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Wokisme et cancel culture

Selon les responsables de la droite et de l'extrême droite, le « wokisme » était au centre de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques en France... 
Et c'est pas bien !


Le terme “wokisme” dérive de l’anglais “woke” qui signifie littéralement “éveillé”. Il désigne un mouvement social et politique visant à sensibiliser et à lutter contre les injustices et les discriminations systémiques basées sur la race, le genre, la classe sociale, et autres axes de marginalisation.

Sans libre arbitre « réel » (ontologique), il est évident que toute discrimination de minorités est foncièrement injuste. Et il n'est pas besoin d'être d'extrême gauche pour constater que les "hommes blancs hétérosexuels" subissent globalement moins de discriminations que les autres groupes humains. 
Et les discriminations se cumulent comme l’indique la juriste féministe américaine Kimberlé Crenshaw[1] : dans notre société, il est plus difficile d’être homosexuel qu’hétérosexuel, et encore plus difficile d’être homosexuel noir que blanc. Ce n’est qu’en combattant pied à pied par la législation, l’éducation - dont sa composante philosophique -, les débats dans les médias, les manifestations éventuelles... que nous changerons les mentalités : c’est la marche de l’évolution culturelle humaine, tout simplement. 
Par exemple, il est compréhensible que les discussions actuelles sur le genre suscitent des inquiétudes. Il y avait les femmes, les hommes, et rien entre les deux ; c'était plus simple, surtout du côté de ceux pour qui le genre de naissance ne posent pas problème, soit la majorité des humains. 
Mais ce n'est pas une "mode" de changer de sexe comme on l'entend parfois ; c'est un sujet particulièrement douloureux qui peut amener au suicide. Imaginez-vous dans un corps d'homme alors que vous vous "sentez" femme (ou l'inverse) depuis presque toujours. Ce n'est pas non plus un sujet  nouveau, mais on n'en parlait pas ouvertement. Tabou cette "incongruence de genre". Le genre est une construction biologique (XX, XY, XXY, XO etc.), neurobiologique* et sociale qui n'est pas "choisie librement", au même titre que l'orientation sexuelle d'ailleurs.

Dans une vision matérialiste, chaque individu a le droit de vivre selon son identité de genre et il est irrationnel de culpabiliser ceux qui ne seraient pas dans la norme statistique, quelque part dans le spectre entre femme et homme. Les religieux et les partisans de droite (pléonasme ?) sont généralement incapables d'accepter cette réalité scientifique : Dieu n'a pas pu se tromper si lourdement. Femme et homme, Yin et Yang, noir et blanc, OK ; mais gris clair ou gris foncé... Pas assez binaire sans doute. 

Pourtant, permettre aux gens de changer de prénom ou de genre est une question de respect des droits humains fondamentaux. Le fait de pouvoir vivre selon son identité de genre peut considérablement améliorer la santé mentale et émotionnelle des personnes transgenres, permettant de réduire les taux de dépression, d’anxiété et de suicide, tout en respectant une justice sociale. 


Mais pas n'importe comment quand il s'agit de changer "définitivement" de genre avec l'aide de la médecine. La prescription de "bloqueurs de puberté" (accord parental nécessaire avant 18 ans) doit être évaluée - voire peut-être interdite si l'on considère que la croissance physique et psychique est loin d'être terminée à ces âges (entre 8 et 14 ans)**. Par ailleurs, avant de procéder à une chirurgie de réassignation sexuelle, il est essentiel que la personne soit évaluée par des professionnels de la santé, y compris des psychiatres et des endocrinologues. Cela garantit que la personne est bien informée et prête pour les changements physiques. Les personnes qui souhaitent changer de sexe doivent suivre un traitement hormonal sous la supervision d’un endocrinologue. Ce traitement aide à développer les caractéristiques physiques du sexe souhaité, mais il comporte aussi des risques et des effets secondaires devant être surveillés. Après une chirurgie de réassignation sexuelle, un suivi médical régulier est crucial pour surveiller la santé physique et mentale de la personne. 

Pour en revenir au wokisme, il n’y a à mon sens aucun conflit entre cette démarche de justice sociale et l'universalisme républicain qui est bien plus mis à mal par les discriminations que par le wokisme. Les "anti-wokistes" rassemblent des conservateurs de droite et d'extrême droite aussi recommandables que le républicain américain Ron DeSantis, le russe Poutine, le brésilien Bolsonaro, le RN[2]Éric Zemmour, le sociologue Mathieu Bock-Côté ou Alain Finkielkraut, ce dernier nous expliquant que le wokisme...

"est l'idéal égalitaire. On pourchasse les discriminations et ça montre bien que le wokisme... est un véritable vandalisme."

Bizarrement, cet aréopage ne peut que me donner "foi" dans le wokisme... à la condition essentielle de ne pas aboutir à une polarisation excessive de la société - une sorte de wokisme intégriste - avec éclatement du « vivre ensemble » et des valeurs fragiles d’un universalisme cher à la France. 
Par exemple, il n’est pas question  de remplacer la médecine scientifique par des remèdes indigènes sous prétexte de reconnaissance des minorités ; ni de faire du wokisme une nouvelle secte / religion comme semble s’en inquiéter le philosophe J.F. Braunstein[3]... 
Les outrances verbales et humiliations grotesques des étudiants envers l'administration et les professeurs que l'on peut voir dans la vidéo ci-dessous - tournée à la faculté Evergreen et commentée par un partisan de droite (extrême ?) - sont condamnables, sinon débiles... Mêmes critiques à propos de certains excès dénoncés dans la vidéo Jusqu'où va le wokisme à Sciences Po.


Mais cette haine ressentie par certains wokes est à la hauteur des ressentiments accumulés dans l'Histoire (colonisation / esclavage / Ku Klux Klan / humiliations / ségrégation / massacres...) et  trop souvent réactualisés (George Floyd tué par des policiers le 25 Mai 2020...). Si le wokisme partage les humains entre dominants et dominés, on peut difficilement ne pas être d'accord sur ce point dès lors qu'on regarde le monde passé et actuel, bien qu'il s'agisse d'une grille de lecture forte mais nécessairement incomplète
Notons que les partisans de gauche ne sont pas en accord - pour la plupart d'entre-eux heureusement - avec les outrances woke de la vidéo ci-dessus. 

Le wokisme semble être - pour la droite (extrême) - l'idéologie à abattre, non pas du fait de ses excès, mais parce qu'il met en cause l"hégémonie masculine ancestrale et plus largement la domination des uns sur les autres. 
Exemple. Campus de Sciences PO de Grenoble avec les propos suivants du professeur Klaus Kinzler : "l'islamophobie est une propagande extrémiste, à ne pas mettre dans le même sac que le racisme et l’antisémitisme." Propos considérés comme islamophobes et fascisants par certains étudiants mais revendiqués par le professeur dans la presse nationale comme simple exercice de la liberté d'expression... en y ajoutant quelques coups de griffe à l'institution dont il fait partie. Institution qui a réagi à ce qu'elle considère constituer une diffamation... et suspend le professeuKlaus Kinzler
Laurent Wauquiez (et la droite dans son ensemble) s'indigne de cette décision de l'institution et lui retire les subventions de la région !*** 
Cependant, confondre dans le terme "islamophobie" à la fois le rejet légitime de l'islamisme mortifère avec celui des musulmans paisibles dans leur grande majorité revient à confondre l'antisémitisme avec les massacres de Netanyahu. Sans oublier que les palestiniens musulmans et les juifs sont des sémites ; c'est dire s'il faudrait nuancer tous ces idiomes !

Cette guerre wokisme / anti-wokisme a pris des proportions planétaires, tout particulièrement aux USA... mais aussi en France. Nouvel épisode dans cette guérilla : les Presses universitaires de France (PUF) ont décidé de suspendre la publication, début avril 2025, d’un livre sur « l’obscurantisme woke ». Dommage, ne serait-ce que pour voir l'argumentation déployée. Cela dit, on peut avoir un petit aperçu du fond  au travers du Programme de résistance intellectuelle contre le wokisme qui se veut "neutre", a-politique... comme si c'était possible. Ce document émane de l'Observatoire d'éthique universitaire. Et là, problème de fond : de quel droit cet "observatoire" prétend être une référence de l'éthique universitaire ? Le terme "éthique" est nécessairement lié à des valeurs qui, elles-mêmes, sont inévitablement de nature politique. L'éthique, les valeurs et les conséquences politiques correspondantes sont en évolution constante à travers les siècles et les civilisations. Rien n'est neutre ici. D'autant que certains auteurs du livre anti-woke censuré ont montré une certaine proximité (certaine) avec Pierre-Édouard Stérin, milliardaire activiste de la "droite extrême" (voir Vous ne trouvez pas qu'il commence à faire un peu chaud ?). Emmanuelle Hénin - qui a collaboré à ce livre censuré - nous explique longuement dans cette vidéo ses critiques concernant le "déconstructivisme" et le "wokisme", tout en prenant ses distances officielles avec le Trumpisme, ce qui en dit long... en creux. 
Un observatoire et un livre neutres, a-politiques ? Vraiment ? 
Emmanuelle Hénin souhaite peut-être instrumentaliser la fameuse "neutralité axiologique" (Wertfreiheit) du sociologue Max Weber ? Mais, comme l'écrit l'encyclopédie :

"L'autorité de Max Weber était invoquée à l'appui d'une orientation idéologique, la « neutralité », qui était très étrangère au sociologue allemand mais se chargeait au contraire d'enjeux décisifs dans le contexte d'une progression de l'engagement marxiste des intellectuels dans les décennies de l'après-guerre. En France, la promotion de la notion de « neutralité axiologique » permit d'apporter la caution fictive de Max Weber à une épistémologie antimarxiste, dans le contexte de forte polarisation idéologique des années 1960 et 1970.

Loin de prôner une quelconque neutralité politique du savant, Max Weber (1864-1920) songea toute sa vie à délaisser sa carrière scientifique pour briguer des positions de responsabilité publique ; il fut l'un des universitaires allemands les plus prompts à exposer ses vues politiques dans la presse (avec une moyenne de six interventions par an entre 1915 et 1920) ; enfin, il participa à la fondation d'un parti, le D.D.P. (Deutsche demokratische Partei, Parti démocratique allemand en français), en novembre 1918, et à la genèse de la constitution de la République de Weimar. La propension de Weber à l'engagement n'était pas davantage mise entre parenthèses dans le domaine de la science, où il dénonçait l'attrait pour les « voies moyennes » et les compromis de la pensée : « Le "juste milieu" n'est pas le moins du monde une vérité plus scientifique que les idéaux les plus extrêmes des partis de droite ou de gauche », notait-il ainsi en 1904."

Patatras. De là à censurer un ouvrage... qui va de toute façon être édité...

Dans une vision matérialiste sans libre arbitre possible, il n'est pas question de se flageller en permanence de façon anachronique mais de prendre nos responsabilités historiques, sans fierté ni honte 
(voir 
Histoire : ni fierté, ni honte !). Nos règles républicaines et démocratiques devraient chapeauter l’ensemble des mouvements sociétaux, le combat contre toute discrimination, qu'on soit "woke" ou pas ; mais la place du curseur, ici comme ailleurs, doit faire l’objet d’une délibération commune qui ne sera toujours que provisoire.

Autre aspect controversé, la « cancel culture » - ou culture de l’effacement - est souvent associée au wokisme.
Il peut sembler légitime de ne plus "honorer" actuellement certaines figures historiques comme dans cet exemple concernant le général Louis Juchault de Lamoricière qui se serait très mal conduit durant la colonisation de l'Algérie :


La droite n'est pas la dernière à vouloir effacer ce qui gêne. Ainsi, le Journal du dimanche (Boloré) écrit à propos de Trump : 
« Du récit de l’esclavage aux spectacles de drag-queens pour enfants, le président veut purger l’Amérique de cet endoctrinement idéologique. »

Le récit de l'esclavage : "un endoctrinement idéologique" ? Les esclaves définis comme des "meubles" dans le Code noir (1685) : "un endoctrinement idéologique" ? La traite négrière globale (toutes traites confondues) aurait causé la déportation de 28 à 100 millions de personnes, selon les sources, en tenant compte des victimes collatérales (morts lors des captures, marches forcées, ou détention). Une paille à oublier.

La guerre idéologique fait rage. Mais si je suis contre les violences de toutes sortes qui se réclameraient de cette culture de l’effacement, il me semble totalement idiot de déboulonner des statues et autres plaques de nom de rue, à la condition de préciser en quoi les propos ou actes de telle figure historique sont devenus insupportables de nos jours. Avec quelques garde-fous cependant : pour ne prendre qu’un exemple limite de reductio ad Hitlerum, baptiser actuellement en France une rue au nom d'Hitler ou de Staline serait évidemment une provocation insupportable, comme le serait de créer une chaîne de magasins à la gloire de Vladimir Poutine...
... à moins qu'il ne s'agisse que d'un plat emblématique du Canada particulièrement populaire au Québec. 
Décidément, rien n'est simple.

Sur le fond, nous devrions autant que possible sauvegarder le patrimoine historique et culturel au sens large, aussi bien dans ses lumières que dans ses ombres (voir Séparer l'Homme de l'Oeuvre ?).

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous


[2] Le RN a officiellement lancé une "Association des parlementaires contre le wokisme" pour dénoncer et contenir cette « idéologie » mortifère

[3] « Les dangers du wokisme » -  https://www.youtube.com/watch?v=pfurKxVTvfc 

Peut-on faire... autrement ?

Pouvoir faire autrement (possibilités alternatives) semble être une compétence/condition nécessaire pour parler de libre arbitre ontologique permettant ainsi de punir.... car le délinquant aurait pu (dû) faire autrement !

C’est ce que pensent nombre de philosophes dont Christian List qui concède que le libre arbitre et ses conditions préalables – l’action intentionnelle, les possibilités alternatives et le contrôle causal de nos actions – ne peuvent pas être trouvés parmi les caractéristiques physiques fondamentales du monde naturel. Dont acte.


Il semble donc a priori se positionner en faveur d'un paradigme naturaliste. 

Mais, selon lui, ce n’est pas là que nous devrions chercher !

"Le libre arbitre est un phénomène de « niveau supérieur » qui se situe au niveau de la psychologie. Il ressemble à d’autres phénomènes qui émergent de processus physiques mais sont autonomes et ne sont pas mieux compris en termes physiques fondamentaux, comme un écosystème ou l’économie. Lorsque nous le découvrons dans son contexte approprié, reconnaître que le libre arbitre est réel n’est pas seulement scientifiquement respectable ; c’est indispensable pour expliquer notre monde !"*


Comment peut-on se déclarer naturaliste (matérialiste) et parler d'émergence qui serait autre chose que la "simple" complexité des phénomènes régis par les lois naturelles dans le cadre d'un chaos déterministe ? 

L'exemple de Lenia (voir Emergence de LENIAdevrait pourtant être suffisant pour se convaincre de la possibilité matérialiste de création de structures particulièrement élaborées. En quoi - et comment - la psychologie humaine échapperait-elle à ce processus ?
Par ailleurs, les exemples de l'auteur - écosystème et économie - ne sont effectivement pas cernées totalement par l'analyse à partir des lois fondamentales, non du fait de l'existence d'un fantôme surnaturel dans la machine mais de par la complexité des causes, des conséquences et du chaos qui en découle. Les prévisions climatiques sont de cet ordre et je ne comprendrais pas que Christian List nous invite, s'il est réellement matérialiste, à penser autrement.
Puis vient l'argument que le libre arbitre "réel" est scientifiquement respectable : pourquoi pas ! Mais il faudrait autre chose, une preuve quelconque, pour commencer à adhérer à ce concept incompréhensible dans un paradigme naturaliste scientifique.  

Enfin, List nous affirme que le libre arbitre est indispensable pour expliquer notre monde... Mais avant l'Humain, le monde existait sans libre arbitre (LA) et l'animal n'en a toujours pas selon les zélés zélotes du LA alors que les animaux non-humains possèdent bien des éléments primitifs de morale régissant les groupes, des embryons de culture,  voire de techniques... ;  le tout sans besoin de LA. C'est autant de merveilles montrant  l'émergence lente de structures complexes, notamment du point de vue psychologique.

En bon "compatibiliste" (libre arbitre ontologique et lois naturelles font bon ménage), List pense que pour définir le libre arbitre, il suffirait que je soutienne mes choix/actions d'une manière ou d'une autre : si je les soutiens, les défends, les trouve raisonnables, mes raisons justifient/prouvent la réalité du LA. 

Entourloupe ! Car un LA qui serait "réel" nécessiterait un choix, une volonté libre indépendamment des "raisons", "causes" et "contraintes" externes et internes. Si List a "choisi" ce matin de se faire un thé plutôt qu'un café comme la veille, c'est qu'il pense n'avoir pas bien dormi à cause du café (cause interne pour simplifier), mais comme il se doit d'être en forme pour le séminaire cet après-midi (cause externe)... Mais il aurait tout aussi bien pu choisir le café plutôt que le thé pour justement se rebooster du fait le manque de sommeil. 
Bref, tout semble possible dans un sens et l'autre. Comment se fait-il qu'on parte d'un côté ou d'un autre ? Finalement, List a pris un café en se rappelant que la fois précédente, dans des conditions similaires, ce choix du café l'avait bien requinqué, soit une "raison interne", biologique, sur laquelle il n'a eu aucune prise. Mais il aurait pris plutôt un thé si le café lui avait déclenché une crise de tachycardie en plein séminaire la fois précédente, une autre "raison interne" indépendante de sa "volonté".. 

Animaux humains et non-humains sont les produits de la génétique et de l'environnement. Ils font en permanence des choix de survie, chacun avec ses "raisons", plus sophistiquées chez l'humain que chez l'animal, mais fondamentalement reposant sur les mêmes processus mentaux. Rien ne permet scientifiquement d'affirmer le contraire et tous ne font pas les mêmes choix pour des raisons tenant non pas à une liberté de la volonté fictive, mais à des déterminants différents, conscients ou non.

Finalement, nos choix sont déterminés par des causes externes et internes dont nous n'avons souvent même pas connaissance (voir https://librearbitre.eu/accueil/psychiatrie-neurosciences/), et qui remontent... très loin dans le passé.


Par exemple, que domine-t-on vraiment lors d'un "coup de foudre" qui relève en grande partie d’un phénomène chimique et hormonal. En l’occurrence, le cerveau produit de la phényléthylamine responsable de la transmission de la sensation de plaisir entre les neurones (effet euphorisant puissant). Puis l’organisme produit de la dopamine qui joue un rôle essentiel dans le mouvement, la motivation, le plaisir et la récompense selon l’institut du Cerveau. Elle rend euphorique dans le cas d’un coup de foudre et la sensation d’hébétude s’intensifie. L’ocytocine, molécule de l’attachement, est également produite, ainsi que l’adrénaline : le cœur bat la chamade, on rougit, on a chaud. Mais la science n’explique pas ce qui fait que l’on tombe fou d’amour pour l’un(e)... et pas pour l’autre. 
Quid du Libre Arbitre dans cette cascade biologique et psychologique bien souvent impossible à contenir ? Désir de premier ordre... que le désir de second ordre (libre arbitre ?) pourrait annuler comme nous l'affirme le philosophe Harry Frankfurt ? (voir "Saucisse" de Frankfurt et courant alternatif).

Appliquée à l'Histoire, on parle d'une uchronie (Charles Renouvier) lorsqu'on prend une situation historique existante et que l'on modifie un événement "déterminant" pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. Ce qui rappelle la phrase de Blaise Pascal : 
« Le nez de Cléopâtre : s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé »

Si les dinosaures n’avaient pas disparu, si l’Empire romain ne s'était pas effondré, si, si, si...
Et alors ? Sans doute des fictions sympathiques qui peuvent partir dans toutes les directions, à la mesure de l'imagination humaine... mais sans aucun intérêt ni philosophique, ni scientifique, ni même historique. 
Convenons plutôt que les faits sont plutôt du genre têtus et que le réel ne prend qu'un chemin déterminé, certes trop souvent imprévisible à notre goût.

En conclusion, le naturaliste List est un spiritualiste qui s'ignore, comme beaucoup, malheureusement ; et personne ne peut faire autrement que ce qu'il fait comme le montre cette étude "Sur l'argument descendant en faveur de la possibilité de faire autrement" ; ou alors il faudrait le prouver (ce qui est absolument impossible).

Et ce n'est pas du fatalisme pour autant, car rien n'est écrit dans un grand livre du futur... ou alors la charge de la preuve est à nouveau de ce côté (voir Fatalisme ? Fatal error !).

*List C. "Why free will is real" - Harvard University Press - 2019 

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Du pain et des jeux

Cette expression idiomatique provient du poète latin Juvenal qui critiquait un peuple romain se satisfaisant uniquement de pain gratuit et de spectacles somptueux offerts par les dirigeants, ignorant ainsi les affaires politiques cruciales et les valeurs morales fondamentales.

En sommes-nous toujours là ? Pas tout à fait, heureusement, même s’il persiste quelques stigmates délétères.

Ainsi, la concurrence et la compétition sont toujours des éléments centraux de la survie au sens large, de l’économie capitaliste au sport de "haut niveau". 

Concernant le pain 

Chaque individu, chaque groupe passe son temps - de tous temps - à s'accaparer des ressources limitées au détriment du voisin éventuellement. Dans ce concours de prédation, le plus "fort" de la tribu - généralement un homme -  s'est accaparé ainsi en priorité la nourriture, les femmes, les droits... ce qui s'est poursuivi avec des régimes politiques plus sophistiqués, la population augmentant ayant nécessité une organisation complexe (seigneurs, rois de "droit divin", états...), jusqu'au capitalisme dont la naissance est diversement analysée*.

Côté face : la concurrence est un pilier fondamental de l’économie capitaliste. Cette concurrence est généralement vue comme un moyen positif d’encourager l’innovation, d’améliorer la qualité des produits, réduire les prix pour les consommateurs... Quelques garde-fous ont été légitimement instaurés : lois antitrust, protection sociale et droits des travailleurs, politiques fiscales redistributives etc.

Côté pile : ce même capitalisme favorise l'exploitation des travailleurs en minimisant les coûts de production et en maximisant les profits. Les salariés sont trop souvent soumis à des pressions excessives et ne bénéficient pas suffisamment des fruits de leur labeur malgré des gains de productivité très conséquents. Il engendre par ailleurs des crises cycliques, récessions, dépressions provoquant parfois un chômage massif, une pauvreté accrue et une instabilité politique. Il nous conduit, comme on peut le voir depuis quelques dizaines d'années, à une concentration de richesses extrême et à une augmentation de la pauvreté relative.Privilégiant les gains immédiats, les industries polluent massivement les sols, l'eau et l'air, fragilisant ainsi gravement l'équilibre écologique global. Enfin, la concurrence économique impitoyable et permanente alimente les antagonismes nationaux et internationaux, pouvant conduire à des conflits armés. Des nations cherchent à imposer leur domination par tous les moyens possibles, dont l'espionnage industriel, les embargos commerciaux, voire les invasions militaires...

Certains ont cru voir dans la concurrence entre tous et la compétition économique mondialisée la simple continuité de ce que l'on croit constater chez le vivant en étudiant l'évolution darwinienne : le capitalisme validé par la science du vivant en quelque sorte... Il en est même qui, refusant le paradigme capitaliste, en viennent à remettre en cause Darwin en amont afin de réfuter l'inférence. Mais on peut être anticapitaliste - comme l'est le philosophe Daniel Milo - sans aller chercher des arguments scientifiquement "foireux" comme il les collectionne dans son livre « La survie des médiocres. Critique du darwinisme et du capitalisme » - 2024 - Gallimard), publication qui a déclenché à raison une levée de boucliers du côté des spécialistes de l'évolution**.  Car la logique du philosophe du genre "le capitalisme est délétère", donc "la compétition dans l'évolution" est une erreur d'analyse de Darwin, présente une fragrance sophistique de l'ordre de l'argument de la conséquence (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/quelles-consequences-de-largument-de-la.html). Et ce n'est pas parce que l'idée est reprise par toute une presse anticapitaliste séduite par cette pseudo contre-analyse de l'évolution qu'elle devient vraie pour autant. En revanche, considérer que l'évolution culturelle - toute aussi Darwinienne -  a mis en place des concepts de solidarité, d'égalité, de remise en cause de la compétition à tout va chez l'animal comme l'animal-humain est source d'analyses et de réflexions comme on peut le voir par exemple dans le jeu du dilemme du prisonnier (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/05/un-sacre-dilemme-pour-la-morale.html). Il n'est pas nécessaire de tuer Darwin pour critiquer le capitalisme ; ou alors, il faudrait des arguments scientifiques d'une autre portée.

Concernant les jeux 

Les jeux olympiques 2024 ont montré, comme toute rencontre sportive "au sommet", la quintessence même de la compétition acharnée, préparée par des sportifs qui s'entraînent tous les jours, des heures durant, depuis des dizaines d'années parfois, pour une médaille, une reconnaissance mondiale de leur supériorité qui se joue souvent à quelques secondes, voire millièmes de secondes (0,005 seconde entre l'or et l'argent au 100 m pendant les JO 2024) ? La belle affaire ! De toute façon, les records à battre sont appelés nécessairement à disparaître.

On peut trouver ces efforts admirables ou pathétiques. Admirables pour ce qui concerne la ferveur d'une communauté rassemblée autour des héros, des gagnants de son camp, du drapeau et des émotions fortes que tout cela suscite. Une reconnaissance, une distinction internationale qui fait du bien à l'ego personnel et collectif de la nation. Ce qui rassure un peu : les efforts et le courage payent ! 

Et puis toute une religiosité qui rassemble autour des idoles du moment, de l'autel des podiums. Les Jeux Olympiques de la Grèce antique étaient dédiés à Zeus, les jeux isthmiques à Poséidon. Les athlètes croyaient que les dieux octroyaient la victoire. De nos jours, les athlètes continuent de pratiquer des rituels tels que se signer, prier, ou embrasser la pelouse après un but. L’apôtre Paul utilisait des métaphores sportives pour illustrer la vie chrétienne, comparant le chrétien à un athlète qui court pour Dieu. Sport et religion se rejoignent dans leur capacité à unir les individus, à inspirer la dévotion, à promouvoir un sentiment de communauté, d'identité, d'appartenance. C'est aussi un terrain commun pour le fanatisme sous toutes ses formes, des conflits entre groupes de supporters aux guerres opposant les confessions religieuses.

D'ailleurs, les termes employés par les divers commentateurs sportifs sont bien ceux d'une guerre - certes "pacifique" - qui ne dit pas son nom : "on a gagné, les doigts dans l'nez ; ils son perdus, les doigts dans l'c..." "il a rendu coup sur coup" / "c'est une vraie machine de guerre" / le tennisman Rafael Nadal décrit comme le "roi déchu" face à Novak Djokovic / untel a "pulvérisé" son adversaire quand il ne l'a pas "humilié" / attention, là c'est un "tueur" / "demain je vais le taper" / phase de "mort subite" en escrime / "qu'un sang impur abreuve nos sillons" etc. A tout le moins, un environnement hostile source de stress chez les participants, à l'instar de conditions assez proches durant les périodes de guerre.

Pour George Orwell,  "le sport, c'est la guerre, les fusils en moins". Cette formulation illustre bien la perception du sport de "haut niveau" comme une activité conflictuelle et compétitive, très proche de la guerre avec ses "victoires", ses "défaites", ses fiertés, ses blessures, ses vengeances... 

Et ce n'est pas le cri de guerre Haka - une danse chantée rituelle pratiquée par les Maoris lors de conflits, de manifestation, de cérémonies ou de compétitions amicales "viriles" - qui pourrait contredire cette impression générale ! Impressionner l'adversaire pour mieux le battre.

Dans le cadre de l'égalité des sexes, les femmes s'y mettent aussi en ayant soin de prendre ce qu'il y a de mieux chez l'homme, sous les acclamations des spectateurs. Scrutez les visages pleins de compassion pour les adversaires que l'on va écraser ; le sport comme source de paix entre les peuples. 

Le Haka : juste un folklore anodin ?

Tout ceci vient de loin. On en connaît même le modèle.

Et je ne parle même pas du MMA (Arts Martiaux Mixtes) et de son octogone en plein essor, ou même du "noble art" qu'est la boxe consistant à abrutir l'adversaire à coups de poing (Traumatismes crâniens et commotions cérébrales / Perte de vision partielle ou totale / Surdité / Syndrome de chronicité cognitive postcommotionelle / Encéphalopathie chronique traumatique / Maladie de Parkinson...). Entre 1890 et 2011, environ 1 600 boxeurs sont morts des suites de blessures liées à des combats, souvent à cause d’hématomes intracrâniens.

Et ce n'est pas Sébastien Chabal qui dira le contraire, lui qui ne se souvient plus d'avoir joué au Rugby du fait des commotions cérébrales répétées : "Je n'ai aucun souvenir d'une seule seconde d'un match que j'ai joué."

Dans nombre de pays, on a interdit les combats de coqs ou de chiens pour de bonnes raisons à mon sens (souffrance animale !), mais on tolère la boxe dont on connaît les effets plus que délétères sur les neurones. Cherchez l'erreur.

La famille des sports débiles s'est agrandie récemment avec le concours de gifles - en droite ligne de la Russie - "sport" qui séduit les mâles américains ("slapping")... Décidément. 
Le plus savoureux est que les adeptes du MMA sont eux-même choqués - c'est dire - alors qu'ils développent des arguments contre le slapping que l'on peut leur retourner très exactement concernant leur propre "sport" MMA. 


Perte de neurones avant même de commencer ? En tout cas cercle vicieux : gifle => moins de neurones => gifle => encore moins de neurones etc. Il y a vraiment des baffes qui se perdent. 

Après s'être bien frappés, il est convenu que les adversaires rejouent "Embrassons-nous, Folleville" en fin de match pour que tout un chacun comprenne bien que c'était pour du beurre et qu'il est temps de revenir à la vie "civile", parfois en passant par l'hôpital.

Plusieurs sportifs de haut niveau ont exprimé des regrets, voire des plaintes, concernant le fait d’avoir commencé leur carrière sportive très (trop) tôt en raison des désirs ardents de leurs parents. Et pas seulement des sportifs puisque l'on retrouve ces mêmes regrets chez d'autres "joueurs" comme pour le jeu d'échec, l'apprentissage forcé du solfège et d'un instrument etc. : 

  • André Agassi, célèbre joueur de tennis, a souvent parlé de la pression intense qu’il a subie de la part de son père pour devenir un champion de tennis dès son plus jeune âge, ce qui a conduit à un sentiment de ressentiment envers le sport.
  • Jennifer Capriati, est devenue professionnelle à l’âge de 13 ans et a ressenti une pression immense pour réussir, ce qui a finalement conduit à des problèmes personnels ; de même que Mary Pierce - joueuse de tennis franco-américaine - qui a décrit des entraînements intenses et un environnement familial difficile, avec un impact sur sa santé mentale et émotionnelle.

En fait, la liste est longue des champions qui ont souffert des projections parentales : Tiger Woods (Golf) - Michael Phelps (Natation) - Nadia Comăneci (Gymnastique) - Lionel Messi (Football)... Nos célèbres frères et champions de tennis de table ont commencé ce sport dès l’âge de... 3 ans ! Kasparov (champion du monde des échecs) regrette de n'avoir pas profité d'une enfance insouciante et libre... mais il fallait que Moscou montre sa "supériorité" intellectuelle sur les USA (B. Fischer) en pleine guerre froide. 

Bref, des parents qui pensent faire le bonheur de leurs enfants en les matraquant dès que possible avec leurs névroses personnelles . L'éducation religieuse est également concernée par ces dérives de domination parentale (voir Religions et enfants)


Ces exemples montrent que la pression parentale pour réussir dans le sport peut avoir des conséquences négatives sur les athlètes, même s’ils atteignent le succès, ce qui n’est même pas la norme pour ces enfants « programmés » qui n'atteignent pas tous, loin s'en faut, les sommets. L'excellence à tout prix... a un prix souvent exorbitant. Le bien-être et le bonheur des enfants devraient toujours être la priorité, quitte à ce que les parents trop ambitieux pour leur progéniture aillent consulter...

Finalement, les analogies sont légions entre la guerre économique capitaliste et la guerre à fleurets mouchetés du sport de haut niveau. Les ressorts guerriers sont identiques et l'interpénétration évidente : le sport business a commencé à envahir les clubs amateurs (recherche de sponsors, mise en place de partenariats...), avec les joies du spectacle et les dégâts collatéraux. Les héros du stade interviennent d'ailleurs - il faut bien vivre - pour "entraîner" les équipes marketing et commerciales des grandes entreprises : la "gagne" et la "niaque" sont à l'honneur. Les droits média, les maillots de joueurs à des prix prohibitifs... tout est bon. Et je ne dirai pas un mot sur les revenus indécents de certaines idoles que je ne citerai pas, comme Kylian Mbappé, ayant émargé selon Forbes à 30 millions d'euros entre mai 2021 et mai 2022. Quand on a compris que - sans libre arbitre ontologique possible - mérite et talents sont des leurres... (voir https://librearbitre.eu/accueil/sociologie/). 

La performance serait le but ultime de l'humanité comme l'affirme la docteure en psychologue et chercheuse Fanny Nussbaum qui en vient à critiquer violemment ce qu’elle appelle la « dictature des humanistes » empêchant les individus de chercher l’excellence et la perfection... qu’elle-même a manifestement trouvées dans sa conception toute personnelle d’un existentialisme narcissique "embelliste" :

« La performance est le plus beau joyau de l’intelligence humaine. Elle est le fruit d’une quête incessante de dépassement de soi, d’une volonté farouche de se différencier, d’une ambition démesurée de créer et d’innover (...) Nous avons forgé un monde qui interdit tout comportement conquérant (...) (j’ai) un dédain pour l’humanisme et sa philosophie de l’essence (...) mon objectif est de faire de ma vie une œuvre d’art. » ("L’Art de l’excellence - En finir avec la dictature des humanistes - 40 commandements pour agir avec grandeur" - 2023 -  Alisio + vidéo https://www.youtube.com/watch?v=GHagPY0XGqw)

Sacrifier la communication non violente et l'humanisme des "Lumières"-  pas assez "conquérants" - sur l'hôtel d'un ego boursouflé : joli programme. 

Et elle n'est pas seule. Dans la même veine, le psychologue canadien Jordan Peterson fustige le laisser-aller des gros, des transgenres, des adeptes du wokisme etc. et publie des livres sur de développement personnel centré autour de l’idée qu’il faut commencer par se surpasser soi-même (???) avant de vouloir changer l’ordre des choses dans la vie politique. Se dépasser ou se taire. Ce qui soulève des questions sur la manière dont nous percevons la réussite et la compétition avec soi-même et les autres dans une société universelle mondialisée et, si possible un jour, paisible.

Paraphrasant Clausewitz, le sport de haut niveau est la continuation de la politique selon d'autres moyens (JO de Berlin en 1936, Moscou en 1980 avec le boycott de 65 pays pour protester contre l'invasion soviétique en Afghanistan, délégation officielle russe absente des JO 2024 du fait de la guerre en Ukraine...). On a même pu décréter une trêve olympique - très politique - en repoussant aux calendes grecques la nomination d'un premier ministre qui ne plaît pas. 

Finalement, le sport est une excellente activité pour la santé (jeux) sans nécessité de se transformer en stakhanovistes de la performance ; et l'innovation scientifique et technique permet de mieux vivre (pain). Les différents avis portent sur la place du curseur, ici entre une saine émulation pour améliorer notre santé et nos conditions de vie, et là un burn-out parfois suicidaire. Entre des travailleurs qui gagnent des points de productivité et les retours qu'ils en ont (revenus / reconnaissance sociale etc.). La méritocratie capitaliste n'est pas l'organisation "naturelle" indépassable issue d'une évolution biologique de compétition qu'il faudrait appliquer stricto sangsue, mais un aspect culturel que l'on peut mettre en cause au même titre que l'on a remédié à la fatalité "biologique" des naissances (IVG / pilule...), renoncé à la raison du plus fort (Droits de l'Humain et des citoyens), à l'exploitation sans limite des ressources qu'on commence - péniblement - à mieux réguler etc. 

Et le sport ne nécessite pas la glorification de quelques-uns (individus ou nations) et l'humiliation de tous les autres, pas plus que la nécessité de se droguer pour améliorer sans cesse les chronos, les sauts en longueur ou en hauteur. Les injonctions du toujours plus, "plus fort, plus vite, plus loin", sont nécessairement limitées par la biologie et le "mental" de chacun... qui fait au mieux de ce qu'il peut, en permanence. Et que deviennent tous ces athlètes - la plupart - qui échouent à percer et se retrouvent souvent sans débouchés réels après leur carrière sportive malheureuse...

Encourager l'autonomie et la croissance personnelles plutôt que l’obsession de la victoire favoriserait probablement des valeurs plus positives au sein de la société.

Quant à se dépasser soi-même : c'est une belle illusion, un vestige de la dualité qui ne peut pas exister dans un monde matérialiste. Un conseil en cas de dépassement : pensez à mettre le clignotant pour éviter tout claquage, chute, overdose d'amphétamines, de stéroïdes, d'EPO, de diurétiques ou d'hormones de croissance.

Regardant la cérémonie de clôture des JO au stade de France, je voyais cette immense foule de spectateurs et d'athlètes confondus, heureux, célébrant la paix des peuples dans leur diversité... alors que le nombre estimé des morts en Ukraine (auquel il faut ajouter 3 fois plus de blessés, d'handicapés à vie) est d'environ deux fois plus important (180.000) que ce que les images du stade nous ont montré. 

Les JO sont peut-être nécessaires pour réduire la bêtise des rapports de forces entre humains et nations, mais ils restent bien insuffisants.

Pour terminer sur une note optimiste, il existe au moins trois points très positifs concernant ces JO : 
  • l'impact significatif sur les vocations sportives en France : la ministre des Sports a ainsi mentionné qu’on pourrait s’attendre à l'inscription de 2 à 3 millions de licenciés supplémentaires ;
  • la diversité des origines et couleurs de peau des athlètes montrant l'universalité de l'humanité et la profonde bêtise meurtrière qu'est la guerre, la "vraie" (et ce n'est pas Miss France qui dira le contraire).
  • la visibilité des "personnes en situation de handicap" lors des jeux paralympiques. Habituellement cachés, oubliés, subissant une forme d'apartheid insidieux, on a pu voir  toute leur humanité et leur force. A ne pas oublier après les jeux !

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* Ainsi la thèse de l'éthique protestante proposée par le sociologue Max Weber, affirmant que l'ascension du capitalisme moderne trouve ses racines dans la mentalité calviniste axée sur le travail, l'épargne et la discipline personnelle. Parallèlement, Werner Sombart relie l'émergence du capitalisme moderne au monde juif ashkénaze, tandis que d'autres théories mettent en lumière des facteurs tels que la Révolution industrielle, les changements agraires, le commerce extérieur et la colonisation. Certains analystes soulignent aussi l'importance des mutations démographiques, techniques et idéologiques ayant contribué à façonner le capitalisme. De plus, Fernand Braudel distingue différentes phases dans l'expansion du capitalisme, telles que le capitalisme commercial basé sur les échanges à longue distance, le capitalisme marchand associé aux activités urbaines et le capitalisme industriel reposant sur la production de biens manufacturés.

** « 140 biologistes en colère contre un livre ! » - VIDEO Youtube - https://www.youtube.com/watch?v=CuyJAbj1gvg
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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Séparer l'Homme de l'Oeuvre ?

On l'oublie trop souvent : l'Homme peut être une femme.

La condamnation d'Olympe de Gouges pour ces écrits (Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne) l'a conduite à une séparation assez brutale de la tête et du corps en 1793. On ne saurait donc être trop prudent sur cette question sensible de "séparation" qui revient sans cesse depuis quelques années.

Léonard de Vinci, Paul Gauguin, Martin Heidegger, Le Corbusier, Woody Allen, Mickaël Jackson, Roman Polanski, Bertrand Cantat, l'abbé Pierre (j'en oublie, non, vraiment ?) se sont retrouvés dans la tourmente ; pour différentes raisons.

Et puis il y a Céline, un cas d'école. Il faut dire qu'il a poussé loin le bouchon. Dans “Bagatelles pour un massacre”, il exprime son aversion pour Léon Blum, le Premier ministre juif de gauche de la France, en précisant : « Je préférerais une douzaine de Hitlers à un Blum tout-puissant »*. Une prise de position politique comme une autre ?


Dans “L’École des Cadavres”** (page 128 -1938), Céline insiste sur le fait qu’il ne devrait y avoir "qu'une seule race en France : les Aryens” ; et il ajoute :

"Les Juifs, les hybrides afro-asiatiques, les quartiers, les demi-noirs et les proche-orientaux, les fornicateurs, les destructeurs, n’ont rien à voir avec ce pays. Ils doivent dégager… Les Juifs sont ici pour notre malheur… Les Juifs ont coulé l’Espagne par métissage… Nous nous débarrasserons des Juifs, ou bien nous crèverons des Juifs…".

Dans son journal de décembre 1941, l’écrivain et officier nazi Ernst Jünger a noté que, pendant deux heures, Céline lui a imposé une diatribe selon laquelle les soldats allemands devraient “tirer, pendre, exterminer les Juifs”. Céline a recommandé que les Juifs soient éradiqués quartier par quartier, maison par maison. "Si j’avais une baïonnette, je saurais ce qu’il faut faire". Certes un témoignage qui reste sujet à caution*** mais qui ne détonne pas dans le paysage Célinien. 

Question : doit-on "juger" les saloperies de ce grand écrivain comme étant les positions d'un cerveau "sain" ou - comme cela a été avancé - d'un cerveau paranoïaque avec un goût curieux pour la scatologie ? Si les nazis avaient gagné, ce qui sur le papier n'était pas impossible avant Pearl Harbor, Céline serait jugé simplement comme étant dans la norme sociale... Mais du fait que le nazisme a perdu la guerre, dans le premier cas (cerveau "sain") il est "coupable", dans l'autre (paranoïa) il est seulement "malade". 

Pas simple.

Et Gabriel Matzneff ? Juste un prof d'éducation sexuelle ou un pervers ? Dans cette vidéo, le réquisitoire de la canadienne Denise Bombardier est d'une actualité criante mais apparemment fortement décalé pour une certaine France à l'époque de l'émission (1990).


Les jeunes filles étaient "consentantes" selon Matzneff. 
Le consentement a, comme tout ce qui existe, une histoire... quelque peu malmenée durant des siècles dans notre société occidentale, avec une sorte de droit de cuissage qui s’est prolongé bien après le Moyen-Age. Depuis 2021 en France, donc bien après l'épisode Matzneff, il n’est plus possible de se réfugier derrière le pseudo-consentement d’une jeune fille ou d’un jeune homme pour se dédouaner d’une poursuite pénale pour viol. Un adulte n'a pas le droit d'avoir des relations sexuelles avec un enfant de moins de 15 ans (art. 227-25 du Code pénal). Cela est même considéré comme une circonstance aggravante (art. 222-29 et 222-24). Après 15 ans, en cas d'accord, un.e adolescent.e peut avoir des relations sexuelles avec un adulte sauf si ce dernier est l'un de ses ascendant.e.s (parent, grand parent...) ou s'il est amené à s'occuper de lui/elle (beau parent, professeur, moniteur sportif, animateur, curé...). 

Rappelons-nous qu’il n’y a pas si longtemps, les relations sexuelles constituaient un devoir (pour les femmes...) qui pouvait être exigé en France par la contrainte jusqu’en 1980. Non seulement on pouvait faire appel à la police pour obliger le conjoint récalcitrant à regagner le domicile conjugal, mais il était aussi possible d’obtenir ses faveurs par la violence physique si nécessaire. La jurisprudence avait décidé qu’il ne pouvait pas y avoir de viol entre époux, tant que le mari avait imposé à son épouse une pénétration vaginale. Ce viol entre époux n’a été consacré que par la loi du 4 avril 2006. C’était hier. Malgré des avancées évidentes, il faut savoir que 90 % des plaintes pour viol conjugal sont actuellement classés sans suite[1]

Au-delà, les rapports d’emprise ou de domination au sens large (homme / femme ; employeurs / employé(e)s ; riches / pauvres ; célèbre / inconnu(e) ; hiérarchie religieuse / simple croyant etc.) sont sources d’exploitations diverses ; dont sexuelles. S'il est impératif fort heureusement de respecter l'intégrité physique de l'enfant (sauf circoncision hélas...), rien n'empêche malheureusement de maltraiter son intégrité psychique dès le plus jeune âge avec diverses croyances, du Père Noël (pas grave ?) aux dieux du coin et du temps (grave !). 
Et si l'on décidait qu'il n'y a consentement psychique qu'à partir de l'âge 15 ans ? Voilà une proposition qui mettrait la France entière (ou presque) dans la rue ! (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024_05_09_archive.html).

Pour en revenir à notre sujet avec une grille de lecture matérialiste, tout est affaire de déterminations, ici morales et culturelles, d'un individu et d'une société dans une époque donnée et un lieu donné. Soit une évolution culturelle en marche sans possibilité de juger le passé a posteriori avec les normes actuelles, faute de quoi nous tomberions dans un anachronisme qui ferait condamner toute l'humanité passée. 
Faudrait-il déboulonner les statues des esclavagistes, mettre à l'index les livres des uns ou des autres, changer les plaques de noms de rues etc. ce qui serait une forme de révisionnisme, de "cancel culture" comme on dit maintenant (voir https://illusionlibrearbitre.blogspot.com/2024/08/). Le juge de paix ici, ce sont les lois que la société se donne à un moment donné. 
Pourquoi donc ne pas sauvegarder le patrimoine historique au sens large, aussi bien avec ses lumières que ses ombres, ce qui est essentiel pour les générations actuelles et futures, à la condition expresse de contextualiser comme ce fut le cas pour la réédition récente de « Mein Kampf ». 


Garder la plaque et ajouter : "... et prédateur sexuel durant 50 ans".

Ne pas séparer l’Homme de l’œuvre : connaître les deux. 
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 * https://web.archive.org/web/20180505104026id_/http://pourlhistoire.com/docu/bagatelles.pdf

**https://ekladata.com/mH4OQdK6gsvxqJ_SSHlFPEUBMXg/celine-louis-ferdinand-l-ecole-des-cadavres.pdf

***https://www.crif.org/sites/default/fichiers/images/documents/celineetude_48-exe_ok.pdf

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous