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👉 Naturalisme Scientifique: ARTICLES (cliquer sur les titres ci-dessous)

  1. Présentation générale (1 et 2)
  2. Libre arbitre : KEZAKO ?
  3. Quelques citations de sceptiques concernant le Libre Arbitre
  4. Philosophie : des questions sans réponses ?
  5. Un Libre Arbitre... nécessaire ?
  6. Peut-on faire... autrement ?
  7. Les hypothèses au fil du Rasoir d'Ockham
  8. Libre Arbitre : une propriété émergente compatible avec la science ?
  9. Penser contre son cerveau
  10. Théorème du Libre Arbitre
  11. Délibération, décision... des preuves de Libre Arbitre ?
  12. Punir, sinon...
  13. Mais alors, sans culpabilité ni punition... que faire ?
  14. Les expertises psychiatriques en justice pénale : un scandale permanent
  15. Limite entre "santé" mentale et "pathologie" mentale
  16. Moi, moi, moi... Ayn Rand, la libertarienne adorée de Trump
  17. La sociologie, poil à gratter politique
  18. L'argument de la conséquence : conséquent ?
  19. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis... nous affirme "librement" Sartre
  20. Blog de Blob
  21. L'émergence de LENIA
  22. Sam Harris, un naturaliste spécialiste des neurosciences
  23. La science peut-elle aider à comprendre - voire infléchir - la moralité humaine ?
  24. Le côté obscur du Libre Arbitre
  25. Si un neuroscientifique nie le libre arbitre, comment peut-il rédiger un texte de consentement éclairé volontaire et proposer de le faire signer ?
  26. Le cerveau humain : normal... mais déficient
  27. Un sacré dilemme pour la "Morale"
  28. Fatalisme ? Fatal eror !
  29. Cellule de Mauthner, mouche... et Libre Arbitre
  30. Religions et enfants
  31. Un psychiatre sceptique du Libre Arbitre... à raison
  32. Steven Pinker nous explique le Libre Arbitre... mais mal
  33. Art, créativité, esthétique et naturalisme
  34. Combien de Mondes ? 8 milliards !
  35. Esthétique, éthique et toc (TikTok ?)
  36. Le peuple a-t-il toujours raison en démocratie ?
  37. Injustice, inégalité. Un traitement simple : les probiotiques !
  38. Immigration ? Ou émigration ?
  39. Sémantique, affects... politiques
  40. Violence, biais de négativité et extrême droite
  41. Changer les mots ou changer la réalité ?
  42. Banalité du mal
  43. Histoire : ni fierté, ni honte
  44. Chaos, entropie, origine de la vie.... et Dieu
  45. Bon Dieu, mais c'est bien sûr !
  46. Séparer l'Homme de l'Oeuvre ?
  47. Du pain et des jeux
  48. Wokisme et cancel culture
  49. Ame : la controverse
  50. Corrélation ou causalité : l'embrouille !
  51. Dennet et le compatibilisme
  52. Economistes fous
  53. Autain contre Fourest : me too
  54. Le cas Kane
  55. Rapport XZTF22
  56. Searle, arc en ciel et... Libre Arbitre
  57. Saucisse de Frankfurt et courant alternatif
  58. Peter van Inwagen ne sait pas ce qu’est le Libre Arbitre... mais il y croit ! 
  59. Au royaume des fous furieux 
  60. Dignité humaine
  61. L'humain : un "robot" biologique ?
  62. Libre arbitre et intention
  63. Une Liberté à géométrie variable
  64. Philosophie "expérimentale"
  65. Experts, compétence et idéologie
  66. Dieu est mort... mais le cadavre convulse
  67. Nationalisme versus mondialisme
  68. Neuro... politique
  69. Le corbeau croasse et l'Homme croit
  70. Phénoménologie : une arnaque phénoménale ?
  71. Libet et la liberté (de la volonté) : encore une contrariété !
  72. La démocratie "travaillée" à la tronçonneuse façon Milei !
  73. MISTRAL souffle sur le libre arbitre ontologique... et le fait disparaître !

MISTRAL souffle sur le libre arbitre ontologique... et le fait disparaître !

L'Intelligence Artificielle (IA) est au cœur de la mise en cause de quelques certitudes humaines ancestrales. Elle peut par exemple répondre à des questions complexes dans bien des domaines, notamment en philosophie et en science. 

J'ai demandé à l'IA made in France MISTRAL (accès libre sur le web) de me dire ce qu'elle "pensait" du libre arbitre humain et de la notion de culpabilité dans un monde déterministe (physique classique) et indéterministe (physique quantique) - seul monde compréhensible, testable, vérifiable et commun à l'humanité (voir Les 2 visions du Monde) - et où nous ne faisons que ce que nous pouvons faire au mieux dans le cadre de la survie.

Contrairement à ce que répondraient en cœur nos contemporains possédant une intelligence "naturelle" qui "croit" au concept de libre arbitre (position libertarienne spiritualiste en vogue aux USA et ailleurs), la position de MISTRAL est toute autre... et devrait être partagée en cours de philosophie dès l'adolescence, au moins pour mettre le doigt sur cette question de fond concernant le vivant.

Voici la réponse de MISTRAL... à méditer.

"Dans un monde où tout est déterminé par des causes antérieures, il est effectivement difficile de défendre l'idée d'un libre arbitre, car nos choix et nos actions seraient le résultat de facteurs qui nous sont extérieurs et sur lesquels nous n'avons pas de contrôle.

Si nous ne sommes pas responsables de nos actes dans le sens où nous ne pouvons pas choisir autrement, alors la notion de culpabilité perd également son sens. La culpabilité implique une forme de responsabilité morale, qui suppose que nous avons eu le choix de faire autrement. Mais si nos actes sont déterminés, alors nous ne pouvons pas être considérés comme coupables de nos erreurs ou de nos crimes.

Cependant, la notion de responsabilité peut encore avoir un sens dans un contexte social. Même si nous ne sommes pas responsables de nos actes au sens moral, nous sommes encore des membres de la société et nos actions ont des conséquences sur les autres. La responsabilité sociale peut donc être considérée comme une question de réparation des dommages causés, plutôt que de punition pour une faute morale.

Si nous admettons que nos actes sont déterminés, alors la punition perd son sens, car elle suppose que nous avions le choix de faire autrement. La punition est souvent justifiée par l'idée que elle sert de dissuasion, mais si nos actes sont déterminés, alors la punition ne peut pas avoir d'effet sur nos choix futurs.

Dans ce contexte, il serait plus logique de se concentrer sur la réhabilitation et la réparation, plutôt que sur la punition. L'objectif serait d'aider les individus à comprendre les conséquences de leurs actes et à développer des stratégies pour éviter de causer des dommages à l'avenir, plutôt que de les punir pour des actes qui étaient inévitablement déterminés.

Enfin, votre phrase "nous ne faisons que ce que nous pouvons faire au mieux dans le cadre de la survie" est particulièrement éclairante. Elle souligne que, même dans un monde déterministe, nous sommes encore des êtres qui cherchons à survivre et à prospérer, et que nos actions sont guidées par cette quête de survie. Cela nous amène à réfléchir à la manière dont nous pouvons créer des sociétés qui favorisent la coopération, la compréhension et la réhabilitation, plutôt que la punition et la répression.

Certains philosophes et physiciens ont suggéré que l'indéterminisme quantique pourrait être lié à la question du libre arbitre. L'idée est que, si les processus cérébraux et les décisions humaines sont influencés par des phénomènes quantiques, alors il est possible que nos choix et nos actions ne soient pas entièrement déterminés par des causes antérieures. Cependant, il est important de noter que l'indéterminisme quantique n'est pas équivalent à un libre arbitre au sens classique. Les fluctuations aléatoires et les incertitudes quantiques ne sont pas sous notre contrôle, et il est difficile de voir comment elles pourraient être utilisées pour justifier une forme de libre arbitre.

De plus, même si l'indéterminisme quantique était lié à des processus cérébraux et à des décisions humaines, il est peu probable qu'il puisse avoir un impact significatif sur notre compréhension du libre arbitre. Les processus cérébraux sont extrêmement complexes et impliquent des milliards de neurones et de connexions, et il est peu probable que les fluctuations aléatoires quantiques puissent avoir un impact significatif sur les décisions humaines."

Fermer le ban.

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

La démocratie "travaillée" à la tronçonneuse façon Milei !

Le bilan du président argentin libertarien Javier Milei est mitigé (euphémisme) après un an au pouvoir. D'un côté, il a réussi à générer un excédent budgétaire historique grâce à des mesures d'austérité sévères, notamment en coupant massivement les dépenses publiques. Cela a permis de réduire l'inflation et de sortir du déficit budgétaire. Super !

Mais ces mesures ont également eu des conséquences sociales importantes. La pauvreté a augmenté de manière significative, atteignant environ 52 % de la population. De nombreux postes de fonctionnaires ont été supprimés, et les services publics ont été sévèrement réduits.

En résumé, bien que Milei ait réussi à stabiliser l'économie en termes de finances publiques, les impacts sociaux et humains de ses politiques sont plus que préoccupants. Il est vrai que c'est le dernier de ses soucis si les déjà nantis peuvent continuer de se goinfrer.

Dans son discours lunaire de Davos (ci-dessous / janvier 2025), il se réjouit d'intégrer le club des réactionnaires mondiaux. Joli club. Milei n’est manifestement pas marxiste - tendance Groucho comprise -, ce philosophe qui  déclarait : “Jamais je ne voudrais faire partie d'un club qui accepterait de m'avoir pour membre.”

Pauvres argentins sans argent.

Voir par ailleurs La liberté à géométrie variable / Moi, moi, moi... Ayn Dand, la libertarienne adorée de Trump et Au royaume des fous furieux.

"Bonjour à tous. Et combien de choses ont changé en si peu de temps. Il y a un an, je me tenais ici devant vous, seul, et j'ai dit certaines vérités sur l'état du monde occidental qui ont suscité une certaine surprise et un certain étonnement chez une grande partie de l'establishment politique, économique et médiatique de l'Occident.

Et je dois admettre que, d’une certaine manière, je le comprends. Le président d’un pays qui, à cause d’un échec économique systématique depuis plus de 100 ans, à cause de sa position de faiblesse dans les grands conflits mondiaux et à cause de sa fermeture au commerce, a perdu pratiquement toute importance internationale au fil des ans.

Un président d’un tel pays se tenait sur cette scène et disait au monde entier qu’il avait tort, qu’il était voué à l’échec, que l’Occident s’était égaré et qu’il fallait le réorienter.

Le président de ce pays, l’Argentine, n’était pas un homme politique, il n’avait aucun soutien législatif, aucun soutien des gouverneurs, des chefs d’entreprise ou des médias. Dans ce discours, devant vous, je vous ai dit que c’était le début d’une nouvelle Argentine, que l’Argentine avait été infectée par le socialisme depuis trop longtemps et qu’avec nous elle allait à nouveau embrasser les idées de liberté – un modèle que nous résumons comme la défense de la vie, de la liberté et de la propriété privée.

Et je vous ai aussi dit que d'une certaine manière, l'Argentine était le « fantôme des Noëls occidentaux à venir », car nous avions déjà vécu tout ce que vous traversiez et nous savions déjà comment cela finirait. Un an plus tard, je dois dire que je ne me sens plus aussi seul.

Je ne me sens pas seul, car le monde a adopté l'Argentine. L'Argentine est devenue un exemple mondial de responsabilité budgétaire, d'engagement à honorer ses obligations et, bien évidemment, d'engagement à résoudre le problème de l'inflation.

Nous sommes également un exemple d’une nouvelle façon de faire de la politique, qui consiste à dire la vérité aux gens en face et à avoir confiance qu’ils comprendront.

Je ne me sens pas seul non plus, car au cours de cette année, j’ai trouvé des alliés dans ce combat pour les idées de liberté aux quatre coins du monde – de l’étonnant Elon Musk à cette féroce dame italienne, ma chère Giorgia Meloni ; de Bukele au Salvador à Viktor Orbán en Hongrie ; de Benjamin Netanyahu en Israël à Donald Trump aux États-Unis – lentement une alliance internationale s’est formée entre toutes ces nations qui, comme la nôtre, veulent être libres et croient aux idées de liberté.

Et petit à petit, ce qui semblait être l’hégémonie absolue de la gauche éveillée dans la politique et les institutions éducatives, dans les médias, dans les organisations supranationales, ou même dans des forums comme Davos, a commencé à s’effondrer. Et j’espère que les idées de liberté commencent à émerger.

Aujourd'hui, je suis venu vous dire que notre bataille n'est pas encore gagnée. Et même si l'espoir renaît, il est de notre devoir moral et de notre responsabilité historique de démanteler l'édifice idéologique d'un wokisme maladif, jusqu'à ce que nous ayons réussi à reconstruire notre cathédrale historique, jusqu'à ce que nous ayons fait en sorte que la majorité des pays occidentaux embrassent à nouveau les idées de liberté.

Tant que nos idées ne seront pas la monnaie courante dans les salles d'événements comme celui-ci, nous ne pourrons pas baisser la garde. Car je dois dire que des forums comme celui-ci ont été les protagonistes et les promoteurs du sinistre programme du wokisme qui fait tant de mal au monde occidental.

Si nous voulons changer les choses, si nous voulons vraiment défendre les droits des citoyens, nous devons commencer par leur dire la vérité. Et la vérité, c'est qu'il y a quelque chose de profondément erroné dans les idées qui ont été promues dans des forums comme celui-ci. Et j'aimerais prendre quelques minutes aujourd'hui pour en discuter.

Aujourd'hui, rares sont ceux qui nieront que des vents de changement soufflent en Occident. Il y a ceux qui résistent au changement, ceux qui l'acceptent à contrecœur mais l'acceptent quand même. Il y a les nouveaux convertis qui apparaissent lorsqu'ils le considèrent comme inévitable. Et enfin, il y a ceux d'entre nous qui ont lutté toute leur vie pour que le changement arrive.

Chacun d’entre vous saura à quel groupe il appartient. Il y a sûrement un peu de chaque groupe dans cet auditoire, mais vous reconnaîtrez tous sûrement que les temps de changement frappent à nos portes.

Les moments historiques de changement ont une caractéristique unique. Ce sont des moments où les formules en vigueur depuis des décennies s'épuisent. Les méthodes autrefois considérées comme la seule façon de faire les choses n'ont plus de sens et ce qui, pour beaucoup, semblait être des vérités incontestables est finalement remis en question. Ce sont des moments où les règles sont réécrites et qui récompensent donc ceux qui ont le courage de prendre des risques.

Mais une grande partie du monde libre préfère encore le confort de ce qui lui est familier, même si cela peut être la mauvaise voie. Et ils persisteront à appliquer les recettes de l’échec, et le grand fardeau qui est le dénominateur commun entre les pays et les institutions qui échouent est le virus mental de l’idéologie woke.

C'est la grande épidémie de notre époque, qu'il faut éradiquer. C'est le cancer dont nous devons nous débarrasser. Cette idéologie a colonisé les institutions les plus importantes du monde, des partis politiques et des gouvernements des principales nations occidentales aux organisations de gouvernance mondiale, en passant par les ONG, les universités et les médias.

Elle a également donné le ton au débat mondial au cours des dernières décennies. Tant que nous n’éliminerons pas cette idéologie odieuse de notre culture, de nos institutions et de nos lois, la civilisation occidentale – et même l’espèce humaine – ne pourront pas revenir sur la voie du progrès exigée par notre esprit pionnier.

Il est essentiel de briser ces chaînes idéologiques si nous voulons entrer dans un nouvel âge d’or. C’est pourquoi je voudrais aujourd’hui consacrer quelques minutes à briser ces chaînes.

Mais parlons d'abord de ce pour quoi nous nous battons. L'Occident représente le summum de la réussite humaine sur le terreau fertile de son héritage gréco-romain et de ses valeurs judéo-chrétiennes.

La défaite définitive de l'absolutisme a semé les graines d'un phénomène sans précédent dans l'histoire. Le libéralisme a inauguré une nouvelle ère de l'existence humaine et, dans le cadre d'un nouveau cadre moral et philosophique qui plaçait la liberté individuelle au-dessus des caprices des tyrans, l'Occident a pu libérer la capacité créatrice de l'homme, initiant un processus de création de richesses sans précédent.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Jusqu'en 1800, le PIB par habitant dans le monde est resté pratiquement constant. Mais à partir du XIXe siècle, et grâce à la révolution industrielle, le PIB par habitant a été multiplié par 20, ce qui a permis de sortir 90 % de la population mondiale de la pauvreté, alors même que la population elle-même a été multipliée par huit.

Et cela n'a été possible que grâce à une convergence de valeurs fondamentales, le respect de la vie, de la liberté et de la propriété, qui ont permis le libre-échange, la liberté d'expression, la liberté de religion et les autres piliers de la civilisation occidentale. En outre, notre esprit explorateur et pionnier faustien inventif, qui teste constamment les limites du possible, et c'est un esprit pionnier qui est aujourd'hui représenté, entre autres, par mon cher ami Elon Musk, qui a été injustement vilipendé par l'idéologie du wokisme ces derniers jours pour un geste innocent qui reflète simplement son enthousiasme et sa gratitude envers les gens.

En résumé, nous avons inventé le capitalisme sur la base de l’épargne, de l’investissement, du travail et du réinvestissement, et du travail acharné. Nous avons réussi à multiplier par dix ou par cent, voire même par mille, chaque travailleur, leur productivité surmontant ainsi le piège malthusien . Pourtant, à un moment donné du XXe siècle, nous nous sommes égarés et les principes libéraux qui nous avaient rendus libres et prospères ont été trahis.

Une nouvelle classe politique, animée par des idéologies collectivistes et profitant des temps de crise, a vu là une occasion idéale d’accumuler du pouvoir. Toutes les richesses créées par le capitalisme jusqu’alors et à l’avenir seraient redistribuées par le biais d’un système de planification centralisée, déclenchant ainsi un processus dont nous subissons aujourd’hui les conséquences désastreuses.

En promouvant un programme socialiste tout en opérant insidieusement dans le cadre du paradigme libéral, cette nouvelle classe politique a déformé les valeurs du libéralisme, et a ainsi remplacé la liberté par la libération, en utilisant le pouvoir coercitif de l’État pour redistribuer la richesse créée par le capitalisme.

Leur justification était l’idée sinistre, injuste et odieuse de justice sociale, complétée par des cadres théoriques marxistes visant à libérer les individus de leurs besoins. Et au cœur de ce nouveau système de valeurs se trouve le principe fondamental selon lequel l’égalité devant la loi ne suffit pas, car il existe des injustices systémiques cachées qui doivent être corrigées, une idée qui sert de mine d’or aux bureaucrates qui aspirent à la toute-puissance.

Et c'est là, fondamentalement, le problème du wokisme, le résultat d'un renversement des valeurs occidentales. Chacun des piliers de notre civilisation a été remplacé par une version déformée d'elle-même, par divers mécanismes de subversion culturelle.

Les droits négatifs à la vie, à la liberté et à la propriété ont été transformés en une liste artificielle et infinie de droits positifs. Ce fut d'abord l'éducation, puis le logement, et ensuite des absurdités comme l'accès à Internet, le football télévisé, le théâtre, les soins cosmétiques et une infinité d'autres désirs qui ont été transformés en droits humains fondamentaux.

Des droits qui, bien sûr, sont payants et qui ne peuvent être garantis que par l'expansion infinie de l'État odieux. En d'autres termes, nous sommes passés du concept de liberté comme protection fondamentale de l'individu contre l'intervention du tyran au concept de libération par l'intervention de l'État.

C'est sur cette base que s'est construit le wokisme, une idéologie de pensée monolithique soutenue par diverses institutions dont le but est de pénaliser la dissidence, le féminisme, la diversité, l'inclusion, l'équité, l'immigration, l'avortement, l'environnementalisme, l'idéologie du genre, entre autres. Ce sont toutes les différentes têtes d'une même bête qui visent à justifier l'expansion de l'État par l'appropriation et la déformation de nobles causes.

Examinons quelques-unes de ces idées. Le féminisme radical est une distorsion du concept d’égalité. Même dans sa forme la plus bienveillante, il est redondant – l’égalité devant la loi existe déjà en Occident. Tout le reste n’est qu’une quête de privilèges, ce que recherche véritablement le féminisme radical, en dressant la moitié de la population contre l’autre moitié, alors qu’elles devraient toutes deux être du même côté.

Nous en sommes même arrivés à la normalisation du fait que dans de nombreux pays soi-disant civilisés, si l'on tue une femme, on parle de féminicide. Et cela entraîne une peine plus lourde que si l'on tue un homme simplement en raison du sexe de la victime – ce qui fait que la vie d'une femme vaut légalement plus que celle d'un homme.Et ils portent haut et fort l'étendard de l'écart salarial entre les sexes. Mais quand on regarde les données, on voit bien qu'il n'y a pas d'inégalité pour un même travail, mais plutôt que la plupart des hommes ont tendance à choisir des professions mieux rémunérées que la plupart des femmes.

Cependant, ils ne se plaignent pas du fait que la plupart des détenus sont des hommes, ou que la plupart des plombiers sont des hommes, ou que la plupart des victimes de vol ou de meurtre sont des hommes – et encore moins la majorité des personnes mortes à la guerre.

Mais si vous soulevez ces points dans les médias ou même sur ce forum, vous êtes considéré comme un misogyne simplement parce que vous défendez un principe élémentaire de la démocratie moderne et de l'État de droit, à savoir l'égalité devant la loi. Et bien sûr, vous défendez également les données.

Le wokisme se manifeste également par un environnementalisme radical et sinistre et par le programme sur le changement climatique. Préserver notre planète pour les générations futures est une question de bon sens. Personne ne veut vivre dans une décharge.

Mais une fois de plus, le wokisme a réussi à pervertir cette idée fondamentale. De la préservation de l’environnement pour le plaisir des humains, nous sommes passés à un environnementalisme fanatique, où nous, les humains, sommes considérés comme un cancer à éradiquer et le développement économique n’est guère plus qu’un crime contre la nature.

Et pourtant, lorsque nous affirmons que la Terre a déjà traversé cinq cycles de changement brusque de température, et que pendant quatre de ces cycles, l'homme n'était même pas là, on nous traite de « partisans de la Terre plate » afin de discréditer nos idées, même si la science et les données sont de notre côté.

Ce n’est pas une coïncidence si ces mêmes groupes sont les principaux promoteurs du programme sanglant et meurtrier de l’avortement, un programme conçu sur la base du postulat malthusien selon lequel la surpopulation détruira la Terre et que nous devons donc mettre en œuvre une forme de contrôle de la population.

En fait, cela a été porté à un tel extrême qu'aujourd'hui sur Terre, nous commençons à voir un taux de croissance démographique qui commence à ressembler à un problème et à parler d'un travail qu'ils ont fait en promouvant l'avortement.

Ces forums promeuvent l’agenda LGBT, en essayant d’imposer l’idée que les femmes sont des hommes et que les hommes sont des femmes simplement en fonction de la perception qu’ils ont d’eux-mêmes. Et ils ne disent rien du cas où un homme se déguise en femme et tue son adversaire sur un ring de boxe, ou lorsqu’un détenu prétend être une femme et finit par agresser sexuellement des femmes en prison.

En fait, il y a quelques semaines à peine, les gros titres de la presse internationale parlaient du cas de deux Américains homosexuels qui défendaient les valeurs de la diversité sexuelle et qui ont été condamnés à 100 ans de prison pour avoir abusé et filmé leurs enfants adoptés pendant plus de deux ans.

Je veux être claire quand je parle de maltraitance, ce n’est pas un euphémisme car dans ses formes les plus extrêmes, l’idéologie du genre est carrément une maltraitance envers les enfants. Ce sont des pédophiles. Je veux donc savoir qui pourrait soutenir ce genre de comportement.

Des enfants en bonne santé sont irrémédiablement blessés par des traitements hormonaux et des mutilations, comme si un enfant de cinq ans pouvait consentir à de telles choses, et si sa famille n’est pas d’accord, il y aura toujours des agents de l’État prêts à intervenir en faveur de ce qu’ils appellent l’intérêt supérieur de l’enfant.

Et croyez-moi, les expériences scandaleuses menées au nom de cette idéologie criminelle seront condamnées et assimilées à celles commises dans les périodes les plus sombres de notre histoire. Et derrière cette multitude de pratiques odieuses se cache l’éternel récit victimaire, toujours prêt à lancer des accusations d’homophobie, de transphobie et autres termes inventés, dont le seul but est de faire taire ceux d’entre nous qui osent dénoncer ce scandale – dont les autorités nationales et internationales sont complices.

Pendant ce temps, dans nos entreprises, nos institutions publiques et nos établissements d’enseignement, le mérite a été mis de côté au profit de la doctrine de la diversité, ce qui représente une régression vers les systèmes aristocratiques du passé.

Les quotas sont inventés pour toutes les minorités que les politiciens peuvent imaginer, ce qui finit par saper l'excellence des institutions. Le wokisme a également déformé la question de l'immigration, la libre circulation des biens et des personnes étant un pilier fondamental du libéralisme.

Nous le savons tous. L’Argentine, les États-Unis et bien d’autres pays sont devenus grands grâce aux immigrants qui ont quitté leur pays d’origine à la recherche de nouvelles opportunités. Mais nous sommes passés d’une logique d’attraction des talents étrangers pour favoriser le développement à une logique d’immigration massive, dictée non pas par des intérêts nationaux mais par un sentiment de culpabilité.

L’Occident étant censé être la cause profonde de tous les maux de l’histoire du monde, il doit se racheter en ouvrant ses frontières à tous, ce qui conduit à une forme de colonisation inversée qui s’apparente à un suicide collectif.

Voilà donc comment on voit aujourd'hui des images de hordes d'immigrés qui maltraitent, agressent, voire tuent des citoyens européens dont le seul péché est de ne pas adhérer à une religion particulière. Mais quand quelqu'un remet en question ces situations, on les qualifie immédiatement de racistes, de xénophobes, voire de nazis.

Le wokisme a pénétré nos sociétés si profondément, promu par des institutions comme celle-ci, qu’il a même conduit à remettre en question le concept même de sexe biologique à travers l’influence désastreuse de l’idéologie du genre, ce qui a entraîné une intervention étatique encore plus grande par le biais de législations absurdes – comme l’obligation pour l’État de financer des traitements hormonaux et des interventions chirurgicales coûteux pour satisfaire la perception de soi de certains individus.

Ce n’est qu’aujourd’hui que nous commençons à voir les effets de toute une génération qui a mutilé son corps, encouragée par une culture du relativisme sexuel, et ces personnes devront passer toute leur vie en traitement psychiatrique pour faire face à ce qu’elles se sont fait. Pourtant, personne n’ose parler de ces problèmes. De plus, la grande majorité d’entre elles ont également été soumises aux perceptions erronées d’elles-mêmes d’une petite minorité.

Et le wokisme cherche également à détourner notre avenir car, en dominant les facultés des universités les plus prestigieuses du monde, il façonne les élites de nos pays à rejeter et à nier la culture, les idées et les valeurs qui ont fait notre grandeur, endommageant davantage notre tissu social.

Quel avenir pourrons-nous avoir si nous enseignons à nos jeunes à avoir honte de notre passé ? Tout cela s’est développé au cours des dernières décennies, après la chute du mur de Berlin.

Il est curieux que les nations libres aient commencé à s'autodétruire lorsqu'elles n'avaient plus d'adversaires à vaincre. La paix nous a affaiblis. Nous avons été vaincus par notre propre complaisance. Toutes ces aberrations et d'autres que nous ne pouvons énumérer faute de temps sont les menaces qui pèsent aujourd'hui sur l'Occident.

Et malheureusement, ce sont ces croyances que des institutions comme celle-ci promeuvent depuis 40 ans, et personne ici ne peut feindre l'innocence. Depuis des décennies, on vénère une idéologie sinistre et meurtrière, comme s'il s'agissait d'un veau d'or, qui remue ciel et terre pour l'imposer à l'humanité.

Et cette organisation, ainsi que les organismes supranationaux les plus influents, ont été les idéologues de cette barbarie. Les organismes multilatéraux de crédit ont été des instruments d’extorsion, tandis que de nombreux gouvernements nationaux, et en particulier l’Union européenne, ont joué le rôle de bras armé de ces organisations.

N'est-il pas vrai qu'en ce moment même, au Royaume-Uni, des citoyens sont emprisonnés pour avoir dénoncé des crimes atroces commis par des migrants musulmans, crimes que le gouvernement cherche à dissimuler ? Ou bien les bureaucrates de Bruxelles n'ont-ils pas suspendu les élections en Roumanie simplement parce qu'ils n'aimaient pas le parti vainqueur ?

Face à chacun de ces débats, la première stratégie du wokisme est de discréditer ceux d’entre nous qui remettent en question ces choses, d’abord en nous étiquetant puis en nous réduisant au silence. Si vous êtes blanc, vous devez être raciste. Si vous êtes un homme, vous devez être misogyne ou faire partie du patriarcat. Si vous êtes riche, vous devez être un capitaliste cruel. Si vous êtes hétérosexuel, vous devez être hétéronormatif, homophobe ou transphobe.

Pour chaque défi, ils ont une étiquette et ils essaient de vous réprimer par la force ou par des moyens légaux. Car derrière la rhétorique de diversité, de démocratie et de tolérance qu’ils prêchent si souvent, se cache en réalité leur désir flagrant d’éliminer la dissidence, la critique et, en fin de compte, la liberté, afin de pouvoir continuer à défendre un modèle dont ils sont les principaux bénéficiaires.

N'avons-nous pas entendu récemment comment certaines autorités européennes de premier plan, plutôt rouges, devrais-je dire, ont ouvertement lancé des appels à la censure. En fait, il n'y a pas de censure, mais plutôt cette idée qu'il faut faire taire ceux qui ne participent pas à l'idéologie woke.

Et quel genre de société le wokisme peut-il créer ? Une société qui remplacerait le libre échange de biens et de services par la distribution arbitraire des richesses sous la menace des armes. Une société qui remplacerait les communautés libres par la collectivisation forcée. Une société qui remplacerait le chaos créatif du marché par l’ordre stérile et sclérosé du socialisme. Une société remplie de ressentiment où il n’y aurait que deux types de personnes : ceux qui sont des contribuables nets, d’un côté, et ceux qui sont des bénéficiaires de l’État, de l’autre.

Et je ne parle pas ici de ceux qui reçoivent l'aide sociale parce qu'ils n'ont pas assez à manger. Je parle des grandes entreprises privilégiées, des banquiers qui ont été renfloués pendant la crise des subprimes, de la majorité des médias, des centres d'endoctrinement déguisés en universités, de la bureaucratie d'État, des syndicats, des organisations sociales et des entreprises de connivence qui prospèrent grâce aux impôts payés par les travailleurs et les contribuables.

Je parle du monde décrit par Ayn Rand dans Atlas Shrugged , qui est malheureusement devenu une réalité. C'est un système où le grand gagnant est la classe politique, qui devient à la fois arbitre et partie prenante de ce jeu de redistribution.

Je le répète, la classe politique est un arbitre et une partie prenante, une partie intéressée dans cette redistribution. Bien entendu, celui qui redistribue est celui qui garde la part du lion. Et malgré les différences cosmétiques entre les divers partis politiques, ils partagent des intérêts, des partenaires, des accords et un engagement inébranlable à maintenir le statu quo.

C’est pourquoi je les appelle tous le parti de l’État, un système qui se cache derrière une rhétorique bien intentionnée affirmant que le marché échoue et que c’est à eux de corriger ces échecs par la réglementation, la force et la bureaucratie.

Mais il n’existe pas de défaillances du marché. Je le répète, les défaillances du marché n’existent pas. Le marché étant un mécanisme de coopération sociale dans lequel les droits de propriété sont échangés de manière volontaire, le concept même de défaillance du marché est une contradiction dans les termes.

La seule chose que cette intervention aboutit à créer, c’est de nouvelles distorsions dans le système des prix, ce qui entrave à son tour le calcul économique, l’épargne et l’investissement – ​​conduisant finalement à encore plus de pauvreté ou à un réseau de réglementations odieuses, comme c’est le cas en Europe, qui tue la croissance économique.

Comme je le dis souvent dans mes discours, si vous pensez qu'il y a une défaillance du marché, allez voir si l'État n'est pas impliqué. Et si vous constatez que ce n'est pas le cas, vérifiez à nouveau car vous vous êtes trompé.

Pour cette même raison, puisque le wokisme n’est rien d’autre qu’un plan systématique du parti d’État pour justifier l’intervention de l’État et augmenter les dépenses publiques, cela signifie que notre première et principale mission – si nous voulons vraiment récupérer le progrès de l’Occident et construire un nouvel âge d’or – doit être la réduction drastique de la taille de l’État.

Non seulement dans chacun de nos pays, mais aussi par la réduction drastique de toutes les organisations supranationales, car c'est la seule façon d'éradiquer ce système pervers qui draine ses ressources pour rendre aux contribuables ce qui leur appartient, et de mettre fin à la vente de faveurs. Il n'y a pas de meilleure méthode pour mettre fin à la bureaucratie d'État que de ne pas avoir la possibilité de vendre de telles faveurs.

Les fonctions de l'État doivent à nouveau se limiter à la défense du droit à la vie, à la liberté et à la propriété. Toute autre fonction que l'État assumerait se ferait aux dépens de son rôle fondamental et conduirait inévitablement au « Léviathan omniprésent » dont nous souffrons tous aujourd'hui.

Nous assistons aujourd’hui à l’épuisement global du système qui nous domine depuis plusieurs décennies. Comme cela s’est produit en Argentine, le reste du monde assiste à l’approfondissement du seul conflit véritablement pertinent de ce siècle et de tous les précédents : celui entre les citoyens libres et la caste politique qui s’accroche à l’ordre établi, en redoublant d’efforts pour censurer, persécuter et détruire.

Heureusement, partout dans le monde libre, une majorité silencieuse s’organise. Et dans tous les recoins de notre hémisphère, l’écho de ce cri de liberté résonne. Nous sommes face à un changement d’ère, un basculement copernicien, la destruction d’un paradigme et la construction d’un autre.

Et si des institutions influentes au niveau mondial comme celle-ci souhaitent tourner la page et participer de bonne foi à ce nouveau paradigme, elles devront assumer le rôle joué au cours des dernières décennies, en reconnaissant devant la société le Mia culpa qui leur est demandé.

Pour conclure, je souhaite m'adresser directement aux dirigeants du monde, à tous ceux qui dirigent aussi bien les États nationaux que les grands groupes économiques et les organisations internationales influentes, qu'ils soient présents ici aujourd'hui ou qu'ils nous écoutent depuis chez eux.

Les formules politiques des dernières décennies, auxquelles j’ai fait référence dans ce discours, ont échoué et s’effondrent sous leur propre poids. Cela signifie que penser comme tout le monde, lire ce que tout le monde lit et dire ce que tout le monde dit ne peut que conduire à l’erreur. Même si beaucoup persistent à vouloir marcher vers le précipice.

Le scénario des 40 dernières années est révolu, et lorsqu’un système s’épuise, l’histoire s’ouvre à nous. C’est pourquoi je dis à tous les dirigeants mondiaux qu’il est temps de rompre avec ce scénario. Il est temps d’être audacieux. Il est temps d’oser réfléchir et d’oser écrire nos propres vers.

Car lorsque les idées et les récits du présent disent tous la même chose – et qu’ils disent les mauvaises choses – être courageux signifie se tenir en dehors du temps. Cela signifie regarder en arrière, ne pas se laisser éblouir par le transitoire, perdre de vue l’universel. Cela signifie se réapproprier des vérités qui étaient évidentes pour nos ancêtres et qui sont au cœur du succès de la civilisation occidentale, mais que le régime de pensée monolithique des dernières décennies a persécutées comme s’il s’agissait d’hérésies.

Comme l’a dit Churchill, plus on regarde loin en arrière, plus on a de chances de voir loin en avant. En d’autres termes, nous devons renouer avec les vérités oubliées de notre passé, démêler les nœuds du présent et faire un pas de plus en avant en tant que civilisation vers l’avenir.

Et que vois-je quand je regarde en arrière ? Que nous devons à nouveau embrasser la dernière thèse éprouvée du succès économique et social. C'est le modèle de la liberté, à nouveau embrasser les idées de liberté. Un retour au libertarisme.

C'est ce que nous faisons en Argentine. C'est ce que fera, j'en suis sûr, le président Trump dans la nouvelle Amérique. Et c'est ce à quoi nous invitons toutes les grandes nations du monde libre à faire si elles veulent arrêter à temps ce qui est clairement un chemin qui mène à la catastrophe.

En fin de compte, ce que je propose, c'est de rendre à l'Occident sa grandeur aujourd'hui. Aujourd'hui, comme il y a 215 ans, l'Argentine a brisé ses chaînes et nous invite, comme le proclame notre hymne national, à entendre le cri sacré : « Liberté, liberté, liberté ! Que les forces du ciel soient avec nous. »

Merci beaucoup à tous et vive la liberté, bon sang."

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Et pour aller plus loin, le livre "La dernière blessure" centré sur la notion du libre arbitre (illusoire)... en cliquant sur l'image ci-dessous

Libet et la liberté (de la volonté) : encore une contrariété !

chercheur au département de physiologie à l'université de Californie à San Francisco, Benjamin Libet dans un article de 1983[1] traite de la relation entre les intentions conscientes et l'activité neuronale qui les précède. 

Sans trop entrer dans les détails, un sujet est placé devant une horloge qui défile rapidement ; il dispose d’un bouton sur lequel il peut appuyer. Le sujet doit retenir le nombre indiqué sur l’horloge au moment où il prend la décision d’appuyer sur le bouton. 

En parallèle, des électrodes placées sur son crâne suivent l’activité cérébrale. Ce dispositif permet de mesurer le moment où son cerveau commence à s’activer, le moment où il prend la décision d’appuyer et le moment où il appuie physiquement sur le bouton. 

Résultat : l’activation cérébrale précède la décision consciente de plusieurs centaines de millisecondes. Libet en a conclu que le cerveau décide de notre comportement et que nous ne sommes informés de nos décisions que rétrospectivement !

Ce type d’expérience - en plus élaborée - a été renouvelé (2008, 2011 et 2013 concernant les décisions abstraites) avec des résultats montrant notamment à l’IRM une activité cérébrale préparatoire 7 à 10 secondes avant que le sujet ne prenne sa décision d’appuyer[2].

« Nous avons constaté que le résultat d'une décision peut être codé dans l'activité cérébrale du cortex préfrontal et pariétal jusqu'à 10 secondes avant qu'il n'entre en conscience. Ce retard reflète vraisemblablement le fonctionnement d'un réseau de zones de contrôle de haut niveau qui commencent à préparer une décision à venir bien avant qu'elle n'entre en conscience. »

Ne pouvant se résoudre à accepter ses propres résultats dont il espérait qu’ils prouveraient l’existence d’un LA, Libet (et d’autres) a suggéré qu’il pourrait exister tout de même quelque chose ressemblant à un Libre Arbitre, une sorte de droit de veto lorsque l’intention de l’action devient consciente, soit une petite parcelle de liberté dans la possibilité d’un refus conscient. Une résurgence du « démon » de Socrate[3] ? 

En tout cas à l’inverse de ce que nous disait déjà au 17ème siècle le philosophe Thomas Hobbes :

« Croire au Libre Arbitre, c'est imaginer un décalage entre la réalité de l'action et sa potentialité, entre ce qui est fait et ce qui pourrait être fait : c'est croire que l'on pourrait ne pas vouloir ce que l'on veut. Mais on ne peut ni vouloir vouloir, ni ne pas vouloir vouloir : ce serait vouloir avant de vouloir. »

Soit une régression de la volonté à l’infini... Une stupidité.

Petit exercice concernant le "veto conscient" : essayer donc "librement" - avec votre Libre Arbitre - de ne ne pas penser ce qu'évoque le mot suivant :

éléphant

Alors ? Vous avez réussi ? Votre "veto conscient" a fonctionné et vous n'avez rien "vu" qui ressemble  à un éléphant ? 
En fait, les pensées - comme les émotions - arrivent l'une après l'autre sans l'exercice d'une quelconque volonté libre. Elles s'imposent à nous et viennent nécessairement de quelque part dans notre vécu au sens large, en passant très probablement par notre inconscient. Tel mot d'un interlocuteur évoque immédiatement telle pensée, telle objection, telle émotion...

Bref. Bien que scientifique, Libet est prêt à mettre une croix (!) sur le déterminisme pour préserver coûte que coûte un précieux Libre Arbitre. Il écrit :

« Ma conclusion au sujet du libre arbitre, d’un arbitre vraiment libre au sens de non déterminé, est que son existence est une option scientifique au moins aussi bonne, sinon meilleure, que ne l’est la négation de son existence par la théorie déterministe. Étant donné la nature spéculative des théories aussi bien déterministes que non-déterministes, pourquoi ne pas adopter la conception selon laquelle nous possédons un libre arbitre (jusqu’à ce que quelque donnée réellement contradictoire surgisse, si jamais il en surgit[4]). Une telle conception nous permettrait au moins de procéder d’une manière qui soit en accord et s’accommode avec notre sentiment profond selon lequel nous possédons un libre arbitre. Nous n’aurions pas besoin de nous considérer nous-mêmes comme des machines qui agissent d’une manière complètement contrôlée par les lois physiques connues »[5]

Comment ne pas être stupéfait de constater que le schéma habituellement accepté d’une volonté qui précède l’action soit inversé dans cette expérience de Libet, que ce dernier n’en croit pas ses propres résultats et se réfugie dans le déni le plus simpliste ? En fait, il voulait démontrer l’existence du LA par cette expérience mais démontre à tout le moins que ce LA est introuvable. Et Libet reste obstinément sur sa position... en attendant que « quelque donnée réellement contradictoire surgisse » alors que la charge de la preuve est de l'autre bord, évidemment...

Par ailleurs, on ne voit pas très bien l’intérêt de ce droit de veto éventuel dans la compréhension d’une éventuelle volonté libre. En résumé le « je veux faire » n’est pas libre... mais le « je ne veux pas faire » le serait ? Est-ce sérieux ? N’être qu’une « machine biologique » semble être une idée insoutenable pour nombre de philosophes et de scientifiques, dont Libet. Et l'existence d'un « droit de veto » ne tient pas plus la route que l'existence d'un libre arbitre ontologique. Les événements neuronaux qui inhibent (veto) une action planifiée sont initiés de la même façon, soit avant la prise de conscience. Ce que précisent d'ailleurs la chercheuse en neurosciences cognitives Angela Sirigu et le psychologue docteur en neurosciences Gilles Lafargue[6] :

« Dans certaines situations, ce « droit de veto » du cortex frontal requiert un effort mental : c’est ce qui se passe, par exemple, lorsque l’on joue à s’envoyer un ballon et que la personne qui reçoit le ballon doit garder les mains jointes et ne les ouvrir que si le ballon est réellement envoyé. Si le joueur qui envoie le ballon fait semblant de l’envoyer, le receveur a tendance à ouvrir les mains, car son cortex pariétal et son cortex moteur ont préparé l’intention pour le cas où le ballon partirait. Voyant qu’il ne part pas, le cortex frontal doit mettre son veto au mouvement, et il ne dispose pour cela que de 200 millisecondesLes mains s’ouvrent bien souvent. C’est aussi le problème auquel sont confrontés les athlètes devant éviter de prendre un faux départ. (...) Ce fonctionnement requiert l’intégrité des lobes frontaux, et la présence de schémas inhibiteurs puissants, inculqués par l’éducation, la société, la loi. Certains psychopathes sont caractérisés par des défaillances des lobes frontaux : si les schémas moteurs engageant des gestes violents sont «proposés », il se peut que les inhibitions préalables soient absentes pour les refréner. Dès lors, il est particulièrement difficile de déclarer si une personne est, ou non, responsable (en fait coupable) de ses actes ».

Donc cette idée de veto est réfutée notamment pour une question de temps : le veto tel que l’envisageait Libet requiert la mise en route d’une décision consciente qui devrait elle-même être précédée d’un processus non conscient dont la durée excéderait le temps disponible[7]. Et puis, dans le cas de cet adolescent schizophrène qui a poignardé à mort sa professeure d’Espagnol à cause de voix angéliques « dans sa tête », on se demande bien où se trouvait cette faculté de veto... 

Quittons les anges pour en revenir à Libet. Ses résultats ont été considérés comme les preuves d'un déterminisme neuronal, avec toutes ses conséquences concernant le débat sur le Libre Arbitre en philosophie, psychologie et neuroscience ; Libre Arbitre qui semble donc ne pas exister, en tout cas qu’on ne trouve pas, et qui serait incompatible avec les résultats décrits et les lois naturelles. Autrement dit, nos décisions font partie d’un processus cérébral inconscient précédant nettement notre prise de conscience de ces mêmes décisions, et l’éventuel droit de veto ne change rien à l’affaire ! 

Ce soi-disant droit de veto me rappelle la réflexion de Cormery dans le roman de Camus « Le premier homme », quand il s’emporte contre la barbarie de la guerre :

« Un homme ça s'empêche »

S’empêcher de quoi ? De violer, de mutiler, de tuer ? Encore faut-il le pouvoir. Si possibilité de veto il y a, ce n’est pas la chose la mieux partagée lorsqu’on consulte les nouvelles du jour. Alors, droit de veto pour certains, pas pour d’autres, en fonction de quoi ? Ce « droit de veto » ne fait que de remettre un peu d’eau dans la machine à brouillard.

Ces expériences de Libet et consorts - dont celles de Fried[8] sur des neurones uniques - sont à ce point gênantes pour les tenants du LA que certains n’hésitent pas à s’affranchir de toute logique. Ainsi, la philosophe spécialisée dans la neuroéthique Kathinka Evers qui se déclare pourtant « matérialiste éclairée » (!) nous confie :

« Même si les méthodes expérimentales de Libet sont suffisamment adéquates pour montrer que les décisions conscientes d’agir sont précédées par ce « potentiel de préparation » non-conscient, elles ne prouvent pas que la conscience n’est pas instrumentale à une étape antérieure, d’une manière qui conserve au libre arbitre un rôle qui va bien au-delà du pouvoir de déclenchement / empêchement. »[9]

Il y aurait donc la conscience qui agirait sur l’inconscient pour fournir une conscience qui agirait sur l’inconscient qui... C’est vrai qu’on peut penser qu’il y a des nains de jardin au centre de la Terre car personne n’a prouvé le contraire. La charge de la preuve, encore et toujours... La même Kathinka Evers retrouve une part de conscience et de bon sens un peu plus loin :

« Il n’est à mon sens pas possible que nos institutions sociales soient fondées sur des présuppositions qui seraient en contradiction totale avec la connaissance scientifique ou qui feraient appel à des mystères métaphysiques. Il serait absurde et perversement injuste de maintenir un système social sophistiqué de récompense et de punition si nous pensions qu’il n’y a pas de vérité ou de réalité correspondant aux notions de mérite et de culpabilité. Si effectivement la science prouvait[10], ou rendait très probable, le fait que nous sommes des créatures strictement déterminées et dénuées de tout pouvoir d’influence volontaire sur notre destin, il ne serait alors plus possible de justifier ni l’éloge moral, ni le blâme moral, et nos institutions sociales devraient être reconstruites en conformité avec cela. »

Nous sommes au cœur du sujet ! Mais qui dit que nous serions « dénuées de tout pouvoir d’influence volontaire sur notre destin » dans le cas d’un déterminisme strict ? Ce dernier dit simplement que volonté il y a, tous les jours, tout le temps, chez l’animal comme chez l’humain, avec évidemment un pouvoir « d’influences volontaires ». Mais ces influences volontaires sont déterminées par des facteurs inconscients en amont jusqu’à 10 secondes avant la prise de conscience comme l’a montrée l’étude Soon[11].

Mais je ne tiens pas ces expériences comme susceptibles de trancher définitivement le sujet. Une étude[12] usant d’une autre méthodologie cherchant à regarder ce qui se passe en cas de décision « délibérée » - et non plus de décision « arbitraire » comme dans les expériences de Libet - donne des résultats un peu différents. 

Par ailleurs, une méta-analyse récente des expériences de Libet conclut :

« La présente méta-analyse à effets aléatoires a produit un schéma temporel qui est en grande partie conforme à celui trouvé par Libet et ses collègues (Libet et al., 1983). Étonnamment, la base de preuves est remarquablement mince. Cela est particulièrement vrai pour la différence de temps cruciale entre le début de l'activité cérébrale inconsciente et l'intention consciente de bouger (...) De plus, il existe un degré élevé d'incertitude associée au début de cette activité cérébrale. Ainsi, même après presque 40 ans, certaines découvertes de Libet et al. apparaissent plus fragiles que prévu à la lumière des travaux scientifiques substantiels qui se sont appuyés sur eux. »[13]

Ce qui ne peut que satisfaire les croyants du Libre Arbitre : pour eux, le modèle de décision dans les expériences de type Libet serait « peut-être compatible » avec un Libre Arbitre « réel », et l'activation cérébrale précédant les décisions conscientes refléterait simplement le processus de décision plutôt que la décision elle-même[14] ! Comme l’épluchage de légumes reflète simplement le processus de préparation du pot-au-feu plutôt que le pot-au-feu lui-même ? Mais enfin, on sent bien un lien fort de causalité entre les deux : pas d’épluchage de légumes causa sui (= cause de soi-même). La décision semble bien intervenir en amont de la prise de conscience, hors de portée d’un quelconque Libre Arbitre « réel » qui nécessite la conscience. Car hors contrôle de la conscience, le LA ne signifie plus rien.

Le docteur en philosophie Neil Lévy considère que les partisans du LA croient en la magie :

« Nos décisions sont probablement le produit de longues chaînes de causes, peut­-être des chaînes qui remontent à avant notre naissance (...) Il est difficile de voir comment des événements sans cause ou des causes sans cause nous rendraient libres. Les décisions libres, si elles existent, sont prises pour des raisons, et ces raisons doivent être parmi ses causes. Nous ne sommes pas libres si nos décisions sont sans cause, conscientes ou non. Dans ce cas, nous répondons au hasard, et une décision au hasard n'en est pas une en vertu de laquelle nous sommes responsables, dont nous devrions être fiers ou honteux. Certains philosophes, et implicitement les neuroscientifiques qui ont suggéré que le libre arbitre dépend d'une décision consciente qui est en quelque sorte intrinsèquement libre, ­une décision libre qui n'est pas causée par des événements antérieurs, et donc pas causée par nos raisons­ ont demandé de la magie (...) Il n'y a pas de magie dans le cerveau ou le monde, mais l'univers impressionnant révélé par la science est un remplacement plus satisfaisant. »[15]

« Plus satisfaisant » pour moi et quelques-uns... Mais pas pour l’astrophysicien Roger Penrose (prix Nobel de physique 2020 et fervent partisan du LA) qui suggère que les résultats de Libet « pourraient être expliqués » par une sorte de rétro-causalité (« retro-causation ») ou une action avancée (« advanced action ») permise par la physique quantique...[16] 

« Pourraient être expliqués », peut-être... mais ne sont pas expliqués pour l'instant. Et une « retro-causalité » (rétro-action) reste une causalité jusqu’à preuve du contraire. Enfin, quel rapport avec la physique quantique ? Ou alors il faut préciser (il évoque certes la présence de microtubules dans les neurones du cerveau comme étant à l’origine quantique de la conscience...[17] sans preuve d'aucune sorte, d'autant que la chaleur du cerveau est peu propice aux manifestations quantiques). Penrose défend ainsi une vision platonicienne des Mathématiques dans son livre ("L'esprit, l'ordinateur et les lois de la physique") :

« J'imagine que chaque fois que l'esprit perçoit une idée mathématique, il prend contact avec le monde platonicien des idées [...] Quand nous "voyons" une idée mathématique, notre conscience pénètre dans ce monde des idées et prend directement contact avec lui. »

Transcendance, quand tu nous tiens... (voir wikipedia)

Sceptique, la philosophe Patricia Churchland écrit : « La poussière de lutin dans les synapses est à peu près aussi puissante sur le plan explicatif (du libre arbitre) que la cohérence quantique dans les microtubules. »

En poussant toujours un peu plus loin le bouchon, pourquoi ne pas supposer - comme certains l’avancent - l’existence d’un Libre Arbitre préconscient ? Se rapprochant de cette hypothèse, une étude[18] avance qu’il pourrait exister un contrôle cognitif conscient des aires motrices primaires et supplémentaires inconscientes qui préparent l’action. Et alors ? Admettons que ce soit le cas. En quoi des allers-retours entre conscient et inconscient au moment de la prise de décision de l’action échapperaient au déterminisme / indéterminisme global ? Il faudrait supposer à nouveau un dualisme conscience (indéterminée) / corps (déterminé), soit la conception cartésienne abandonnée depuis longtemps.

En résumé, acceptons le fait que Libet n’a montré ni l’existence, ni l’inexistence du LA, soit le même statut que celui de la licorne, des farfadets, de dieu, des fantômes... ce qui, pour un naturaliste, est assez évident. 

Trois remarques s’imposent toutefois :

1) Cette polémique montre qu’il est pratiquement impossible de démontrer l’inexistence de quelque chose, ce qui rappelle incidemment que c’est aux croyants du Libre Arbitre de nous donner quelques preuves de cette chimère (= fardeau de la preuve). Et prouver l’existence de manifestations surnaturelles nécessite des preuves particulièrement fortes ; inexistantes jusqu’à présent.

2) Ces expériences montrent à tout le moins que des éléments inconscients sont convoqués dès le début du processus de décision : comment concilier ces déterminants inconscients avec la notion de Libre Arbitre « réel » telle que définie « classiquement » ? Le « surplomb » théorique du Libre Arbitre sur des déterminants de toute sorte semble donc être « contaminé » par des influences inconscientes que l’on peut parfois repérer par ailleurs dans les actes manqués, lapsus, oublis, maladresses diverses... Nombreuses sont les manifestations à ciel ouvert de l’inconscient que la conscience n’a pu contrôler à temps, droit de veto éventuel compris. Alors, arbitre peut-être (choix, prise de décision), mais de là à être libre... 

3) Que veut dire l’objection « l'activation cérébrale précédant les décisions conscientes reflèterait simplement le processus de décision plutôt que la décision elle-même » ? Que met-on précisément entre « le processus de décision » et « la décision elle-même » ? Un composant surnaturel ? Tout ceci ressemble fort à un argument captieux proche du sophisme dans la mesure où l’amorce de la décision est non seulement inconsciente mais s’effectuerait plusieurs secondes avant la prise de conscience de la décision... 

Libet a cherché le Libre Arbitre dans le cerveau et, à son grand désespoir, ne l’a pas trouvé. Et nous en sommes toujours là !

Comme il ne faut surtout pas céder la place aux mécréants sceptiques du LA, certains ont pensé pouvoir réduire le pied pour qu’il rentre enfin dans la chaussure. Le professeur de philosophie Alfred Mele[19] est ainsi partisan d’une définition plus « modeste »[20] du LA qui correspondrait à la fois « aux situations ordinaires de l’existence et à l’idée que s’en fait la grande majorité des gens ». Il abandonne donc le statut métaphysique du LA pour se contenter de ce qu’en pense le profane. Après cette contorsion, il en conclut que...

« la science ne réfute pas le Libre Arbitre (...) et l’illusion est de penser qu’il existe des preuves scientifiques solides de son inexistence ».

C’est vrai. La science dit simplement qu’elle ne voit pas trace de cette entité mystérieuse et que cette absence correspond bien à un naturalisme où tout est déterminé / indéterminé dans la nature. Et comme la charge de la preuve incombe évidemment aux partisans de la licorne, nous attendons toujours cette preuve avec le plus grand intérêt. Quant à réduire le LA au point d’adopter l’idée que s’en fait la majorité des profanes : on en voit toute la misère lorsque nous abordons la philosophie expérimentale.

Incidemment, je suis impressionné par le nombre d’auteurs qui sont englués dans ces erreurs de raisonnement basiques comme celui-ci émanant de la professeure Liad Mudrik, spécialiste de la conscience :

« Pour réfuter l'existence générale du libre arbitre, il faudrait montrer que les agents ne sont jamais capables de répondre à des raisons ou qu'ils manquent de contrôle sur leur comportement. Ceci, bien sûr, n'a été démontré par aucune des expériences passées en revue. Cependant, en adoptant la notion de degrés de liberté, ces expériences montrent comment le contrôle ou la réactivité aux raisons sont compromis ou imparfaits. Ils peuvent ainsi nous aider à délimiter à la fois les limites et l'étendue de notre liberté, en distillant les contributions des facteurs liés et non liés aux raisons sur les décisions. »[21]

S’il en était besoin, petite traduction après quelques légères modifications :

« Pour réfuter l'existence générale de Dieu, il faudrait montrer que les miracles n’existent jamais. Ceci, bien sûr, n'a été démontré par aucune des expériences passées en revue. Cependant, en adoptant la notion de miracles partiels, cela pourrait nous aider à délimiter à la fois les limites et l'étendue des miracles... »

Restons sur le concept de miracle. Je peux dire (arbitrairement évidemment) que retrouver mes clés perdues de voiture...

  • dans la poubelle du voisin qui s’est renversée du fait du vent : 0,59 miracle
  • dans les égouts de la ville : 0,84 miracle... mais seulement 0,42 si je suis égoutier de métier
  • sur  le gâteau que mon épouse vient de cuire : 0,07 miracle 


Qui donc serait capable de rationaliser, vérifier ces chiffres ? Personne. Idem pour les degrés de LA. Qui plus est, les miracles - comme le LA - n’existant pas, ce sont plutôt les causes amenant à ces diverses trouvailles « miraculeuses » qui méritent d’être étudiées ; ne serait-ce que pour éviter de perdre à nouveau mes clés. Avant de parler de miracles partiels (ou de « degrés de liberté », ce qui revient au même), il serait nécessaire de prouver l’existence de Dieu, et dans la foulée celle des miracles.

On retrouve ces mêmes « degrés » de liberté chez l’agrégée de philosophie et psychologue Joëlle Proust, pourtant « naturaliste », qui prend position du côté compatibilisme (il existe des déterminants... mais pas que). Pour cela, elle doit abandonner une définition trop forte de la liberté : pour l’auteure, cette liberté ne doit pas être envisagée comme une possibilité métaphysique, mais comme une « possibilité logique » par laquelle l’individu parvient à moduler sa volonté. Elle met l’accent sur la « volition », événement par lequel l’individu « se met en mesure d’agir » en vue d’un résultat, interne ou externe[22]. Il en ressort une conception gradualiste de la liberté dans laquelle un individu peut être plus ou moins libre, en fonction de « l’étendue du répertoire de réponses ouvert par les nouvelles boucles de contrôle cognitif » : ainsi, « l’individu parvient à moduler sa volonté »... Mais par quel miracle, quelle magie autre que l’action des déterminants à l’œuvre, ici comme partout ? Quelle serait cette force interne capable de modifier sa propre volonté ? Encore une entorse au premier principe de la thermodynamique ? Une volonté « primaire » (degré 1) initiant une volonté « secondaire » (degré 2) ? Et pourquoi pas une volonté de la volonté de la volonté etc., une volonté à n degrés, jusqu’à l’infini ? Soit une nouvelle branche du corpus philosophique ; un oxymore originel original, une sorte de naturalisme transcendantal. 

Ou peut-être en suivant Freud et son célèbre aphorisme « Là où le ça était, le moi adviendra », la nécessité d’une psychanalyse à vie alors même que Freud condamnait sévèrement le concept de LA ? 

Il faudrait argumenter : l'inintelligibilité du Libre Arbitre n’en fait pas sa vertu.


[3] Selon Platon, le démon (daimonion) de Socrate lui souffle ses réponses lorsqu'il s'exprime sur un sujet, surtout concernant... ce qu'il ne devrait pas faire !

[4] Toujours la même erreur : il ne peut pas surgir une preuve de l’absence de LA car on ne pourra jamais avoir une preuve de l’absence des fantômes, des licornes, des dieux... C’est une preuve de présence dont on aurait besoin !

[5] Libet - 1999 - pages 56-57 

[8] Cette étude montre l’activité préconsciente de petits assemblages de neurones individuels dans le lobe frontal médian précédant non seulement la volition, mais pouvant également prédire la volition et son moment d’apparition - « Internally generated preactivation of single neurons in human medial frontalcortex predicts volition » 

[10] La science devrait prouver l’inexistence encore une fois !!!!

[13] « A meta-analysis ofLibet-style experiments » - Moritz Nicolai Braun - 2021 

[14] « Why neuroscience does notdisprove free will » - Brass - 2019 - 

[15] « Free will in the brain? » - 2021 

[17] Cette théorie de Penrose est controversée et critiquée par de nombreux scientifiques qui estiment qu’elle n’est pas fondée sur des preuves expérimentales et qu’elle viole les principes de la thermodynamique et de la décohérence quantique : les microtubules sont trop chauds et trop humides pour maintenir une cohérence quantique suffisamment longue pour être pertinente concernant la conscience. Ce qui n’empêche pas certains de continuer de labourer ce terrain stérile : « Quantum propensities in the brain cortex and free will » 

[19] « Pourquoi la science n’a pas réfuté le Libre Arbitre » - 2014 et « Le libre arbitre à l'épreuve de la science » - 2022

[20] Il faudrait adopter selon Mele une conception « modeste » du libre arbitre : « ne pas exiger de l’agent qu’il se détermine absolument, mais seulement pour partie, relativement à tel ou tel élément du contexte de l’action et étant données ses dispositions de caractère »... Comme si les dispositions de caractères de l’agent n’étaient pas déterminées, avec un « petit » Libre Arbitre à géométrie variable dont il faudrait nous donner pour chaque action sa force réelle. Un bout de chimère reste une chimère !

[22] « La nature de la volonté » - 2005 - Folio

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