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Une Liberté à géométrie variable

Liberté, Liberté chérie !

Vaste sujet. 

La liberté est un concept fondamental qui a été au cœur de nombreuses réflexions philosophiques, politiques et sociales tout au long de l'histoire. Elle est souvent considérée comme l'un des droits les plus précieux de l'humanité, car elle permet aux individus de prendre des décisions, d'agir et de vivre leur vie de manière autonome.

Il n'est guère possible de faire autre chose que d’effleurer ce concept, tant cette question de la liberté humaine est - tout d'abord - au centre des systèmes philosophiques classiques. Au sens philosophique courant, la liberté est « perçue comme l'absence de contrainte (liberté "politique") qui accompagnerait la conscience d'un pouvoir indéterminé (libre arbitre / liberté de pensée) et la capacité d'un commencement absolu (sans cause précédente, causa sui). » 
Soit un mélange gloubi-boulga difficile à digérer en l'état.

Question liminaire : dans ce conflit que nous avons déjà évoqué entre déterminants et liberté, si nous annulons par une expérience de pensée les déterminants de l’équation, que se passe-t-il ? C’est la fameuse fable attribuée au philosophe Buridan et son âne : cet âne a « strictement » aussi faim que soif et se trouve à une distance « strictement » équivalente d’un seau d’avoine d’un côté, et d’un seau d’eau de l’autre. Les déterminants étant strictement les mêmes, il ne reste plus que l’exercice de sa « liberté ». Quel seau choisir ? Va-t-il se laisser mourir de faim et de soif car il ne peut choisir une voie plutôt que l’autre ? C’est ce qu’on appellera la liberté d’indifférence chère à Molina[1] et que Descartes désignera comme le « degré zéro de la liberté » (sans rejeter pour autant cette liberté d’indifférence). On remarquera que s’il existe pour Descartes un degré zéro de la liberté, c’est qu’il existerait différents degrés de liberté (degré 1, degré 2 etc.), plus ou moins « efficients ». Mais Descartes - pas plus que les autres philosophes de la volonté libre - ne va jusqu’à révéler une échelle de mesure qui nous serait pourtant bien utile. Cette expérience de pensée asinienne est de toute façon extrêmement fumeuse dans la mesure où la soif et la faim ne peuvent être de force identique. Et même à force identique initialement, l’hésitation sera courte car la soif va rapidement l’emporter du fait des besoins en eau plus prégnants du point de vue biologique que les besoins en nourriture. Et même s’il commence par l’avoine, rien n’empêche cet âne d’aller se désaltérer ensuite. Où l’on constate que tenter d’annuler les déterminants est une entreprise bien stérile, et qu’il faudrait de nouveaux déterminants plus forts pour contrer les précédents.

De son côté, un jésuite théologien Gabriel Vazquez[2] n’hésite pas à affirmer que l’indifférence de la volonté suffit à fonder la liberté car...

« même si une chose est présentée avec vérité comme bonne, la capacité que j’ai de ne pas la choisir garantit ma liberté. »

Je peux savoir qu’une chose est bonne, comme arrêter de fumer ; et pourtant je peux ne pas choisir ce qui est bon et continuer de fumer : c’est bien la preuve que je suis libre nous dit Vazquez. Mais il ne savait pas à l’époque que l’on peut tout à la fois être convaincu que fumer est dangereux, et pourtant continuer de fumer du fait de déterminants biologiques internes de la dépendance (multiplication des récepteurs à la nicotine) que l’on ne contrôle pas aussi facilement. Est-on si « libre » que ça de s’arrêter de fumer, de boire, de jouer frénétiquement à la roulette etc. ? Que fait Vazquez du circuit de la récompense au cœur de nombre de nos comportements, même les plus irrationnels, suicidaires comme criminels?

Pour Emmanuel Kant, on ne peut pas démontrer que l’humain est libre, comme on ne peut pas démontrer qu’il n’est pas libre.

Ainsi...

« Il n’y a pas de liberté, dit l’étude scientifique de la Nature et de toute réalité empirique, car les choses ne sont connaissables que pour autant qu’elles sont soumises à la nécessité de la légalité naturelle. Toute connaissance nouvelle restreint encore la liberté (...) On ne peut pas démontrer que l’humain est libre, comme on ne peut démontrer qu’il n’est pas libre. »[3]

Mais les deux parties de cette dernière assertion ne sont pas symétriques. On ne peut généralement pas démontrer l’inexistence de quelque chose : la charge de la preuve n’est pas de ce côté. Par ailleurs, l’affirmation de l’existence d’une volonté libre ontologique nécessiterait de robustes preuves ! Poursuivons avec le joyeux drille de Königsberg :

« La liberté existe par le fait du devoir qui dit ce qui est bien ou mal et donc, ou bien la Nature n’a pas de cohésion causale irrémédiable (i.e il y aurait des « trous » dans la causalité) ou la responsabilité est une illusion. »[4]

Alors qu’il doute très nettement de la réalité d’une liberté de la volonté, Kant opte tout de même pour l’existence de cette même liberté car l’être humain se caractérise par un comportement éthique. Et, pour qu’un comportement éthique soit possible (choix entre Bien et Mal), l’être humain doit être libre. 

Na, un point c'est tout ! 

Ce qui n'est pas l'avis du philosophe déterministe Bruce Waller :

« Entamer la réflexion philosophique sur le concept de Libre Arbitre avec l’idée selon laquelle celui-ci doit justifier absolument la responsabilité morale, c’est à peu près aussi pertinent que de soutenir que la recherche des origines de notre espèce doit justifier une supériorité morale des humains sur les autres animaux ou que notre enquête sur les aspects biologiques et psychologiques de la différence entre les sexes doit adhérer à l'hypothèse selon laquelle les femmes devraient être au service des hommes."

En effet, il faudrait montrer que le choix éthique est libre de tout déterminant... alors que la coopération qui l'emporte sur la trahison en terme de survie (voir Un sacré dilemme pour la "Morale" !) est précisément un formidable déterminant de nos lois communes. En particulier, le choix du mal systémique / systématique aboutirait à la disparition des "traîtres", donc de tous. La guerre pour un oui ou un non remplirait les cimetières, définitivement. 

C'est ce qu'ont subi les Anasazis, les Mayas, les Khmers, les Olmèques, les Rapa Nui, les Assyriens... tous disparus pour ne pas avoir suffisamment pris en compte l'impératif de coopération que l'on peut assimiler à une loi du vivant et de la nature. Ne restent que les "plutôt gentils" que nous sommes globalement quand on voit à quel point les individus de notre espèce sont capables de vivre spontanément les uns sur les autres, ce qu'aucune autre espèce ne supporterait, sauf par la contrainte justement (batteries d'élevage...).

Et puis, il y a le chantre de la liberté absolue, irrémédiable, constitutive de la "nature" humaine : Jean-Paul Sartre qui reviendra cependant au soir de sa vie sur cette vision idéaliste de sa jeunesse (voir Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis). Ce qui n'empêche pas les professeurs de philosophie de continuer à asséner sans vergogne la "liberté sartrienne absolue".

L'analyse la plus fine est probablement celle de l'écrivain-philosophe Paul Valéry :

« La liberté, c'est un de ces détestables mots qui ont plus de valeur que de sens ; qui chantent plus qu'ils ne parlent, qui demandent plus qu'ils ne répondent ; de ces mots qui ont fait tous les métiers, et desquels la mémoire est barbouillée de Théologie, de Métaphysique, de Morale et de Politique ; mots très bons pour la controverse, la Dialectique, l’éloquence ; aussi propres aux analyses illusoires et aux subtilités infinies qu’aux fin de phrases qui déchaînent le tonnerre. »

On pourrait ainsi allonger sans grande difficulté la liste des positions et autres citations sur la liberté tant le sujet enflamme les esprits.
Et l'on a bien raison d'y tenir quand on a vu et voit toujours tant d'humains sous le joug de pouvoirs totalitaires, fascisants, tyranniques. Mais de quoi parle-t-on plus précisément ?

Le sens commun du mot concerne la faculté de se déplacer, d'entreprendre, de choisir son mode de vie, d'expression, de confession, d'association, en permettant de subvenir à ses besoins matériels, affectifs, culturels, artistiques etc. Soit une liberté synonyme d'absence d'entrave quelle qu'elle soit, ce que nous dit à peu près le philosophe John Locke : 
"la liberté est la possibilité de faire ce que l'on veut, sans être contraint par les autres".

Qui est contre ? Personne, et surtout pas les jeunes iraniennes... notamment. 
A condition toutefois de la borner : la liberté de conduire "bourré" n'est pas une liberté mais un délit. Le retrait du permis de conduire à un individu présentant un défaut de champ visuel (glaucome...) n'est pas une sanction ou une entrave à sa liberté, mais une précaution indispensable pour lui-même et les autres. 

La liberté ne peut être absolue en société. Nous voulons la liberté relative la plus large possible sachant qu'elle est finalement bien étroite du fait des milliers de déterminants qui l'encadrent : je ne ferai jamais le 100 mètres en moins de 8 secondes ; une visite sur Mars est actuellement impossible, même pour Elon Musk ; nous ne sommes pas éternels et - plus grave encore - mon patron me refuse l'augmentation que je "mérite" etc. Les lois qui interdisent la discrimination ou la violence sont nécessaires pour protéger les droits des minorités, mais elles peuvent également limiter la liberté d'expression ou d'association.

Là ou le sujet se complique, c'est que les contraintes ne sont pas uniquement "externes". Si l'on reprend John Locke et sa liberté comme "possibilité de faire ce que l'on veut, sans être contraint par les autres", on omet la question de fond qui est de savoir si cette volonté est elle-même libre de toute détermination interne. C'est bien ici la question du libre arbitre : la volonté, la pensée, la conscience... sont-elles libres ou déterminées par les lois naturelles. 
Ma réponse - comme celles de quelques scientifiques et philosophes - est : non (voir Libre arbitre : KEZAKO ?).

Autrement dit, la volonté de pouvant être "libre", on ne voit pas très bien comment les actions "volontaires" pourraient l'être. Et malgré ce que nous laisse entendre le grand, l'immense Spinoza, ce n'est pas la connaissance de nos déterminations qui peut mener à une sorte de liberté absolue mais plutôt à une meilleure autonomie, toujours dans le cadre de la survie.

Finalement, le concept de Liberté - comme celui de la Justice - est à géométrie variable selon les normes sociales du moment et du lieu.


Cette liberté - notamment sous son aspect de liberté d'expression - est mise à l'honneur aux USA depuis la prise du pouvoir par Trump, Musk, Zuckerberg, Bezos... Il faut dire qu'elle constitue le premier amendement de la constitution des USA :

« Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de parole ou de la presse, ou le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour la réparation de torts dont il se plaint. »

Cette liberté d'expression est donc le droit de communiquer ses pensées, ses opinions et ses idées sans crainte de censure ou de répression. Elle est inscrite dans de nombreuses constitutions à travers le monde et est considérée comme un pilier de la démocratie.

Le problème est que si la liberté d'expression est, certes, l'un des droits les plus fondamentaux de la démocratie, elle est également l'un des plus complexes et des plus controversés. Elle permet aux individus de s'exprimer librement sans crainte de censure ou de répression, mais elle s'accompagne également de responsabilités et de limites. 

D'un côté, la liberté d'expression présente de nombreux avantages, notamment la promotion de la démocratie, l'innovation et la protection des droits de l'homme. Par exemple, elle permet aux citoyens de participer activement au débat public, de critiquer le gouvernement et de proposer des idées nouvelles. Cela favorise la transparence et la responsabilité des dirigeants.

Cependant, la liberté d'expression a également des inconvénients, tels que la propagation du discours de haine et de désinformation. Les propositions racistes, sexistes ou homophobes peuvent causer des dommages considérables aux individus et aux communautés. De plus, la désinformation (fake news...) peut manipuler l'opinion publique (suppression du fact-checking sur Facebook et X...) et nuire à la cohésion sociale comme dans ce point Godwin, à moins que ce ne soit plutôt le salut fasciste romain puisque Musk a changé son nom pour KEKIUS MAXIMUS... durant quelques jours) :

Certains veulent croire que ce n'est que l'actualisation des gestes barrières contre la grippe, la COVID ou autre pandémie, exceptée la peste brune.

Quoiqu'il en soit, il est nécessaire de trouver un équilibre entre la liberté d'expression et les responsabilités qui l'accompagnent. Ce qui nécessite une analyse approfondie des implications de la liberté d'expression sur la sécurité nationale, la créativité et l'innovation.

Tout en affirmant la liberté d'expression, l'article 11 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du  Citoyen en pose les limites : "tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi".

Selon la Cour européenne des droits de l'Homme, la liberté d'expression peut être limitée pour des motifs :

  • d'intérêt général, comme la sécurité nationale, la sûreté publique ou encore l'intégrité du territoire ;
  • relatifs au devoir de réserve qui pèse sur les agents publics (exigence d'un certain niveau de neutralité des agents de la fonction publique dans l'expression de leurs opinions) ;
  • de protection de droits de la personnalité visant à éviter toute diffamation, discrimination ou atteinte excessive à la vie privée d'autrui ;
  • de protection de certains documents, notamment ceux relatifs au secret de la défense nationale ou encore certains documents confidentiels sur des affaires judiciaires en cours.

Finalement, étrange liberté promue par certains qui se transforme en contraintes pour d’autres :

  • Liberté (Libre Arbitre) que Dieu aurait donnée à l’Humain pour faire le bien ou le mal... avec punition des enfers si le choix est « mauvais », et mise à mort de toute façon quel que soit le choix  - bon ou mauvais - puisqu’Adam et Eve ont mangé la pomme ! Mais quelle est donc notre « responsabilité » ou même notre « culpabilité » dans ce chapardage fructivore ?
  • Liberté d’embrigader les cerveaux des enfants dès que possible avec des concepts surnaturels, religieux pour la plupart, en prenant bien soin de réprimer tout sens critique.
  • Liberté du port d’armes aux USA (deuxième amendement*), même en dehors du domicile, et ce au mépris des séries ininterrompues de fusillades meurtrières avec 45.222 tués par armes à feu en 2020[5] et plus de 163.000 depuis 2014. Liberté des uns ; morts des autres.
  • Liberté d’exploiter ici comme à l’autre bout du monde les individus - dont des enfants - et les ressources naturelles, avec le moins de règles et limitations possibles, afin d’optimiser les « gains de productivité », et surtout les marges que l’on pourra confisquer[6].

  • Liberté de diffuser massivement de fausses informations (X etc.) qui se nichent dans nos idées, dans nos croyances, qu'on le veuille ou non : contrairement à ce que pensait John Stuart Mill, rien ne garantit une victoire de la vérité.

  • Liberté de mettre de côté les plus gros profits possibles échappant aux impôts des Etats, eux-mêmes complices de ces détournements puisqu’ils ne suppriment pas les paradis fiscaux comme il est nécessaire.
  • Liberté d’incarcérer à tout va, si possible plutôt les peaux colorées, les pauvres, les malades mentaux.
  • Liberté de priver les homosexuels de leur liberté de se marier sous prétexte d’un ordre social défendant la famille « naturelle » avec « un papa et une maman » au mépris de toute évolution culturelle.
  • Liberté de déroger aux règles communes en cas de pandémie : moi d’abord au détriment de la liberté des autres - dont les plus vulnérables - de rester en vie.
  • Liberté d’empêcher la liberté des autres de s’habiller comme ils le souhaitent.
  • Liberté d’interdire l’euthanasie pour des patients qui souffrent horriblement, dont la demande est pourtant des plus claires, avec des médecins qui n’osent pas administrer de fortes doses d'antalgiques de peur d'être poursuivis...
  • Liberté en revanche de tuer dans d’atroces souffrances un condamné à mort (asphyxie par l’azote durant 29 minutes) en Alabama le 25 janvier 2024, avec en prime un procureur se glorifiant d’une première mondiale dans la façon d’exécuter un humain... alors que de nombreuses sources, y compris le Death Penalty Information Center[7], indiquent que les recherches n'ont pas été concluantes quant à un impact dissuasif de la peine de mort sur le taux de meurtres.

Une liberté à géométrie variable qui légitime le meilleur comme le pire.

Chapotant pour des conservateurs comme Milton Friedman l’ensemble des considérations sur la liberté :

« La liberté protège les chances qu'ont les défavorisés d'aujourd'hui de devenir les privilégiés de demain et, ce faisant, elle permet à presque tout le monde, de la base au sommet, de jouir d'une vie plus totale et plus riche. »[8]

C’est la fable de la chenille rampante qui « décide librement » de devenir chrysalide, avant de décider tout aussi librement de s’envoler papillon... On en oublierait presque que cette évolution naturelle de la chenille est entièrement déterminée et ne fait intervenir à aucun moment une quelconque liberté de la volonté ; il en est de même du reste de la nature dans laquelle les émergences "extraordinaires" sont pourtant la norme (voir L'émergence de LENIA). 

Pour ma part, je reformulerai bien la pensée de Friedman de cette façon : 

« La croyance en la liberté (de la volonté) protège les chances des favorisés en faisant croire à presque tous les malchanceux qu’ils pourraient jouir d'une vie plus totale et plus riche. »

Il n’est pas interdit d’espérer gagner au loto en trouvant un billet par terre, mais l’on sait parfaitement ce qu’il en retourne du point de vue statistique. 

Faire baisser la tête et les yeux des « non méritants » qui espèrent trouver le billet gagnant entre deux pavés n’est pas pour déplaire à ceux qui gardent la tête haute par héritage génétique ou patrimonial.

Si vous aimez les animaux, regardez ce documentaire édifiant sur la liberté animale... qui n'est pas si éloignée de la liberté humaine, tout compte fait... =>  https://librearbitre.eu/static/videos/Fritz.mp4


*« Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit du peuple de détenir et de porter des armes ne doit pas être transgressé. » Voir les circonstances historiques totalement dépassées de cet amendement : deuxième amendement

[1]  « Emmanuel Kant dans « Les grands philosophes » - tome 3 - Karl Jaspers - 1963

[2] « Emmanuel Kant dans « Les grands philosophes » - tome 3 - Karl Jaspers - 1963

[3] « Concordia » - 1588

[4] « Commentaria in Summam Theologiae »

[5] Des millions d'armes étaient en circulation dans la population civile aux États-Unis, soit 120 armes pour 100 personnes, selon le projet Small Arms Survey - https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20220623-%C3%A9tats-unis-le-droit-au-port-d-armes-hors-du-domicile-consacr%C3%A9-par-la-cour-supr%C3%AAme

[6] « Cash investigation - Climat : le grand bluff des multinationales » - VIDEO ARTE Youtube - https://www.youtube.com/watch?v=SP5MYeBdxiE

[8] « La liberté du choix » - 1980 - P. Belfond - https://www.audace-afrique.org/attachments/article/44/la%20liberte%20du%20choix%20-%20Friedman.pdf

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Libre arbitre et intention

La notion d'intention est un concept fondamental en philosophie, en psychologie, en justice... abordant pêle-mêle les aspects de la conscience, de la volonté (libre ?), de l'évolution sous toutes ses formes... 

Tandis que l'évolution biologique semble bien se dérouler sans "intention" ni but prédéterminé (en l'absence de l'hypothèse théiste / créationniste impossible à étayer), les humains - fruits de cette évolution "aveugle" - se considèrent pourtant comme des agents intentionnels, avec des objectifs et des désirs. 

Ce qui n'est pas sans poser question : comment un univers "sans intention" pourrait faire émerger une intention animale ou humaine ? J'avoue que ce n'est pas la première question qui vient à l'esprit chaque matin au saut du lit. 

Et pourtant...

Reprenons. 

L'évolution est un processus de sélection naturelle où les mutations génétiques se produisent aléatoirement. Ces mutations peuvent être avantageuses, neutres ou désavantageuses pour la survie et la reproduction. Les mutations bénéfiques sont sélectionnées et transmises aux générations suivantes. L'évolution ne suit donc pas de plan ou de finalité, mais résulte des interactions entre les organismes et leur environnement. Richard Dawkins, dans "Le Gène égoïste", soutient que les gènes sont "égoïstes" car ils semblent œuvrer pour leur propre survie, mais cela se fait sans intention consciente évidemment.

Petite vidéo de présentation de cette idée lumineuse :

Ainsi, les fossiles montrent des changements progressifs dans les espèces, comme le passage des poissons aux amphibiens, illustrant des adaptations successives sans planification. Les découvertes paléontologiques, comme les dinosaures à plumes qui sont les ancêtres des oiseaux actuels, démontrent en quelque sorte l'absence d'intention dirigée dans l'évolution : cette évolution prend de sacrés détours.

A l'inverse, contrairement aux processus évolutifs, les humains se perçoivent comme des êtres intentionnels. L'intention humaine pourrait être définie comme un état mental dans lequel une personne se propose de réaliser une action. Ce concept implique des processus cognitifs complexes, incluant la planification, la prise de décision et la direction des efforts vers un objectif.

On pourrait, comme le philosophe John Searle (voir Searle, arc en ciel et... libre arbitre), distinguer les intentions d'action (prévision de ce que nous ferons lors d'une délibération plus ou moins longue) et les intentions en action (intentions présentes lors de l'exécution de l'action). Bof.

Le philosophe Daniel Dennett (voir Dennet et le compatibilisme) examine l'intentionnalité comme la capacité de l'esprit à être dirigé vers des objets ou des états de choses. Il argue que l'intentionnalité est une caractéristique de la conscience humaine, distinguant les humains des autres êtres vivants. Dans ce cas, le lion chasserait-il la gazelle sans avoir l'intention minimale de la manger ? L'intention plus ou moins préméditée d'agresser le premier venu sans raison apparente (pathologie mentale) n'est pas une intention ? Il s'agit pourtant bien d'une intention dite "volontaire" générée par une pathologie, des synapses et des neuromédiateurs "déficients" dans le cadre de nos lois. Il y a bien intention ici mais notre justice - fort heureusement - prononcera l'irresponsabilité en prescrivant des soins plutôt que la punition carcérale. Cette même justice fait bien la différence entre un "banal" accident de la route mortel et l'action "consciente" d'un chauffard écrasant "intentionnellement" un cycliste.

Dans un cas (accident), intention et libre arbitre ne sont pas concernés, alors que dans l'autre cas (meurtre / assassinat) intention et libre arbitre semblent associés... mais se séparent quand il s'agit d'une hallucination psychotique meurtrière...

Clair, non ?

Effectivement, la notion d'intention est intimement liée à celle du Libre Arbitre. Et il existe deux camps opposés sur cette question :

1) Les déterministes, comme par exemple le psychologue B.F. Skinner (père du « behaviorisme radical »), pensent que toutes nos actions - comme celles des animaux - sont causées par des événements antérieurs et les lois naturelles, niant ainsi la véritable liberté de choix comme la notion de volonté "libre" (Libre Arbitre). L'intention ici fait partie de l'arsenal adaptatif  (Psychologie Évolutionniste) permettant de gérer au mieux possible la survie. Le psychologue Geoffrey Miller suggère ainsi que des traits comme la créativité et l'intelligence, qui sous-tendent nos intentions, se sont développés grâce à la sélection sexuelle, car ils attirent des partenaires potentiels. L'animal en fait autant - à un degré certes plus primaire - mais de même nature. L'intention n'est alors que le résultat provisoire des déterminants proximaux et/ou distaux de l'individu ou du groupe. La "mauvaise" intention suivi d'un acte délictueux rend le sujet responsable (= il doit "rendre des comptes") mais non coupable (= pas de punition mais éducation, traitement et éviction sociale si nécessaire => voir Mais alors, sans culpabilité ni punition possible... quefaire ?). Le concept de meurtre "gratuit" sous-entend que meurtrier n'avait aucune "raison", apparemment. Que ce soit un "coup" de folie (voir Un psychiatre sceptique du libre arbitre... à raison !) ou un crime avec préméditation, rien n'est "gratuit" dans tout ceci mais bien plutôt en rapport avec des anomalies cérébrales ou des motivations internes plus ou moins compréhensibles, aussi bien pour les juges que pour l'individu en cause, bien souvent.

2) De l'autre bord, les libertariens, comme Robert Kane (voir Le cas Kane), soutiennent que les humains ont une capacité réelle à choisir parmi différentes options possibles, affirmant ainsi le libre arbitre et l'intention comme des aspects cruciaux de l'humanité. Qu'il y ait choix, c'est certain. Que le choix puisse être totalement libre de déterminants internes (faim / désir / douleur / alcoolisation / anomalie cérébrale...) + externes (entrave ou non / police etc.) : c'est une autre histoire qui demanderait quelques débuts de preuves d'une autodétermination possible totalement indépendante des lois naturelles. 
La charge de la preuve est de ce côté, évidemment.

Et puis...

... restent les compatibilistes, de loin les plus nombreux, qui estiment qu'il y a un mélange des deux (lois naturelles déterminantes + libre arbitre indéterminé), dans une proportion jamais mesurée évidemment, faisant les belles heures des expertises psychiatriques au pénal (voir Les expertises psychiatriques en justice pénale : un scandale permanent ?).

Tout ceci pose également la question de la limite entre normal et pathologique du point de vue psychique (voir Limite entre santé mentale et pathologie mentale).

Finalement, du fait des conséquences des options différentes sur ces différentes questions, je crois qu'il ne serait pas inutile de se les poser, parfois, au saut du lit... après un p'tit café.

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Pour aller plus loin : le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

L'humain : un "robot" biologique ?

A la jonction entre biologie, psychologie évolutionnaire, neurosciences et informatique, certains spécialistes décrivent une partie du fonctionnement cérébral et des comportements correspondants comme la confrontation entre une programmation ancestrale du cerveau issue de la sélection naturelle confronté à un environnement qui évolue en permanence. Le tout dans le cadre de la survie "à tout prix" qui fait partie de cette programmation ancestrale sans laquelle nous ne serions pas là pour en parler...

Tout ceci chagrine profondément la plupart de nos contemporains agitant le spectre d'une abolition de la "dignité" humaine si nous n'étions que des "robots" biologiques ou des "animaux-humains", supprimant en cela la séparation ontologique entre l'Humain et le reste de la Nature.

Le Professeur en psychologie cognitive Thierry Ripoll écrit ("Pourquoi croit-on" (2020) et "De l'esprit au cerveau" (2018) - Editions Sciences Humaines) : 

"On oublie souvent que l’humain se distingue des autres espèces animales par sa propension à croire en l’existence d’un monde surnaturel. C’est ainsi que derrière la banalité d’un réel immédiatement accessible, il y aurait un monde proprement spirituel doté de forces qui nous échappent et qui pourtant infléchissent puissamment nos vies… Nous sommes là dans l’univers de la croyance (...) Lorsqu’on présente à des étudiants ou à un auditoire de non spécialistes la thèse physicaliste selon laquelle il n’y a pas plus d’âme ou d’entité immatérielle en chacun de nous qu’il n’y a de réelle magie dans les tours que font les prestidigitateurs, apparaît tôt ou tard l’objection ou l’inquiétude suivantes : mais alors cela signifie-t-il que nous ne sommes que des machines et que, dans ce cas, le libre arbitre, la possibilité de faire des choix et de prendre des décisions en conscience, n’existe pas ? À cela, je réponds généralement que nous ne sommes effectivement que de surprenantes et extraordinaires machines, issues d’une évolution qui s’est déroulée sur quelques milliards d’années. À titre individuel, nous sommes des machines biologiques que nos parents ont conçues dans de délicieux moments d’extase amoureuse sans disposer de réelle maîtrise sur les processus physico-chimiques qui allaient conduire au premier stade de l’embryon que nous fûmes. Il n’y a aucune différence entre une machine et un humain à l’exception près de leur complexité et du fait que l’humain est biologique et non la machine."

En dehors du fait que la "dignité humaine" n'est nullement menacée par ce retour de l'Humain dans la Nature (voir Dignité humaine), chercher à comprendre de quelle façon nous avons été conçus satisfait une curiosité légitime qui permet peut-être - et c'est le plus important - d'améliorer nos vies individuelles et collectives, toujours dans le cadre immuable et prégnant de la survie.

Cette magnifique vidéo - fond comme forme - de la chaîne "Homo fabulus" rend compte de toute cette problématique complexe. A voir absolument, comme d'ailleurs toute la chaîne Youtube Homo fabulus.  


Une seule remarque sur le fond : un passage semble mettre en cause la notion de "hasard". Ce hasard, qu'il soit le résultat du chaos déterministe (ne permettant pas de prévisions) ou de la mécanique quantique (mauvais argument parfois avancé) est présent en toute circonstance. Les mutations au hasard (ou en partie conditionnées par l'environnement) des bactéries seront - ou non - sélectionnées comme l'ont été les "modules" cérébraux.

Pour en revenir à notre sujet, il faut bien constater que certains hommes utilisent la poupée gonflable comme le robot se sert de la pompe à incendie...

Les exemples de cet ordre sont en nombre infinis, certains avec des conséquences dérisoires, supportables quant d'autres ont des répercussions potentiellement mortelles :

  • Consommation de sucre : À l'origine, notre attirance pour le sucre nous aidait à rechercher des fruits riches en énergie. Aujourd'hui, cette préférence est exploitée par l'industrie alimentaire, menant à une consommation excessive de sucreries et de boissons sucrées, souvent sans bénéfice nutritionnel.
  • Jeux vidéo : Les instincts de chasse et de survie, essentiels pour nos ancêtres, sont aujourd'hui canalisés dans les jeux vidéo. Ces jeux exploitent notre besoin de compétition et de réussite, initialement destinés à la survie et à la reproduction.
  • Réseaux sociaux : Notre besoin inné de socialisation et de reconnaissance sociale, crucial pour la survie en groupe, est aujourd'hui détourné par les réseaux sociaux. Ces plateformes exploitent notre désir de validation et d'appartenance, souvent au détriment de nos interactions réelles.
  • Publicité et marketing : Les techniques de persuasion utilisées dans la publicité exploitent nos instincts de survie et de reproduction. Par exemple, les publicités pour des produits de luxe jouent sur notre désir de statut social élevé, un trait qui aurait pu aider à attirer des partenaires potentiels.
  • Appétit pour les graisses : Comme pour le sucre, notre penchant pour les aliments riches en graisses nous aidait à stocker de l'énergie pour les périodes de famine. Aujourd'hui, cela conduit à une surconsommation de fast-foods et de snacks gras, contribuant à l'obésité et aux maladies cardiovasculaires.
  • Sports et compétitions : Notre instinct de compétition et de dominance, utile pour la survie et la reproduction, se manifeste aujourd'hui dans les sports et autres compétitions. Les succès dans ces domaines peuvent remplacer la satisfaction obtenue par la réussite dans les chasses ou les batailles pour le territoire. Malheureusement, des individus comme Poutine sont bloqués au premier stade.
  • Shopping et consommation : Le désir de collectionner et de posséder des objets, qui pouvait servir à accumuler des ressources pour la survie, est aujourd'hui détourné par la société de consommation. Le shopping compulsif et l'accumulation de biens matériels sont devenus des moyens de rechercher du plaisir et de la satisfaction. Super pour la planète !
  • Pornographie : Tout comme les poupées gonflables, la pornographie détourne notre instinct sexuel programmé pour la procréation. Bien que cela puisse satisfaire des besoins sexuels, cela ne contribue pas à la reproduction mais cela ne justifie aucunement les interdits religieux correspondants, car la culture évolue également.
  • Sélection sexuelle : La sélection sexuelle a favorisé certains traits chez les hommes, comme l'agressivité et la compétitivité, qui pouvaient être perçus comme des signes de force et de capacité à protéger et à fournir des ressources. Ces traits sont trop souvent détournés en comportements de domination.
Que nous soyons quelque chose comme des "robots" biologiques n'a rien d'inquiétant... à la condition de travailler nos "programmations" désuètes, voire dangereuses.

Au fait, le robot "Court-circuit", possède-t-il un libre arbitre ? 
Ben... Probablement pas plus que nous.
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Pour aller plus loin : le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Dignité humaine... et animale

La notion de "dignité humaine" est un concept philosophique et éthique qui désigne la valeur inhérente et intrinsèque de l'être humain, valeur essentielle qui le distinguerait des autres êtres vivants. Elle est souvent associée à l'idée de respect, de considération et de reconnaissance de la valeur et de l'autonomie de l'individu.

Certains considèrent que parler de l'"animal-humain" est une atteinte à la dignité de l'humain parce que cela implique que celui-ci serait réduit à un simple animal, ce qui serait une diminution de sa « valeur » et de sa « dignité ». Cette idée repose sur la croyance que l'humain - contrairement aux animaux - posséderait une âme, un libre arbitre, une conscience et une capacité de raisonnement qui le distinguent des animaux. L'utilisation du terme "animal-humain" est alors perçue comme une forme de réductionnisme niant les aspects uniques et distinctifs de l'humanité, une déshumanisation qui nie la dignité et la valeur inhérente de l’humain. On trouve ces conceptions chez la plupart des auteurs "classiques" comme Aristote, Descartes, Thomas d'Aquin, Kant...

D’autres, comme moi-même, considèrent que l'utilisation du terme "animal-humain" est une façon de reconnaître la part animale de l’humain et de souligner la continuité entre les espèces vivantes. Soit une façon de promouvoir l'humilité et la reconnaissance de la place de l'humain dans la nature. Ce qui n’est pas réduire l’humain à l’animal mais au contraire hausser le statut de l’animal au niveau des préoccupations éthiques et morales concernant l’humain. 

Cette dernière vision est plutôt celle d'auteurs contemporains comme Christine Korsgaard ("Fellow Creatures: Our Obligations to the Other Animals") qui soutient que les humains ne sont pas intrinsèquement plus importants que les animaux et que nous avons donc des obligations éthiques envers eux. Elle critique l'idée traditionnelle de la supériorité humaine et plaide pour une reconnaissance de la valeur intrinsèque des animaux. 

C'est également le cas de Peter Singer ("Animal Liberation") qui affirme que les animaux ont des intérêts moraux et que nous devons prendre en compte leur bien-être. Il remet en question l'idée que les humains sont supérieurs aux animaux simplement en raison de leur capacité rationnelle. 

Le philosophe Tom Regan soutient que les animaux ont une valeur inhérente et ne doivent pas être traités comme des moyens pour atteindre des fins humaines. Il critique l'anthropocentrisme et plaide pour une reconnaissance des droits des animaux. 

Jacques Derrida dans ses écrits sur "la question de l'animal", remet en question la dichotomie traditionnelle entre l'humain et l'animal et propose une réflexion sur la manière dont nous partageons le monde avec les autres êtres vivants.

Peut-être se rappeler que la science nous dit que tout le vivant est issu de la même origine ancestrale ? Nous sommes tous cousins plus ou moins éloignés dans l'arbre de l'évolution et  n'avons pas de "droits" particuliers sinon le fait d'être des prédateurs nettement plus efficaces que les autres... 

Mais est-ce un droit que le droit réduit à la force ou à tout autre élément comme le quotient intellectuel (QI) ?
Parmi les propos de l'extrême droite, certains (le délégué UDR du Gard, Alexandre Allegret-Pilot) veulent nous faire croire que ce QI serait "discriminant" d'un continent à l'autre*, l'Afrique étant la plus mal lotie. 


Et alors ? Même si cela était vrai - ce qui n'est absolument pas prouvé scientifiquement -, devrait-on en déduire quoi que ce soit concernant le sort à réserver aux "moins intelligents", aux enfants par exemple, aux handicapés mentaux, aux partisans d'extrême droite etc. 
Décidément, le racisme va se loger dans tout ce qui n'est pas moi : la peau, la culture, le genre, le QI...
La réelle dignité humaine ne serait-elle pas de reconnaître la dignité des autres vivants sans opérer de hiérarchie dénuée de tout sens ? 

Si vous avez 14 min., cet extrait d'une vidéo animalière (cliquer sur l'image) montre bien les analogies évidentes entre les comportements du léopard et ceux de l’animal-humain que nous sommes.

Vidéo complète visible jusqu'au 20/07/2025 : https://www.france.tv/documentaires/documentaires-animaliers/6752095-mashatu-terre-de-leopards.html

Florilèges d'analogies (lorsqu'on visionne en entier le documentaire) :

-   guerres de territoire pour la survie de l’individu et du groupe (l’Histoire humaine déborde d’histoires de ce type)

-    marquages du territoire par les urines (drapeaux, frontières, divers forteresses et bâtiments)

-   éducation vigilante des petits (descente de l’arbre, conseils de chasse versus aide aux devoirs, orientation scolaire etc .)

-   priorité aux soins de ses propres descendants et à leur protection (diversion de la mère pour éloigner le lion prédateur au risque de sa propre vie...)

-    déboires familiaux entre sœurs... jusqu'à l'infanticide perpétré par la "boiteuse"

Chaque action de ces léopards semble bien intentionnelle, réfléchie à hauteur de cerveau de léopard, sans possibilité de faire jouer le fameux libre arbitre dont l’animal-humain se targue de posséder, lui et lui seul  ; ce qui n'est pas en accord avec Le théorème du Libre Arbitre qui montre que si le libre arbitre existait, chaque atome de l'univers en posséderait ! 

La question devient : doit-on rester l’animal dont nous venons ou pouvons-nous un jour tenir compte enfin de ce que notre cerveau plus développé a permis de découvrir et comprendre du fait de notre pratique de la science ?

En revenant au niveau humain, la dignité est-elle du côté du droit à une fin de vie libre et choisie - à certaines conditions - ou du côté de l'interdiction pour des motifs bien souvent de d'ordre du religieux ?  
C’est ainsi qu’une proposition de texte (2021) du député Olivier Falorni instituant un « droit à une fin de vie libre et choisie » a été proprement asphyxiée par le dépôt de 2.300 amendements provenant des députés de droite opposés à ce texte. Ceci alors que 96 % des français sont favorables à l’euthanasie d’après un sondage d’avril 2019[1], ainsi que plus de la moitié des médecins semble-t-il. Il n’est pas question ici d’aborder tous les éléments d’un sujet aussi grave que complexe[2]. Bien évidemment, il faut mettre en place toutes les assurances possibles afin d’éviter qu’une famille ne se débarrasse de l’un des siens pour des raisons peu avouables. Mais le droit de mourir dans la dignité, chez soi, entouré des siens, devrait être un droit naturel. Ce qui d’ailleurs n’enlève rien à ceux qui préfèrent aller jusqu’au bout, qu’elles que soient leurs propres conditions de fin de vie. Comme l’écrivait le philosophe Ruwen Ogien, mort d’un cancer :

“La souffrance physique est un fait brut qui n’a aucun sens, qu’on peut expliquer par des causes, mais qu’on ne peut pas justifier par des raisons”.

Certains diront qu’il existe déjà la possibilité d’une « sédation profonde et continue jusqu’au décès » dans le cadre des soins palliatifs : affirmation contestée par nombre de patients et leur famille. Les soins palliatifs prennent en charge 100.000 personnes par an alors que la Sécurité sociale estime les besoins annuels à plus de 300.000. « Vingt-six départements métropolitains ne comptent toujours aucune unité de soins palliatifs sur leur territoire » déplore Claire Fourcade, Présidente de la Société française de soins palliatifs (SFAP).

D’autres diront que ce n’est pas la peine de légiférer à nouveau sur le sujet et qu’il existe des moyens « simples » de mettre fin à ses jours si vraiment on le souhaite. Quelle barbarie ! Il faut se jeter sous un TGV ? Sauter du 5ème étage avec le risque de tuer un passant ? Absorber des médicaments, lesquels, à quelle dose ? Risquer de se « rater » et subir des séquelles qui ne font que rajouter de la souffrance à la souffrance pour le patient et sa famille ? Doit-on s’exiler en Suisse, en Belgique pour ses derniers instants, à condition d’en assumer les coûts financiers et humains ? 

La ligne directrice, ici comme ailleurs, serait de respecter l’individu dans ses déterminants à partir du moment où les choses sont « encadrées » correctement et que cela n’oblige en rien les autres qui sont déterminés autrement. Dans ce cadre, il faut à la fois développer au niveau des besoins les centres spécialisés dans les soins palliatifs (dont les soins à domicile) et permettre au patient de mourir dignement quand il n’en peut plus. Puisque l’on n’a pas eu le choix de naître, qu’on nous laisse au moins le choix de partir dans les meilleures conditions possibles ! Accompagner dans la mort ne fait-il pas encore partie du soin ?

La « convention citoyenne sur la fin de vie » (2023) semblait aller dans ce sens, les soignants disposant - et c’est bien normal - d’une « clause de conscience » leur permettant de refuser d’accomplir un acte d’euthanasie ou d’assistance au suicide. Mais les vicissitudes politiciennes ont mis un coup d'arrêt à la loi. 

Après la question de fond qui est "vite répondue" (dignité du vivant), reste la question de forme : comment notamment concilier  nos habitudes alimentaires très ancrées avec ce concept émergeant de notre culture. 
Certains vont nous faire le coup du cri de la carotte... Insupportable évidemment.


Peut-être considérer qu'il existe une différence entre les vivants possédant un système nerveux développés (souffrance possible) et les vivants qui en sont démunis, comme les végétaux (carottes, salade etc.) L'alimentation végétalienne / végétarienne peut nécessiter quelques ajouts de vitamines (B12 notamment) mais répond à ces nouvelles exigences éthiques avec - cerise sur le tofu -  la préservation de la planète et l'assurance de garder la ligne dans un monde où l'obésité progresse tous les jours.


Bon appétit !
Je n'ai pas dit que c'était facile quand on a été élevé au steak...
Juste nécessaire, un jour...

[2] « Fin de vie : choisir sa mort doit-il être un choix ? » 

*"IQ and Global Inequality" publié en 2006 par le psychologue controversé Richard Lynn et le politologue Tatu Vanhanen

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Au royaume des fous furieux

La Fête des Fous au Moyen Âge se célébrait généralement autour de la période de Noël, le 1er janvier (Circoncision de Jésus) ou à l'Épiphanie (6 janvier). Pendant cette fête, les rôles sociaux étaient inversés : les domestiques devenaient les maîtres, et les maîtres devaient obéir aux domestiques.
Les participants se déguisaient en fous, proféraient des obscénités, des mensonges et autres vérités alternatives, organisaient des défilés et des réjouissances dans les rues. 

Nous assistons, médusé, au retour à grande échelle de cette coutume... qui dorénavant sera certes toujours en janvier, mais le 20. Et - belle avancée -, elle ne durera plus une seule journée, mais toute l'année... aux USA ; et pour quatre ans minimum avec Trump et Musk en organisateurs zélés.


Le must du Musk : le milliardaire Elon devient patron du « Doge » (Department of Government Efficiency) qui recrute des « révolutionnaires au QI très élevé, favorables à un gouvernement réduit, et prêts à travailler plus de 80 heures par semaine sur des réductions des coûts peu glorieuses ».

Il est urgent de tout déréguler et de faire des coupes drastiques dans le budget de l’État fédéral américain : 2 000 milliards de dollars. Une paille.

Fin du ministère de l'éducation : à quoi sert ce bastion "public" de wokistes et autres gauchistes puisque le "privé" avec les différentes confessions à la manœuvre va pouvoir nous réexpliquer la côte d'Adam, le Déluge, la pomme, la Trinité et tout ça. Le créationnisme dans toute sa splendeur et la Bible comme livre de référence à l'école.

Trump veut développer la prière dans les écoles tout en favorisant l’enseignement "libre" ou à domicile (voir Religions et enfants...) et dans la foulée "décourager" les vaccinations obligatoires (le virus de la rougeole est ravi). D'ailleurs, le nouveau ministre de la Santé Robert F. Kennedy Jr est un complotiste anti-vaccin. Il a notamment affirmé - là on peut le croire - que des vers avaient mangé une partie de son cerveau, ce qui avait entraîné un "brouillard cérébral" de longue durée. Il prétend par ailleurs que l’exposition à des produits chimiques, les "perturbateurs endocriniens", provoque une dysphorie de genre chez les enfants, contribuant ainsi à l’augmentation du nombre de jeunes LGBTQ + ; il affirme que les radiations Wi-Fi provoquent le cancer ; il établit un lien entre les fusillades dans les écoles américaines et la prescription accrue d’antidépresseurs ; il insiste sur le fait que le Sida est causé par les drogues récréatives consommées par les homosexuels ; il nie le bénéfice de la fluoration de l’eau et envisage d’y mettre un terme aux Etats-Unis. Autant d’opinions farfelues, jamais démontrées par aucune preuve scientifique.

Belle recrue

Nommé au ministère de la Justice mais visé par des accusations d’infractions sexuelles, l’ex-élu à la Chambre des représentants Matt Gaetz a annoncé quelques jours plus tard  renoncer à son poste. Que du beau monde.

Malheureusement, il existe une cohérence apparente dans l'irrationnel : si tout est volonté divine, à quoi sert de se battre contre des causes "matérialistes" si le dernier mot est celui d'un Dieu : il suffit de prier. C'est bien la vision que l'on a du monde qui est en cause (voir Les 2 visions du Monde).
Le moyen-âge est de retour.
Science, Copernic, Darwin, Spinoza, Marx et Freud : au placard.

On assiste juste à la mise en place du délire libertarien d'Ayn Rand (voir Moi, moi, moi... Ayn Rand, la libertarienne adorée de Trump) faisant maintenant feu, avec Trump, de tous les pouvoirs (Présidence, Chambre, Sénat, Cour suprême) dans la main de fous furieux. Rand a biberonné Peter Thiel, cofondateur de PayPal et investisseur influent, qui a exprimé des opinions sur la compatibilité entre la démocratie et la liberté : selon lui, "la démocratie et la liberté ne sont pas compatibles". Thiel pense que la démocratie conduit  à des politiques qui encadrent et contrôlent les individus, ce qui est contraire aux principes libertariens de la liberté individuelle et de la non-intervention de l'État. Il a également mentionné que l'extension du suffrage et l'augmentation des bénéficiaires de l'aide sociale aboutit au fait que la "démocratie capitaliste" est une contradiction formelle, un oxymore évident. Il soutient que ces développements ont conduit à une augmentation de la dépendance à l'égard de l'État, ce qui est incompatible avec les valeurs libertariennes. Fin de l'Etat Providence et chacun pour soi, soit un égoïsme "glorieux" qui remet en question les fondements mêmes de la démocratie moderne. 

Toujours la même rengaine de ceux qui héritent de "bons" déterminants (santé / QI / famille / fortune / environnement au sens large) permettant de "réussir" en s'appropriant une bonne partie du travail des autres, comme si c'était le leur (la méritocratie fait partie du côté obscur du Libre Arbitre => Le côté obscur du libre arbitre).

Trump annonce qu'il va déporter certains immigrés (20 millions ?) au mépris de règles laborieusement acquises au cours de l'Histoire (mais promesse irréalisable selon les spécialistes)... De l'humanisme faisons table rase une bonne fois (foi ?) pour toute, comme de l'humanité entière en forant à tout-va pour le pétrole, le gaz, le dollar : la nouvelle Trinité évangélique.

La misogynie assumée et le racisme déclaré (les immigrés mangent les gentils toutous / Porto Rico : une "île flottante d’ordures") sont devenus de bons arguments pour attirer le vote des femmes, des mâles noirs et des immigrés de toute couleur. 

Un dégagisme des élites pour donner le pouvoir à des milliardaires... Pour reprendre une formule très en vogue : en votant pour Trump, ses électeurs croient qu'ils sont autour de la table alors qu'ils sont au menu !

Autre exemple : Donald Trump a décidé de torpiller l'impôt minimum mondial des multinationales. En dénonçant l'accord conclu en 2021 par quelque 140 pays sous l'égide de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), accord qui instaurait un taux d'imposition minimum effectif de 15 % sur les profits des multinationales réalisant plus de 750 millions de dollars de chiffre d'affaires. C'est tout bon pour réduire les inégalités ?

Ce que le philosophe Michel Feher, invité de l'émission C Politique sur France 5 le 18 novembre, a résumé par :

« Ce qui est promis par Donald Trump, c'est un programme absolument inédit depuis l'Allemagne des années 30, d'épuration ethnique, culturelle, totale. C'est-à-dire qu'il s'agit d'éliminer tous ceux qui sont considérés comme parasites, au premier chef les migrants, ensuite les fonctionnaires, les travailleurs syndiqués, bref ceux qui étaient de l'ordre de ceux qu'il fallait dégraisser sous Reagan, là l'imaginaire est un imaginaire d'épuration, voire de déportation (...)  le fascisme n'est pas du tout absent de l'histoire américaine ».

Dans une vision hégémonique pro-business, Donald Trump veut racheter le Groenland, le canal de Panama et pourquoi pas, le Canada ! Soit la technique de la fenêtre d’Overton élevée au niveau de la géopolitique mondiale (voir Sémantique, affects...politiques).

Pour certains, un chemin fasciste (post-fasciste ?) est en train de se dessiner dans le paysage politique des USA. Encore ces pleurnichards de wokes, sans doute ("Le fil rouge, c'est la remise en cause de la démocratie").

Des fous vous dis-je !

Heureusement, les fous n'ont guère de suite dans les idées : au cours de sa précédente présidence, Trump n'a tenu que 23 % de ses 102 promesses de campagne et a adopté un compromis sur 22 % d'entre elles. Rassurant ?

Ce n'est évidemment pas Trump le problème ; pas plus qu'Hitler en son temps (point Godwin). Nous sommes entrés dans une phase dominée par une idéologie conservatrice / réactionnaire qui ne peut que conduire à quelques catastrophes qui feront balancer à plus ou moins brève échéance du coté progressiste / universaliste. Mais quand ? La tentation serait de ronger son frein, de laisser faire en attendant que ça passe... 
Horreur, fatale horreur. 

Quand on a compris que la coopération l'emportait sur la trahison (voir Un sacré dilemme pour la "Morale"), il nous faut nous engager idéologiquement afin de restaurer autant que possible la vision progressiste universaliste. Fort heureusement, l’évolution favorise les stratégies qui ne prennent jamais l’initiative de trahir ! La morale de l'Histoire est que dans mon propre intérêt « égoïste », je devrais toujours coopérer d’emblée, puis ajuster la relation, c’est-à-dire la stratégie, en fonction de la réponse de l’autre. 
La réponse actuelle qui monte, qui monte, est celle des "illibéraux" rejetant certains principes fondamentaux liés à la liberté individuelle et aux droits humains, soit des régimes politiques qui, tout en maintenant des structures démocratiques minimales, limitent les libertés civiles et l'indépendance judiciaire comme c'est le cas (liste non exhaustive) des dirigeants Viktor Orbán (Hongrie), Javier Milei (Argentine), Jarosław Kaczyński (Pologne), Vladimir Poutine (Russie), Recep Tayyip Erdoğan (Turquie), Jair Bolsonaro (Brésil), Nayib Bukele (El Salvador)... et du dernier en date : Trump.

Mais « Pourquoi les pauvres votent à droite » : c'est le titre de l’ouvrage du journaliste Thomas Frank. L’auteur avance que les électeurs des classes populaires aux États-Unis ont tendance à voter pour des candidats conservateurs, alors même que ces candidats défendent des politiques économiques qui vont à l’encontre de l’intérêt des classes populaires. Selon l’auteur, cette tendance s’explique en partie par la façon dont les conservateurs ont réussi à exploiter les peurs et les insécurités des électeurs des classes populaires. Il soutient que les conservateurs ont utilisé des questions culturelles et sociales, telles que l’avortement, le mariage homosexuel et le contrôle des armes à feu, pour mobiliser les électeurs des classes populaires et les amener à voter contre leurs propres intérêts économiques. D'où le wokisme mis à l'index par tous ces apprentis dictateurs (voir Wokisme et cancel culture). Notons que certains remettent en partie en cause cette analyse en proposant de l'affiner*.

Le seul point positif, puisqu'il nous faut en trouver un, est que l'Europe va devoir réagir. Un mal pour un bien ? 
Qui peut dire ?

*https://journals.openedition.org/espacepolitique/3111

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