Question de bac philo ? Quid du vote des français en faveur du R Haine aux européennes en 2024 ?
Gagnons du temps : la réponse est évidemment NON ! Le peuple n'a pas toujours raison en démocratie !
Pas plus que l'individu, le peuple ne peut avoir toujours raison. Je ne parle pas ici de la foule qui prend d’assaut le Capitole aux USA...
... mais bien du "peuple" défini comme un ensemble d’individus vivant en société sur un territoire déterminé, qui partagent le plus souvent une communauté d’origine et présentent une homogénéité relative de civilisation.
Les exemples d'errances dramatiques dans les décisions des peuples sont légions. Sans vouloir cultiver à tout prix la tendance Godwin, les allemands en 1933 se sont bien fourvoyés démocratiquement ; les russes sont majoritairement pour la guerre (pardon, l'opération spéciale) en Ukraine etc. CQFD !
Mais non ! Je viens de vous manipuler : la réponse est évidemment OUI. Le peuple a toujours raison en démocratie !
Mais plutôt qu'épiloguer - comme il conviendrait de faire dans une copie du bac - sur les subtilités inhérentes aux définitions de "peuple", raison" ou "démocratie", c'est le mot "toujours" qui pose problème dans la question. L'individu comme les peuples peuvent ici prendre les "bonnes" décisions, et là se tromper en étant par exemple manipulés (Brexit)... Mais le propre du manipulé est qu'il ne sait pas qu'il est manipulé. Et s'il se trompe, ce n'est pas sans causes, individu comme peuple. L'Histoire, les intérêts des uns, minoritaires mais puissants, s'accaparant au nom d'une pseudo liberté de la presse des chaînes de télé, des journaux, des maisons d'édition... soit autant de leviers pour "former" l'opinion contre les croyants d'une religion "étrangère", convaincre qu'il ne faut surtout pas toucher aux rentes de situation, aux héritages faramineux et à la méritocratie des privilégiés qui sont juste nés dans de "bonnes" familles.
Si l'on ajoute au passage que le vieillissement de la population n'est pas pour rien dans les convictions politiques droitières (besoin de plus de sécurité quand on se sent plus vulnérable...)*. Brefs autant de déterminants formant une "mauvaise" opinion provisoire en attente des conséquences nécessairement délétères qui agiront rétroactivement trop souvent après des dégâts irréversibles. Le peuple russe va pouvoir vérifier tout cela dans les années qui viennent ; et pas que le peuple russe.
L'élite n'a pas toujours tort ou raison ; le peuple non plus. Seule la suite chaotique est juge de paix.
- Des droits sociaux, tels que le droit au logement, à l'éducation et à la santé pour tous, ainsi qu'un filet de sécurité sociale solide pour protéger les personnes défavorisées ou marginalisées ;
- Des droits du travail, y compris un salaire minimum décent, des conditions de travail équitables et la protection contre le licenciement abusif ;
- Des droits civils et libertés individuelles, telles que l'égalité des sexes, l'égalité raciale et ethnique, et la protection des minorités ;
- De la protection de l'environnement et le développement durable, avec une attention particulière portée aux questions climatiques et à la préservation de la biodiversité ;
- D'une approche progressiste en matière de justice pénale, axée sur la réhabilitation plutôt que sur la punition, avec opposition à la peine de mort.
- Le libre marché et la limitation de l'intervention de l'État dans l'économie... afin de permettre de faire des affaires sans entrave (évasion dans les paradis fiscaux, pollution, profits illégitimes par effet d'aubaine, pillage des ressources communes...) ;
- Des baisses d'impôts - en faveur des plus riches principalement - et une réduction de la taille de l'État afin de renouer avec le bon temps du Far Ouest ;
- Un accent mis sur la loi et l'ordre, y compris une position plus ferme contre la criminalité (autre que financière), avec plus de prisons et de punitions au lieu de modifier les déterminations sociales menant à la transgression sociale ;
- Une vision traditionaliste de la famille et des rôles de genre... au mépris de la liberté de chacun que l'on devrait pourtant protéger tant qu'elle n'empiète pas sur celle des autres citoyens ;
- Une méfiance à l'égard de l'immigration et une volonté de restreindre l'accès à certaines prestations sociales pour les immigrants... soit des atteintes constantes aux droits des humains que l'on espère déconsidérer en parlant des "droits-de-l'hommisme"**.
Notons au passage que les réformes sociales importantes promues par la gauche ne sont pratiquement jamais « détricotées » lorsque la droite reprend le pouvoir. Qui, de droite ou d’extrême droite, oserait revenir sur le droit au divorce, le droit de se syndiquer, le droit de grève, les congés payés, l’abolition de l’esclavage, la peine de mort, les lois sur la laïcité, l’IVG, la discrimination (ethnie, nation, race, religion), le PACS, le « mariage pour tous » etc. ? Il est toujours étonnant de voir que la droite récupère les avancées sociétales issues de la gauche qu’elle avait honnies et rageusement combattues quelques années plus tôt. Des responsables de droite comme Christophe Béchu, Gérald Darmanin, Damien Abad ou François Copé ont « regretté » dix ans plus tard de s’être opposés au « mariage pour tous ». C’est ce qu’on appelle l’effet « cliquet » dans la marche du progrès : les avancées sociales venues de la gauche politique et syndicale deviennent la normalité acceptée par la majorité des citoyens. De là à considérer que la droite - conservatrice et/ou réactionnaire - est un boulet qui entrave la marche du progrès...
La plupart des "valeurs" de droite - conservatrices voire réactionnaires - fournissent la base idéologique d'une frange de "dominants" souhaitant ardemment conserver leurs avantages acquis au cours de l'Histoire, auxquels se joignent des "dominés" effrayés par le progressisme des mœurs (divorces, athéisme, transgenres, LGBT, droits des homosexuels, des femmes, des minorités etc.). Nostalgie du triptyque travail / famille / patrie, soit la Révolution Nationale de Pétain considérant les juifs, les protestants, les étrangers, les francs-maçons comme des "mauvais Français". Mais l'époque a changé : ce sont maintenant les musulmans, les athées, les étrangers (là ça ne change pas !), les "gauchistes" qui menacent la grandeur de la France.
"Si le RN arrive en tête, on ne peut exclure une mise en péril de l’État de droit [et mouche dans l'lait] la moins pire des solutions – qui reste mauvaise en soi, j’insiste – serait donc que le RN obtienne une majorité absolue...".***