Tout est bon pour mitonner un bouillon de mauvaise foi en y ajoutant une pincée d'inculture scientifique.
Ainsi, les spiritualistes croient déstabiliser les matérialistes en leur objectant - sur leur propre terrain, scientifique (!) - que l'entropie et le second théorème de la thermodynamique interdisent toute organisation spontanée de la matière, et donc l'apparition du vivant. Il faudrait donc nécessairement Dieu pour expliquer l'apparition du vivant.
Fichtre. Ce qui nécessite quelques explications.
Tout d'abord, du point de vue matérialiste, le chaos déterministe (et indéterministe) passe son temps à organiser / désorganiser la matière avec des particularités comme la sensibilité aux conditions initiales, la formation d'attracteurs étranges etc. (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/fatalisme-fatal-error.html). Même des systèmes gouvernés par des équations simples (comme
une suite récurrente du second degré, au programme du lycée général) peuvent
suivre des dynamiques complexes, c’est-à-dire qui ne se reproduisent jamais
exactement égales à elle-même.
Pour ne prendre que ce point, la sensibilité du chaos déterministe aux conditions initiales est bien connue et parfaitement décrite - à l'atome près ! - par cette vidéo du physicien quantique Julien Bobroff :
Où l'on voit que le fameux effet papillon peut ne résider que dans un seul atome "différent" !!! Étonnant, non ?
De son côté, l'entropie est une idée importante en physique (et en
informatique). On peut la voir comme une façon de mesurer le désordre. Plus il y
a de désordre, plus l’entropie est grande. Par exemple, imaginez une boîte
remplie de pièces de puzzle en vrac. L’entropie est grande parce que tout est
mélangé. Mais si vous assemblez le puzzle en y mettant votre énergie, l’entropie diminue parce que vous
avez mis de l’ordre. En gros, quand l’entropie augmente, cela signifie que les choses
deviennent plus désordonnées nous conduisant directement - mais pas demain - à la mort thermique de l'univers. C’est comme quand les ados augmentent l'entropie de l'univers laissant "un peu" de désordre dans leur chambre... car l'énergie individuelle n'est pas infinie et il y a bien d'autres possibilités (prioritaires) d'user de son énergie à cet âge, bien que cela puisse dépendre du sexe (voir https://www.youtube.com/shorts/vGRhb55RhUA).
Le second théorème de la thermodynamique est une autre idée
importante. Il énonce notamment que certaines choses ne peuvent pas se produire à l’envers.
Par exemple, un verre cassé ne peut pas se réparer tout seul (je ne parle pas
des magiciens qui sont en fait des extraterrestres comme chacun sait).
La question "vitale" devient : si l'entropie augmente (désordre croissant) depuis le début des temps, comment des "ordres" locaux - telle la vie - peuvent-ils se constituer ?
Pour le physicien américain Jeremy England, il n'y a pas de contradiction : la vie sur Terre utilise l’énergie solaire pour maintenir
des structures complexes et ordonnées, comme les cellules vivantes. Elles
réduisent temporairement l’entropie du système en créant de l’ordre. Cependant,
cette réduction d’entropie est temporaire et nécessite un apport constant
d’énergie pour être maintenue. Cette perspective offre un nouvel éclairage sur l’origine et
la nature de la vie, suggérant que cette dernière pourrait être une conséquence
inévitable des lois fondamentales de la physique.
Ainsi, plutôt que de violer la
seconde loi de la thermodynamique, la vie s’inscrirait dans le cadre de
cette loi en utilisant l’énergie disponible dans son environnement pour contrer
temporairement l’entropie et créer de l’ordre. Mais le bébé qui grandit, mange, boit etc. désorganise son environnement (et celui des parents) en augmentant l'entropie de l'ensemble et en obéissant toujours à la seconde loi de la thermodynamique, voire même celle des parents, enfin parfois.
Paradoxalement, le vivant est "fabriqué" pour survivre et se reproduire à tout prix en produisant de l'ordre qui brûle de l'énergie (soleil, pétrole, gaz...), ce qui augmente drastiquement l'entropie et le désordre (CO2, pollution, atteinte à la biodiversité...) tout en détruisant le milieu (dérèglement climatique, mise en danger des ressources en air, eau, nourriture...).
Du coup l'injonction biblique destinée à Noé après le génocide aquatique est quelque peu problématique :
"Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre
et soumettez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel
et sur tout animal qui se meut sur la terre"
Fort heureusement, dans son encyclique « Laudato si’ » concernant notamment la sauvegarde
de la maison commune,le pape François a déploré le saccage de la Nature imprudemment encouragé
par le texte divin :
« Nous
avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs,
autorisés à l’exploiter. »
Le Pape ne va tout de même pas jusqu'à prôner la régulation des naissances par des moyens "artificiels", seules méthodes réellement efficaces (pilule, stérilet...). Il ne faudrait pas que les catholiques se fassent "grand remplacer" par des religions concurrentes !
Finalement, contrairement à ce que
certains persistent à affirmer, la thermodynamique n'exclut en rien
l'évolution du désordre vers l'ordre en certaines régions d'un système...
comme un bébé, mais pas que. Ce qui ruine l’objection des spiritualistes qui auraient bien aimé pouvoir
s’appuyer sur la science pour démontrer Dieu.
Raté.
Concernant l'origine de la vie, le prix Nobel de chimie Ilya Prigogine nous éclaire, un peu :
« C'est par une succession d'instabilités que la vie est apparue. C'est la nécessité, c'est-à-dire la constitution physicochimique du système et les contraintes que le milieu lui impose, qui détermine le seuil d'instabilité du système. Et c'est le hasard qui décide quelle fluctuation sera amplifiée après que le système a atteint ce seuil et vers quelle structure, quel type de fonctionnement il se dirige parmi tous ceux que rendent possibles les contraintes imposées par le milieu. »[1]
Cette vidéo « Entropie et origine de la vie » (chaîne youtube "Livres et science") va vous en dire beaucoup plus !
On peut compléter avec cette vidéo vertigineuse : "L'origine de la vie,
que sait-on en 2020 ? (abiogenèse) - Passe-science #36" (https://www.youtube.com/watch?v=jxEtFZr21k8 ou encore "Quelle est l'origine de
la vie ?"https://www.youtube.com/watch?v=Sj_xW6ZxPq8). N.B : certains raccourcis dans le cadre de la vulgarisation de phénomènes complexes comme "la cellule cherche à se fabriquer une membrane" ne sont pas corrects. La cellule n'a évidemment pas "conscience" de devoir chercher quoi que ce soit. Il s'agit en fait d'un processus chaotique avec sélection parmi des milliers de tentatives infructueuses de certains rares résultats adaptés aux conditions de l'environnement.
Au passage et pour en revenir au fond : appliquées à notre sujet du Libre Arbitre (LA) dans le cadre du naturalisme scientifique, les lois naturelles à travers les lois thermodynamiques s’opposent frontalement au concept de LA. L'énergie peut être transformée d'une forme en une autre, mais elle ne peut jamais être créée ni détruite. Supposons qu'un acte librement choisi nécessite le déclenchement d'une série d'événements neuronaux qui commencent par le mouvement d'une molécule stationnaire. Selon la loi de la conservation de l'énergie, cette molécule ne sera déplacée que par la collision d'une autre molécule avec elle ou par l'influence d'une autre force physique. Si la molécule devait se déplacer d'une manière librement choisie par la force de la volonté, cela signifie qu'une nouvelle énergie serait introduite dans l'univers, violant ainsi la conservation de l'énergie. En conséquence, si tousles échanges et conversions d'énergie dans un organisme vivant sont conservés (principe de la thermodynamique), alors choisir "librement" une action est impossible. C’est l’un des arguments scientifiques les plus forts contre un Libre Arbitre « réel », ontologique.
« Un acte de libre arbitre nécessite d'influencer la matière d'une manière ou d'une autre, par exemple en faisant aller une molécule vers la droite alors qu'elle serait naturellement allée vers la gauche. Si je faisais en sorte que cette molécule aille droit par moi-même, je violerais la conservation de l'énergie en introduisant une nouvelle force dans l'équilibre des forces existant. J'aurais créé quelque chose à partir de rien. Peut-être pourrions-nous dire que la force est conservée si la force que j'applique provient de la libération d'énergie chimique stockée dans mon cerveau. Le problème est que le déclenchement de cette libération nécessite toujours un apport d'énergie venu de nulle part. Ainsi, il semblerait que toute force exercée par ma volonté, si une telle force existe, ne peut être libre. »*
Ce qui a le mérite d'être clair.
Il faudrait un jour que des philosophes ou scientifiques se disant matérialistes nous expliquent comment tout est affaire de détermination (et d'indéterminisme quantique) dans l'univers sauf... la volonté humaine qui posséderait sa propre énergie qui viendrait... de rien.
Mais tout ceci est bien évidemment insuffisant pour convaincre un spiritualiste qui n'a que faire de la science ou qui, conscient du risque rationnel, va s'évertuer à "prouver" dieu en tordant cette pauvre science qui ne "mérite" pas d'être ainsi traitée (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_07_26_archive.html).
* « Joseph Delboeuf on time as the mechanism of free
will » - https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/09593543211023143 - Notons que Delboeuf a affirmé (1880) l’existence du LAdu fait de « retards
moléculaires » qui permettrait la liberté de la volonté. Personne n’a
jamais pu mettre en évidence une telle hypothèse.
______________________________
Et pour aller plus loin, le livre "La dernière
blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en
cliquant sur l'image ci-dessous
Dans le cadre du naturalisme scientifique (matérialiste), en
quoi l'étude de l'Histoire présenterait-elle un intérêt puisque tout semble déterminé sans aucun "degré" de liberté pour la matière inerte comme pour le vivant, et qui plus est, sans libre arbitre ontologique humain ? L'empire des lois naturelles nous condamne-t-il à un fatalisme, voire au nihilisme ? Fatal error ! (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/fatalisme-fatal-error.html).
Et si l'Histoire "ne repasse pas les plats", en tout cas pas exactement du fait que de nouveaux ingrédients et innovations dans les recettes peuvent survenir (lance pierre, fusil, canon, bombe atomique...), certains composants des "plats du malheur" sont par ailleurs assez constants : un nationalisme exacerbé est l'un de ces ingrédients mortifères bien connu. Le racisme, le fanatisme religieux, les difficultés économiques... sont autant de poisons possibles. On peut espérer que le travail des historiens permette d'identifier schémas, tendances et lois régissant le développement humain, ce qui permettrait d'utiliser ces connaissances pour anticiper et modeler un avenir le moins pire possible. Mais si le passé ne pouvait pas advenir autrement, le chaos déterministe sans cesse actualisé, permanent, est tel que les prévisions restent aléatoires.
Dans ce contexte idéologique matérialiste, que voudrait signifier la "fierté" d'être ceci plutôt que cela, ici plutôt que là-bas ? La fierté se fonde sur un mérite personnel ou communautaire, mérite qui ne peut exister dans un monde matérialiste. Plutôt que la fierté d'être français (droits de l'humain, laïcité, démocratie etc.), il serait plus pertinent d'être heureux d'avoir cette chance en comparaison de l'afghanistan. De là à être "fier"... Qu'a-t-on réellement fait pour capter cette chance d'être en France et d'y être plutôt mieux (moins malheureux) que dans nombre de pays ?
A l'inverse, la "honte" (commerce triangulaire, colonisation, collaboration, crimes contre l'humanité...) n'est pas non plus fondée et la notion de repentance, avec ses relents religieux de flagellation, est toute aussi déplacée.
Reste impérativement le travail historique sans concessions, s'appuyant sur les archives, soumis aux discussions et critiques des experts : pas de repentance mais une reconnaissance de la réalité historique autant qu'on puisse la trouver.
Ce qui implique des réparations dans nombre de cas comme la restitution des œuvres volées au cours des campagnes militaires, le remboursement des sommes indûment versées par Haïti, la reconnaissance et l'indemnisation des Harkis... mais aussi la construction de musées, de monuments ou de mémoriaux pour
honorer les victimes et sensibiliser le public aux horreurs du passé, un soutien financier et institutionnel aux communautés et aux
groupes qui ont été touchés par les injustices du passé...
Soit autant d'actions visant à compenser et à prévenir de nouvelles injustices.
Et il n'est pas question de ne s'acquitter que d'une dette "morale" comme c'est malheureusement le cas pour Haïti malgré la reconnaissance d'une "faute" de la France par le chef de l'état François Hollande. La révolution française causa la chute du système colonial
esclavagiste avec la reconnaissance en 1825 de l’indépendance de
Haïti... au prix fort pour cette île puisqueCharles X reconnaît ce nouvel état moyennant le
remboursement des terres confisquées par le nouveau pouvoir Haïtien, soit la somme de 150 millions de Francs Or
ramenée à 90 millions par la suite du fait des défauts de paiement de la jeune
nation.
Il était considéré comme « normal » à l’époque d’indemniser les propriétaires colons pour la
perte de « leurs » terres et de « leurs » esclaves*. Cette
dette - préjudiciable au développement économique du pays et responsable pour
partie de la dramatique faillite actuelle d'Haïti - sera payée jusqu’en 1888. Les
agios de l’emprunt ne seront réglés qu'au milieu du XXème siècle ! Selon
le New York Times, en l’espace de 64 ans, le pays a dû verser l’équivalent de 560
millions de dollars actuels.
Haïti est le seul pays au monde où les descendants
d’esclaves ont été forcés de payer des réparations aux descendants de leurs
maîtres pendant des générations.
Donc ni fierté, ni honte, mais payer ses dettes mémorielles et financières.
Manger du porc, c'est pas bien pour le cochon, mais bien pour le ténia, mais mal pour l'humain infesté, mais bien pour le médecin qui gagne une consultation, mais mal pour la sécurité sociale qui rembourse consultation et médicaments, mais bien pour le laboratoire qui vend le traitement idoine...
Le mal pour l'un est le bien pour un autre. Un truisme. Mais il ne faudrait pas confondre "banalité du mal" et "banalisation du mal".
Le concept de "banalité du mal" a été développé par Hannah
Arendt dans son ouvrage "Eichmann à Jérusalem : Rapport sur la banalité du mal" en 1963. Adolf Eichmann, haut fonctionnaire nazi responsable de la logistique de la Solution finale,
n'était pas motivé selon la philosophe par la méchanceté ou la cruauté, mais plutôt par son
obéissance aux ordres et son manque de réflexion sur les conséquences morales
de ses actions. Une victime produisant des victimes ?
Pour Arendt, la "banalité du mal" n'est pas un concept
théorique, mais une constatation issue de son expérience personnelle et de son
observation du procès Eichmann : les personnes ordinaires peuvent
commettre des actes horribles lorsqu'elles sont immergées dans un système
totalitaire qui normalise et légitime de telles actions. Arendt n'a jamais eu l'intention de minimiser la gravité
des crimes nazis ou de décharger les coupables de leur responsabilité. Elle a plutôt cherché à mettre en lumière les dangers des systèmes
totalitaires transformant des personnes ordinaires en instruments de
destruction massive. On retrouve par exemple cette idée
dans le film de Louis Malle "Lacombe Lucien"* qui montre la facilité
avec laquelle un individu "ordinaire" peut basculer dans l'ignominie, un peu par
hasard, sans vraiment prendre conscience de ce qu'il fait.
Les expériences de Milgram et de Standford ont exploré cette face sombre de l'humain concernant plus particulièrement la soumission à l'autorité.
L'expérience de Milgram, menée à l'université Yale en
1961, visait à étudier le degré d'obéissance d'individus lambda lorsqu'ils
étaient amenés à infliger des décharges électriques à une tierce personne, sur
instruction d'une autorité perçue comme légitime. Les participants étaient
invités à administrer des chocs croissants à un autre participant (en réalité
un comédien) s'il donnait une mauvaise réponse à une question posée. L'objectif
était d'évaluer jusqu'à quel niveau de douleur les participants étaient
disposés à aller, uniquement parce qu'on leur demandait. Les résultats ont
montré que beaucoup de participants allaient jusqu'à causer des blessures
sérieuses, simplement parce qu'ils avaient été fortement priés de le faire.
Quant à l'expérience de Stanford, elle a été dirigée par Philip Zimbardo en 1971. Cette étude visait à observer le comportement des gens placés dans des rôles de geôlier et de prisonnier, dans le cadre d'une simulation de prison. Les participants ont été divisés en deux groupes aléatoires, assignés respectivement aux fonctions de geôlier et de prisonnier. Zimbardo a observé que les simulations de hiérarchie, de pouvoir et d'obéissance à l'autorité instituée avaient un effet profond sur les participants qui endossaient rapidement leurs rôles et adoptaient des comportements violents et sadiques envers les détenus. Face à la tournure dramatique des événements, Zimbardo a finalement été obligé d'arrêter l'expérience prématurément.
Ces études semblent donc montrer qu'une part importante des individus lambda d'une population en régime démocratique lambda sont capables du pire. Résultats fort intéressants... sachant que
plusieurs des cobayes humains qui se sont prêtés
volontairement à cette expérience en sont ressortis avec des séquelles
psychologiques importantes et injustifiables de nos jours du point de vue éthique.
Point final ?
Non pas, comme le montre cette vidéo de David Louapre (chaîne "ScienceEtonnante", toujours très intéressante https://www.youtube.com/watch?v=7Vy1Cg5O5Pc) qui nous propose quelques interrogations légitimes sur la méthodologie et les quelques "cachotteries" relevées.
Les critiques sont cohérentes, mais un point me paraît crucial : les tortionnaires nazis n'étaient pas des citoyens lambda d'un régime démocratique (bien qu'Hitler ait été "élu" dans le cadre d'un accord de coalition en 1933) mais subissaient - ou étaient acteurs convaincus - d'une idéologie particulière, une dictature totalitaire, où certains humains étaient considérés depuis nombre d'années comme des "sous-hommes" (untermenschen) parce que juifs, homosexuels, malades mentaux, tziganes** etc.
Par ailleurs, les SS dépositaires des basses besognes étaient recrutés selon certaines modalités ; en fait des candidats soigneusement sélectionnés en fonction
de leur origine ethnique, leur allégeance au parti Nazi, leur situation
financière, leur âge, leur statut marital et leur santé physique. Les
recrues devaient réussir une série de tests physiques et
psychologiques et, dans la foulée, ces nouveaux membres SS étaient
soumis à une intense formation aveclavage de cerveau idéologique. Ils étaient "instruits" sur les principes de la pureté raciale, de l'obéissance
aveugle et de la loyauté envers Adolf Hitler et le parti Nazi. On est ici très loin du sujet américain des expériences décrites. De là à penser que certaines recrues SS étaient de véritables psychopathes ou pervers narcissiques trouvant dans ces circonstances l'occasion de montrer leur talent... (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_05_12_archive.html).
Ce qui nous ramène également à l'altricité et à la dépendance des humains dans leur enfance avec nécessité d'obéir à l'autorité pour la survie (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_05_09_archive.html), ce qui continue adulte avec la dépendance - sans hiérarchie - au plombier, médecin, banquier, épicier, impôts, curé, place de parking, numérique et IA... Les positions d'autorité et de dépendance forment un couple infernal que l'on retrouve au cœur des affaires de mœurs dans l'Eglise, l'entreprise, au sein de la famille et du couple etc. Il n'est pas besoin de convoquer un point Godwin pour constater la banalité du mal.
Quelles que soient les critiques que l'on peut formuler, les expériences de Milgram et Standford illustrent comment des forces extérieures,
telle que l'autorité perçue comme légitime, peuvent modeler nos comportements
et nous amener à agir contre notre conscience, notre volonté, nos valeurs. Elles posent la
question de la responsabilité personnelle et collective face aux pressions
exercées par les structures de pouvoir, ainsi que l'importance de reconnaître
et de résister aux schémas de manipulation et de contrainte sociale. Ce qui montre toute l'importance de la vulnérabilité humaine dans certaines conditions, dont les régimes politiques que l'on se donne (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_07_03_archive.html).
On peut également remarquer que tout repose sur la culpabilité supposée de cet autre qu'il faudrait punir puisqu'il est juif, homosexuel... ou simplement ne répond pas correctement à des questions, une raison plus que suffisante pour obéir à l'autorité supposée et punir par une décharge électrique mortelle !
Mais la dépendance à une autorité n'est pas le seul déterminant d'un "mauvais comportement". L'affaire "Pélicot et les 50
violeurs" de Mazan" nous a montré qu'un mâle lambda (alpha ? bêta ?)
peut violer une inconnue droguée à l'invite internet du mari. A part quelques
exceptions, ce sont des bons pères de famille, le voisin au bout du couloir, le
pompier bénévole... tous héritiers d'un patriarcat ancestral pour lequel la
femme est objet. Le mari est décrit par les psychiatres / psychologues comme
manquant d'empathie, un pervers narcissique égocentrique avec des fantasmes de
nécrophilie... Bien normal tout ça ?
Non si l'on s'en réfère à l'OMS qui
définit la santé comme suit :
Un état complet de bien-être physique, mental et socialet pas seulement
l'absence de maladie ou d'infirmité.
Or, les troubles de la personnalité affectent
plusieurs dimensions de la santé, notamment sur le plan mental et social. Peut-on affirmer que les accusés de Mazan ne sont pas "affectés" du point de vue mental et social ? Existerait-il un zone grise entre santé et pathologie mentale, zone dans laquelle on trouverait les "troubles de personnalité" graves ? Pas plus que le reste, ces troubles ne tombent pas du ciel mais "sont le résultat d’une interaction
génétique et environnementale. Ainsi, certaines personnes naissent avec une
tendance génétique à souffrir d’un trouble de la personnalité et cette tendance
est ensuite effacée ou renforcée par des facteurs environnementaux, tels que
des expériences ou des sources de stress ou de bien-être." (https://www.msdmanuals.com/fr/accueil/troubles-mentaux/troubles-de-la-personnalit%C3%A9/pr%C3%A9sentation-des-troubles-de-la-personnalit%C3%A9)
Mais il faudra autre chose que des condamnations, pourtant de plus en plus sévères, et plutôt comprendre cette trop fréquente asymétrie femme / homme qui tient à la biologie peut-être, aux rapports ancestraux de domination masculine et à une éducation déficiente, sûrement. Il semble qu'une partie de la réponse se trouve dans les traumatismes de l'enfance qu'il faudrait pouvoir prévenir ou traiter à temps. En tout cas, en quoi ces comportements ignobles et "déviants" seraient la preuve d'un libre arbitre déficient ? Bref, un sacré chantier pour notre génération et celles qui suivent, dont quelques précisions sur la notion de consentement...
Car si la punition a pu constituer à moindre frais un élément de la gestion des clans et autres groupes humains à une certaine époque, il est pitoyable d'en être encore là malgré toutes les études montrant par exemple que la punition dans l'éducation des enfants a des effets négatifs, telles que la diminution des performances cognitives
et la réduction de la motivation à apprendre. Une étude
britannique a ainsi révélé que l'utilisation de la punition corporelle par les
parents était associée négativement aux réalisations scolaires des enfants
d'âge maternel. Aux États-Unis, une étude a montré que la punition corporelle
prédit des niveaux plus faibles de compréhension linguistique chez les enfants
de cinq ans***. Et la "simple" humiliation ne fait pas mieux.
De plus, la recherche suggère que les techniques de
discipline verbale, telles que l'explication et l'appel à la raison, sont plus
susceptibles de stimuler cognitivement les enfants que les punitions
corporelles. Par conséquent, les parents qui optent pour la punition physique
sont moins susceptibles d'utiliser des méthodes de discipline
inductives, ce qui peut entraver la croissance cognitive des enfants. Alors même que l'on sait depuis des années que ces punitions sont néfastes pour l'enfant, elles resteraient bénéfiques pour l'adulte sans aucune justification scientifique ni philosophique ?
Enfin, haine et punition sont des aberrations totales dans le cadre du naturalisme scientifique, position philosophique incompatible avec l'existence d'un libre arbitre ontologique servant de
fondement inique à toute forme de punition et de haine.
** "Mein Kampf" expose
une rhétorique virulente anti-juive, accusant les Juifs de conspirer pour
affaiblir et dominer la société allemande et européenne. Hitler soutient que les Juifs forment une race inférieure, parasitaire et
destructrice qui représente une menace existentielle pour la pureté
aryenne et l'identité nationale allemande. Le livre appelle explicitement à
l'expulsion des Juifs d'Allemagne et à leur ségrégation.
Concernant les homosexuels : Hitler considère l'homosexualité comme une déviance
sexuelle et une menace pour la vitalité et la force de la nation allemande. Il assimile l'homosexualité à une forme de corruption morale et dénonce les "vices" qui saperaient la cohésion sociale et la famille traditionnelle.
Par ailleurs, l'euthanasie des malades mentaux et des
personnes handicapées serait une solution pour préserver la santé et la pureté de
la race aryenne car ces personnes seraient un fardeau pour la société et un obstacle à la
réalisation de la société idéale nazie.
Quant aux Tsiganes, ce seraient des nomades sans attaches représentant
une menace pour l'ordre social et la sécurité. L'auteur affirme que les
Tsiganes ne peuvent pas être assimilés et qu'ils doivent être exclus de la
société allemande. Hitler justifie cette exclusion en invoquant la
prétendue criminalité et la moralité inférieure de cette population.
On pense avec les mots ! Changeons les mots pour changer la réalité ?
Dans certains cas, ce n'est pas si mal de modifier quelques désignations.
Parler de "personnes en situation de..." mobilité réduite, petite taille, surpoids, détresse psychologique, dépendance... vaut peut-être mieux que de parler d'handicapés, de nains, de gros, de fous, de drogués etc. avec toutes les connotations négatives associées. Mettre en exergue que ce sont des personnes à part entière - et non entièrement à part - a une importance qui n'est pas cosmétique. Désigner les vieux (pas bien) par le terme de seniors (la classe !) entre dans la même catégorie - plutôt positive - qui ne fait de mal à personne. Tout au plus pourrait-on sourire - si l'on est pas concerné - par la désignation d'une "personne en situation de tuer en série", "en situation de dire des conneries" ou de "mal comprenants", "en situation de griller les feux rouges" etc.
Et puis - moins sympathique - il y a quelque chose comme une "novlangue" (langue officielle
d'Océania inventée par George Orwell pour son roman d'anticipation 1984 publié
en 1949), - soit une simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée
à dissoudre l'expression des idées potentiellement subversives et éviter ainsi toute formulation critique vis-à-vis de l’État. A dessein éminemment politique...
Extrait démonstratif avec cette anecdote de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT (vidéo entière) :
Un licenciement collectif (pas bien) devient un plan social de sauvegarde de l'emploi (bien)
La fragilisation des parcours professionnels (pas bien) devient de la flexisécurité (bien)
Une récession économique (pas bien) n'est plus qu'une croissance négative (pas si mal, il y a toujours la notion de croissance)
Un exploité (pas bien) est en fait un défavorisé (il n'a simplement pas de chance ; personne n'est responsable)
Les massacres localisés ne sont en fait que des frappes chirurgicales (du médical en somme) et les dégâts collatéraux font partie du traitement (pas d'omelette sans casser des œufs, des vies "innocentes", des familles...)
Hommes et femmes de ménage (pas bien) sont enfin reconnus comme techniciens de surface (bien), ce qui est censé compenser largement la maigre rétribution d'un travail ingrat
L'analphabète (pas bien) devient une "personne en situation d'illettrisme" ou "personne en difficulté de lecture et d'écriture" qui est nécessairement coupable de n'avoir pas travaillé en classe
Le "sans-abri" ou "clochard" (pas bien) est une "personne en situation d'itinérance" ou
"personne sans résidence fixe (SDF)", un statut qu'il a bien évidemment "choisi" en toute liberté
Idem pour le "pauvre" ou "misérable" (pas bien) qui est plutôt une personne en difficulté" ou "en
situation de pauvreté" dont il est responsable, en fait coupable
Le prisonnier ou détenu (pas bien) n'est en fait qu'une "personne simplement privée
de liberté", un peu comme si l'on privait de dessert un enfant qui s'est mal conduit. Savoir comment on en arrive là est bien secondaire.
Le chômeur (pas bien car feignant) est un "demandeur
d'emploi" ou une "personne en recherche d'emploi", soit la promesse d'un nouvel horizon radieux... s'il trouve...
Les prostitué(e)s ne sont rien d'autre que des "travailleurs du sexe" comme on est travailleur du BTP, un choix libre de toute contrainte, évidemment
Sur cette lancée, le fascisme devient une simple option idéologique concurrente de la démocratie.
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au
malheur du monde. Ne pas nommer les choses, c'est nier notre humanité." (Camus)
Il faut "se dépêcher d'en rire de peur d'être obligé d'en pleurer" ( Barbier de Séville), avec le sketch de Franck Lepage :
Tout ceci sans oublier la langue de bois dont on fait les Totems à droite, à gauche... voire les deux "en même temps" (Franck Lepage à nouveau) :
Quelques scientifiques - pourtant naturalistes dans le sens où ils soutiennent la primauté des lois naturelles chaotiques déterministes et indéterministes (matérialistes) dans l'explication du monde, excluant ainsi toute explication surnaturelle -, tiennent tout de même à conserver la notion de libre arbitre.
Sean Carroll, professeur de recherche en physique, est l'un de ceux-là.
Si l'on était méchant, on pourrait dire que Carroll se démonétise lui-même dès le début de l'interview en affirmant que son avis ne vaut pas mieux que celui de n'importe quel passant. On pourrait donc s'arrêter là...
Mais continuons. Ce physicien, une figure d'autorité évidente, nous dit que le libre arbitre existe bel et bien, en tant qu'émergence des lois naturelles, un peu comme le statut de la température ou de la pression dans le cadre de la thermodynamique. Il ne semble pas tenir compte du fait que ces "émergences thermodynamiques" sont entièrement dépendantes des conditions initiales et des lois naturelles qui s'appliquent. Aucune transcendance n'est convoquée dans l'explication de ces phénomènes. D'autant que la complexité des phénomènes physiques émergents n'est pas un argument pour légitimer l'existence de forces et de déterminants supplémentaires inconnus comme le montre l'article sur LENIA (voir Emergence de LENIA).
Ce sentiment d'être libre - malgré la méconnaissance partielle des déterminants à l'oeuvre dans la réussite de nos décisions et actions - est probablement un avantage en termes de survie de l'individu et du groupe, au même titre que des croyances diverses (religions, sorcellerie, astrologie, tabous, réincarnation, nécessité de hiérarchie sociale et autres castes...) afin d'organiser la cohésion des sociétés à une époque donnée. Mais ces divers éléments sont des traits culturels en évolution permanente dont nombre d'entre eux sont remis en cause ou abandonnés du fait de l'autre évolution - culturelle -, celle des apports philosophiques (Spinoza, Schopenhauer, Nietzsche... par exemple) et scientifiques (neurosciences, génétique, sociologie etc.). Ce qu'on appelle l'esprit, l'amour, la rationalité, les désirs, les hallucinations, l'espoir, l'imagination, la peur, le sentiment de volonté libre etc. sont des émergences de l'évolution cérébrale humaine pour la meilleure préservation de l'individu / groupe / espèce possible. Émergences que l'on commence à mieux comprendre mais qui ne sont en aucun cas des entités extracorporelles n'obéissant plus aux lois naturelles déterministes et indéterministes : exit le libre arbitre ontologique qui autoriserait le blâme, la punition, la violence, la vengeance etc.
L'évolution semble avoir configuré notre cerveau avec l'émergence de quelques éléments de méfiance et de peur des autres, de racisme latent voire fortement exprimé : il est vrai que l'humain "autre" est potentiellement le prédateur le plus dangereux du monde. Mais la science nous dit que la notion de races différentes n'existe pas... et l'on pourrait tout de même être raciste ? Le seul qui pourrait - à tort - revendiquer une "pureté" de race ou d'espèce serait l'africain, pur Sapiens Sapiens, alors que les caucasiens (blancs) possèdent environ 2 % de gènes Néandertaliens ! Nos ancêtres ont fauté semble-t-il. Leur morale n'était pas encore aussi évoluée que la nôtre ! Les pauvres.
Bref, la croyance dans un libre arbitre ontologique (métaphysique, transcendantal) ressemble fort à un reliquat de l'âme et de la dualité corps / esprit qui n'ont pourtant plus aucune assise crédible depuis fort longtemps (voir par exemple cette étude en neurosciences : https://www.nature.com/articles/npre.2010.4633.1 et le "Théorème du libre arbitre").
Finalement, ce scientifique nous gratifie d'un : "C'est ce que nous croyons sur la nature de la réalité qui est important en fin de compte"
Non, 1000 fois non. Ce n'est pas une affaire de croyance, de goût ou de couleur qui n'engagerait en rien notre vie commune. Le contenu de ce que nous croyons sur ce sujet philo-scientifique a des conséquences permanentes, quotidiennes sur le monde, la justice, les priorités politiques, le soin des autres etc. Ces croyances dans la chimère de l'âme ou du libre arbitre ont peut-être conduit à des comportements utiles à une époque primitive mais deviennent de vrais boulets dans l'évolution culturelle de l'humanité (loi du Talion* et punitions illégitimes / hiérarchie sociale / méritocratie...). Voir Le côté obscur du Libre Arbitre).
Des boulets datant du pléistocène qui n'ont plus lieu d'être actuellement.
*Loi du Talion qui est toujours censée être appliquée dans certaines cultures, notamment aux "Lueurs du Coran" - mais pas que - justifiant ainsi la peine de mort :
"Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le talion a un
effet dissuasif certain s’il est appliqué en toute justice car il empêche la
mort plutôt que l’encourage comme cela plait à dire à ceux qui luttent contre
la peine de mort. Il est vrai que celle-ci doit absolument être réglementée et
que ses dossiers soient bien ficelés afin d’éviter les dépassements
malintentionnés auxquels on assiste régulièrement, mais de là à l’abolir
purement et simplement, les droits de la victime ne seraient-ils pas bafoués ?" https://www.lueursducoran.com/l-appel-celeste/lappel-aux-croyants/oeil-oeil-dent-dent/#:~:text=La%20loi%20du%20talion%20fait%20partie
« Tout d’abord, permettez-moi d’affirmer ma ferme conviction
que la seule chose que nous ayons à craindre est la peur elle-même – une
terreur sans nom, irraisonnée et injustifiée qui paralyse les efforts
nécessaires pour transformer la retraite en avancée. » – Franklin Roosevelt
Selon la théorie de l'évolution, les
espèces qui survivent sont celles qui s'adaptent le mieux à leur environnement.
Dans le cas du cerveau humain, cela s'est traduit par le développement de
mécanismes d'alerte pour faire face aux menaces de survie.
Ainsi, notre cerveau
est programmé pour accorder une attention particulière aux dangers potentiels
du fait d'un biais de négativité, également connu sous le nom d’asymétrie
positive-négative, une distorsion de la pensée qui fait que les individus
accordent plus d’attention et réagissent plus fortement aux stimuli négatifs
qu’aux stimuli positifs. Ce biais intervient de manière implicite dans la
perception de l’entourage, le traitement des émotions, le choix des préférences
etc.
A que « Ce
qui intéresse les gens, c'est quand ça va mal. »
Selon le dictionnaire de l’American Psychology Association,
le biais de négativité désigne « la tendance des gens à accorder un poids et
une considération disproportionnés aux informations et aux événements négatifs
dans la prise de décision et la perception ». En général, les éléments négatifs
marquent plus l’esprit que ceux qui sont positifs.
Cette focalisation sur les menaces se reflète dans notre
intérêt pour les mauvaises nouvelles. Les médias, en particulier les journaux
télévisés, privilégient les sujets anxiogènes, tels que les catastrophes
naturelles, les accidents, les crimes et les conflits. Cette tendance
s'explique par notre désir d'être informés des dangers potentiels afin
d'améliorer notre survie.
"L'omniprésence des biais de négativité s'étend au
fonctionnement des institutions politiques - des institutions qui ont été
conçues pour donner la priorité aux informations négatives de la même manière
que le cerveau humain." (Soroka, 2014).
Ce qui intervient par conséquent dans notre sentiment toujours plus important d'insécurité... qui en fait a peu évolué depuis 2010 : environ 20 % des personnes de 14
ans et plus déclarent se sentir en insécurité, ce qui n'est tout de même pas rien... Pourtant, de nombreuses études montrent que les niveaux de violence
dans la société ont fortement diminué au cours des dernières décennies. Par
exemple, selon les données de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le
crime, le taux d'homicides volontaires dans le monde a diminué de 16 %
entre 2000 et 2017 (ONUDC, 2019).
Paradoxalement, les citoyens se sentent de moins en moins en
sécurité probablement du fait du biais de négativité, des expositions quotidiennes aux violences du monde (chaînes info en continu qui doivent être alimentées) et d'un seuil abaissé d'acceptabilité. Ce sentiment d'insécurité est exploité par les partis d'extrême droite et leurs canaux d'information mettant en avant des thèmes tels que l'immigration, le grand remplacement, la mise en exergue des violences pour entretenir une peur généralisée de
l'étranger et des cultures différentes (Wodak, 2015) :
"Les partis populistes de droite occupent le devant de la
scène, certains atteignant le sommet de l’échelle électorale : mais savons-nous
pourquoi, et pourquoi maintenant ? Ruth Wodak retrace les
trajectoires de ces partis depuis les marges du paysage politique jusqu’à son
centre, pour comprendre et expliquer comment ils se transforment de voix
marginales en acteurs politiques persuasifs qui définissent l’ordre du jour et
encadrent les débats médiatiques. En mettant à nu la normalisation de la
rhétorique nationaliste, xénophobe, raciste et antisémite, elle construit un
nouveau cadre pour cette « politique de la peur » qui creuse de nouvelles
divisions sociales entre la nation, le genre et le corps. Le résultat révèle la
micropolitique du populisme de droite : comment les discours, les genres, les
images et les textes sont interprétés et manipulés dans des contextes à la fois
formels et quotidiens, avec de profondes conséquences."
Le problème semble résider dans l'inadaptation de notre
psychisme ancestral aux progrès de la civilisation, dont notamment la révolution
numérique, l'intelligence artificielle, l'évolution des mœurs... Cette
inadaptation se traduit par un conservatisme symptôme des peurs, avec des
répercussions sur l'amygdale cérébrale, une région du cerveau impliquée dans la
peur et l'anxiété (L'amygdale est responsable de réguler et d’analyser les
émotions telles que la peur, l’anxiété ou encore la colère. Elle joue un rôle
de détecteur de danger : puisque les émotions négatives sont
parfois signes de danger, l’amygdale est donc encline à s’y attarder dans le
but de nous protéger).
Cette inadaptation se manifeste également par la nostalgie
du passé, illustrée par la formule "c'était mieux avant", une nostalgie souvent associée à un désir de sécurité et de stabilité qui
contraste avec les changements rapides et parfois déstabilisants de la société
moderne. Ce biais de négativité peut conduire à une détresse psychologique et limiter notre
exploration du monde extérieur du fait d’une conception biaisée de la
réalité. Il est donc important d’être vigilant et de réguler la
manifestation de cet effet.
Au passage, un autre biais peut aider à comprendre : le
biais du raisonnement motivé qui tend à prêter attention aux informations qui
confirment ses croyances et à rejeter celles qui les remettent en question. Ce
biais pousse à développer des rationalisations pour maintenir ses croyances,
évitant ainsi la dissonance cognitive.
Que faire ?
Concernant le "sentiment" d'insécurité, il faut tout d'abord accepter l'idée que, malheureusement, le risque zéro n'existe pas, même dans un monde où chacun serait suivi par une caméra policière. Sur ce sujet, le paradigme du contrôle total des individus rejoint les pires cauchemars totalitaires ("1984" / Chine / Corée du Nord etc.).
En revanche, l'éducation aux médias peut aider les individus à mieux
comprendre le fonctionnement des médias et à développer un esprit critique (vigilance épistémique) face
à l'information concernant les désastres du jour. Ce qui peut contribuer à réduire l'anxiété liée à la
consommation de mauvaises nouvelles et à adopter une vision plus nuancée de la
réalité (Potter, 2013).
Par ailleurs, le développement de l'intelligence émotionnelle,
c'est-à-dire la capacité à reconnaître, comprendre et gérer ses émotions, peut
aider les individus à mieux faire face aux défis de la modernité. En
particulier, l'intelligence émotionnelle peut contribuer à réduire l'anxiété et
à améliorer la résilience face aux changements (Goleman, 1995).
Enfin, la promotion du vivre-ensemble, c'est-à-dire la capacité à
vivre en harmonie avec les autres malgré les différences culturelles, peut
aider à réduire les peurs liées à l'étranger et aux cultures différentes. Cela
pourrait passer par la mise en place de politiques publiques favorisant la mixité
sociale et la lutte contre les discriminations (Putnam, 2007).
"Il n’y a pas de traversée du désert,
il n’y a qu’une marche
vers l’oasis" (Proverbe arabe)
La campagne des législatives françaises suite à la dissolution (juin 2024) fourmille de prises de positions partisanes où les affects semblent bien plus décisionnaires que la raison. C'est habituel, j'en conviens. Albert Camus, grand philosophe et pris Nobel, déclare en pleine guerre d'Algérie, suite à la question d'un étudiant algérien :
« J’ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi
un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et
qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je
défendrai ma mère avant la justice. » (propos rapportés par le journaliste du
Monde Dominique Birman)
Camus dira par la suite que sa mère est pour lui la plus grande cause qui existe au monde. On pourrait défendre les deux, mère et justice ; et l'on ne voit pas bien comment une hiérarchie pourrait se justifier entre amour filial et droit à l'indépendance d'un peuple colonisé qui n'a d'autre possibilité - dans le cadre politique de l'époque - que celle de prendre les armes. Ses affects pour son pays natal (et sa mère) ont passablement obscurci sa réflexion sur ce sujet précis alors que par ailleurs il était contre l’utilisation de la force pour maintenir les colonies... tant qu'il ne s'agissait pas de l'Algérie ou vivait encore sa mère.
Plus généralement, concernant nos affects et notre surestimation/intolérance "naturelle" (biais de confiance excessive) en lien avec les oppositions droite - gauche :
"Les études en psychologie sociale montrent invariablement que plus les personnes sont de droite, plus elles sont
intolérantes (racisme, sexisme, homophobie, antisémitisme). À
l’inverse, plus les personnes sont de gauche, plus elles sont tolérantes. Cette différence entre les
personnes de gauche et de droite s’observe jusqu'au phénomène de
déshumanisation, un mécanisme psychologique par lequel des personnes sont
perçues comme moins « humaines » et, par conséquent, ne sont pas pleinement
prises en compte sur le plan moral." (1)
Ce qui devrait tempérer, sinon invalider la mise dos à dos au sommet de l'état (Macron) des "extrêmes" de gauche et de droite. Un début de "ni ni" au second tour visant spécifiquement le R Haine et LFI, le tout repris en cœur par des responsables Macronistes et des LR dont Bruno Le Maire, Aurore Bergé,Édouard Philippe, Jean-Pierre Raffarin qui s'était illustré avec sa saillie concernant "la France d'en bas" en 2002 ; et notre nouveau Premier Ministre Michel Barnier qui - sitôt en place - déclare bien vouloir "écouter les gens d'en bas", ce qui rappelle étrangement "les gens qui ne sont rien" du patron Macron ou encore le "nettoyage au Karcher" des vermines de cité par Nicolas Sarkozy. Et puis Mme Braun-Pivet qui, du haut de son perchoir, nous assène : "Moi, je parle toujours à l'intelligence des gens", soit une pitoyable manipulation en forme d'insulte pour qui ne serait pas en accord avec ses propos. Elle demande probablement le QI des interlocuteurs avant de leur adresser la parole. Malheureusement, son hubris personnelle pète plus haut que son QI. Quant au nouveau ministre de l’intérieur Bruno Retailleau qui estime dans le JJD que « l’Etat de droit, ça n’est pas intangible, ni sacré » : bravo ! Voir l'analyse malheureusement pertinente du Dr en science politiqueClément Viktorovitch (https://www.youtube.com/watch?v=n-7UHOb0HnY).
Le même B. Retailleau avait qualifié les Français issus
de l’immigration de « Français de papier ». La bonne nouvelle est qu'une fois qu'on a touché le fond, on devrait pouvoir remonter...
Ce surplomb permanent de ceux qui ont eu plus de chance est tout bonnement insupportable quand on sait à quel point les "mérites" et autres "talents" ne sont en fait que le résultat de déterminants favorables, et non la qualité d'un libre arbitre d'exception... qui ne sautait exister (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/libre-arbitre-quesaco.html). Et dire que certains - probablement d'affreux bolcheviques - perçoivent ici et là un mépris de classe endémique à droite ! Il ne manque plus que le
soviet avec son couteau entre les dents, histoire de faire peur, vrai bon levier pour dissoudre la réflexion après avoir dissous l'Assemblée Nationale.
Sans doute J.L Mélenchon quand il avait encore sa moustache
Les discours de Trump, la chaîne CNews ("C" pour catholique) - et bien d'autres - se sont spécialisées dans la haine des autres et l'entretien d'une peur quotidienne : vous voyez bien qu'il vous faut un homme providentiel, un sauveur autoritaire, un apprentis dictateur façon Trump !
La position du NFP de se désister lorsqu'il arrive en troisième place lors du premier tour a eu le mérite de la clarté et de la préservation d'un "bouclier républicain". La position du Président Macron, de François Bayrou et de beaucoup d'autres - excepté Gabriel Attal - de ne se désister qu'au "cas par
cas" avec 50 nuances de Front Républicain : indigne.
Pour ces responsables politiques et commentateurs agitant le chiffon rouge de la peur, la question semble être : la France Insoumise fait-elle "vraiment" partie du "cercle républicain"?
Comme nous disait finement le philosophe des réseaux sociaux : "la question, elle est vite répondue" puisque le Conseil
d’État a classé LFI dans le bloc de « la gauche »* et non de l'extrême
gauche comme certains le prétendent, dont des journalistes comme Apolline de Malherbe, neutralité déontologique oblige, qui veut réformer le Conseil d'Etat sur son compte X : "Devons nous, en tant que journalistes, nous contenter de répéter ce qu'affirme le Ministère de l'intérieur, avec le tampon du Conseil d'Etat ?" Le respect des institutions est de quel côté ?
En effet - à la demande du R Haine qui cherchait à consolider sa "normalisation" - le Conseil d’État dans sa décision du 11 mars
2024 a tranché en considérant que LFI, tout comme le Parti communiste français,
faisaient partie du bloc « gauche », et non "extrême gauche". Belle tentative de la part du R Haine. Ratée. Dont acte... Acte officiel sur lequel s'assied une grande partie du centre et de la droite, dite pourtant "républicaine", mais qui ne tient compte du Conseil d'Etat que lorsque ce dernier approuve des convictions droitières.
Cette gauche a garanti à maintes reprises un barrage efficace contre un Front National fondé par de "bons" français xénophobes, antisémites, racistes, homophobes, chrétiens anti-musulmans et contre les francs-maçons, pour l'Algérie française et contre le Général De Gaule (Jean-Marie Le Pen avait tenté de
faire évader le cerveau de l’attentat du Petit-Clamart)**. Plus quelques rescapés des Waffen-SS, poujadistes et autres nostalgiques de l'Action Française. On traite néanmoins certains membres LFI comme des antisémites lorsqu'ils s'émeuvent du massacre des palestiniens (45.000 morts dont environ 30.000 femmes et enfants sans rapport avec les crimes du Hamas) alors qu'aucun de ses membres n'a été condamné pour antisémitisme, à l'inverse du Front National - matrice du R Haine - avec son ex-dirigeant condamné à maintes reprises***.
Dans un retournement de veste spectaculaire du fait notamment d'une détestation encore plus vive envers les musulmans, la droite et l'extrême droite sont devenus des pourfendeurs de l'antisémitisme (tant mieux), au point de soutenir à tord becs et ongles le gouvernement d'Israël dans la perpétuation du massacre de Gaza. Personne à droite ne semble vouloir faire une différence entre la politique d'un gouvernement et les considérations antisémites des plus débiles. Netanyahou, le nouveau Dreyfus selon lui-même, est soutenu cette fois-ci par une droite (!!) se disant républicaine.
Ce bastion bien connu de l'antisémitisme - la Cour Pénale Internationale - a eu le malheur d'émettre un mandat d'arrêt contre Benjamin Netanyahou. C'est nouveau : en France, on peut être poursuivi pour « crimes contre
l’humanité et crimes de guerre », et bénéficier du soutien de partis
politiques. Du moins, du R Haine et des Républicains. C’est le
cas du député LR Philippe Juvin, qui reprend mot pour mot la défense de
Benjamin Netanyahu. « À votre question, « faut-il ou non arrêter M. Netanyahu
s’il venait en France ? », la réponse est non, évidemment », a-t-il estimé
sur Sud Radio, dénonçant des « institutions internationales » qui « brillent
par leur anti-israélisme primaire ». Un avis que partage son collègue du
Rassemblement national Philippe Ballard. Pour cet élu lepéniste, il « serait
ubuesque, délirant » que la France exécute le mandat de la CPI. La
droite est pour les peines planchers des voleurs de pommes mais aussi pour la relaxe
des responsables de massacres de masse - sous couvert de légitime défense - assassinant femmes et enfants. Il faut dire qu’ils sont tous complices du Hamas
puisqu’ils habitent Gaza. Mais le respect du droit international est fort heureusement un élément central du
discours diplomatique de Paris, comme l’a noté sur LCI l’ancien ministre des
Affaires étrangères Dominique de Villepin.
« La France a déjà répondu. Elle
appliquera — et elle l’avait déjà annoncé par la bouche de M. Séjourné — bien
évidemment la décision de justice par la Cour pénale internationale »
... a
expliqué l’ancien Premier ministre, soulignant que la France perdrait en
crédibilité (particulièrement sur le dossier ukrainien) si elle balayait d’un
revers de main le respect des règles internationales.
Selon la définition de l'historien Jean-Etienne Dubois dans son ouvrage l’"Extrême droite française", ces partis sont « des organisations qui contestent le système
politique républicain et démocratique (anti-électoralisme, antiparlementarisme,
aspirations autoritaires, etc.) et/ou le caractère universel des valeurs
républicaines de liberté et d’égalité". Peut-on décemment classer les représentants et électeurs de LFI dans cette catégorie idéologique ?
Cette idée que les extrêmes se
rejoignent, appelée « la théorie du fer à cheval », est une formule dont le but est surtout tactique afin d’empêcher les alliances et casser une dynamique électorale.
Malgré de gros efforts épigénétiques de circonstances, l'ADN (Autoritarisme / Discrimination / Nationalisme) du R Haine n'a guère changé si l'on tient compte des dérapages**** de militants aux propos de plus en plus "décomplexés" depuis quelques prémisses de victoire, en fait une belle tache sur la "cravate" du nom de la tactique déployée à la chambre des députés pour faire office de respectabilité. L'habit ferait-il enfin le moine ? Rien n'est moins sûr.
Et le R Haine ne fait pas partie de "l'arc républicain" puisqu'il remet notamment en cause nos bases constitutionnelles en prônant la préférence nationale et l'abolition du droit du sol.
Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Pour Aurélien Dubuisson, chercheur associé au
Centre d’histoire de Sciences Po, la classification de LFI comme appartenant à l'extrême gauche est une erreur provoquée par la droitisation de l’échiquier
politique ces dernières années. La dé-diabolisation progressive du R Haine a permis l'ouverture d'un champ politique à la droite de l'extrême droite : le parti Reconquête fondé par Éric Zemmour. Marine Le Pen devient tout compte fait "modérée" en comparaison du nouveau venu, soit une belle exploitation de la fenêtre d'Overton (vidéo ci-dessous).
Mais pour nommer contre toute attente un Premier Ministre de droite - sans plus de sécurité concernant une majorité de gouvernement que l'option Lucie Castets - il faut bien rabâcher ce mantra : la France est de droite !
Et quand on hésite entre "coalition" et "cohabitation" gouvernementale suite à la nomination de Michel Barnier, autant bricoler un néologisme : la "coalitation" ! Bel effort pour masquer autant que possible la réalité d'une coalition entre macronisme et LR. Dans le même ordre de manipulation sémantique et d'élément de langage, je propose le mot "coagulation", soit la formation d'un caillot instable qui risque bien de migrer vers le cerveau de Marianne.
Et des extrêmes, on peut même en retrouver... au centre de l'échiquier politique selon Pierre Serna, professeur d'histoire
spécialisé dans la Révolution français :
"En se plaçant au-dessus des partis, le
président Macron abuse d’une recette éprouvée depuis 1793. Le pouvoir exécutif,
en la personne d’un sauveur, supplante le pouvoir législatif au risque de
fragiliser la démocratie représentative. La modération du centre est censée
constituer une réponse aux postures de droite et de gauche, repoussées aux
extrêmes. La saison des tourne-veste prétendant inventer une nouvelle morale
politique pour légitimer leur renoncement répète les crises françaises de la
politique depuis 200 ans. La vie politique n’est pas bloquée par une lutte
handicapante entre droite et gauche mais par un poison sournois ; celui d’un
extrême centre qui vide de sa substance démocratique la République en la
faisant irrémédiablement basculer dans l’autoritarisme." (L’extrême centre ou le poison français - 2024 - https://gavrochemedia.fr/extreme-centre-entretien-serna/pierre-cazemajor/)
Trop de journalistes - qui se déclarent "neutres" - véhiculent des éléments de langage sans les questionner. Pour BFM TV et autres médias, le nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (LR) a des "positions fermes sur la sécurité et l'immigration" ; ce qui sous-entend de facto que les autres (la gauche évidemment) auraient des "positions molles". C'est ce même Bruno Retailleau qui veut supprimer l'AME (Aide Médicale d'Etat pour les étrangers en situation irrégulière), qui s'est positionné contre le mariage pour tous, pour les peines planchers, pour déroger au droit européen en matière d’immigration et élargir le champ du référendum, propositions retoquées par le Conseil d'Etat... On pourrait donc considérer que Bruno Retailleau a une position "molle" concernant les droits humains, là où la gauche est "ferme". Mais ce n'est jamais ce qui vient à l'esprit des journalistes "neutres". Toujours le même Bruno R. nous déclare que "les immigrés en situation irrégulières n'ont pas vocationà rester sur le territoire français". Sans débattre du fond, on peut remarquer le choix du terme "vocation" qui est ici tordu pour adoucir le propos. C'est beau une vocation. Mais c'est justement selon Larousse "une "inclination, un penchant particulier pour
un certain genre de vie, un type d'activité", et c'est bien ce que souhaitent ces immigrés ! Ils ont justement "vocation" à rester, c'est tout le problème !
Autant parler de “réduction de personnel” au lieu de
“licenciements”, de "maintien de la paix" ou d'une "opération spéciale" quand il s'agit de guerre... Quelle est donc cette pathologie singulière très partagée qui fait considérer les citoyens comme étant des abrutis ?
Toujours dans le dessein de brouiller les pistes à son avantage, le mantra "pas question d'augmenter les impôts" que l'on nous assène tous les jours - du centre à l'extrême droite - semble constituer une menace qui toucherait tout le monde, même ceux qui ne payent pas d'impôts. Il s'agit en fait de taxer les plus riches (individus et entreprises) et non la classe moyenne !
Voir cette vidéo sur la guerre des taxes et des impôts :
Sur le fond, les "mérites" et autres
"talents" qui légitimeraient la richesse ne sont en fait que le résultat de déterminants favorables,
et non la qualité d'un libre arbitre d'exception... qui ne saurait exister
(voir Libre arbitre : QUEZACO ?).
Enfin, ce n'est pas ce que nous disent les milliardaires, dont Xavier Niel qui nous a fait son show à l'Olympia intitulé "Comment devenir milliardaire" (18/09/2024).
Selon lui (prenez des notes), il faut
en passer par la case prison (recel d'abus de bien sociaux, Minitel rose,
sex-shops, « peep show », proxénétisme) et flirter - sans les dépasser - avec
les lignes jaunes des lois et règlements, le tout dans une prestation façon
rock star assortie de quelques blagues potaches (comme il est sympa, si proche
tout compte fait !)...
Pour devenir milliardaire (en dehors de l'héritage pur et simple),il faut avoir des idées - visionnaires si possible -, être tenace, tomber souvent de cheval et se remettre toujours en selle, constituer une équipe idéale prête à travailler jours et nuits comme soi-même, avoir de la chance...
Mais ce n'est pas suffisant.
Il faut surtout, au fur et à mesure que l'entreprise devient rentable, prendre un peu (beaucoup) sur les salaires des collaborateurs, faute de quoi l'enrichissement (le premier milliard !) serait hors de portée. Ce qui rend malheureusement impossible l'injonction "tout le monde peut devenir milliardaire", car si chacun prend sur le dos du collaborateur voisin... d'autant que les ressources du monde sont limitées...
Et puis, même si cet enrichissement (milliards !) est du point de vue philosophique matérialiste totalement injuste, il ne faudrait pas que la fiscalité récupère les fruits de ce vol légal ; d'où pérennisation des paradis fiscaux qu'on nous avait promis de supprimer, optimisations et niches, Flat Tax, suppression de l'ISF, délocalisations et expatriations fiscales, pacte Dutreil lors des donations et successions, sociétés écran, rachat d'actions de l'entreprise par l'entreprise elle-même afin de faire monter les cours et donc sa propre richesse personnelle dépendante du montant des actions en bourse (hausses de BPA, de dividende et de
cash flow par action)...
Par exemple - au hasard - cette belle augmentation du cours (4 %) après l'annonce d'un rachat d'actions dans la grande distribution :
J'espère que vous avez bien pris note de ces révélations et vous remercie par avance de bien vouloir me faire parvenir 5 % de votre premier milliard obtenu grâce à mes conseils (5.000.000, une bagatelle).
Pour en revenir à la politique politicienne, il serait effectivement temps de "parler à
l'intelligence des gens" en commençant par arrêter de les prendre pour des
imbéciles qui n'auraient pas de mémoire. Le Président Macron a par deux fois déclaré que le choix des français "l'obligeait" au changement et au partage du pouvoir avec prise
en compte du suffrage des Français (Lettre aux Français en juin 2024 et discours
devant le Conseil d’État en septembre 2024) : il nous a finalement bricolé sur mesure un marchepied en faveur du R Haine.
Les convictions ne seraient plus que du vent animant des girouettes ?
"Ce n'est pas moi qui tourne, c'est le vent" se dédouanait Edgar Faure en son temps.
Il est vrai qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis...
*** En 1991, il a été condamné à
une amende de 1,2 million de francs (environ 183 200 euros) pour avoir déclaré
que les chambres à gaz étaient “un point de détail de l’histoire de la Seconde
Guerre mondiale” sur RTL en septembre 1987.
Injure publique : En 1993, il a été condamné à
10 000 francs d’amende (environ 1 524 euros) pour avoir utilisé l’expression
“Durafour crématoire” dans un jeu de mots avec le nom du ministre de la Fonction
publique, Michel Durafour.
Provocation à la haine : En février 2005, la
cour d’appel de Paris l’a condamné à 10 000 euros d’amende pour des propos
tenus en avril 2003, où il prédisait que les Français “raseront les murs” si le
nombre de musulmans en France atteignait 25 millions.
Racisme et antisémitisme : Le 30 août 1996, il a
déclaré croire à “l’inégalité des races”, ce qui a provoqué un débat sur l’interdiction
du Front National.