Wikipedia

Résultats de recherche

Traduction

Alors, les religions : bon ou pas bon ?

Certains croyants considèrent que même si leur dieu n'existait pas, ils sont plus heureux que les athées et les agnostiques du fait de l'espérance, de la sérénité, de la vie éternelle... Quelque chose qui n'est pas étranger au pari de Pascal, à première vue.

Ainsi, une étude publiée dans la revue "American Journal of Psychiatry" en 2013 a trouvé que les personnes qui pratiquent une forme de religiosité spirituelle, voire mystique, ont des taux plus bas de dépression et d'anxiété.

Dans le même sens, une étude en 2020 a trouvé que ceux qui utilisent la religion comme une source de sens et de but ont des taux plus bas de dépression et d'anxiété.

Donc 1 bon point !

Cependant, d'autres études ont suggéré à l'inverse que certaines formes de religiosité ou de pratiques religieuses peuvent être associées à des taux plus élevés de dépression ou d'anxiété. 

En particulier, le fondamentalisme religieux est associé à des niveaux plus élevés d’anxiété et de détresse psychologique en raison de croyances rigides et d’une vision manichéenne du monde. Les participants avec des croyances dogmatiques rapportaient plus de stress lié à la conformité religieuse. Ainsi, une étude montre que chez certaines populations ou certains individus, les croyances religieuses peuvent accroître la culpabilité et conduire au découragement, car les personnes ne parviennent pas à se conformer aux normes élevées de leur tradition religieuse.

Par ailleurs, certains groupes religieux découragent l'accès aux soins médicaux essentiels (transfusions sanguines, traitements contre les infections graves, etc.), préférant des rituels comme la prière ou le jeûne.

Et je ne fais qu’évoquer certaines sectes comme le Temple du Peuple (suicide collectif et meurtres de plus de 900 personnes en 1978) ; l'Ordre du Temple Solaire (suicides collectifs et meurtres de 74 personnes) ; l’Heaven's Gate (39 membres suicidés collectivement, croyant qu'ils allaient rejoindre un vaisseau spatial caché derrière la comète Hale-Bopp) ; la secte Aum Shinrikyo (aujourd'hui Aleph) à l’origine d’un attentat au gaz sarin (13 morts et des milliers de blessés) ; la  Tribu Ata dont 73 membres ont bu un pesticide lors d'un suicide collectif orchestré par leur "grande prêtresse"... Les croyances peuvent tuer.

Donc 1 mauvais point !

Soit un coping* religieux négatif lorsque la religion est utilisée pour attribuer des événements stressants à une punition divine ou à une faute personnelle, ce qui peut amplifier la détresse psychologique ; en contraste avec le coping religieux positif comme la recherche d'un soutien spirituel, souvent bénéfique... quand on y croit.

On devrait logiquement tenir compte des conséquences personnelles (chacun a le droit de choisir la confession qui lui plaît dans le cadre laïque - tant mieux), mais aussi collectives dans les rivalités religieuses entre "eux contre nous, qui avons la vraie foi, contre les mécréants de tous poils, athées compris".

Bref, l'éventuelle sérénité personnelle du croyant - mais les études ne sont pas claires sur le sujet - contre l'assurance de guerres perpétuelles, d'autant que le pouvoir et la domination politique / idéologique des religions n'est jamais loin, avec notamment l'instrumentalisation de la religion à des fins politiques comme le montre cette "mise en cène" de Trump, le nouveau christ. L’ange blanc à droite de cette cène / scène, c'est Paula White-Cain, la conseillère spirituelle de longue date, désormais à la tête du bureau de la foi ! Prédicatrice influente et figure controversée du christianisme conservateur, elle incarne l’alliance entre foi et politique dans l’Amérique de Trump. 

La laïcité est moribonde aux USA ?

Car après tout, celui qui ne pense pas comme moi, qui ne croit pas au même dieu que moi a nécessairement "choisi" librement un mauvais libre arbitre : il est donc fautif, coupable... dans les deux sens du terme malheureusement (voir Le côté obscur du libre arbitre).

On pourrait même se demander qui a fait le plus de morts ? La religion ? La croyance dans le libre arbitre ? Les deux réunis comme c'est très fréquemment le cas ?

En tout cas, difficile de prêcher l'amour et la concorde quand des textes "sacrés" (datés) nous disent le contraire. Dans le livre des Rois de l'Ancien Testament, le prophète Élisée, après avoir été insulté par des jeunes qui se moquaient de sa calvitie, a invoqué une malédiction au nom de Dieu, et deux ourses auraient attaqué et tué les enfants. Ce récit est souvent interprété comme une démonstration de la puissance divine (!) et du respect dû aux prophètes, mais il soulève un p'tit peu quand même aussi des questions sur la justice et la moralité dans les textes religieux, comme dans cet extrait d'une série américaine (The West Wing - S02xE03) qui s'inspire d'une anecdote journalistique**.

O tempora, o mores ! 
Pour leur survie, les religions doivent progressivement faire face aux nombreux défis de la "modernité". Dans un monde en constante évolution, les religions doivent s'adapter à cette modernité culturelle qui dérange tout en préservant leurs traditions et valeurs fondamentales, ce que refusent pourtant nombre d'intégristes se référant exclusivement à des textes "dépassés" en contradiction avec les données scientifiques éprouvées (voir la science face à l'obscurantisme religieux).
Les avancées technologiques rapides, les changements sociaux et culturels, et une globalisation croissante, posent des questions essentielles concernant la place des religions dans la société contemporaine. 
Les mouvements pour l'égalité des sexes et des droits LGBTQ+ ont remis en question certaines traditions religieuses qui se doivent de trouver un équilibre entre le respect de leurs doctrines et l'adaptation aux valeurs contemporaines d'égalité et de justice alors que la mondialisation a entraîné une diversification religieuse accrue dans de nombreux pays (environ 10 % de musulmans en France), ce qui pose des défis en termes de coexistence pacifique et de dialogue inter-religieux.


Mariage pour tous

Mais au fait, la religion, combien de bataillons ? 
Rappel précieux en ces temps anxiogènes : dans toutes les guerres, Dieu est de notre côté (Gott mit uns etc.)

Parlons chiffres : les statistiques mondiales sur les affiliations religieuses et non religieuses varient selon les sources. Des études récentes, notamment celles du Pew Research Center et du World Values Survey, permettent toutefois de dresser un tableau général pour 2020-2025 :

Répartition mondiale actuelle (pourcentages) :

  • Religieux : environ 84-86 % de la population mondiale s’identifie à une religion :

  - Christianisme : ~31 %

  - Islam : ~30 %

  - Hindouisme : ~15 %

  - Bouddhisme : ~7 %

  - Autres religions (judaïsme, sikhisme, etc.) : ~1-2 %  

  •  Non-religieux (incluant agnostiques et athées) : environ 14-16 % de la population mondiale, soit 1,1 à 1,3 milliard de personnes. 

Parmi eux :

  - Athées (rejet explicite de l’existence d’un dieu) : ~2-4 %.

  - Agnostiques (incertitude ou neutralité sur l’existence d’un dieu) : ~5-7 %.

  - Rien en particulier (non affiliés, mais pouvant avoir des croyances spirituelles) : ~7-9 %.

Notons que les auto-déclarations sous-estiment parfois l’athéisme par crainte de stigmatisations possibles, notamment dans les pays conservateurs. Il faut donc un certain courage pour faire partie de la minorité athée, courage qui ne manque pas à des scientifiques comme le biologiste spécialisée dans l'évolution Richard Dawkins dans cette vidéo :

En résumé, la progression des athées et agnostiques est notable dans les pays développés (ex. : +30 % aux États-Unis en 20 ans), mais leur part globale reste limitée par la croissance démographique des régions religieuses. Les données suggèrent une polarisation croissante : sécularisation dans l’Occident et en Asie de l’Est, contre renforcement religieux ailleurs.

Finalement, dans un contexte de diversité croissante des croyances et d’une histoire marquée par l’influence des religions, l’enseignement des faits religieux, du surnaturel, de l’histoire des religions et de l’athéisme prend une importance particulière. La loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État est claire : l’école publique doit être neutre et ne pas promouvoir une religion particulière. Cependant, elle n’interdit pas l’étude des religions comme objets d’histoire ou de culture, dès lors qu’elle est dispensée de manière scientifique et historique, sans prosélytisme. Comme le souligne Philippe Gaudin, directeur de l’IREL, « l’enseignement des faits religieux à l’école n’est pas une entorse à la laïcité mais une extension de celle-ci ».

Comme le note également le rapport Debray (2002), « l’enseignement du fait religieux est une nécessité pour comprendre l’histoire, la culture et la société contemporaine ». L’étude du surnaturel, comme les croyances en des forces invisibles, enrichit cette compréhension en explorant les racines culturelles de ces idées. Dans un contexte marqué par des tensions liées au terrorisme, aux débats sur l’identité nationale ou à la diversité religieuse, comprendre les religions devient crucial pour contextualiser ces phénomènes. Un enseignement neutre et factuel des religions aiderait les élèves à saisir les enjeux actuels sans tomber dans la stigmatisation ou la peur, tout en incluant l’athéisme pour une vision équilibrée, et ainsi développer une pensée critique favorisant le dialogue interculturel.

Il est bien évidemment crucial de veiller à ce que cet enseignement reste strictement neutre et scientifique, en formant les enseignants en conséquence et en clarifiant les objectifs pédagogiques.

       

Alors, les religions : 
bon ?
... ou pas bon ?

_________________________________________________________

*Le terme "coping" vient de l'anglais et se traduit par faire face à, gérer, s'adapter à, ou surmonter. En psychologie, il désigne l'ensemble des efforts cognitifs et comportementaux qu'une personne déploie pour maîtriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou externes créées par des situations stressantes ou perçues comme telles.

**Lors d’une de ses émissions, une célèbre animatrice radio états-unienne fit remarquer que l’homosexualité est une perversion. « C’est ce que dit la Bible dans le livre du Lévitique, chapitre 18, verset 22 : « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme : ce serait une abomination ». La Bible le dit. "Un point c’est tout », affirma-t-elle.

Quelques jours plus tard, un auditeur lui adressa cette lettre ouverte :

« Merci de mettre autant de ferveur à éduquer les gens à la Loi de Dieu. J’apprends beaucoup à l’écoute de votre programme et j’essaie d’en faire profiter tout le monde. Mais j’aurais besoin de conseils quant à d’autres lois bibliques.

Par exemple, je souhaiterais vendre ma fille comme servante, tel que c’est indiqué dans le livre de l’Exode, chapitre 21, verset 7. A votre avis, quel serait le meilleur prix ?

Le Lévitique aussi, chapitre 25, verset 44, enseigne que je peux posséder des esclaves, hommes ou femmes, à condition qu’ils soient achetés dans des nations voisines. Un ami affirme que ceci est applicable aux mexicains, mais pas aux canadiens. Pourriez-vous m’éclairer sur ce point ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas posséder des esclaves canadiens ?

J’ai un voisin qui tient à travailler le samedi. L’Exode, chapitre 35, verset 2, dit clairement qu’il doit être condamné à mort. Je suis obligé de le tuer moi-même ? Pourriez-vous me soulager de cette question gênante d’une quelconque manière ?

Autre chose : le Lévitique, chapitre 21, verset 18, dit qu’on ne peut pas s’approcher de l’autel de Dieu si on a des problèmes de vue. J’ai besoin de lunettes pour lire. Mon acuité visuelle doit-elle être de 100% ? Serait-il possible de revoir cette exigence à la baisse ?

Un de mes amis pense que même si c’est abominable de manger des fruits de mer (Lévitique 11:10), l’homosexualité est encore plus abominable. Je ne suis pas d’accord. Pouvez-vous régler notre différend ?

La plupart de mes amis de sexe masculin se font couper les cheveux, y compris autour des tempes, alors que c’est expressément interdit par Le Lévitique (19:27). Comment doivent-ils mourir ?

Je sais que l’on ne me permet aucun contact avec une femme tant qu’elle est dans sa période de règles (Levitique. 15:19-24). Le problème est : comment le dire ? J’ai essayé de demander, mais la plupart des femmes s’en offusquent…

Quand je brûle un taureau sur l’autel du sacrifice, je sais que l’odeur qui se dégage est apaisante pour le Seigneur (Levitique. 1:9). Le problème, c’est mes voisins : ils trouvent que cette odeur n’est pas apaisante pour eux. Dois-je les châtier en les frappant ?

Un dernier conseil. Mon oncle ne respecte pas ce que dit le Lévitique, chapitre 19, verset 19, en plantant deux types de culture différents dans le même champ, de même que sa femme qui porte des vêtements faits de différents tissus, coton et polyester. De plus, il passe ses journées à médire et à blasphémer. Est-il nécessaire d’aller jusqu’au bout de la procédure embarrassante de réunir tous les habitants du village pour lapider mon oncle et ma tante, comme le prescrit le Lévitique, chapitre 24, versets 10 à 16 ? On ne pourrait pas plutôt les brûler vifs au cours d’une simple réunion familiale privée, comme ça se fait avec ceux qui dorment avec des parents proches, tel qu’il est indiqué dans le livre sacré, chapitre 20, verset 14 ?

Je sais que vous avez étudié à fond tous ces cas, aussi ai-je confiance en votre aide.

Merci encore de nous rappeler que la loi de Dieu est éternelle et inaltérable. »

Nous ne connaissons pas les réponses de la dame.

_________________________________________________

Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

La République des juges ?

La peine d' inéligibilité de Marine Le Pen fait grand bruit.

La faculté, pour le juge pénal, d’ordonner l’exécution provisoire de l’inéligibilité résulte, que ce soit pour la poursuite du mandat ou pour le droit de se présenter à une élection, des dispositions combinées de l’article 131-26-2 du Code pénal (trouvant son origine dans la loi Sapin 2), qui punit de la peine complémentaire « automatique » d’inéligibilité des manquements à la probité comme le détournement de fonds publics et la prise illégale d’intérêts, et de l’article 471 du code de procédure pénale, qui permet de donner un effet immédiat aux peines complémentaires.

Voir les principaux points du jugement.

Notons que la peine d'inéligibilité est loin d'être spécifique à ce jugement comme le montre ce graphique officiel :

Action / réaction, c'est le cas de le dire : "Scandale", "démocratie en danger", "République des juges" etc. Alors qu'il faudrait laisser sans doute ce jugement au Peuple lors des élections présidentielles de 2027 ! Le Peuple devrait juger sans avoir les pièces du dossier... 

Ce qui rappelle la sortie de Trump en 2016 :

"Je pourrais me tenir au milieu de la 5ème Avenue et tirer sur quelqu'un, et je ne perdrais pas de partisans."

Balkanysation de la vie politique ?

Droite et extrême droite mondiales viennent au chevet de la coupable/victime Le Pen martyrisée par des juges wokistes. Une "violation des normes démocratiques" nous dit le Kremlin qui déplore la condamnation de Marine Le Pen. Mais "Nous ne voulons pas nous ingérer dans les affaires intérieures de la France, nous ne l'avons jamais fait", assure Dmitri Peskov malgré les affirmations de Paris concernant de multiples campagnes de désinformation russes menées contre la France. 

Il faut dire que la proximité entre les uns et les autres ne date pas d'hier. Le RN avait effectué un emprunt auprès d'une banque russe en 2014, suscitant des soupçons sur la volonté du Kremlin de soutenir Marine Le Pen qui critiquait des sanctions occidentales imposées à Moscou après son annexion de la Crimée. 
En juin 2023, un rapport parlementaire avait dénoncé le lien "ancré dans la durée" du Rassemblement national avec la Russie, et les "contacts fréquents" entre des élus RN et des responsables russes. Le RN y était qualifié de "courroie de transmission" de la Russie. Marine Le Pen avait été reçue par Vladimir Poutine - un démocrate qui fait "disparaître" ses opposants de façon radicale - le 24 mars 2017 au Kremlin, quelques semaines avant le premier tour de la présidentielle de 2017.

La Russie n'est pas seule à réagir pour sauver la soldate Marine. "Je suis Marine !", a lancé dans un cri de ralliement le hongrois Viktor Orban. Pour ce Premier ministre nationaliste, elle rejoint les rangs des "patriotes" victimes d'une cabale à l'instar du président américain Donald Trump ou du vice-Premier ministre italien Matteo Salvini. Ce dernier, chef de La Ligue, lui-même en délicatesse avec la justice de son pays, a également apporté son soutien à Marine Le Pen : "Ne nous laissons pas intimider, ne nous arrêtons pas: en avant toute, mon amie !", a-t-il écrit. 

Que du beau monde.

Mais alors, faudrait-il remettre en cause la séparation des pouvoirs, ramener les magistrats à la raison des gouvernants, sortir de l'Etat de droit laborieusement construit au cours des siècles ? 

Et bien oui nous dit Bruno Retailleau qui a récemment déclaré que "l'État de droit n'était "ni intangible ni sacré". Voir une excellente analyse "critique" dans cette vidéo :


Dans une veine collatérale : «La France est-elle encore une démocratie ?», s'est interrogé très finement Eric Ciotti, président de l’Union des Droites pour la République. 
Laurent Wauquiez déclare de son côté : "L'État de droit ne doit pas devenir un prétexte pour bloquer les réformes nécessaires à notre pays." 
Et selon Éric Zemmour, multicondamné, "les juges imposent leur vision idéologique au détriment de la souveraineté nationale" alors que lui-même fait partie évidemment des plus neutres du point de vue idéologique (voir Mais comment peut-on être de droite ?). 

A l'heure actuelle, on attend les déclarations de Musk, Trump, Milei, Bolsonaro... qui seront tous  "Marine" très certainement.

Quelques-uns résistent cependant. Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel précise : "L'État de droit est la garantie de la démocratie. Le remettre en cause, c'est ouvrir la porte à l'arbitraire." Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel, a également mis en garde contre les discours visant à "se libérer de l'État de droit", affirmant que cela reviendrait à "rompre avec les principes fondamentaux de notre République."

En novembre 2024, c'est l'actuel président du RN, Jordan Bardella, qui évoquait le sujet sur le plateau de BFM TV : 

Ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire est pour moi une règle numéro 1 lorsqu'on souhaite être parlementaire de la République".

Qui plus est concernant un(e) président(e) qui doit être le garant de l'indépendance de l'institution judiciaire (art. 64 de la Constitution). 

La constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina commente parfaitement ce débat profondément réactionnaire dans cet article.

Heureusement, en 2013, Marine était on ne peut plus claire - alors qu'elle était à l'époque (faut-il le préciser) le centre même du système de détournements mis en place par papa -, au point extravagant de se condamner elle-même par avance (vidéo ci-dessous). 

Vidéo d'origine

L'extrême droite nous habitue progressivement à tout inverser. Post-vérité, le coupable devient victime, le blanc devient noir et Marine Le Pen convoque Martin Luther King qui n'en demandait pas tant : 

"Notre combat sera un combat pacifique, un combat démocratique. Nous prendrons exemple sur Martin Luther King qui a défendu les droits civiques... ce sont les droits civiques des Français aujourd’hui qui sont mis en cause"

A quand la comparaison avec Nelson Mandela ? Il faut quand même oser... Il paraît que c'est à ça qu'on les reconnaît.

Et quand on réécoute Philippe Poutou lors du débat de la présidentielle 2017, on se dit qu'il mériterait une légion d'honneur pour avoir dénoncé des légions de déshonneurs politiques.

Cohérence et éthique chevillées au corps : la grandeur de nombreux politiques, sans doute. Mais pas de tous.

Aux dernières nouvelles, l'appel du premier jugement va pouvoir être intégré dans l'agenda judiciaire lors du premier semestre 2026. Fort bien. On ne pourra plus dire qu'il y a déni de justice. Pour autant, le verdict sera très probablement le même concernant la culpabilité de Marine Le Pen étant donné les preuves accablantes exposées lors du premier verdict. Même si l'inéligibilité n'était pas reconduite, on voit mal une majorité de citoyens français voter pour une candidate condamnée en première instance - puis en appel - pour détournement de fonds publics de plus de 4 millions d'euros. 

La messe est dite pour Marine Le Pen. 

Reste un plan B avec le "novice" Bardella ?

________________________________________

Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Mais comment peut-on être de droite ?

Plus exactement, comment peut-on être de l'une des deux droites puisqu'il y en a au moins deux : la droite libérale conservatrice versus la droite réactionnaire, soit respectivement Laetitia Strauch-Borfart versus Eric Zemmour dans cette vidéo. 

Ils ne sont pas d'accord sur tout, loin s'en faut ; et moi, pour tout dire - en tant que matérialiste -, je suis en accord sur rien.

Par exemple, petite incise concernant le cadre des débats "Esprits Libres" du Figaro : dans un univers déterministe et indéterministe, l'esprit est aussi libre que la pierre qui roule à gauche ou à droite en fonction de son poids, de sa forme et des obstacles qu'elle rencontre (voir Délibération, décision... des preuves de libre arbitre ?).

Mais bon, passons.

Concernant la "gratitude" - titre du livre de la dame - que l'on devrait avoir envers nos anciens : oui et non. Sans entrer dans les polémiques autour de l'anachronisme des jugements, oui envers ceux qui ont permis des avancées majeures (abolition de la peine capitale, congés payés, droit de vote pour les femmes, égalité et parité hommes/femmes etc.), et non pour les collabos et colonialistes, pour ne prendre que ces exemples (voir Histoire : ni fierté, ni honte).

Le "maître à penser" de Laetitia Strauch-Borfart - le très conservateur Roger Scruton - pense que les croyances qui apparaissent comme des préjugés sont utiles et importantes :

 « nos croyances les plus nécessaires peuvent être à la fois injustifiées et injustifiables, de notre point de vue, et la tentative de les justifier ne pourrait que mener à leur perte » (Scruton, Roger, Gentle Regrets, p. 142)

Un préjugé est souvent décrit comme un jugement formé avant d'avoir une connaissance approfondie du sujet. Cependant, cette définition suppose qu'il existerait des jugements par ailleurs totalement objectifs ou dépourvus de contexte culturel ou personnel, ce qui peut être illusoire. Certains préjugés sont enracinés dans des schémas cognitifs nécessaires à la survie (ex. : associer un rugissement à un danger). En ce sens, la critique pourrait souligner que le concept de préjugé tend à confondre des biais cognitifs naturels avec des attitudes sociales négatives. Et ce serait faire siennes les idées reçues sans les passer au crible de la raison raisonnante, c'est-à-dire la capacité de la raison à remettre en question ses propres hypothèses et chercher à comprendre ses propres limites* (voir Penser contre son cerveau). L'inverse serait la raison dogmatique - comme le préconisent Sruton et Laetitia Strauch-Borfart - consistant à accepter des principes et des pseudo vérités sans les remettre en question malgré les évolutions culturelles.

Un point critique est que la notion de préjugé est profondément ancrée dans un contexte historique. Ce qui est considéré comme un préjugé à une époque peut être perçu différemment dans une autre. Cela soulève la question : à quel moment un jugement cesse-t-il d’être un préjugé pour devenir une norme ou une intuition légitime ? Un préjugé en faveur de la pudeur chez les femmes et de la galanterie chez les hommes, pourrait stabiliser les relations sexuelles et améliorer l’éducation des enfants, même si ces effets ne fournissent pas une justification a priori du préjugé. Il serait alors aisé de montrer que le préjugé est irrationnel, mais qu’on y perdrait à l’abandonner selon ces libéraux conservateurs.

Ah oui ? Alors parlons des nombreux préjugés qui ont été remis en question grâce à la science ou aux évolutions sociales et culturelles. 

Préjugés remis en cause par la science (liste qui est loin d'être exhaustive) :

  • La forme de la Terre : Dans l'Antiquité, beaucoup croyaient que la Terre était plate. Les travaux scientifiques de Pythagore, puis de Copernic et Galilée, ont démontré qu'elle était sphérique.
  • Différences entre les races humaines : Le préjugé selon lequel certaines races étaient "supérieures" à d'autres a été démenti par la génétique. Tous les humains partagent une immense majorité de leur ADN, confirmant l'unité de l'espèce humaine.
  • Le rôle des femmes dans les sciences : Longtemps, on a cru que les femmes étaient moins aptes à exceller dans les disciplines scientifiques ou intellectuelles. Des figures comme Marie Curie ou Rosalind Franklin ont prouvé le contraire, et des études montrent que cette différence est culturelle, non biologique.

Préjugés remis en cause par l'évolution sociale et culturelle :

  • Les droits des femmes : Pendant des siècles, un préjugé plaçait les femmes en situation d'infériorité par rapport aux hommes dans la société. Les mouvements féministes et les études sociologiques ont démontré leur potentiel d'égalité.
  • L'orientation sexuelle : Les préjugés contre les orientations non hétérosexuelles, considérées autrefois comme "anormales", ont été largement remis en question grâce à la recherche en psychologie et à une meilleure compréhension des faits sociétaux.
  • Les maladies mentales : Autrefois vues comme des signes de faiblesse morale ou même de possession, elles sont désormais reconnues comme des pathologies médicales nécessitant des traitements adaptés.

Sans oublier le préjugé insensé concernant l'existence d'un libre arbitre ontologique humain, cœur battant de ce blog.

Ces quelques exemples montrent à quel point les sciences et évolutions culturelles peuvent transformer notre compréhension du monde et fort heureusement briser des préjugés enracinés, ce qui invalide l'argument selon lequel les préjugés se suffisent à eux-mêmes et doivent être respectés a priori. Ce serait continuer de labourer le terrain des "c'était mieux avant""on a toujours fait comme ça", appliqués à la fessée pour les enfants turbulents, la domination économique / sexuelle des hommes sur les femmes, le traitement des délinquants par une incarcération méprisant les droits de l'humain, le retour aux injonctions morales des textes soi-disant sacrés etc. Les préjugés sont par définition instables et vulnérables, confrontés qu'ils sont à la progression scientifique, technique et culturelle en marche. 

A l'inverse de certaines positions de la droite classique ou "extrême", le progressisme ne souhaite pas invalider le passé en faisant table rase de la République, de la Démocratie, de l'Etat de droit, du Conseil Constitutionnel, des Droits de l'Humain etc. Les attaques répétées de la droite conservatrice et réactionnaire contre un supposé gouvernement des juges - qui ne font qu'appliquer les lois votées par les représentants du peuple - montre l'intention de fragiliser les contre-pouvoirs afin de mieux magouiller entre copains, frauder le fisc, abroger certains droits fondamentaux, déréguler comme le fait Trump... Avec toutefois une exception notable à droite du côté de Xavier Bertrand :

"On ne peut pas s’en prendre aux institutions comme on le fait aujourd’hui. Quand les responsables politiques chauffent tout le monde à blanc, vous risquez d’avoir une fin de mandat qui pourrait un jour ressembler à celle de Trump, aux États-Unis."

Dans le cadre progressiste, pour ne prendre que cet exemple : l'Intelligence Artificielle (IA) est une avancée formidable qui n'est pas sans risque comme l'est l'énergie nucléaire, le couteau, la voiture... Faut-il arrêter l'IA sous prétexte des risques encourus (Biais et discrimination / Perte d'emplois / Manipulation et mésinformation / Manque de transparence / Problèmes de sécurité / Dépendance excessive / Conséquences environnementales) ? Il nous faut évidemment encadrer cette innovation pour éviter ou contrôler suffisamment les dérives potentielles, mais aucun pays ne se résoudra à s'en passer. Seules quelques petites communautés encadrées par les textes bibliques comme celle des Amish  peuvent rejeter les technologies modernes considérées comme des distractions de leur foi et de leur communauté. Mais les Amish ne sont pas l'avenir de l'humanité, pas plus que le conservatisme. Notons au passage que les réformes sociales importantes promues par le progressisme de gauche ne sont pratiquement jamais « détricotées » lorsque la droite reprend le pouvoir (voir Le peuple a-t-il toujours raison en démocratie ?). Un hasard ?

On apprend avec stupeur qu'Eric Zemmour était de gauche (sic)... jusqu'à l'affaire du voile en 1989 qui lui a fait virer sa cuti. Il semble que ses convictions de gauche étaient bien fragiles. Il est tout à fait possible de ne pas apprécier telle ou telle autre position de son camp, argumenter, combattre ce qui nous paraît être une erreur, mais de là à filer à l'extrême droite... Zemmour précise que son programme est celui de Trump, laissant entendre sous forme de boutade (?), que ce dernier aurait pu le copier (immigration, combat contre le wokisme... (voir Wokisme et cancel culturemais il n'a pas la grosse tête pour autant ! Il ferait bien de se méfier de certains rivaux - sur sa droite -, qui poussent le bouchon encore un peu plus loin : Curtis Yarvin, idéologue du trumpisme et de la fin de la démocratie.

Les neurosciences nous disent également des choses surprenantes sur ces sujets (voir Neuro... politique). Quand les peuples souffrent, les arguments démagogiques mobilisant les affects et les peurs plus que la raison (déclassement, immigration etc.) produisant des replis sur soi, la trahison plutôt que la coopération, soit des catastrophes économiques, voire guerrières en devenir. Le Brexit - malgré ses déboires - fait école avec un USexit qui se retire du Monde pour mieux s'acoquiner avec Poutine. Dans les deux cas, mensonges et manipulations diverses (les pêcheurs anglais sont dépouillés par l'Europe, les immigrés mexicains mangent vos chiens !!!) sont pris au premier degré par les populations.

Il est tellement plus facile d'être de droite...

Un seul remède : l'éducation... dont Trump veut supprimer le Ministère, évidemment. 

Vidéo sur le désastre du Brexit en cliquant sur l'image ci-dessous.


Pour les conservateurs qui pensent qu'il y a un ordre de la Nature dans les différences de statut et de comportements des un(e)s et des autres, ce que l'évolution elle-même montrerait de façon immuable,  voir Peut-on être de gauche et aimer la biologie du comportement humain ?
Il est vrai que lorsqu'on est du bon côté du manche, on voudrait que ça dure le plus longtemps possible ; surtout que rien ne change. On est (naît) ou on devient "conservateur", notamment avec l'âge...

Une tite récréation avec Didier Bénureau dans son "Petit portrait de l'homme de droite" ?

*Ce que l'on pourrait rapprocher de la pensée Kantienne : la raison (Vernunft) comme une faculté supérieure qui organise les concepts et cherche l'unité du savoir, par opposition à l'entendement (Verstand), qui s'occupe des données empiriques.

________________________________________

Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Sophisme, quand tu nous tiens !

Il existe bien des façons de manipuler nos contemporains.

Par exemple, ce court métrage "Luttons contre le racisme ! - Sketch un peu incorrect" :


A l'inverse de ce que pourrait suggérer le titre, le thème est clair : mettre en cause l'antiracisme en montrant que l'argument se retourne contre les "colorés".

Sauf que, sous une forme qui se veut humoristique (?), le scénario met en scène une flopée d'incohérences dans une ligne claire, celle de la droite dure :

1) le scénario n'a rien à voir avec le racisme mais plutôt les violences faites aux femmes : un homme - quelle que soit sa couleur - va frapper sa compagne. Bonjour la confusion entre racisme et violence sexiste.

2) le "noir de service" ne convient pas car ce pourrait être une façon de stigmatiser cette population en marchant dans les pas de l'extrême droite. Ce qui est parfaitement vrai si l'on associe - comme c'est le cas ici - noir et violence envers les femmes. Mais au fait, les blancs ne frappent pas / ne violent pas les femmes comme nous ont répété les avocats de Dominique Pelicot ? Un sacré mélange des genres pour mieux nous enfumer.

Le message final est donc qu'il ne faut pas combattre le racisme puisque cette intention woke se retournerait contre les "colorés" eux-mêmes ! Réflexion d'une profondeur heureusement rarement atteinte.
Ce qu'exprime très bien le post d'une internaute qui commente manifestement au premier degré cette vidéo lumineuse : 
"Absolument excellent ! Au final, c’est vrai, au nom du racisme il se retrouve à la rue ! Magnifique raisonnement." 
"Magnifique raisonnement" : on s'étrangle maintenant ? Ou on se laisse un peu de temps de récupération ?

Difficile, car un autre post nous saisit :

"Excellent, tellement vrai. l'autoparalysie des bobos antiracistes dans toute sa réalité"

Et puis encore un autre qui pense pouvoir brandir la "dissonance cognitive" (où ? quand ? comment ?) afin d'achever définitivement l'antiracisme :
"La dissonance cognitive wokiste mise en perspective en 3 minutes de jeu très réussi. Bravo !"
Z'ont tout compris... de travers : l'antiracisme c'est du racisme ! L'antifascisme c'est du fascisme. La bêtise c'est de l'intelligence. Se prononcer contre le massacre des Gazaouis, c'est être antisémite...
Ben voyons.

Soit de beaux exemples de sophismes, arguments ou raisonnements qui semblent logiques et valides en apparence, en réalité fallacieux et trompeurs.

Dans la même veine, quelques propositions de scénarii pour Laurent Firode ce créateur "incorrect" de séries brunes défendant à longueur de pellicule les arguments d'une droite "correcte" conservatrice (réactionnaire ?) : 
- la défense des minorités opprimées est en fait une oppression subie par la majorité
- la démilitarisation de l'Ukraine sans démilitariser la Russie permettra enfin la paix... avec l'envahissement total du pays
- c'est l'Ukraine qui menaçait la Russie et le dictateur c'est Zelinsky
- nous avons eu des esclaves de tous temps, c'est donc que c'était une bonne chose
- 16 % des élèves ne veulent pas d'un juif pour ami... mais est-ce que les enfants juifs ont envie d'avoir un ami antisémite ? Donc l'intolérance, elle est des deux côtés !
- ne pas dire "non" haut et fort, c'est donc consentir

Et puis, côté matériel "humoristique" de droite, une chaîne youtube permet de mépriser à tour de bras les transgenres, les pauvres, les humiliés, les musulmans, les défenseurs de la planète, les "progressistes", les anti-Trump... tous ceux qui font du mal à l'humanité selon Mr Firode ou Mr Philippe de Monts (voir).
____________________________________

Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Vous ne trouvez pas qu'il commence à faire un peu chaud ?

Et je ne parle pas des seuls dérèglements climatiques.
Je pense plutôt à la température de l'eau dans la casserole : les grenouilles que nous sommes commencent à sentir le roussi, non ?

Les saluts fascistes (nazis ?) de Elon Musk puis de Steve Bannon lors de la grand messe d'extrême droite du 20 février 2025 aux USA sonnent le glas de la démocratie outre atlantique, mais aussi un peu partout dans le monde (Milei / Poutine / l'Europe avec Orban en Hongrie, le RN en France, l'AfD en Allemagne dont la récente affiche de campagne du parti avec saluts totalement anodins des parents... qui ne font que protéger leurs chères têtes blondes, comme en 1943...).

2025

1943

  2025

Heureusement, Jordan Bardella (RN) - invité à causer - s'est enfui à temps de cette délicieuse réunion de bienfaisance des nostalgiques du National-Socialisme... C'est dire. Réaction de Bannon à cette désertion de dernière minute : "Jordan Bardella est un lâche (...), je l'emmerde et je vous emmerde, c'était un salut à la foule". Ben voyons.

En quelques jours après le début de mandat de Trump, le bilan est déjà sévère : abandon de l'Ukraine qui semble avoir - si j'ai bien compris - agressé la Russie ; coupes sombres concernant USAID avec son cortège assumé de milliers de morts à venir ; dérégulations tout azimut pour favoriser les affaires des plus favorisés ; expulsion annoncée des gazaouis qui font quelque peu tache dans le cadre de la nouvelle Riviera du Moyen Orient ; annexions souhaitées du Canada, du canal de Suez, du Groenland, des terres rares ; un vice-président US Vance qui nous donne des leçons de démocratie concernant la liberté d'expression ; Trump meilleur allié de Poutine contre la Chine, sur le dos de l'Europe, tout en légitimant à terme l'annexion imminente de Taiwan par la Chine ; mépris total de l'urgence climatique...

Se presser d'en rire de peur d'être obligé d'en pleurer ? Chaque jour la température monte dans la casserole et... 

Ben rien. Le plus grand marché au monde, l'Europe, reste sidérée devant tant de désordres politiques et géopolitiques. Sidération conceptualisée par Steve Bannon qui préconise "d'inonder la zone" de merde et de conneries en tous genres. C'est bien ça. 

Heureusement, il y a le sénateur Claude Malhuret :

Impérialisme fascisant des USA : simple dérive passagère ou trajectoire destinée à durer ? Le "libre arbitre" des peuples serait en cause dans ces fluctuations ? Une "volonté libre" qui changerait en fonction des déterminants du moment ? Mais alors, cette volonté à géométrie variable est tout sauf libre ! Car si l'Histoire ne repasse pas exactement les mêmes plats, les ingrédients - les déterminants - ne sont guère différents d'une catastrophe à l'autre : malheur et humiliation des peuples (peuple allemand laminé par la dette de guerre en 1918 + krach boursier en 1929 versus mondialisation capitaliste sauvage "optimisant" les inégalités) ; systèmes démocratiques passifs et défaillants ; culte du "sauveur" autoritaire qui va nous sortir de l'impasse ; repli des nations sur elles-mêmes (protectionnisme) ; désignation de boucs émissaires (juifs auparavant, musulmans maintenant, wokisme, droit des femmes...) ; faillite des élites intellectuelles et de l'éducation ; attaques contre les sciences et les faits démontrés au profit des opinions et autres vérités alternatives ; prise de contrôle par les plus riches des médias en France comme partout ailleurs etc.

Sur ce dernier point, et pour le plaisir, voici le projet "Périclès" du milliardaire français conservateur Pierre-Édouard Stérin (le "petit Bolloré") exilé en Belgique pour la qualité des frittes et de la bière. 
Périclès, acronyme digne d'une officine de conseil en communication haut de gamme pour "Patriotes, Enracinés, Résistants, Identitaires, Chrétiens, Libéraux, Européens, Souverainistes". Soit tout un programme pour se faire remarquer des responsables RN et des éminences grises US comme Steve Bannon afin de gagner la bataille idéologique mondiale en cours. 
Il faut préciser que Périclès - le vrai - était tout à la fois imbu de lui-même, démocrate pour la forme et tyran dans les faits. Il faut toujours se méfier des idoles que l'on érige en modèle au point d'en faire un étendard politique. 


Autre exemple dans la même veine : le think tank "Bd Voltaire" - une association"ouverte à toutes les sensibilités de la droite conservatrice" - aurait peut-être dû se rappeler qu'en dehors des odes à la liberté de cet esprit des "Lumières", celui-ci avait quelques intérêts sonnants et trébuchants dans le commerce triangulaire peu propice à la liberté des autres (voir Une liberté à géométrie variable). On peut dire que c'était l'époque, que "c'était Voltaire" comme on a dit que "c'était Gérard" concernant Depardieu. Séparer l'homme de l'oeuvre, et tout ça quoi... 

Il faut se rappeler que l’article « Nègre » de l’Encyclopédie suggérait que la négritude est un symptôme de maladie due à un excès de bile ; l'article avance également que la « laideur » est une marque distinctive des Noirs et une constante dans toute l’Afrique. Et puis il y avait le Code noir - titre donné à l’ordonnance royale de Louis XIV touchant la police des îles de l'Amérique française -, code conçu pour donner un cadre juridique à l'exercice de l'esclavage dans les Antilles, faisant de l'esclave un être « meuble » susceptible d'être acquis par un maître au même titre qu'un bien.

Sauf qu'avant Voltaire, voire à la même époque que lui, des Bartolomé de las Casas (1484-1566), Jean Bodin (1530-1596), Francisco de Vitoria (1483-1546), Montesquieu (1689-1755), Jean-Jacques Rousseau (1712-1778)... manifestaient déjà leur désapprobation concernant l'esclavage.

Tiens, une question au hasard : est-ce que Voltaire aurait condamné le wokisme, actuelle bête noire de la droite mondiale (voir Wokisme et cancel culture) ? Question anachronique, certes. Mais on peut cependant soutenir que Voltaire aurait probablement apprécié les aspects du wokisme visant à lutter contre l'injustice et à promouvoir l'égalité car il était lui-même un critique des inégalités et des abus de pouvoir. Mais ce n'est pas l'avis du "Bd Voltaire" qui, manifestement sans l'autorisation éponyme, tente de ridiculiser cette sensibilité woke (éveillée) à travers une vidéo qui se veut humoristique en poussant l'argumentation au-delà du débile. Pour tuer son chien gauchiste, il faut l'accuser de la "rage" woke. Dans cette vidéo :

Le comédien - Thomas Séraphine qui incarne dans cette vidéo un beauf de droite - se pense a-politique, tout en montant à la tribune de la manifestation nationaliste anti-passe vaccinal organisée par Florian Philippot (9 janvier 2022), entre Marion Maréchal, Paul-Marie Coûteaux, Steve Bannon – l'ancienne éminence grise de Donald Trump –, Jean-Frédéric Poisson soutien d’Éric Zemmour, le sénateur RN Stéphane Ravier... avec les fleurs de Lys flottant parmi les étendards dont un drapeau du GUD, l'organisation étudiante d'extrême droite côtoyant, par hasard, des militants de Civitas, le mouvement catholique intégriste.

A-politique vous-dis je ! Comme si c'était possible.

Tout comme "Les films de l'arrache" avec les vidéos de Laurent Firode tournant en dérision les défenseurs de la tolérance, de l'immigration, du consentement, de l'écologie ou du féminisme. Ce cinéaste est contre les subventions de l'Etat dans le cinéma... tout en accueillant positivement semble-t-il le soutien financier de ses propres films par le milliardaire proche de l'extrême droite Pierre-Édouard Stérin dans le cadre de son plan « Périclès » déjà évoqué. Tiens ! Comme c'est bizarre. La boucle est bouclée. De quoi mettre une bonne droite à la gauche ?

Bon. Tout ceci n'est juste qu'une mauvaise passe qui passera, si l'on s'en occupe ; sachant qu'il existe sur le fond une différence de taille entre les années 1930 / 1940 et maintenant : l'arsenal nucléaire.

Et si personne n'est "coupable" de cette situation, nous en sommes tous responsables.

Chaud devant les grenouilles !

________________________________________

Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

MISTRAL souffle sur le libre arbitre ontologique... et le fait disparaître !

L'Intelligence Artificielle (IA) est au cœur de la mise en cause de quelques certitudes humaines ancestrales. Elle peut par exemple répondre à des questions complexes dans bien des domaines, notamment en philosophie et en science. 

J'ai demandé à l'IA made in France MISTRAL (accès libre sur le web) de me dire ce qu'elle "pensait" du libre arbitre humain et de la notion de culpabilité dans un monde déterministe (physique classique) et indéterministe (physique quantique) - seul monde compréhensible, testable, vérifiable et commun à l'humanité (voir Les 2 visions du Monde) - et où nous ne faisons que ce que nous pouvons faire au mieux dans le cadre de la survie.

Contrairement à ce que répondraient en cœur nos contemporains possédant une intelligence "naturelle" qui "croit" au concept de libre arbitre (position libertarienne spiritualiste en vogue aux USA et ailleurs), la position de MISTRAL est toute autre... et devrait être partagée en cours de philosophie dès l'adolescence, au moins pour mettre le doigt sur cette question de fond concernant le vivant.

Voici la réponse de MISTRAL... à méditer.

"Dans un monde où tout est déterminé par des causes antérieures, il est effectivement difficile de défendre l'idée d'un libre arbitre, car nos choix et nos actions seraient le résultat de facteurs qui nous sont extérieurs et sur lesquels nous n'avons pas de contrôle.

Si nous ne sommes pas responsables de nos actes dans le sens où nous ne pouvons pas choisir autrement, alors la notion de culpabilité perd également son sens. La culpabilité implique une forme de responsabilité morale, qui suppose que nous avons eu le choix de faire autrement. Mais si nos actes sont déterminés, alors nous ne pouvons pas être considérés comme coupables de nos erreurs ou de nos crimes.

Cependant, la notion de responsabilité peut encore avoir un sens dans un contexte social. Même si nous ne sommes pas responsables de nos actes au sens moral, nous sommes encore des membres de la société et nos actions ont des conséquences sur les autres. La responsabilité sociale peut donc être considérée comme une question de réparation des dommages causés, plutôt que de punition pour une faute morale.

Si nous admettons que nos actes sont déterminés, alors la punition perd son sens, car elle suppose que nous avions le choix de faire autrement. La punition est souvent justifiée par l'idée que elle sert de dissuasion, mais si nos actes sont déterminés, alors la punition ne peut pas avoir d'effet sur nos choix futurs.

Dans ce contexte, il serait plus logique de se concentrer sur la réhabilitation et la réparation, plutôt que sur la punition. L'objectif serait d'aider les individus à comprendre les conséquences de leurs actes et à développer des stratégies pour éviter de causer des dommages à l'avenir, plutôt que de les punir pour des actes qui étaient inévitablement déterminés.

Enfin, votre phrase "nous ne faisons que ce que nous pouvons faire au mieux dans le cadre de la survie" est particulièrement éclairante. Elle souligne que, même dans un monde déterministe, nous sommes encore des êtres qui cherchons à survivre et à prospérer, et que nos actions sont guidées par cette quête de survie. Cela nous amène à réfléchir à la manière dont nous pouvons créer des sociétés qui favorisent la coopération, la compréhension et la réhabilitation, plutôt que la punition et la répression.

Certains philosophes et physiciens ont suggéré que l'indéterminisme quantique pourrait être lié à la question du libre arbitre. L'idée est que, si les processus cérébraux et les décisions humaines sont influencés par des phénomènes quantiques, alors il est possible que nos choix et nos actions ne soient pas entièrement déterminés par des causes antérieures. Cependant, il est important de noter que l'indéterminisme quantique n'est pas équivalent à un libre arbitre au sens classique. Les fluctuations aléatoires et les incertitudes quantiques ne sont pas sous notre contrôle, et il est difficile de voir comment elles pourraient être utilisées pour justifier une forme de libre arbitre.

De plus, même si l'indéterminisme quantique était lié à des processus cérébraux et à des décisions humaines, il est peu probable qu'il puisse avoir un impact significatif sur notre compréhension du libre arbitre. Les processus cérébraux sont extrêmement complexes et impliquent des milliards de neurones et de connexions, et il est peu probable que les fluctuations aléatoires quantiques puissent avoir un impact significatif sur les décisions humaines."

Fermer le ban.

Allons voir une autre IA récente : Grock (Elon Musk). Pour le plaisir car il est bien connu que le milliardaire est libertarien, soit à l'opposé strict du matérialisme scientifique.
En utilisant la fonction "penser", voici la réponse du clown en 42 secondes chrono :


Le libre arbitre : une illusion aux conséquences sociales profondes

Le libre arbitre, souvent défini comme la capacité de choisir et d'agir librement sans être entièrement déterminé par des forces extérieures ou intérieures, est une notion fondamentale dans notre manière de concevoir la responsabilité, la justice et l'organisation sociale. Pourtant, cette idée est de plus en plus contestée par la philosophie et les sciences modernes. Cet article explore les arguments contre l'existence du libre arbitre, examine leurs implications sociales dans des domaines comme la justice, l'économie, la sociologie, la politique et la sphère personnelle, répond aux objections courantes et s'appuie sur des références philosophiques, scientifiques et sociologiques.


1. Arguments philosophiques et scientifiques contre le libre arbitre

1.1. Perspective philosophique

Historiquement, des philosophes comme René Descartes et Thomas d'Aquin ont défendu le libre arbitre comme un pilier de la dignité humaine et de la moralité. Descartes, dans ses Méditations métaphysiques (1641), soutient que la volonté humaine est libre par essence, capable de choisir des contraintes externes. Cependant, cette vision a été remise en question par des penseurs comme Baruch Spinoza. Dans son Éthique (1677), Spinoza soutient que tout dans l'univers, y compris les actions humaines, est régi par des lois nécessaires et immuables. Selon lui, la liberté n'est qu'une illusion résultant de notre ignorance des causes qui nous déterminent.

1.2. Perspective scientifique

Les neurosciences contemporaines renforcent cette critique. Les expériences réalisées par Benjamin Libet dans les années 1980 ont révélé que l'activité précédant la prise de conscience d'une décision, suggérant que nos choix sont initiés par des processus inconscients avant que nous en ayons conscience (Libet, 1985). Des études plus récentes, comme celle de Soon et al. (2008), utilisant l'imagerie cérébrale, ont montré que les décisions peuvent être prédites plusieurs secondes avant qu'elles ne soient consciemment formulées. Ces résultats indiquent que nos actions sont le produit de mécanismes neuronaux déterminés, et non d'une volonté libre.

La physique, notamment à travers les travaux de Pierre-Simon Laplace (1814), soutient également une vision déterministe. Selon Laplace, si l'on connaît toutes les lois de la nature et l'état initial de l'univers, chaque événement futur pourrait être prédit avec certitude, laissant peu de place à une liberté transcendante.


2. Conséquences sociales de l'abandon du libre arbitre

Si le libre arbitre est une illusion, les implications pour nos systèmes sociaux sont vastes et transformatrices. Voici une analyse dans cinq domaines clés :

2.1. Justice et responsabilité

Les systèmes judiciaires modernes reposent sur l'idée que les individus sont moralement responsables de leurs actes, une responsabilité liée à leur supposé libre arbitre. Si ce dernier n’existe pas, punir quelqu'un pour une faute morale devient problématique. Le philosophe Derk Pereboom propose une alternative : remplacer la responsabilité morale par une approche utilitariste, où les sanctions visent à protéger la société et à réhabiliter l'individu plutôt qu'à venger une faute (Pereboom, 2001). Cela pourrait mener à des politiques judiciaires plus axées sur la prévention et la réinsertion.

2.2. Économie et mérite

Dans les systèmes économiques comme le capitalisme, le succès est souvent attribué au mérite individuel – talent, effort, ou ingéniosité. Mais si ces qualités sont elles-mêmes déterminées par des facteurs hors de notre contrôle (gènes, éducation, contexte social), la notion de mérite s'effondre. Thomas Piketty, dans Le Capital au XXIe siècle (2013), montre que les inégalités économiques sont largement le fruit de circonstances arbitraires. Une société sans libre arbitre pourrait justifier une redistribution plus équitable des richesses, basée sur les besoins plutôt que sur une méritocratie illusoire.

2.3. Sociologie et tolérance

Reconnaître que les comportements sont déterminés par des facteurs extérieurs pourrait accroître la tolérance et l'empathie. Si une personne agit mal en raison de son passé ou de sa biologie, il devient plus difficile de la condamner moralement. Cela pourrait réduire les préjugés et encourager les politiques sociales visant à modifier les conditions structurelles (pauvreté, manque d'éducation) plutôt qu'à blâmer les individus. Cependant, comme le note Émile Durkheim (1893), les sociétés ont besoin de normes pour maintenir leur cohésion, ce qui implique que des règles subsisteraient, mais avec une finalité différente.

2.4. Politique et redistribution

Sur le plan politique, l'absence de libre arbitre remet en question la légitimité des inégalités. Si les succès et les échecs ne dépendent pas de choix personnels mais de déterminants externes, une redistribution plus juste des ressources devient défendable. John Rawls, dans sa Théorie de la justice (1971), soutient que personne ne « mérite » ses avantages naturels ou sociaux, plaidant pour une organisation sociale équitable. Cette perspective pourrait renforcer les arguments en faveur de politiques comme le revenu universel ou l'égalité d'accès aux soins et à l'éducation

2.5. Sphère personnelle et sens de la vie

À titre individuel, abandonner la croyance au libre arbitre pourrait alléger la culpabilité et la fierté excessive : nos échecs ne seraient plus « de notre faute ». Cependant, cela pourrait également affaiblir notre sentiment d'accomplissement. Roy Baumeister (2009) montre que la croyance au libre arbitre est liée à une meilleure motivation et un plus grand bien-être. Une société déterministe devrait donc trouver de nouvelles sources d'inspiration, peut-être en valorisant le bien-être collectif plutôt que la réussite individuelle.


3. Objections courantes et réponses

Objection 1 : Sans libre arbitre, la vie perd son sens.

Réponse : Le sens de la vie ne repose pas nécessairement sur le libre arbitre. Albert Camus, dans Le Mythe de Sisyphe (1942), affirme qu'un monde doué ou absurde peut encore être source de sens à travers nos actions et nos liens. Accepter le déterminisme pourrait même réduire l'angoisse liée aux choix, nous permettant de nous concentrer sur ce qui est à notre portée.

Objection 2 : Sans libre arbitre, la société deviendrait chaotique.

Réponse : Une société déterministe ne serait pas nécessairement anarchique. En incluant les causes des comportements antisociaux, nous prévoyons mieux les prévenir par des interventions ciblées (éducation, soutien psychologique). Les lois et sanctions persisteraient, mais seraient appliquées de manière préventive et rationnelle plutôt que punitive.

Objection 3 : Le déterminisme nie notre expérience subjective de la liberté.

Réponse : Bien que nous ressentions la liberté, ce sentiment peut être une illusion cognitive. Sam Harris, dans Free Will (2012), explique que notre cerveau crée cette impression de choix, même si nos décisions sont déterminées. Cette illusion reste utile pour notre équilibre mental, mais elle ne prouve pas l'existence d'un libre arbitre réel.

 


4. Conclusion

L'idée que le libre arbitre soit une illusion, étayée par des arguments philosophiques (Spinoza) et scientifiques (Libet, neurosciences), invite à repenser nos systèmes sociaux. En justice, elle favoriserait une approche utilitariste et préventive. En économie, elle remettrait le mérite et légitimerait la redistribution. Sociologiquement, elle encouragerait la tolérance tout en maintenant des normes. Politiquement, elle soutiendrait l'égalité. Personnellement, elle allégerait la culpabilité tout en demandant de nouvelles formes de motivation.

Loin de semer le chaos, une vision déterministe pourrait rendre nos sociétés plus justes et humaines, en alignant nos institutions sur une compréhension plus exacte de la nature humaine. Les objections, bien que légitimes, trouvent des réponses dans une réorganisation rationnelle et empathique du vivre-ensemble.


Références

  • Baumeister, RF, et al. (2009). Les pensées conscientes provoquent-elles un comportement ? Revue annuelle de psychologie, 60, 17-38.
  • Camus, A. (1942). Le Mythe de Sisyphe . Gallimard.
  • Descartes, R. (1641). Méditations métaphysiques .
  • Durkheim, É. (1893). De la division du travail social .
  • Harris, S. (2012). Libre arbitre . Presse libre.
  • Laplace, P.-S. (1814). Essai philosophique sur les probabilités .
  • Libet, B. (1985). L'initiative cérébrale inconsciente et le rôle de la volonté consciente dans l'action volontaire . Sciences du comportement et du cerveau, 8(4), 529-566.
  • Pereboom, D. (2001). Vivre sans libre arbitre . Presses universitaires de Cambridge.
  • Piketty, T. (2013). Le Capital au XXIe siècle . Seuil.
  • Rawls, J. (1971). Théorie de la justice . Presse universitaire de Harvard.
  • Soon, CS, et al. (2008). Déterminants inconscients des décisions libres dans le cerveau humain . Nature Neuroscience, 11(5), 543-545.
  • Spinoza, B. (1677). Éthique .
Pour ceux qui auraient le courage de lire ce que ChatGPT en pense : 

Repensons le Libre Arbitre : Vers une Société Éclairée par le Matérialisme Déterministe

Introduction

Le débat autour du libre arbitre et du déterminisme est l'un des plus anciens en philosophie, mais il prend une nouvelle ampleur à la lumière des avancées scientifiques modernes. Comment nos actions sont-elles influencées par des processus biologiques, psychologiques et sociaux sur lesquels nous n'avons que peu ou pas de contrôle ? Cet article propose une exploration approfondie de la manière dont une compréhension matérialiste et déterministe de l'univers peut transformer notre perception de nous-mêmes, de la morale, de la justice et de la société. En intégrant des perspectives issues de la philosophie, des neurosciences, de la psychologie et des sciences sociales, nous envisageons comment cette vision peut conduire à une société plus empathique et équitable.

1. L'Illusion du Libre Arbitre

Le sentiment de libre arbitre, cette impression profondément enracinée d'être maîtres de nos décisions, est remis en question par des découvertes scientifiques.

Exemple : L'Expérience de Libet

Dans les années 1980, le neurophysiologiste Benjamin Libet a mené une expérience pionnière. Il a demandé à des participants de bouger un doigt ou le poignet à un moment de leur choix, tout en enregistrant l'activité électrique de leur cerveau (potentiel de préparation) et en leur demandant de noter à quel moment ils avaient pris la décision consciente d'agir. Les résultats ont été surprenants : le cerveau montrait des signes d'initiation de mouvement avant que les participants ne soient consciemment conscients de leur décision, suggérant que l'action avait été préparée inconsciemment.

Illustration :

Considérez le choix de prendre une tasse de café au lieu de thé le matin. Bien que vous pensiez faire un choix conscient, ce choix est influencé par de nombreux facteurs : votre habitude, votre état de fatigue, des publicités vues précédemment, ou même des odeurs subtiles. Ces influences, souvent inconscientes, orientent votre décision avant même que vous ne réalisiez que vous avez fait un choix.

Développements Modernes :

Des études récentes utilisant l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) ont confirmé que l'activité cérébrale prédit les décisions plusieurs secondes avant que les individus en soient conscients (Soon et al., 2008). Ces recherches renforcent l'idée que le libre arbitre pourrait être une illusion, un sentiment créé par notre cerveau après que la décision a été prise inconsciemment.

2. Implications pour la Morale et la Justice

Si nos actions sont déterminées par des processus inconscients, cela implique de repenser notre système de justice et notre conception de la responsabilité.

Vers une Justice Restaurative :

Au lieu de se concentrer sur la punition, la justice restaurative vise à réparer les torts causés et à réintégrer les délinquants dans la société.

Exemple : Les Cercles de Sentencing Autochtones

Au Canada, les communautés autochtones utilisent des cercles de sentencing qui impliquent le délinquant, la victime, les familles et les membres de la communauté. L'objectif est de comprendre les causes profondes du comportement, de reconnaître les dommages causés, et de trouver des moyens de guérison pour toutes les parties. Cette approche a montré une réduction de la récidive et une amélioration du bien-être communautaire.

Illustration :

Imaginez un jeune impliqué dans des actes de vandalisme. Au lieu de le condamner à une peine de prison, un programme de justice restaurative pourrait l'amener à rencontrer les propriétaires des biens endommagés, comprendre l'impact de ses actions, et travailler à réparer les dégâts. Ce processus favorise l'empathie et la responsabilisation, plutôt que la stigmatisation.

Conséquences Sociales :

En reconnaissant que les comportements déviants sont le résultat de déterminants complexes, nous pouvons développer des interventions préventives, telles que le soutien aux familles en difficulté, l'amélioration de l'éducation, et l'accès aux services de santé mentale.

3. Repenser le Mérite et les Inégalités

La croyance en un libre arbitre absolu renforce l'idée que les individus sont entièrement responsables de leur succès ou de leur échec, justifiant ainsi les inégalités.

Exemple : La « Méritocratie » Illusoire

Dans de nombreuses sociétés, le concept de méritocratie suggère que le talent et l'effort conduisent au succès. Cependant, cette vision ignore les inégalités de départ.

Illustration :

Un enfant issu d'un milieu défavorisé, avec un accès limité à l'éducation, à la santé et à la nutrition, fait face à des obstacles considérables par rapport à un enfant né dans une famille aisée. Même avec beaucoup d'efforts, il peut ne jamais atteindre les mêmes opportunités.

Promouvoir l'Égalité des Chances :

Reconnaître les déterminismes invite à mettre en place des politiques visant à équilibrer les chances, comme des bourses d'études, des programmes de mentorat, et des investissements dans les infrastructures des communautés défavorisées.

Exemple Concret :

Les programmes de « discrimination positive » dans certaines universités cherchent à augmenter la représentation des groupes sous-représentés, en tenant compte du contexte socio-économique des candidats.

4. L'Importance Cruciale de l'Éducation

L'éducation joue un rôle central dans la diffusion de cette compréhension du déterminisme et dans la promotion d'une société plus éclairée.

Exemple : L'Enseignement des Sciences Cognitives et Sociales

Intégrer les sciences cognitives, la psychologie sociale et la philosophie dans les programmes scolaires peut aider les élèves à comprendre comment les pensées, les émotions et les comportements sont influencés par de multiples facteurs.

Illustration :

Des cours sur les biais cognitifs peuvent révéler comment nos jugements sont affectés par des préjugés inconscients. Par exemple, le biais de confirmation nous pousse à privilégier les informations qui confirment nos croyances préexistantes.

Développement des Compétences Socio-Émotionnelles :

Apprendre aux élèves à gérer leurs émotions, à communiquer efficacement et à résoudre les conflits peut favoriser une culture de respect et de compréhension.

Exemple :

Les programmes d'apprentissage socio-émotionnel (SEL) ont montré des améliorations dans le comportement des élèves, les résultats scolaires et la réduction de la violence scolaire.

5. Le Rôle de la Communication et du Dialogue Ouvert

Faciliter un dialogue ouvert est essentiel pour intégrer ces idées dans la conscience collective.

Exemple : Initiatives Citoyennes

Des organisations comme les « Ateliers de Philosophie » offrent des espaces où les citoyens peuvent discuter de questions éthiques et sociales, favorisant une réflexion critique collective.

Illustration :

Organiser des débats publics sur des sujets tels que la responsabilité pénale dans le contexte du déterminisme peut sensibiliser le grand public et influencer les décideurs politiques.

Utilisation des Médias Sociaux et des Technologies :

Les plateformes en ligne peuvent servir à diffuser des informations fiables et à encourager le partage d'idées.

Exemple :

Des conférences TED et des podcasts comme « Les Chemins de la Philosophie » sur France Culture rendent ces sujets accessibles à un large public.

6. Applications Pratiques et Pistes pour l'Avenir

Santé Mentale : Compréhension et Compassion

En reconnaissant que les troubles mentaux sont influencés par des facteurs biologiques, psychologiques et sociaux, nous pouvons adopter une approche plus compassionnelle.

Exemple : Lutte contre la Stigmatisation

Des campagnes de sensibilisation, comme « PsyEstEnNous », visent à normaliser la discussion autour de la santé mentale et à encourager ceux qui souffrent à chercher de l'aide sans honte.

Politiques Sociales : Prévention des Comportements Déviants

Investir dans les politiques sociales peut réduire les facteurs de risque associés aux comportements criminels.

Illustration :

Des études ont montré que l'accès à des activités périscolaires, comme le sport et les arts, réduit la délinquance juvénile en offrant des alternatives positives.

Technologie et IA : Vers une Éthique Responsable

En reconnaissant nos propres biais, nous pouvons développer des technologies plus équitables.

Exemple : Développement d'IA Sans Biais

Des entreprises travaillent à créer des algorithmes d'intelligence artificielle transparents, qui sont régulièrement audités pour éviter les discriminations, notamment dans les secteurs du recrutement ou de la justice.

Conclusion

La reconnaissance de l'illusion du libre arbitre ne diminue pas notre humanité ; elle enrichit notre compréhension de nous-mêmes et des autres. En acceptant que nos actions sont le fruit de déterminismes complexes, nous pouvons développer une société plus empathique, qui privilégie la prévention, l'éducation et la réhabilitation à la punition et à la stigmatisation.
Cette perspective ouvre la voie à des politiques plus justes, à des systèmes éducatifs plus inclusifs et à des relations interpersonnelles plus profondes. En embrassant le matérialisme déterministe, nous pouvons construire un monde où chacun a la possibilité de s'épanouir, conscient des influences qui le façonnent.

Références

  • Libet, B. (1985). Unconscious cerebral initiative and the role of conscious will in voluntary action. Behavioral and Brain Sciences, 8(4), 529–539.
  • Soon, C. S., Brass, M., Heinze, H. J., & Haynes, J. D. (2008). Unconscious determinants of free decisions in the human brain. Nature Neuroscience, 11(5), 543–545.
  • Wegner, D. M. (2002). The Illusion of Conscious Will. MIT Press.
  • Harris, S. (2012). Free Will. Free Press.
  • Sapolsky, R. M. (2017). Behave: The Biology of Humans at Our Best and Worst. Penguin Press.
  • Zehr, H. (2002). The Little Book of Restorative Justice. Good Books.
  • Dweck, C. S. (2006). Mindset: The New Psychology of Success. Random House.
  • Bandura, A. (1977). Social Learning Theory. Prentice Hall.

______________________________________________________

Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous