La notion de "dignité humaine" est un concept
philosophique et éthique qui désigne la valeur inhérente et intrinsèque de
l'être humain, valeur essentielle qui le distinguerait des autres êtres vivants. Elle est souvent
associée à l'idée de respect, de considération et de reconnaissance de la
valeur et de l'autonomie de l'individu.
Certains considèrent que parler de
l'"animal-humain" est une atteinte à la dignité de l'humain parce que
cela implique que celui-ci serait réduit à un simple animal, ce qui serait une
diminution de sa « valeur » et de sa « dignité ». Cette
idée repose sur la croyance que l'humain - contrairement aux animaux - posséderait une âme, un libre arbitre, une conscience et une
capacité de raisonnement qui le distinguent des animaux. L'utilisation du terme
"animal-humain" est alors perçue comme une forme de réductionnisme niant
les aspects uniques et distinctifs de l'humanité, une déshumanisation
qui nie la dignité et la valeur inhérente de l’humain. On trouve ces conceptions chez la plupart des auteurs "classiques" comme Aristote, Descartes, Thomas d'Aquin, Kant...
D’autres, comme moi-même, considèrent que l'utilisation du
terme "animal-humain" est une façon de reconnaître la part animale de
l’humain et de souligner la continuité entre les espèces vivantes. Soit une
façon de promouvoir l'humilité et la reconnaissance de la place de l'humain
dans la nature. Ce qui n’est pas réduire l’humain à l’animal mais au contraire
hausser le statut de l’animal au niveau des préoccupations éthiques et morales
concernant l’humain.
Cette dernière vision est plutôt celle d'auteurs contemporains comme Christine
Korsgaard ("Fellow Creatures: Our Obligations to the Other
Animals") qui soutient que les humains ne sont pas intrinsèquement
plus importants que les animaux et que nous avons donc des obligations éthiques
envers eux. Elle critique l'idée traditionnelle de la supériorité humaine et plaide
pour une reconnaissance de la valeur intrinsèque des animaux.
C'est également le cas de Peter
Singer ("Animal Liberation") qui affirme que les animaux ont des intérêts
moraux et que nous devons prendre en compte leur bien-être. Il remet en
question l'idée que les humains sont supérieurs aux animaux simplement en
raison de leur capacité rationnelle.
Le philosophe Tom Regan soutient que les animaux ont une
valeur inhérente et ne doivent pas être traités comme des moyens pour atteindre
des fins humaines. Il critique l'anthropocentrisme et plaide pour une
reconnaissance des droits des animaux.
Jacques Derrida dans ses écrits sur "la question de
l'animal", remet en question la dichotomie traditionnelle entre
l'humain et l'animal et propose une réflexion sur la manière dont nous
partageons le monde avec les autres êtres vivants.
Peut-être se rappeler que la science nous dit que tout le vivant est issu de la même
origine ancestrale ? Nous sommes tous cousins plus ou moins éloignés dans l'arbre de l'évolution et n'avons pas de "droits" particuliers sinon le fait d'être des prédateurs nettement plus efficaces que les autres...
Mais est-ce un droit que le droit réduit à la force ou à tout autre élément comme le quotient intellectuel (QI) ?
Parmi les propos de l'extrême droite, certains (le délégué UDR du Gard, Alexandre Allegret-Pilot) veulent nous faire croire que ce QI serait "discriminant" d'un continent à l'autre*, l'Afrique étant la plus mal lotie.
Et alors ? Même si cela était vrai - ce qui n'est absolument pas prouvé scientifiquement -, devrait-on en déduire quoi que ce soit concernant le sort à réserver aux "moins intelligents", aux enfants par exemple, aux handicapés mentaux, aux partisans d'extrême droite etc.
Décidément, le racisme va se loger dans tout ce qui n'est pas moi : la peau, la culture, le genre, le QI...
La réelle dignité humaine ne serait-elle pas de reconnaître la dignité des autres vivants sans opérer de hiérarchie dénuée de tout sens ?
Si vous avez 14 min., cet extrait d'une vidéo animalière (cliquer sur l'image) montre bien les analogies évidentes entre les comportements du
léopard et ceux de l’animal-humain que nous sommes.
Vidéo complète visible jusqu'au 20/07/2025 : https://www.france.tv/documentaires/documentaires-animaliers/6752095-mashatu-terre-de-leopards.html
Florilèges d'analogies (lorsqu'on visionne en entier le documentaire) :
- guerres de territoire pour la survie de l’individu
et du groupe (l’Histoire humaine déborde d’histoires de ce type)
- marquages du territoire par les urines (drapeaux,
frontières, divers forteresses et bâtiments)
- éducation vigilante des petits (descente de l’arbre,
conseils de chasse versus aide aux devoirs, orientation scolaire etc .)
- priorité
aux soins de ses propres descendants et
à leur protection (diversion de la mère pour éloigner le lion prédateur au risque de sa propre vie...)
- déboires familiaux entre sœurs... jusqu'à l'infanticide perpétré par la "boiteuse"
Chaque action de ces léopards semble bien intentionnelle,
réfléchie à hauteur de cerveau de léopard, sans possibilité de faire jouer le
fameux libre arbitre dont l’animal-humain se targue de posséder, lui et lui seul ; ce qui n'est pas en accord avec Le théorème du Libre Arbitre qui montre que si le libre arbitre existait, chaque atome de l'univers en posséderait !
La question devient : doit-on rester l’animal dont nous
venons ou pouvons-nous un jour tenir compte enfin de ce que notre cerveau plus
développé a permis de découvrir et comprendre du fait de notre pratique de la
science ?
En revenant au niveau humain, la dignité est-elle du côté du droit à une fin de vie libre et choisie - à certaines conditions - ou du côté de l'interdiction pour des motifs bien souvent de d'ordre du religieux ?
C’est ainsi qu’une proposition de texte (2021) du député
Olivier Falorni instituant un « droit à
une fin de vie libre et choisie » a été proprement asphyxiée par le dépôt
de 2.300 amendements provenant des députés de droite opposés à ce texte. Ceci
alors que 96 % des français sont favorables à l’euthanasie d’après un sondage
d’avril 2019[1],
ainsi que plus de la moitié des médecins semble-t-il. Il n’est pas question ici
d’aborder tous les éléments d’un sujet aussi grave que complexe[2].
Bien évidemment, il faut mettre en place toutes les assurances possibles afin
d’éviter qu’une famille ne se débarrasse de l’un des siens pour des raisons peu
avouables. Mais le droit de mourir dans la dignité, chez soi, entouré des
siens, devrait être un droit naturel. Ce qui d’ailleurs n’enlève rien à ceux
qui préfèrent aller jusqu’au bout, qu’elles que soient leurs propres conditions
de fin de vie. Comme l’écrivait le philosophe Ruwen Ogien, mort d’un
cancer :
“La souffrance
physique est un fait brut qui n’a aucun sens, qu’on peut expliquer par des
causes, mais qu’on ne peut pas justifier par des raisons”.
Certains diront qu’il existe déjà la possibilité d’une « sédation profonde et continue
jusqu’au décès » dans le cadre des soins palliatifs : affirmation
contestée par nombre de patients et leur famille. Les soins palliatifs prennent
en charge 100.000 personnes par an alors que la Sécurité sociale estime les
besoins annuels à plus de 300.000. « Vingt-six
départements métropolitains ne comptent toujours aucune unité de soins
palliatifs sur leur territoire » déplore Claire Fourcade, Présidente
de la Société française de soins palliatifs (SFAP).
D’autres diront que ce n’est pas la peine de légiférer à
nouveau sur le sujet et qu’il existe des moyens « simples » de mettre
fin à ses jours si vraiment on le souhaite. Quelle barbarie ! Il faut se
jeter sous un TGV ? Sauter du 5ème étage avec le risque de tuer
un passant ? Absorber des médicaments, lesquels, à quelle dose ?
Risquer de se « rater » et subir des séquelles qui ne font que
rajouter de la souffrance à la souffrance pour le patient et sa famille ?
Doit-on s’exiler en Suisse, en Belgique pour ses derniers instants, à condition
d’en assumer les coûts financiers et humains ?
La ligne directrice, ici
comme ailleurs, serait de respecter l’individu dans ses déterminants à partir
du moment où les choses sont « encadrées » correctement et que cela
n’oblige en rien les autres qui sont déterminés autrement. Dans ce cadre, il
faut à la fois développer au niveau des besoins les centres spécialisés dans
les soins palliatifs (dont les soins à domicile) et permettre au patient de
mourir dignement quand il n’en peut plus. Puisque l’on n’a pas eu le choix de
naître, qu’on nous laisse au moins le choix de partir dans les meilleures
conditions possibles ! Accompagner dans la mort ne fait-il pas encore
partie du soin ?
La « convention citoyenne sur la fin de vie » (2023)
semblait aller dans ce sens, les soignants disposant - et c’est bien normal
- d’une « clause de
conscience » leur permettant de refuser d’accomplir un acte d’euthanasie
ou d’assistance au suicide. Mais les vicissitudes politiciennes ont mis un coup d'arrêt à la loi.
Après la question de fond qui est "vite répondue" (dignité du vivant), reste la question de forme : comment notamment concilier nos habitudes alimentaires très ancrées avec ce concept émergeant de notre culture.
Certains vont nous faire le coup du cri de la carotte... Insupportable évidemment.
Peut-être considérer qu'il existe une différence entre les vivants possédant un système nerveux développés (souffrance possible) et les vivants qui en sont démunis, comme les végétaux (carottes, salade etc.) L'alimentation végétalienne / végétarienne peut nécessiter quelques ajouts de vitamines (B12 notamment) mais répond à ces nouvelles exigences éthiques avec - cerise sur le tofu - la préservation de la planète et l'assurance de garder la ligne dans un monde où l'obésité progresse tous les jours.
Bon appétit !
Je n'ai pas dit que c'était facile quand on a été élevé au steak...
Juste nécessaire, un jour...
*"IQ and Global Inequality" publié en 2006 par le
psychologue controversé Richard Lynn et le politologue Tatu Vanhanen
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Pour aller plus loin : le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous