faut-il incriminer un manque de moyens ? Peu crédible. Une certaine incompétence ? Je n’ose y croire. Une « volonté libre » ? Ma foi... 

Plus sérieusement, une question n’est jamais abordée dans ces travaux : les spiritualistes et autres croyants du LA « réel » sont majoritaires dans la population et généralement croyants dans le LA par défaut. Ils n’ont pas eu la chance d’investir le sujet et ont adopté le « sens commun » sans autre forme de procès. En revanche, les sceptiques du LA se recrutent plutôt du côté des philosophes et des scientifiques (psychologues, psychiatres, neurobiologistes, physiciens, anthropologues, sociologues...). Ces chercheurs, intellectuels et autres BAC + 6 à 12, incrédules du LA, seraient donc - si l’on en croit les études précédentes - plus souvent racistes, antisociaux, tricheurs, escrocs, agressifs etc. Ils formeraient donc des cohortes de délinquants et de prisonniers que l’on nous cache sans doute dans des geôles reculées.

Pourtant, Robert Sapolsky (biologiste) semble mener une vie honorable et gratifiante malgré sa désillusion sur le libre arbitre, et il en est de même pour des philosophes et scientifiques sceptiques du LA comme Spinoza, Diderot, d’Holbach, Pereboom, Caruso, Pinker, Churchland, G. Strawson, Wegner, Honderich, Balibar, Atlan, Changeux, Dupuy, Ogien, Waller, Harris, pour n’en citer que quelques-uns. Je tiens à préciser que mon casier judiciaire est actuellement vierge.

Je crois que quelque chose ne tourne pas bien rond dans ces études destinées à montrer que la croyance dans un LA « réel » serait socialement nécessaire pour ne pas s'entretuer. 
Depuis toujours, les gens s’entretuent en croyant au libre arbitre (sous l'œil bienveillant d'un dieu quelconque puisque chacun a dieu de son côté) ; LA qui donne de belles justifications pour découper, ébouillanter, saigner, écarteler, enfermer, punir son prochain... puisqu’il aurait pu (dû) faire autrement cet infidèle, ce mécréant, ce délinquant, ce meurtrier ! 

Et puis il existe des études plus récentes qui relativisent très nettement, voire inversent totalement les résultats précédents qui semblaient prouver qu’on se conduirait mal si l’on ne croyait pas au LA ontologique :

  • Une étude[5] de 2020 regroupant 5 sous-études tente de reproduire l’étude princeps conduite par Vohs et Schooler (2008). Cette dernière avaient montré que ne pas croire au LA augmentait notamment les comportements de tricherie. Patatras ! La nouvelle étude ne retrouve pas du tout les résultats princeps et précise même :

« Nos efforts ont été largement infructueux. Nous suggérons que la manipulation des croyances du libre arbitre d'une manière robuste est plus difficile que ce qui a été suggéré par des travaux antérieurs, et que le lien proposé avec un comportement immoral peut ne pas être aussi cohérent que les travaux précédents le suggèrent (...) Les inquiétudes concernant la prétendue érosion des mœurs de la société à la suite des récentes avancées scientifiques sont probablement déplacées. »

Cerise sur le gâteau, cette étude précise également :

« Il convient de souligner qu'à ce jour, plusieurs autres tentatives pour reproduire et étendre conceptuellement les découvertes de base de Vohs et Schooler ont abouti à des résultats incohérents - soit en échouant à manipuler avec succès les croyances du libre arbitre, soit en n'ayant pas réussi à trouver que leur manipulation réussie influence systématiquement les croyances du libre arbitre sur le comportement moral. »

  • Une autre étude[6] a utilisé des chocs électriques (intensité non dangereuse) - avec petite rémunération à la clé - sur des cobayes consentants qui étaient tour à tour agent déclenchant des chocs, puis victime subissant des chocs. Résultats :

"Nos résultats montrent que les participants qui ont été préparés avec un texte défendant le déterminisme neuronal – l’idée que les humains ne sont qu’un simple amas de neurones guidés par leur biologie – ont administré moins de chocs électriques et se sont montrés moins vindicatifs envers l’autre participant (...) Nous avons observé que la non-croyance au libre arbitre avait un impact positif sur la moralité des décisions envers autrui."

Soit tout l’inverse des résultats démontrant la soi-disant immoralité des sceptiques du LA.

Enfin une méta-analyse (2022) incluant 145 expériences (dont 95 inédites), montre qu'exposer des individus à des manipulations anti-libre arbitre diminue la croyance au libre arbitre et augmente la croyance au déterminisme, mais...

"Nous n'avons pas pu prouver l'existence de conséquences en aval. Nos résultats ont d'importantes implications théoriques pour la recherche sur les croyances au libre arbitre et contribuent à la discussion sur les conséquences sociétales d'une diminution de la croyance au libre arbitre."

Autant de résultats qui ne confortent absolument pas les propos de Kane concernant le risque social d'un scepticisme dans le LA ! 

Il est inquiétant de voir à quel point on peut tordre les choses en philosophie : Robert Kane croit au LA ontologique et utilise l'argument de la conséquence pour nous convaincre quand Saul Smilansky, autre philosophe d'importance, ne croit pas au LA ontologique mais nous affirme qu'il faut y croire en utilisant le même argument de la conséquence (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/un-libre-arbitre-necessaire.html).

Quant au compatibilisme (déterminant et Libre Arbitre seraient compatibles), voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/09/dennet-et-le-compatibilisme.html.

Chacun jugera !


[1] Cette procédure repose sur la présentation de films, d’images ou de musique ayant une tonalité émotionnelle spécifique. Le sujet utilise activement ce matériel en imaginant une période de sa vie où il a pu faire l’expérience de l’état émotionnel évoqué pour se mettre dans cet état. Dans sa version originale, il s’agit pour le sujet, de lire et d’essayer de ressentir l’humeur suggérée par 60 phrases décrivant aussi bien des autoévaluations positives ou négatives (par exemple : « je ne suis pas sûr(e) d’être une personne digne d’intérêt », « c’est super, je me sens vraiment bien, je me réjouis des choses »), que des états somatiques (« je me sens plutôt mou »), ou encore des situations dont l’intensité émotionnelle évolue de manière croissante.

[2] « Procédures d’induction d’humeurs en laboratoire : une revue critique » - 2008 - https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013700607000103

[3] « Attention à l'expérimentation vaudou » - https://rolfzwaan.blogspot.com/2013/03/beware-of-voodoo-experimentation.html

[4] Voir notamment les phrases (stabilo jaune) de la page 14 - https://marzat-informatique.fr/sarlmedia/Miles%202013.pdf

[5] « Does encouraging a belief in determinism increase cheating? Reconsidering the value of believing in free will» - Thomas Nadelhoffer - 2020 - https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32593841/

[6] « L'influence de la (in)croyance au Libre Arbitre sur le comportement immoral » - Emilie A. Caspar - 2017 - https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5239816/

*Le clinamen est un concept de la physique épicurienne, souvent attribué à Épicure et développé par Lucrèce dans son œuvre De rerum natura. Il désigne une déviation "spontanée" et "aléatoire" des atomes par rapport à leur chute dans le vide. Cette déviation permet aux atomes de s'entrechoquer, ce qui est essentiel pour la formation des corps et la liberté humaine dans un cadre matérialiste. Mais pour cela, il faudrait introduire une force qui viendrait... de nulle part.

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PUNIR, sinon...

Sinon quoi ?
On ne pourrait plus régler les conflits ? 


La plupart de nos concitoyens ont compris que fouetter son enfant n'était plus acceptable. C'était pourtant bien pratique, rapide et simple ; pour lui "apprendre à vivre", une fois pour toutes. Il fallait le faire pour être un "bon" parent.

"Bats ta femme tous les matins : si tu ne sais pas pourquoi, elle elle le sait". Simple, rapide, efficace ? Dans le doute, autant frapper (si on est en position de force évidemment) ; Dieu reconnaîtra les siens. Il faut bien en passer par là pour se faire obéir... et plaisir. 

Car les neurosciences ont révélé que le système de récompense du cerveau joue un rôle crucial dans le plaisir ressenti lors de la punition... des autres, principalement. Ce système est associé à la libération de dopamine, un neurotransmetteur lié au plaisir et à la satisfaction. Lorsque nous punissons, notre cerveau active les mêmes circuits de récompense que ceux impliqués dans d’autres activités plaisantes, comme manger ou écouter de la musique. Une étude a montré que les participants ressentaient une activation accrue du striatum, une région du cerveau associée à la récompense, lorsqu’ils infligeaient une punition à quelqu’un qui avait enfreint une règle. Cette activation était corrélée à un sentiment de satisfaction et de justice.

Donc, la sélection naturelle "culturelle" nous encourage à punir, avec plaisir... sans pour autant être considéré comme sadique. Plus généralement, le plaisir est souvent associé à des comportements qui - sans le plaisir associé - risquerait de nous faire disparaître (orgasme pour activer la reproduction, plaisir de se nourrir d'aliments sains, plaisir d'offrir dans le cadre de la consolidation des relations humaines indispensables à la survie etc.).

Mais pour que la punition-plaisir soit justifiable, il faut bien que le sujet à punir ait la possibilité de faire mieux que ce qu'il a fait, qu'il ne soit pas entièrement déterminé et possède un choix "libre" dans ses actions, bonnes ou mauvaises pour la société, la famille, l'école...


Prenons en compte quelques secondes les arguments suivants : si l'on punit, c'est bien pour "corriger" un libre arbitre "défaillant" qu'il faudrait "rééduquer". Ce qui signifie que ce fameux libre arbitre serait théoriquement sensible au déterminant externe qu'est la punition (généralement non souhaitée par le "délinquant"). Soit un déterminant qui agirait sur un arbitrage censé être libre de détermination quelconque. Voyez l'ineptie qui détruit ainsi les prémisses d'un libre arbitre tout puissant. Tout revient en somme à modifier les déterminant à travers un libre arbitre qui ressemble fort à un fantôme.

Mais les progrès philosophiques et scientifiques ont permis de douter à la fois de l'efficacité et du bien fondé moral concernant les maltraitances punitives destinées, par exemple, à guérir les malades mentaux. Les animaux et les enfants n'ayant "notoirement" pas de libre arbitre même pour les plus zélés des croyants dans cette chimère, il devenait difficile de les punir, physiquement en tout cas. Le déterminisme (même mâtiné d'indéterminisme quantique) étant le seul paradigme permettant la connaissance, le libre arbitre n'a plus d'existence possible et ne permet plus la punition, sauf à être sadique ou profane sur ces sujets (voir Libre Arbitre).
Croit-on vraiment que maltraiter va "redresser" les déterminants délétères d'un individu ? Faut-il frapper un enfant qui vient de frapper un camarade pour lui apprendre que frapper, c'est pas bien ? La peine de mort devrait-elle servir d'exemple pour supprimer les homicides ? Ça marche ? Vraiment ?

Tout ceci me rappelle un dessin des années 70 dans le journal Le Monde qui mettait en présence un américain libérant un prisonnier de longue date - sortant d'une cage trop exiguë - avec cette réflexion profonde : "voyez, je le libère et il n'est même pas capable de tenir debout."


Certes, la croyance en une "fée des dents" pourrait conduire à se laver les dents tous les jours, de sorte que cette croyance constituerait finalement un avantage adaptatif non négligeable... sans en conclure pour autant que la fée des dents existe réellement, ontologiquement. Et si cette fée a rédigé quelque grimoire nous engageant à tuer ceux qui ne se lavent pas les dents 3 fois par jour, doit-on lui obéir ?

De manière similaire, la liberté de la volonté (libre arbitre « réel ») ne peut être qu’une illusion faisant partie d'une « carte mentale » utile du point de vue adaptatif à une époque mais qui ne tient pas compte du « territoire » tel que décrit par la science et la raison, car un libre arbitre « réel » ontologique surplombant nos décisions est tout à fait incompatible avec les lois naturelles. Dès lors, chacun ne peut faire que ce qu’il fait ; et n’aurait pas pu faire autrement (à moins de modifier les déterminants en cause). 
La volonté et les choix existent bien, mais ils sont tenus totalement par nos déterminants ancestraux personnels à la fois génétiques et environnementaux dans un processus stochastique (probabiliste) chaotique ne permettant pas des prévisions certaines... à moins de faire appel évidemment aux voyants, médiums, astrologues, cartomanciennes et autres haruspices etc. qui ne se trompent jamais.

Pour agir afin de "remettre en ligne" les contrevenants aux normes sociales du moment, il faut donc faire émerger de nouveaux déterminants en respectant le fait que chacun fait au mieux et ne peut faire autrement sans de nouveaux déterminants. Il n'est pas question de "faire du mal", de couper un doigt à son enfant chaque fois qu'il ne se lave pas les mains avant de passer à table, ou encore de couper la main gauche du voleur comme le font certains islamistes (avant de passer à la main droite en cas de récidive ; mais tiennent-ils compte du fait que le voleur peut être gaucher ???). Efficace ? Surtout terriblement inhumain - quand on a bien compris ce qu'implique l'absence de libre arbitre - et propice à rendre les "punis" encore plus féroces => voir Mais alors, sans culpabilité ni punition possible... que faire ?

Cultivons le plaisir de coopérer pour un monde sans punitions, haines, vengeances, humiliations, dominations, violences physiques et psychiques, jalousies et autres passions tristes. 

Bannissons de notre vie commune les croyances métaphysiques surnaturelles. 
Ce qui implique, et ce n'est pas le plus facile, de "Penser contre son cerveau".
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Du pain et des jeux

Cette expression idiomatique provient du poète latin Juvenal qui critiquait un peuple romain se satisfaisant uniquement de pain gratuit et de spectacles somptueux offerts par les dirigeants, ignorant ainsi les affaires politiques cruciales et les valeurs morales fondamentales.

En sommes-nous toujours là ? Pas tout à fait, heureusement, même s’il persiste quelques stigmates délétères.

Ainsi, la concurrence et la compétition sont toujours des éléments centraux de la survie au sens large, de l’économie capitaliste au sport de "haut niveau". 

Concernant le pain 

Chaque individu, chaque groupe passe son temps - de tous temps - à s'accaparer des ressources limitées au détriment du voisin éventuellement. Dans ce concours de prédation, le plus "fort" de la tribu - généralement un homme -  s'est accaparé ainsi en priorité la nourriture, les femmes, les droits... ce qui s'est poursuivi avec des régimes politiques plus sophistiqués, la population augmentant ayant nécessité une organisation complexe (seigneurs, rois de "droit divin", états...), jusqu'au capitalisme dont la naissance est diversement analysée*.

Côté face : la concurrence est un pilier fondamental de l’économie capitaliste. Cette concurrence est généralement vue comme un moyen positif d’encourager l’innovation, d’améliorer la qualité des produits, réduire les prix pour les consommateurs... Quelques garde-fous ont été légitimement instaurés : lois antitrust, protection sociale et droits des travailleurs, politiques fiscales redistributives etc.

Côté pile : ce même capitalisme favorise l'exploitation des travailleurs en minimisant les coûts de production et en maximisant les profits. Les salariés sont trop souvent soumis à des pressions excessives et ne bénéficient pas suffisamment des fruits de leur labeur malgré des gains de productivité très conséquents. Il engendre par ailleurs des crises cycliques, récessions, dépressions provoquant parfois un chômage massif, une pauvreté accrue et une instabilité politique. Il nous conduit, comme on peut le voir depuis quelques dizaines d'années, à une concentration de richesses extrême et à une augmentation de la pauvreté relative.Privilégiant les gains immédiats, les industries polluent massivement les sols, l'eau et l'air, fragilisant ainsi gravement l'équilibre écologique global. Enfin, la concurrence économique impitoyable et permanente alimente les antagonismes nationaux et internationaux, pouvant conduire à des conflits armés. Des nations cherchent à imposer leur domination par tous les moyens possibles, dont l'espionnage industriel, les embargos commerciaux, voire les invasions militaires...

Certains ont cru voir dans la concurrence entre tous et la compétition économique mondialisée la simple continuité de ce que l'on croit constater chez le vivant en étudiant l'évolution darwinienne : le capitalisme validé par la science du vivant en quelque sorte... Il en est même qui, refusant le paradigme capitaliste, en viennent à remettre en cause Darwin en amont afin de réfuter l'inférence. Mais on peut être anticapitaliste - comme l'est le philosophe Daniel Milo - sans aller chercher des arguments scientifiquement "foireux" comme il les collectionne dans son livre « La survie des médiocres. Critique du darwinisme et du capitalisme » - 2024 - Gallimard), publication qui a déclenché à raison une levée de boucliers du côté des spécialistes de l'évolution**.  Car la logique du philosophe du genre "le capitalisme est délétère", donc "la compétition dans l'évolution" est une erreur d'analyse de Darwin, présente une fragrance sophistique de l'ordre de l'argument de la conséquence (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/quelles-consequences-de-largument-de-la.html). Et ce n'est pas parce que l'idée est reprise par toute une presse anticapitaliste séduite par cette pseudo contre-analyse de l'évolution qu'elle devient vraie pour autant. En revanche, considérer que l'évolution culturelle - toute aussi Darwinienne -  a mis en place des concepts de solidarité, d'égalité, de remise en cause de la compétition à tout va chez l'animal comme l'animal-humain est source d'analyses et de réflexions comme on peut le voir par exemple dans le jeu du dilemme du prisonnier (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/un-sacre-dilemme-pour-la-morale.html). Il n'est pas nécessaire de tuer Darwin pour critiquer le capitalisme ; ou alors, il faudrait des arguments scientifiques d'une autre portée.

Concernant les jeux 

Les jeux olympiques 2024 ont montré, comme toute rencontre sportive "au sommet", la quintessence même de la compétition acharnée, préparée par des sportifs qui s'entraînent tous les jours, des heures durant, depuis des dizaines d'années parfois, pour une médaille, une reconnaissance mondiale de leur supériorité qui se joue souvent à quelques secondes, voire millièmes de secondes (0,005 seconde entre l'or et l'argent au 100 m pendant les JO 2024) ? La belle affaire ! De toute façon, les records à battre sont appelés nécessairement à disparaître.

On peut trouver ces efforts admirables ou pathétiques. Admirables pour ce qui concerne la ferveur d'une communauté rassemblée autour des héros, des gagnants de son camp, du drapeau et des émotions fortes que tout cela suscite. Une reconnaissance, une distinction internationale qui fait du bien à l'ego personnel et collectif de la nation. Ce qui rassure un peu : les efforts et le courage payent ! 

Et puis toute une religiosité qui rassemble autour des idoles du moment, de l'autel des podiums. Les Jeux Olympiques de la Grèce antique étaient dédiés à Zeus, les jeux isthmiques à Poséidon. Les athlètes croyaient que les dieux octroyaient la victoire. De nos jours, les athlètes continuent de pratiquer des rituels tels que se signer, prier, ou embrasser la pelouse après un but. L’apôtre Paul utilisait des métaphores sportives pour illustrer la vie chrétienne, comparant le chrétien à un athlète qui court pour Dieu. Sport et religion se rejoignent dans leur capacité à unir les individus, à inspirer la dévotion, à promouvoir un sentiment de communauté, d'identité, d'appartenance. C'est aussi un terrain commun pour le fanatisme sous toutes ses formes, des conflits entre groupes de supporters aux guerres opposant les confessions religieuses.

D'ailleurs, les termes employés par les divers commentateurs sportifs sont bien ceux d'une guerre - certes "pacifique" - qui ne dit pas son nom : "on a gagné, les doigts dans l'nez ; ils son perdus, les doigts dans l'c..." "il a rendu coup sur coup" / "c'est une vraie machine de guerre" / le tennisman Rafael Nadal décrit comme le "roi déchu" face à Novak Djokovic / untel a "pulvérisé" son adversaire quand il ne l'a pas "humilié" / attention, là c'est un "tueur" / "demain je vais le taper" / phase de "mort subite" en escrime / "qu'un sang impur abreuve nos sillons" etc. A tout le moins, un environnement hostile source de stress chez les participants, à l'instar de conditions assez proches durant les périodes de guerre.

Pour George Orwell,  "le sport, c'est la guerre, les fusils en moins". Cette formulation illustre bien la perception du sport de "haut niveau" comme une activité conflictuelle et compétitive, très proche de la guerre avec ses "victoires", ses "défaites", ses fiertés, ses blessures, ses vengeances... 

Et ce n'est pas le cri de guerre Haka - une danse chantée rituelle pratiquée par les Maoris lors de conflits, de manifestation, de cérémonies ou de compétitions amicales "viriles" - qui pourrait contredire cette impression générale ! Impressionner l'adversaire pour mieux le battre.

Dans le cadre de l'égalité des sexes, les femmes s'y mettent aussi en ayant soin de prendre ce qu'il y a de mieux chez l'homme, sous les acclamations des spectateurs. Scrutez les visages pleins de compassion pour les adversaires que l'on va écraser ; le sport comme source de paix entre les peuples. 

Le Haka : juste un folklore anodin ?

Tout ceci vient de loin. On en connaît même le modèle.

Et je ne parle même pas du MMA (Arts Martiaux Mixtes) et de son octogone en plein essor, ou même du "noble art" qu'est la boxe consistant à abrutir l'adversaire à coups de poing (Traumatismes crâniens et commotions cérébrales / Perte de vision partielle ou totale / Surdité / Syndrome de chronicité cognitive postcommotionelle / Encéphalopathie chronique traumatique / Maladie de Parkinson...). Entre 1890 et 2011, environ 1 600 boxeurs sont morts des suites de blessures liées à des combats, souvent à cause d’hématomes intracrâniens.

Et ce n'est pas Sébastien Chabal qui dira le contraire, lui qui ne se souvient plus d'avoir joué au Rugby du fait des commotions cérébrales répétées : "Je n'ai aucun souvenir d'une seule seconde d'un match que j'ai joué."

Dans nombre de pays, on a interdit les combats de coqs ou de chiens pour de bonnes raisons à mon sens (souffrance animale !), mais on tolère la boxe dont on connaît les effets plus que délétères sur les neurones. Cherchez l'erreur.

La famille des sports débiles s'est agrandie récemment avec le concours de gifles - en droite ligne de la Russie - "sport" qui séduit les mâles américains ("slapping")... Décidément. 
Le plus savoureux est que les adeptes du MMA sont eux-même choqués - c'est dire - alors qu'ils développent des arguments contre le slapping que l'on peut leur retourner très exactement concernant leur propre "sport" MMA. 


Perte de neurones avant même de commencer ? En tout cas cercle vicieux : gifle => moins de neurones => gifle => encore moins de neurones etc. Il y a vraiment des baffes qui se perdent. 

Après s'être bien frappés, il est convenu que les adversaires rejouent "Embrassons-nous, Folleville" en fin de match pour que tout un chacun comprenne bien que c'était pour du beurre et qu'il est temps de revenir à la vie "civile", parfois en passant par l'hôpital.

Plusieurs sportifs de haut niveau ont exprimé des regrets, voire des plaintes, concernant le fait d’avoir commencé leur carrière sportive très (trop) tôt en raison des désirs ardents de leurs parents. Et pas seulement des sportifs puisque l'on retrouve ces mêmes regrets chez d'autres "joueurs" comme pour le jeu d'échec, l'apprentissage forcé du solfège et d'un instrument etc. : 

  • André Agassi, célèbre joueur de tennis, a souvent parlé de la pression intense qu’il a subie de la part de son père pour devenir un champion de tennis dès son plus jeune âge, ce qui a conduit à un sentiment de ressentiment envers le sport.
  • Jennifer Capriati, est devenue professionnelle à l’âge de 13 ans et a ressenti une pression immense pour réussir, ce qui a finalement conduit à des problèmes personnels ; de même que Mary Pierce - joueuse de tennis franco-américaine - qui a décrit des entraînements intenses et un environnement familial difficile, avec un impact sur sa santé mentale et émotionnelle.

En fait, la liste est longue des champions qui ont souffert des projections parentales : Tiger Woods (Golf) - Michael Phelps (Natation) - Nadia Comăneci (Gymnastique) - Lionel Messi (Football)... Nos célèbres frères et champions de tennis de table ont commencé ce sport dès l’âge de... 3 ans ! Kasparov (champion du monde des échecs) regrette de n'avoir pas profité d'une enfance insouciante et libre... mais il fallait que Moscou montre sa "supériorité" intellectuelle sur les USA (B. Fischer) en pleine guerre froide. 

Bref, des parents qui pensent faire le bonheur de leurs enfants en les matraquant dès que possible avec leurs névroses personnelles . L'éducation religieuse est également concernée par ces dérives de domination parentale (voir Religions et enfants)


Ces exemples montrent que la pression parentale pour réussir dans le sport peut avoir des conséquences négatives sur les athlètes, même s’ils atteignent le succès, ce qui n’est même pas la norme pour ces enfants « programmés » qui n'atteignent pas tous, loin s'en faut, les sommets. L'excellence à tout prix... a un prix souvent exorbitant. Le bien-être et le bonheur des enfants devraient toujours être la priorité, quitte à ce que les parents trop ambitieux pour leur progéniture aillent consulter...

Finalement, les analogies sont légions entre la guerre économique capitaliste et la guerre à fleurets mouchetés du sport de haut niveau. Les ressorts guerriers sont identiques et l'interpénétration évidente : le sport business a commencé à envahir les clubs amateurs (recherche de sponsors, mise en place de partenariats...), avec les joies du spectacle et les dégâts collatéraux. Les héros du stade interviennent d'ailleurs - il faut bien vivre - pour "entraîner" les équipes marketing et commerciales des grandes entreprises : la "gagne" et la "niaque" sont à l'honneur. Les droits média, les maillots de joueurs à des prix prohibitifs... tout est bon. Et je ne dirai pas un mot sur les revenus indécents de certaines idoles que je ne citerai pas, comme Kylian Mbappé, ayant émargé selon Forbes à 30 millions d'euros entre mai 2021 et mai 2022. Quand on a compris que - sans libre arbitre ontologique possible - mérite et talents sont des leurres... (voir https://librearbitre.eu/accueil/sociologie/). 

La performance serait le but ultime de l'humanité comme l'affirme la docteure en psychologue et chercheuse Fanny Nussbaum qui en vient à critiquer violemment ce qu’elle appelle la « dictature des humanistes » empêchant les individus de chercher l’excellence et la perfection... qu’elle-même a manifestement trouvées dans sa conception toute personnelle d’un existentialisme narcissique "embelliste" :

« La performance est le plus beau joyau de l’intelligence humaine. Elle est le fruit d’une quête incessante de dépassement de soi, d’une volonté farouche de se différencier, d’une ambition démesurée de créer et d’innover (...) Nous avons forgé un monde qui interdit tout comportement conquérant (...) (j’ai) un dédain pour l’humanisme et sa philosophie de l’essence (...) mon objectif est de faire de ma vie une œuvre d’art. » ("L’Art de l’excellence - En finir avec la dictature des humanistes - 40 commandements pour agir avec grandeur" - 2023 -  Alisio + vidéo https://www.youtube.com/watch?v=GHagPY0XGqw)

Sacrifier la communication non violente et l'humanisme des "Lumières"-  pas assez "conquérants" - sur l'hôtel d'un ego boursouflé : joli programme. 

Et elle n'est pas seule. Dans la même veine, le psychologue canadien Jordan Peterson fustige le laisser-aller des gros, des transgenres, des adeptes du wokisme etc. et publie des livres sur de développement personnel centré autour de l’idée qu’il faut commencer par se surpasser soi-même (???) avant de vouloir changer l’ordre des choses dans la vie politique. Se dépasser ou se taire. Ce qui soulève des questions sur la manière dont nous percevons la réussite et la compétition avec soi-même et les autres dans une société universelle mondialisée et, si possible un jour, paisible.

Paraphrasant Clausewitz, le sport de haut niveau est la continuation de la politique selon d'autres moyens (JO de Berlin en 1936, Moscou en 1980 avec le boycott de 65 pays pour protester contre l'invasion soviétique en Afghanistan, délégation officielle russe absente des JO 2024 du fait de la guerre en Ukraine...). On a même pu décréter une trêve olympique - très politique - en repoussant aux calendes grecques la nomination d'un premier ministre qui ne plaît pas. 

Finalement, le sport est une excellente activité pour la santé (jeux) sans nécessité de se transformer en stakhanovistes de la performance ; et l'innovation scientifique et technique permet de mieux vivre (pain). Les différents avis portent sur la place du curseur, ici entre une saine émulation pour améliorer notre santé et nos conditions de vie, et là un burn-out parfois suicidaire. Entre des travailleurs qui gagnent des points de productivité et les retours qu'ils en ont (revenus / reconnaissance sociale etc.). La méritocratie capitaliste n'est pas l'organisation "naturelle" indépassable issue d'une évolution biologique de compétition qu'il faudrait appliquer stricto sangsue, mais un aspect culturel que l'on peut mettre en cause au même titre que l'on a remédié à la fatalité "biologique" des naissances (IVG / pilule...), renoncé à la raison du plus fort (Droits de l'Humain et des citoyens), à l'exploitation sans limite des ressources qu'on commence - péniblement - à mieux réguler etc. 

Et le sport ne nécessite pas la glorification de quelques-uns (individus ou nations) et l'humiliation de tous les autres, pas plus que la nécessité de se droguer pour améliorer sans cesse les chronos, les sauts en longueur ou en hauteur. Les injonctions du toujours plus, "plus fort, plus vite, plus loin", sont nécessairement limitées par la biologie et le "mental" de chacun... qui fait au mieux de ce qu'il peut, en permanence. Et que deviennent tous ces athlètes - la plupart - qui échouent à percer et se retrouvent souvent sans débouchés réels après leur carrière sportive malheureuse...

Encourager l'autonomie et la croissance personnelles plutôt que l’obsession de la victoire favoriserait probablement des valeurs plus positives au sein de la société.

Quant à se dépasser soi-même : c'est une belle illusion, un vestige de la dualité qui ne peut pas exister dans un monde matérialiste. Un conseil en cas de dépassement : pensez à mettre le clignotant pour éviter tout claquage, chute, overdose d'amphétamines, de stéroïdes, d'EPO, de diurétiques ou d'hormones de croissance.

Regardant la cérémonie de clôture des JO au stade de France, je voyais cette immense foule de spectateurs et d'athlètes confondus, heureux, célébrant la paix des peuples dans leur diversité... alors que le nombre estimé des morts en Ukraine (auquel il faut ajouter 3 fois plus de blessés, d'handicapés à vie) est d'environ deux fois plus important (180.000) que ce que les images du stade nous ont montré. 

Les JO sont peut-être nécessaires pour réduire la bêtise des rapports de forces entre humains et nations, mais ils restent bien insuffisants.

Pour terminer sur une note optimiste, il existe au moins trois points très positifs concernant ces JO : 
  • l'impact significatif sur les vocations sportives en France : la ministre des Sports a ainsi mentionné qu’on pourrait s’attendre à l'inscription de 2 à 3 millions de licenciés supplémentaires ;
  • la diversité des origines et couleurs de peau des athlètes montrant l'universalité de l'humanité et la profonde bêtise meurtrière qu'est la guerre, la "vraie" (et ce n'est pas Miss France qui dira le contraire).
  • la visibilité des "personnes en situation de handicap" lors des jeux paralympiques. Habituellement cachés, oubliés, subissant une forme d'apartheid insidieux, on a pu voir  toute leur humanité et leur force. A ne pas oublier après les jeux !

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* Ainsi la thèse de l'éthique protestante proposée par le sociologue Max Weber, affirmant que l'ascension du capitalisme moderne trouve ses racines dans la mentalité calviniste axée sur le travail, l'épargne et la discipline personnelle. Parallèlement, Werner Sombart relie l'émergence du capitalisme moderne au monde juif ashkénaze, tandis que d'autres théories mettent en lumière des facteurs tels que la Révolution industrielle, les changements agraires, le commerce extérieur et la colonisation. Certains analystes soulignent aussi l'importance des mutations démographiques, techniques et idéologiques ayant contribué à façonner le capitalisme. De plus, Fernand Braudel distingue différentes phases dans l'expansion du capitalisme, telles que le capitalisme commercial basé sur les échanges à longue distance, le capitalisme marchand associé aux activités urbaines et le capitalisme industriel reposant sur la production de biens manufacturés.

** « 140 biologistes en colère contre un livre ! » - VIDEO Youtube - https://www.youtube.com/watch?v=CuyJAbj1gvg
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